Cette
année les flonflons de la fête de L'Huma nous auront au moins appris
quelque chose. Une réalité pas très nouvelle, certes. On pourrait la
mettre en parallèle avec un événement beaucoup plus modeste. Car c'est
lui j'aurais la faiblesse de placer en première perspective, avant les
grands discours et les petites phrases des dirigeants des partis de
gauche en quête de voix.
En effet ce
18 septembre, en la pagode de Créteil, une émouvante cérémonie
bouddhique était organisée en souvenir de Vann Nath. À 66 ans, ce
témoin central du procès des Khmers rouges s’est éteint le 5 septembre,
dans une clinique de Phnom Penh.
“Son âme s’est envolée avec la bénédiction d’une pluie de mousson” note
Mme Anne-Laure Porée seule journaliste à “couvrir” ce qui devait être
le Nuremberg du communisme et qui se déroule dans l'indifférence
générale. (1)
La gestion de tout cela par ce qu'on appelle “la communauté
internationale” ne saurait nous “décevoir”, puisque nous savons ne plus
rien en attendre. Elle ne nous “surprend” donc, littéralement, même
plus.
Que les choses à ce sujet soient dites nettement.
En juillet trois chroniques de L'Insolent ont été consacrées à cette question (2).
Il se trouve que je
ne gère pas les commentaires de leurs versions vocales installées sur
le site de Lumière 101. Mais je les lis et l'un d'eux m'a laissé
perplexe. Il y est question de pardon au nom de l'Évangile.
Or, précisément, si
l'Évangile nous recommande de pardonner à celui qui nous en fait la
demande, ni les khmers rouges, ni ceux qui les ont soutenus n'ont
jamais reconnu ni leurs crimes ni leurs mensonges propagandistes (3). Au contraire ils s'emploient, depuis plus de 30 ans, à brouiller les pistes.
Tout cela fait donc
parfaitement l'affaire des anciens communistes cambodgiens qui
gouvernent aujourd'hui le pays derrière le premier ministre Han Sun,
lui même imposé par les Vietnamiens.
Osons dire que tout cela a été programmé sciemment.
Cette imposture dure
depuis qu'en 1979, les staliniens prosoviétiques du Vietnam sont
parvenus à liquider l'appareil plus ou moins gauchiste et prochinois
qui s'était emparé du pouvoir. Produit et bénéficiaire lui-même de
cette opération le chef inamovible de ce gouvernement capte les
soutiens, les complaisances et les subsides occidentaux. Cela lui
permet de saboter méthodiquement tout ce qui pourrait faire apparaître
la vérité sur les crimes du régime abominable de Pol Pot, fondés sur une
application fanatique des équations marxistes apprises auprès du parti
communiste français.
Un premier procès
visait, indépendamment des chefs, le seul tortionnaire Duch et son
centre S21. Vann Nath principal témoin à charge fut entendu lors d'une
audience unique. Il n'aura même pas pu entendre la sentence de son
bourreau. Quant au second procès, celui des dirigeants, ouvert le 27
juin, il se déroule depuis mollement dans un silence mondiale. Les
Khieu Sampan, Ieng Sary et consorts y ergotent sur des règles de droit
et de procédure qui finissent par se retourner en leur faveur, puisque
l'on a attendu plus de 30 ans pour les juger.
On éprouve presque l'envie de dire “comme d'habitude”.
Alors pourquoi faire un parallèle avec ce qui s'est déroulé à l'opposé de la région parisienne, dans le parc de La Courneuve.
D'abord parce que la
fête du quotidien communiste avait abrité en leur temps les stands des
camarades Khmers rouges, jusqu'à leur rupture de 1977 avec Hanoï,
provoquée par un antagonisme territorial entre deux dictatures sœurs.
Personne n'a demandé sur place aux dirigeants du PCF ce que leur suggérait cette question. Comme d'habitude.
Les protestations de
la droite brillent par leur évanescence. Tellement plus important en
effet de se préoccuper de sauver les banques. Comme d'habitude.
Les intellectuels de
gauche ou ce qu'il en reste, fonctionnaires de la Ville de Paris,
bureaucrates de l'Inculture ou inspecteurs d'Académie ont montré une
fois de plus combien leurs indignations restaient hémiplégiques,
frappant toujours d'un seul côté. Comme d'habitude.
Mais cette année, il
fallait se montrer à La Courneuve en vue d'obtenir les résidus des gens
qui avaient voté Marie-Jo Buffet. en 2012, cela pesait encore un bon
2 % de l'électorat. On dit leur blason en voie d'être redoré grâce à
une alouette qui, mélanchonnée dans le cheval, est supposée produire un
pâté plus consommable. Seul l'emballage change. Comme d'habitude.
On a vu s'affirmer les convergences. Comme d'habitude. Et même plus que d'habitude.
On appris ce que l'on soupçonnait déjà : Arnaud Montebourg, venu en fin d'après-midi le 17, “est particulièrement le bienvenu”, déclare le camarade Mélenchon. Et l'intressé répond, en pointant le livre programme du Front de gauche. “Il
y a des choses ici qui devraient être dans le programme socialiste,
Nous nous battons pour les mêmes choses, moi depuis l'intérieur, lui
depuis l'extérieur.” (4)
Si Mme Aubry n'a
jamais fait mystère de son désir indéfectible d'alliance “avec toute la
gauche”, y compris les communistes, on ne s'étonne pas qu'elle se soit
rendue à La Courneuve.
Comme d'habitude. Mme Royal, en perte de vitesse, n'hésite pas elle aussi à renouer avec la vieille connivence.
C'est bien connu : “La Fête de L'Huma tout le monde y va, sauf els candidats au goulag”.
Même l'exilé le plus
aimé des Français Yannick Noah a prouvé qu'il peut se rendre en
Seine-Saint-Denis pour une cause fiscalement juste.
Ceux qui douteraient
encore de la philosophie véritable de la camarade Duflot ne doivent
plus voir en elle une écologiste mais une petite bolchotte aussi
inguérissable qu'intarissable. Et de se congratuler avec le secrétaire
général du parti, l'apparatchik héréditaire Laurent fils de Laurent.
Dans un roman russe on l'appellerait Lavrenti Lavrentovitch, ou bien
Piotr Pavlovicth. Mais il ne s'agit pas de littérature slave, il s'agit
de la bonne vieille filiation jacobine franco-française, de cette
tambouille politicienne qui veut nous faire oublier les crimes de ses
alliés, et les interminables errements de ses combinaisons putrides.
Comme d'habitude.
La réaction de
dégoût, qu'inspirent à notre peuple, aussi bien ces spectacles, que la
réapparition télévisuelle du sauveur supposé de la finance
internationale (5), pourrait seule donner quelque espoir d'un redressement possible. JG Malliarakis http://www.insolent.fr/
Apostilles :
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Anne-Laure Porée tient une chronique du Procès des Khmers rouges.
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cf. L'Insolent du 18 juillet “Les Khmers rouges comme gentils libérateurs” [et sa version vocale] ; du 19 juillet “Les connivences parisiennes des Khmers rouges” [et sa version vocale] et du 20 juillet “Soudain le 5 septembre 1977″ [et sa version vocale].
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cf. l'article d'Anne-Laure Porée du 13 février 2009 pulié en Suisse“Les Khmers rouges n’ont jamais reconnu leurs fautes”
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À ce sujet il me plaît de reproduire ici le communiqué de Jacques Myard en date du 18 Septembre 2011 : “L'apparition de DSK JT de TF1 de 20 H ce jour est parfaitement grotesque. Ce monde médiatique exploite sans vergogne le voyeurisme et le scandale à des fins d'audience, cet entretien n'a aucun intérêt pour la révélation de la vérité. Il serait souhaitable que les Français se détournent de ce cirque à grand spectacle.” Mission accomplie
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