En
ces jours où se déroule aux États-Unis un scrutin dont les résultats
seront connus quand paraîtront ces lignes, mais qui de toute façon sera
déterminant pour l'avenir du monde, il est tentant, pour nous Français,
de nous souvenir que ce pays aujourd'hui si puissant a été en quelque
sorte porté sur les fonts baptismaux par le roi Louis XVI.
Un très intéressant
dossier de la revue Historia est consacré aux “origines bien françaises”
de ces terres que l'on désigne le plus souvent comme “l'Amérique”. Le
professeur Bernard Vincent montre que le jeune roi Louis, dès qu'il eut
appris, un an après son accession au trône, le début de la guerre
déclenchée par les colons d'outre-Atlantique en révolte contre
l'Angleterre, se passionna pour cette aventure et la suivit sans relâche
jusqu'à la défaite anglaise en 1781. Il encouragea nos meilleurs
amiraux (Charles d'Estaing, De Grasse…) et nos meilleurs soldats (La
Fayette, Rochambeau…) à partir au secours des révoltés, fit redoubler
les efforts de construction navale française, dépensa sans compter pour
aider les Insurgents dont les envoyés en France (Benjamin Franklin,
Thomas Jefferson…) étaient devenus la coqueluche de Paris…
Tout cela bien sûr
parce que Louis XVI avait une revanche à prendre sur l'Angleterre qui
nous avait infligé le désastreux traité de Paris, mais aussi parce qu'il
partageait avec la jeunesse de son temps l'enthousiasme - et les
illusions - pour les idées nouvelles de liberté. En refermant ce dossier
qui fait vivre quelque temps dans Philadelphie, ville des Lumières, et
qui rappelle qu'au XVIe siècle New York s'appelait Angoulême, on est
obligé de se poser la question de savoir si le jeune roi a été bien
inspiré. Car soutenir une insoumission et aider à mettre en place une
république, tout en jetant la jeune noblesse française dans ce vivier
d'idées révolutionnaires, n'était pas le meilleur moyen de renforcer la
monarchie française aux prises avec des parlements tout prêts à
exploiter le gouffre financier dans lequel cette guerre allait plonger
le royaume. Il en sortit la banqueroute, les États Généraux, le
renversement du trône… D'un autre côté, grâce à Louis XVI, l'Angleterre
avait perdu sa toute puissante maritime et coloniale et la France avait
repris le premier rang parmi les anciennes puissances.
Même Bainville ne
tranche pas, tout en constatant qu'en se lançant dans la guerre
d'Amérique le roi évitait un effacement irréparable de la France, mais
que cette même guerre d'Amérique donna le choc par lequel la Révolution
fut lancée… Plus que dans les faits, cherchons les causes de 89 dans la
force de perversion des idées désincarnées…
M.F. L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 6 au 19 novembre 2008
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