Le 31 décembre 406, de nombreuses bandes de barbares
franchissent le Rhin. Ils profitent de ce que le fleuve, cet hiver-là,
est gelé pour le traverser à pied. C'est la plus importante vague
d'immigration qu'ait connue l'empire romain depuis ses origines.
Une intégration difficile
Jusqu'à cette date, la pénétration des barbares dans le vieil
empire romain s'est faite de façon surtout pacifique, des immigrants se
faisant embaucher comme légionnaires ou comme travailleurs agricoles
pour combler les vides causés par la diminution des naissances.
Des incursions armées se produisent en Gaule à différentes
périodes, notamment dans les années 250-260 et 271, pendant que Rome est
paralysée par une crise dynastique.
Sur ordre de l'empereur Aurélien, les Romains évacuent en 275 les
champs Décumates, la région d'entre le Rhin et le Danube, pour
raccourcir leurs lignes de défense. La Dacie (la Roumanie actuelle) est
abandonnée aux Goths.
En 376, la situation s'aggrave. Les Wisigoths, poussés par les Huns
qui arrivent des steppes de l'Asie, franchissent le Danube et demandent
à l'empereur Valens le droit de s'installer dans l'empire comme «fédérés»
(en quelque sorte alliés). L'empereur ne peut faire autrement que
d'accepter. Il leur offre la Mésie (la Serbie actuelle) et, lui-même
étant arien,
les encourage à se convertir à cette forme de christianisme. Mauvaise
idée : cela va rendre plus difficile le ralliement des Barbares à
l'empire, majoritairement catholique.
De toute façon, les Barbares s'étant soulevés pour protester
contre les exactions des fonctionnaires romains, Valens est tué en les
affrontant à Andrinople le 9 août 378.
Une invasion en masse
En 406, lorsque les Germains franchissent le Rhin et pénètrent en
armes dans l'empire romain, ils ne rencontrent plus guère de
résistance.
L'empire a été divisé dix ans plus tôt entre les deux fils de
Théodose 1er. Sur l'Occident (capitale : Ravenne) règne Honorius et sur
l'Orient (capitale : Constantinople) Arcadius. Avant de mourir, Théodose
a confié la tutelle des jeunes empereurs au général Stilicon, fils d'un
officier vandale rallié à Rome ! Celui-ci maintient tant bien que mal
l'ordre dans l'empire mais il sera assassiné sur ordre d'Honorius le 23
août 408...
Les provinces, au nombre d'une centaine, échappent peu ou prou à
l'autorité centrale. Le pouvoir est partagé au niveau local entre les
généraux (chefs militaires), les vicaires (représentants de l'empereur)
et les évêques (chefs religieux).
Les nouveaux-venus vont s'installer là où ils peuvent et feront
souche. On évalue leur nombre à 400.000 environ, dont 100.000 guerriers.
Parmi eux un quart de Francs Ripuaires, presque autant de Vandales et
de Burgondes, des Alains etc.
L'empire romain d'Occident dans lequel ils pénètrent compte pas
moins de 25 millions d'âmes mais il n'est défendu que par une poignée de
soldats professionnels guère motivés : 136.000 limitanei ou soldats des frontières, en grande majorité des Germains mal dégrossis, et 113.000 comitatenses ou soldats de l'intérieur, encore moins combatifs que les précédents.
Malgré la disproportion des effectifs, les envahisseurs n'ont
donc pas de peine à s'enfoncer jusqu'aux extrémités de l'empire et à s'y
établir des principautés. De la Gaule, une partie d'entre eux, les
Vandales, passent en Espagne et atteignent même le territoire de
l'actuelle Tunisie.
Les invasions barbares au Ve siècle après JC
Cliquez pour agrandirDès le IIIe siècle après JC, les Romains se montrent impuissants à contenir l'invasion des Germains. Ces derniers sont eux-mêmes poussés en avant par les Huns. Mais ces derniers ne font qu'une apparition dans l'empire romain à l'agonie, tandis que s'y installent définitivement les envahisseurs germains, donnant souvent le nom de leur tribu à un pays ou une province : Alamans (Allemagne), Burgondes (Bourgogne), Francs (France), Lombards (Lombardie), Vandales (Andalousie)...
Jean-François Zilbermann. http://www.herodote.net/
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