« Ouvertement islamophile mais résolument hostile à l’islamisation de la France… » Jean-Pierre Péroncel-Hugoz fut le dernier journaliste recruté - ”à l’essai” - au Monde
par Hubert Beuve-Méry, en 1969. Il a passé 8 ans en Algérie après
l’indépendance, coopérant technique (1965-69), puis “correspondant
particulier” du Monde (69-73). Il fut ensuite interdit de séjour dans ce pays à cause de son livre “Assassinat d’un poète”(1), relatant le « crime politique »
que fut à ses yeux le meurtre du poète pied-noir Jean Sénac, chantre
baroque du nationalisme algérien. Mais JPPH est surtout connu comme
“islamologue”, grâce à son prophétique “Radeau de Mahomet”(2). Il nous a aimablement autorisés à reproduire l’essentiel d’une algarade(3) déjà publiée dans la revue Panoramiques(4), où il coudoyait Jean-Paul Angelelli de Rivarol aussi bien que l’ancien permanent trotskiste Benjamin Stora. Quant à son inspiration, il nous a confié qu’il était « présent
au fameux match de foot France-Algérie du 6 octobre 2001, qui décilla
les yeux à nombre de Français à propos du comportement algérien en
France même… »
P. G.
“… On lit
dans la presse, dans les romans, que les peuples oublient vite les
guerres qui les ont séparés. Quarante ans après, avec l’Algérie, je
fais le bilan, et j’ai l’impression que ça s’est aggravé…
Et je crois que ça ne
va pas s’arranger, au contraire, puisque les Algériens trouvent payant
de gratter la plaie, de l’envenimer, chaque fois qu’elle fait mine de
se cicatriser, quand ils n’inventent pas, dans nos villes, faubourgs et
banlieues, le “djihad de proximité”…
D’abord lâcher ce
truc que j’ai sur l’estomac, que nombre de Français ont aussi mais
n’osent pas exprimer, sur cette terre de soi-disant liberté totale
d’expression, de peur qu’on les taxe aussitôt de colonialisme,
d’impérialisme, d’arabophobie, de racisme, voire de nazisme : mais
pourquoi donc les Algériens, qui répètent à l’envi avoir conservé un si
mauvais souvenir des 132 ans de colonisation française, qui ne cessent
à tout bout de champ de convoquer les morts, les martyrs, la mémoire,
le devoir de mémoire et autres concepts en vogue, pour accabler les
Français d’hier, d’aujourd’hui et sans doute bientôt de demain, mais
pourquoi donc donnent-ils l’impression en même temps, tous ces
Algériens, ou peu s’en faut, qu’ils veulent s’installer en France ?
Pourquoi, dès l’indépendance obtenue, en 1962, au lieu de rester chez
eux, de s’y retrousser les manches et de travailler à construire à leur
guise leur pays enfin délivré des horreurs du colonialisme, les
Algériens ont-ils commencé à émigrer chez nous, et ça n’a jamais cessé,
quitte à nous traiter de tous les noms quand on les interroge sur cet
engouement, complètement illogique aux yeux de cette ancienne métropole
d’où vinrent, paraît-il, tant de maux ?
Les Algériens veulent tous les droits des Français, mais aucun devoir
Le plus grand éclat de rire de la muse Clio, au XXe siècle,
ça a dû être quand elle comprit que ces millions d’Algériens qui
avaient tant nui aux pauvres harkis, restés fidèles à la France, se
mettaient tous ou quasi, les uns après les autres, en quête de leur
citoyenneté française, rejetée hier comme la tunique de Nessus, et
devenue soudain le suprême bien… Les harkis n’avaient fait qu’être
prémonitoires, en somme…
Quand j’étais correspondant du Monde
en Alger, aux pires moments de la crise pétrolière franco-algérienne,
vers 1970, lorsque le colonel Boumediène avait du jour au lendemain
nationalisé sans crier gare les intérêts français dans les
hydrocarbures sahariens, l’ambassadeur de France en Algérie, l’austère
et temporisateur Basdevant, m’avait confié un jour, à la sortie d’une
rude manche de négociations avec des ministres algériens : « Si
vous saviez, ils nous lancent de ces propos sur la France… Il y aurait
de quoi leur déclarer la guerre… Et en même temps ils exigent de nous
des choses, comme s’ils étaient toujours français, la libre circulation
complète, le droit à la Sécurité sociale pour les Algériens vivant
dans leur pays mais allant se faire soigner en France… J’ai fini par
leur rappeler qu’en 1962, la France aussi était devenue indépendante de
l’Algérie… Ça a paru un moment les interloquer. »
Eh bien ! Trente ans
après ces propos, on en est encore au même point : les Algériens
veulent tous les droits des Français, mais sans aucun devoir, sauf bien
entendu celui de nous jeter à la figure chaque matin le passé
colonial, sans jamais accepter la plus légère critique de notre part,
ne serait-ce que sur la façon économique aberrante avec laquelle
l’Algérie indépendante a été menée à la faillite. J’en ai vu défiler, à
Paris, dans mon bureau du Monde, ces deux dernières décennies,
des cadres algériens, fonctionnaires, médecins, juristes, cinéastes,
romanciers, et jusqu’à un riche chevillard, etc. Ou bien leurs enfants,
issus des gens rencontrés lorsque j’étais en Algérie, tous ces
Algériens ayant été accueillis avec moult égards et maintes aides par
l’administration française, souvent avec des lettres de recommandation
de moi-même ou d’autres Français, et tous jamais contents, ces
Algériens, malgré les cartes de séjour longue durée, les visas obtenus
pour faire venir leurs vieux parents, les postes universitaires donnés
en priorité alors que des Franchouillards y avaient droit avant eux,
les appartements de la ville de Paris octroyés en quelques semaines
(alors que pour ma part, j’en ai attendu un en vain pendant dix ans,
avant de renoncer…), et par-dessus le marché se plaignant de la « mauvaise volonté des bureaux parisiens », voire de notre « racisme » (rengaine).
Je suis comme Jeanne
d’Arc à l’égard des Anglais, si je peux oser cette comparaison ; Jeanne
d’Arc qui aimait les Anglais mais chez eux, eh bien ! moi c’est pareil
avec les Algériens. On n’a pas voulu maintenir l’Algérie française,
paraît-il même que c’était un enfer, alors je ne vois pas pourquoi on
ferait maintenant la France algérienne, même si mon confrère Slimane
Zeghidour m’assure que cette « Algérie de Tamanrasset à Dunkerque »
a été prédite par je ne sais plus quelle figure du nationalisme
algérien, Larbi Ben M’Hidi, je crois, liquidé par l’armée française
après avoir lancé cette prophétie…
Non seulement j’aime
les Algériens chez eux mais j’aime en eux, si on me permet ici cette
petite parenthèse personnelle, certaines vertus devenues rares de nos
jours en France, telles que la foi en Dieu, le patriotisme, la fierté
nationale, l’esprit et le goût de la famille, la fraternité
confessionnelle, la solidarité ethnique, le carpe diem enfin,
c’est-à-dire l’art de saisir au vol la bonne minute qui passe et de
s’en régaler jusqu’à la moelle… J’envie même parfois les Algériens et
autres Arabes ou Arabo-Berbères, musulmans bien sûr, d’avoir su
préserver ces qualités et d’oser les cultiver sur une planète de plus en
plis mécanique et déshumanisée.
Ils voudraient que la France revienne « empêcher le génocide des Berbères »
C’était en 1962. Nous
sommes en 2003. Presque deux générations se sont écoulées et la
plupart des Algériens font toujours comme si le cordon ombilical
n’avait pas été coupé entre l’ancienne métropole et ses départements
nord-africains. Mieux, certains Algériens, les Kabyles pour les citer,
voudraient que la France revienne en Algérie pour « empêcher le génocide des Berbères par les Arabes ».
Ça c’est la meilleure ! Comme si cela nous regardait ! Il nous a fallu
supporter, en plein Paris, ces militantes kabyles en costume
traditionnel vociférant, injuriant, trépignant parce que « les Français veulent rien faire en Kabylie » !
Vous vous trompez d’adresse, dames berbères, pétitionnez à la Ligue
arabe, à l’Organisation de l’Unité africaine, aux Nations-Unies ! La
France a quitté votre galère où vous lui avez donné tant de mal, elle ne
risque pas d’y revenir, pour se brûler les doigts à vos cent querelles
intestines. D’autant moins qu’à peine y aurait-elle posé le pied, la
malheureuse France, que vous lui reprocheriez son ingérence, vous vous
retourneriez contre elle au nom de l’unité islamique “agressée”, ainsi
que ce fut toujours le cas chaque fois que les Français voulurent se
mêler, pour les calmer, des sanglantes scènes de ménage berbéro-arabes.
J’entends constamment
des Algériens formuler des requêtes, décocher des reproches à
l’endroit de l’Etat et du peuple français. Je n’ai jamais entendu une
seule voix algérienne adresser je ne dis pas des remerciements pour
tout ce que la France n’a cessé de faire en faveur de l’Algérie et de
ses ressortissants, mais pour reconnaître au moins que les Algériens
bénéficient d’avantages dont, par exemple, aucun Français ne risque de
profiter en Algérie… Or, non seulement il n’y a pas l’ombre d’une
reconnaissance de ce type mais au contraire on manifeste de la haine à
notre égard, quand l’occasion se présente. J’étais, le 6 octobre 2001,
au Stade de France, devenu pour un triste soir “Stade d’Algérie”, et
j’y ai vécu les scènes d’hystérie collective violemment anti-française
et anti-occidentale, parmi un public à 95 % algérien (sûr de lui et
dominateur - mais pas d’élite…). Rien ne peut excuser cette énorme
gifle appliquée au pays-hôte mais rien, non plus, ne peut plus excuser
les Français qui ne veulent pas voir que plus on fait de bien aux
Algériens, plus ils vous veulent du mal. Peut-être est-ce une façon
paradoxale de cacher le fait capital qu’ils n’ont aucune légitimité à
s’incruster chez nous ?
Psychanalytiquement,
cette aversion anti-française peut s’expliquer peut-être par le fait
que les Algériens, encensés naguère pour leur “victoire” sur la
puissance coloniale française, se sont crus plus forts que les plus
forts et ont pensé qu’ils allaient figurer comme l’un des premiers
peuples de l’Univers. Or, tout au contraire, et alors que la France
restait en maints domaines au pinacle du succès et de la prospérité,
l’Algérie, au lieu de devenir un modèle pour le Tiers Monde, se muait
en son repoussoir : faillite agricole et industrielle, anarchie
politique sanglante, etc. Songez seulement que la production de blé qui
était le seul point fort algérien en 1830 et qui, avec les progrès de
l’agriculture coloniale, atteignit le chiffre record de 24 millions de
quintaux en 1954, n’est plus aujourd’hui, péniblement, que de 16 à 17
millions de quintaux par an…
Et le seul pays à
encore tendre la main aux Algériens dans la dèche, ce fut la France.
Dure humiliation pour la rive Sud de la Méditerranée où on croyait nous
avoir enterrés ! En très peu d’années, la France était redevenue le
paradis tandis que l’Algérie s’enfonçait un peu plus chaque jour dans
les décombres de l’enfer qu’elle avait su si vite installer chez elle à
coups de socialisme et d’islamisme… Y compris la discrimination
religieuse puisque dès 1963 fut légalement instituée dans l’Algérie
nouvelle une nationalité à deux étages : la supérieure, irrévocable,
réservée aux mahométans de souche ; l’inférieure, la révocable,
attribuée aux non-musulmans…
Quant au comportement
systématiquement anti-français des jeunes générations algériennes en
France, on en a accusé l’Ecole française alors que les seuls vrais
responsables de cette situation de guerre civile larvée, dont on peut
évaluer les dégâts au nombre de voitures brûlées chaque samedi soir,
les seuls vrais responsables sont les parents de ces jeunes gens. Oui,
ces braves ouvriers, ces silencieuses femmes de ménage n’ont pas élevé
leurs enfants dans le respect du peuple d’accueil, comme l’ont fait les
Polonais, Arméniens, Portugais, Vietnamiens et autres Serbes, mais
dans le mépris des “Gaulois”.
Les surnoms des Français : Impurs, incirconcis, mange-cochon, fromages, yaourts, gaouri, kafir, roumi
Impurs, incirconcis, mange-cochon, fromages, yaourts, gaouri, kafir, roumi,
j’en passe et de pires, tels sont les termes péjoratifs utilisés
couramment dans ces familles pour parler des Français. Eux, les
Algériens, sont des musulmans, « la meilleure des communautés »,
selon le Coran, et cela les autorise à se croire supérieurs au reste
de la Terre, non musulman. Avec ça, comment vouliez-vous que l’école,
l’administration, le travail intègrent, en les francisant, des jeunes à
qui l’idée seule d’être français fait horreur ? Je ne parle évidemment
pas ici des exceptions, des cas particuliers qui existent mais ne
changent hélas ! rien à la donne générale.
Je ne pense pas que
les Algériens d’ici ou d’outre-mer vont changer. La situation actuelle
est trop bonne pour eux. Mais la France peut-être changera et ce ne
sera pas sans conséquence pour ses commensaux et partenaires abusifs.
En attendant, en ouvrant un journal francophone algérois, Le Monde Aujourd’hui, daté 3 septembre 2001, j’y lis, sur six colonnes : « La dette de la France envers Algérie » et plus bas : « C’est
avec l’argent de l’Algérie que l’Etat français a réussi à arracher la
société française à une situation économique et sociale moyenâgeuse » (sic).
Tant que de pareilles
inepties auront cours outre-Méditerranée ; tant que, en France, des
petits Algériens de douze ans graffiteront dans les cages d’escaliers :
« On a niqué (= vaincu) les Français en Algérie, on va maintenant les niquer (= vaincre) en France ! » ;
tant que, dans les banlieues françaises, on continuera à apprendre aux
petits musulmans que leurs camarades non mahométans sont « impurs » et « inférieurs » et que, d’ordre divin dans le Coran, il ne faut pas « prendre pour amis juifs et chrétiens, sinon on devient comme eux », les relations entre Français et Algériens resteront marquées au double sceau du tragique de l’impossible.”
Jean-Pierre Péroncel-Hugoz http://www.france-courtoise.info/
(1) éd. Jeanne Laffitte, Marseille, 1983.
(2) éd. Lieu commun, 1983 ; Champs/Flammarion, 1984.
(3) Attaque brusquée, en arabe.
(4) n° 62 de fév. 2003. Ed. Corlet, tél. 02 31 59 15 15.
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