François 1er est sacré à Reims le 25 janvier. Quelques mois avant la bataille de Marignan où s’illustre le “roi chevalier”.
Cette année-là, la
première de son règne, François 1er, vingt ans, incarnait le
rajeunissement du royaume, à tel point que “1515″ a toujours gardé, dit
Bainville, « quelque chose de joyeux et de pimpant ». Son oncle
et beau-père, le très aimé “père du peuple” Louis XII, s'était éteint le
1er janvier sans héritier direct. François de Valois-Angoulême, qui se
préparait depuis sa jeunesse radieuse entre deux femmes dont il était le
dieu, sa mère Louise de Savoie, et sa soeur Marguerite, future reine de
Navarre, bondit aussitôt sur le trône.
Dès le sacre
somptueux dans la basilique de Reims, le 25 janvier, ce jeune roi svelte
et enjoué, savourant autant les ornements de l'esprit que ceux du
corps, déjà réputé pour un humaniste assoiffé d'art et de littérature,
donna la parfaite image d'un prince de la Renaissance qui ne rompait pas
pour autant avec la foi vibrante et le goût du faste de la chevalerie
médiévale. Après un périple triomphal, il effectua le 15 février, tout
de blanc vêtu, son entrée solennelle dans Paris orné d'étendards, de
banderoles, de riches soies et de superbes velours, au son des
trompettes et des tambours. Sous les acclamations trépidantes de la
jeunesse et le regard enamouré des belles dames, François lançait à
poignées des pièces de monnaie… Sous des dehors d'enfant gâté, le jeune
roi était un fin calculateur. Il savait que l'horizon européen n'avait
rien de limpide et que survenait un monde où ne régnerait plus comme au
Moyen-Âge l'harmonie des âmes, mais où la paix devrait plutôt reposer
sur l'équilibre des forces.
Or, menaçaient la
France Henri VIII d'Angleterre, Charles de Brabant, roi des Pays-Bas
bourguignons, à peine âgé de quinze ans, petit-fils de l'empereur
Maximilien 1er, et l'autre grand-père du même Charles, Ferdinand
d'Aragon. La tenaille risquait de se fermer sur la France, or, c'était
en Italie qu'il fallait la démonter, d'autant que la reine Claude, alors
enceinte, héritait des droits de Louis XII sur le Milanais de son
aïeule Visconti ! Aussi François méditait-il son plan. Quelques
promesses pour tenir tranquilles l'Anglais et le Bourguignon, puis une
alliance avec Venise, et voici, dès le mois d'avril, sans que nul ne
l'eût vue arriver, une puissante armée concentrée dans le Lyonnais et le
Dauphiné ! En route pour en prendre le commandement, traversant
Amboise, François terrassa de son épée un sanglier furieux.
Marignan
À Lyon le 15 juillet,
il confia la régence à Louise de Savoie, puis partit pour Embrun avec
le connétable de Bourbon, les maréchaux de Lautrec, Trivulce et de La
Palice, et quelques grands capitaines dont Bayard, entraînant douze
mille cavaliers, 30 000 hommes de pied qui tiraient 72 pièces de grosse
artillerie et 300 pièces légères. Bientôt s'ajoutèrent 22 000
lansquenets allemands. Les Suisses ayant refusé les offres d'entente, il
fallut, avec tous ces engins, traverser les Alpes suisses sur des
sentiers étroits et inexplorés comme suspendus sur le vide. L'exploit
est resté dans les mémoires autant que jadis celui d'Annibal.
L'irruption des Français surprit Prosper Colonna,officier du duc de
Milan, alors qu'il était à table dans le Piémont à Villafranca.
François 1er toujours
plein d'entrain voulut quand même négocier encore avec les Suisses qui
eurent bien tort de refuser, car à Marignan près de Milan, la bataille
dura du 13 au 15 septembre et fut extrêmement rude jusqu'à ce que
l'artillerie française eût le dernier mot. Pendant toute une nuit « le cul en selle et la lance au poing », comme il devait écrire à sa mère, François fut héroïque et devint pour tous le « roi-chevalier
» après qu'il eut fait à Bayard l'honneur de lui demander de l'adouber.
Les Suisses jusqu'alors invincibles ne purent plus refuser les avances
françaises et c'est ainsi que quelques mois plus tard était signée la
paix de Fribourg (29 novembre 1516) les faisant entrer par un contingent
régulier au service des rois de France. C'est la seule paix au monde
qui ait jamais mérité d'être qualifiée de perpétuelle.
Autre heureuse
conséquence de la victoire de Marignan : le pape Léon X (un Médicis) vit
qu'il était temps de résoudre quelques différends entre l'Église et la
monarchie capétienne ; il en sortit le concordat de 1516 qui allait
rester en vigueur jusqu'à la Révolution. Cette première année de règne
laissait présager bien des prouesses, car l'Europe n'allait pas laisser
François en paix. Déjà sous le jeune Charles de Brabant perçait
Charles-Quint, et, six ans plus tard (1521) Luther allait lancer son
brûlot…
MICHEL FROMENTOUX L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 6 au 19 novembre 2008
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