Dans l’article « On a perdu la VIIe Compagnie de destruction massive », Le Libre Journal évoque la découverte en Irak de « fûts suspects » qui, après analyse, se sont révélés ne contenir que des insecticides.
Disons-le : l’analyse
était une dépense inutile ; les images complaisamment diffusées par
les télévisions américaines étaient assez bonnes pour que l’on puisse
lire les inscriptions portées sur ces fûts : Decis et Actellic.
Il se trouve que ce sont deux produits couramment utilisés.
Le Decis est le premier pyréthroïde de synthèse, un produit huileux assez dense mis sur le marché il y a plus de vingt ans.
À l’état naturel, ce
produit est présent dans une sorte de camomille. Au Kenya, c’est une
composée jaune qui sécrète naturellement une substance dont les
propriétés insecticides sont connues : les pyréthrines.
Au Tibet, c’est l’Anthémis pyrethum qui est utilisée en pharmacologie traditionnelle pour ses propriétés antiacariennes (et accessoirement pour remédier à « la manie autocritique, les regrets de ne pas avoir eu une conduite irréprochable »…).
Tout naturellement,
des chercheurs ont cherché à exploiter les propriétés de ces plantes
pour les traitements pesticides puisque le produit actif, naturel, est
infiniment moins toxique pour l’environnement que les organochlorés ou
organophosphorés.
Ces insecticides de
synthèse sont utilisés contre les chenilles, les vers (notamment le ver
rose du coton, très ravageur en Afrique) et les acariens.
Mais les adjuvants et
solvants nécessaires à la molécule provoquent des réactions cutanées
et des irritations qui ont conduit à préférer à cette spécialité des
produits concurrents ne présentant plus ces inconvénients.
Il est donc tout à
fait logique que des soldats mis en présence de ce produit pur dans des
fûts endommagés aient été incommodés légèrement !
L’Actellic,
quant à lui, est une poudre blanche utilisée pour préserver les grains
et désinsectiser les céréales (notamment le maïs et surtout le riz où
il est très efficace contre les charançons). Il est livré soit en
tonneau, soit en tonnelets de carton contenant des sachets d’une
trentaine de grammes, dose nécessaire à la décontamination ou à la
protection d’un sac. C’est un produit d’usage très courant, quasiment
inoffensif, présent partout où il y a des stockages de grains.
Vraiment pas de quoi gazer un Shah…
Baygon vert et Baygon jaune
En revanche, les experts ont été surpris de ne pas entendre annoncer la découverte de phosgène.
Le phosphure
d’hydrogène est en effet très toxique et a été, pour cette raison,
utilisé comme gaz de combat, mais il reste souverain pour les
fumigations de sacs de céréales en pile dans les entrepôts, ce qui
explique que l’on en trouve encore facilement en tout cas dans le
Tiers-Monde.
Le traitement se fait
par diffusion de gaz qui s’échappe de bâtonnets introduits un peu
partout dans les interstices entre les sacs gerbés en piles qui doivent
être hermétiquement bâchées pendant 48 heures.
Il est en outre
conseillé de procéder au débâchage et à l’aération du stock sous la
protection de vêtements aussitôt lavés à grande eau et avec des
masques !
L’usage du phosgène
est, semble-t-il, aujourd’hui interdit dans la plupart des ports
européens à cause des accidents qui pourraient survenir lors des
manipulations.
Or nos Indiana Jones
US n’en ont même pas trouvé un demi-gramme, alors que tous les
spécialistes s’attendaient fort légitimement d’ailleurs à la
proclamation, à grand renfort de trompe, de la découverte de quantités
de phosgène. Au moins dans les entrepôts de stockage !
Cela aurait permis d’accréditer l’existence de gaz de combat.
L’absence de phosgène démontre, a contrario,
que les Irakiens avaient tout fait, vraiment tout, pour éviter que
l’on puisse les accuser, même au mépris du simple bon sens, d’avoir
conservé des armes chimiques.
D’où la nécessité,
pour la réclame de la busherie, de « découvrir » des insecticides.
Etant entendu qu’il n’était pas nécessaire de dire qu’ils sont
inoffensifs (si l’on veut bien tenir pour négligeables quelques
rougeurs et démangeaisons sans conséquence).
SI l’on a un conseil à
donner à la Syrie, c’est de vider rapidement toutes les drogueries de
Damas et de sa banlieue des derniers vaporisateurs de Baygon vert et
Baygon jaune…
Mieux vaut des moustiques que des Apaches, et des cafards que des fantassins US…
Le Libre Journal http://www.france-courtoise.info/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire