mardi 29 novembre 2011

La République a légalisé le génocide vendéen

Dans notre numéro 848, Reynald Sécher, spécialiste de l'histoire de la Vendée, annonçait de nouvelles découvertes montrant que le génocide vendéen fut voulu et planifié. Son nouveau livre est une bombe que ceux qui se bouchent les oreilles n'empêcheront pas d'éclater.
En nous annonçant, dans notre numéro 848 du 17 septembre dernier, sa découverte du dossier original du plan d'extermination de la Vendée, et la publication de son livre : Vendée, du génocide au mémoricide, Reynald Sécher notait, pour résumer : « Non seulement je ne m'étais pas trompé, dans mes précédents ouvrages, mais j'ai sous-estimé ce crime. En fait, la guerre de Vendée n'existe pas, ou plus exactement elle ne dure que 5 mois. Tout le reste n'est que génocide. Non seulement les Conventionnels ont voté ce crime, mais ils l'ont mis personnellement en œuvre. »
Vingt-cinq ans après sa thèse sur Le génocide franco-français, la Vendée-Vengé, le hasard, qui est « peut-être, comme l'a dit Georges Bernanos, la logique de Dieu », le met en présence de documents oubliés, de « petits papiers » dispersés dans des dossiers, des manuscrits portant la signature originale de Robespierre, Carnot, Barère, etc. qui prouvent que l'extermination des brigands - sans oublier les brigandes - n'est pas d'abord le fait de Bleus, de Colonnes infernales trop zélés, mais une volonté expresse, organisée, un « plan d'ensemble » visant à rayer de la carte les populations de Vendée ayant décidé de se battre « pour Dieu et le Roi », un génocide des adversaires de la Révolution : « La Convention nationale vous appelle à l'honneur d'exterminer les brigands fugitifs de la Vendée. »
Ce massacre voulu, ce génocide concerté de quelque 117 000 hommes, femmes et enfants a été légalement organisé par les têtes pensantes de la Révolution. Et lorsque Turreau, dans ses Mémoires ou devant le tribunal militaire rejette la responsabilité du massacre sur le Comité de Salut public, il dit vrai. Comme dit vrai Westermann, le « boucher de la Vendée », dans sa fameuse lettre triomphante. « Nous avons remis, écrivait par exemple le Comité le 22 brumaire, soit le 12 novembre 1793, hier au Ministre de la Guerre un plan de campagne arrêté par le Comité. Il est calculé sur des bases vastes : il est tel qu'il est présumable que d'ici à trois semaines tous les brigands seront exterminés jusqu'au dernier. »
En novembre 1793 toujours, au moment où Turreau est nommé général en chef de l'armée de l'Ouest, le Comité du département du Morbihan écrit : « Il faut que la France soit république ou qu'elle soit un vaste cimetière. »
Et tant pis, au passage, pour les Vendéens bleus. « La mort d'un patriote est peu de chose, commente le général Grignon, quand il s'agit du salut public. » La surenchère dans la violence, comme le souligne en postface Stéphane Courtois, peut, seule, assurer l'émergence de l'Homme Nouveau, dans un monde nouveau où les plus farouches commanditaires du génocide régneront en maîtres.
L'éradication de la mémoire
Reynald Sécher publie nombre de ces documents qui accusent les plus illustres (?) chefs républicains. La devise Liberté-Egalité-Fraternité est cimentée dans le sang impur. La République est peut-être fille de la Révolution, mais celle-ci est née d'un génocide.
Mais là ne s'arrête pas la recherche de notre auteur. Reynald Sécher s'interroge ensuite sur ce qu'il appelle le « mémoricide », cette non-mémoire du génocide, le silence, l'oubli et le déni, l'éradication pure et simple de la mémoire.
Qu'importe leur souvenir : les Bleus épargnés par les Blancs sont fautifs, et les blancs épargnés par les Bleus sont responsables. Pour la République, il ne s'est rien passé. Avant elle, il n'est rien ; et dans ce néant disparaissent victimes et bourreaux.
De quel droit, dès lors, donnons-nous des leçons aux autres ? s'interroge, en préface, Me Gilles-William Goldnadel, président de France-Israël et membre du comité directeur du CRIF Par quel étrange schizophrénie Nicolas Sarkozy a-t-il appelé, début octobre, la Turquie à la repentance sur l'Arménie?
En postface, la psychanalyste Hélène Piralian livre une clef de réponse, en soulignant qu'il n'y pas de descendance des victimes. L'oubli couvre tout, et leurs héritiers doivent être tenus dans l'ignorance d'une abomination dont Soljénitsyne, en Vendée justement, avait souligné qu'elle fut le modèle de tous les génocides qui suivirent.
C'est sans doute pour cette raison que le nouveau livre de Reynald Sécher est tu, ou dénoncé par toute une intelligentsia. Parce que son livre atteint aux fondements de la République, tout est bon pour en rejeter le travail. À commencer par l'affirmation qu'en le dédiant à ses « ancêtres génocides », non seulement il trahit un tabou, mais il perd toute distance avec son sujet. S'il convient désormais d'interdire d'expression tout héritier des victimes d'un génocide, c'est toute une littérature qui va être rayé de nos bibliothèques !
Sécher ose donc demander l'abrogation des loi génocidaires ; et l'effacement du nom des génocidaires de l'Arc de Triomphe. Des noms qu'éclaire indûment la flamme du soldat inconnu, devenu « fils de France, non par le sang reçu, mais par le sang versé ». Le sang versé, oui, mais le sien !
Olivier Figueras monde & vie  29 octobre 2011
Reynald Sécher, Vendée : Du génocide au mémoricide, éd. Le Cerf, 24 €.

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