mardi 20 décembre 2011

31 décembre 406 : Les Barbares en armes franchissent le Rhin


Le 31 décembre 406, de nombreuses bandes de barbares franchissent le Rhin. Ils profitent de ce que le fleuve, cet hiver-là, est gelé pour le traverser à pied. C'est la plus importante vague d'immigration qu'ait connue l'empire romain depuis ses origines.
Une intégration difficile

Jusqu'à cette date, la pénétration des barbares dans le vieil empire romain s'est faite de façon surtout pacifique, des immigrants se faisant embaucher comme légionnaires ou comme travailleurs agricoles pour combler les vides causés par la diminution des naissances.
Des incursions armées se produisent en Gaule à différentes périodes, notamment dans les années 250-260 et 271, pendant que Rome est paralysée par une crise dynastique.
Sur ordre de l'empereur Aurélien, les Romains évacuent en 275 les champs Décumates, la région d'entre le Rhin et le Danube, pour raccourcir leurs lignes de défense. La Dacie (la Roumanie actuelle) est abandonnée aux Goths.
En 376, la situation s'aggrave. Les Wisigoths, poussés par les Huns qui arrivent des steppes de l'Asie, franchissent le Danube et demandent à l'empereur Valens le droit de s'installer dans l'empire comme «fédérés» (en quelque sorte alliés). L'empereur ne peut faire autrement que d'accepter. Il leur offre la Mésie (la Serbie actuelle) et, lui-même étant arien, les encourage à se convertir à cette forme de christianisme. Mauvaise idée : cela va rendre plus difficile le ralliement des Barbares à l'empire, majoritairement catholique.
De toute façon, les Barbares s'étant soulevés pour protester contre les exactions des fonctionnaires romains, Valens est tué en les affrontant à Andrinople le 9 août 378.
Une invasion en masse

En 406, lorsque les Germains franchissent le Rhin et pénètrent en armes dans l'empire romain, ils ne rencontrent plus guère de résistance.
L'empire a été divisé dix ans plus tôt entre les deux fils de Théodose 1er. Sur l'Occident (capitale : Ravenne) règne Honorius et sur l'Orient (capitale : Constantinople) Arcadius. Avant de mourir, Théodose a confié la tutelle des jeunes empereurs au général Stilicon, fils d'un officier vandale rallié à Rome ! Celui-ci maintient tant bien que mal l'ordre dans l'empire mais il sera assassiné sur ordre d'Honorius le 23 août 408...
Les provinces, au nombre d'une centaine, échappent peu ou prou à l'autorité centrale. Le pouvoir est partagé au niveau local entre les généraux (chefs militaires), les vicaires (représentants de l'empereur) et les évêques (chefs religieux).
Les nouveaux-venus vont s'installer là où ils peuvent et feront souche. On évalue leur nombre à 400.000 environ, dont 100.000 guerriers. Parmi eux un quart de Francs Ripuaires, presque autant de Vandales et de Burgondes, des Alains etc.
L'empire romain d'Occident dans lequel ils pénètrent compte pas moins de 25 millions d'âmes mais il n'est défendu que par une poignée de soldats professionnels guère motivés : 136.000 limitanei ou soldats des frontières, en grande majorité des Germains mal dégrossis, et 113.000 comitatenses ou soldats de l'intérieur, encore moins combatifs que les précédents.
Malgré la disproportion des effectifs, les envahisseurs n'ont donc pas de peine à s'enfoncer jusqu'aux extrémités de l'empire et à s'y établir des principautés. De la Gaule, une partie d'entre eux, les Vandales, passent en Espagne et atteignent même le territoire de l'actuelle Tunisie.
Les invasions barbares au Ve siècle après JC
Cliquez pour agrandir
Dès le IIIe siècle après JC, les Romains se montrent impuissants à contenir l'invasion des Germains. Ces derniers sont eux-mêmes poussés en avant par les Huns. Mais ces derniers ne font qu'une apparition dans l'empire romain à l'agonie, tandis que s'y installent définitivement les envahisseurs germains, donnant souvent le nom de leur tribu à un pays ou une province : Alamans (Allemagne), Burgondes (Bourgogne), Francs (France), Lombards (Lombardie), Vandales (Andalousie)...
Jean-François Zilbermann. http://www.herodote.net/

Aucun commentaire: