jeudi 1 septembre 2011

Bataille de FONTENOY :


On nous parle de Napoléon mais avons-nous perdu tant que cela la mémoire pour oublier les grandes victoires de nos rois et ce grand roi à cheval que fit Louis XV nommé « Le Bien-aimé ».Parlons du soleil de Fontenoy, de l’humilité et la grandeur d’âme du prince vainqueur, laissant attribuer le mérite de la réussite au Maréchal de Saxe, alors qu’il avait lui-même dirigé la stratégie victorieuse…Napoléon, qui méprisait les Bourbons ne s’y trompa pas quand il écrivait : « Il faut reconnaître à chacun, ce qui lui est dû. La victoire de Fontenoy est dire à Louis XV qui est resté sur le champ de bataille. S’il eut repassé l’Escaut, comme le Maréchal de Saxe le voulait, la bataille était perdue. Les boulets arrivaient jusqu’au pont de Calonne…Si le Roi est resté, il en a tout le mérite. On ne comprend pas trop bien les dispositions du Maréchal de Saxe.».
Louis XV disait : « Ne disons point que nous voulons la paix mais désirons là comme le plus grand bien pourvu qu’elle puisse durer longtemps. Attendons ce qu’on nous dira. Ne négocions rien sur cela présentement avec nos Alliés. Si l’on nous prise aujourd’hui, c’est que l’on nous craint. Ne faisons mine que de vouloir faire la plus vigoureuse guerre. Il n’y a jamais que cela qui puisse amener la paix que je désire autant et plus que tout autre. ». Bien-aimé du peuple comme Voltaire vieillissant le considérera toujours…Quel génie diplomatique et encore quand il dit à son ministre de la guerre en 1745 : « Vous n’entendez rien à la guerre. Un défensive est ruineuse parce que l’on mange son propre pays, tandis que par l’offensive, on mange le pays ennemi. Aujourd’hui nous ne pouvons attaquer la Reine de Hongrie que par les Pays-Bas. Cela effrayera les puissances maritimes.»
La couronne d’Angleterre était aux mains de la Maison Allemande du Hanovre qui payait en Livre Sterling une coalition formée de contingents européens. Benoit XIV, le Pape décida d’accorder à la France un Jubilé en récompense de l’estime qu’accordait le peuple Français à son Roi dans l’Europe des Lumières.
Le départ pour les Flandres vint le 6 mai. A son habitude, Louis XV ne veut pas de faste ni d’émotion dans les départs. Il est accompagné de son fils, le Dauphin, âgé de 16 ans afin de lui montrer les horreurs de la guerre…Il fait simple pour éviter les dépenses inutiles. Il n’y aura pas d’escorte flamboyante, ni police sur le chemin. Couché la veille, on le trouve en prière à 3 heure du matin, écoutons Luynes : «  La Reine a attendu le Dauphin. Lorsqu’il est passé pour aller chez le Roi…Elle l’a embrassé vingt fois, fondant en larmes…». Il est 7h15 le Roi et le Dauphin partent et quatre aurores plus tard ils entendent les tambours de «  La Maison du Roi » saluer ce qui va être le soleil de Fontenoy…

Louis XV alors que son  fils n’a accepté que le grade d’officier subalterne, s’adressa aux officiers pour leur dire qu’en cette occasion ce serait la première fois depuis St Louis qu’un Roi de France vaincrait les Anglais et aussi la première fois depuis Jean le Bon à Poitiers qu’un roi aurait son fils à ses côtés…
L’armée Française était composée de la « Brigade Irlandaise » dont les familles étaient persécutées par les Anglais. Traitement bien plus atroce que nos protestants depuis l’Edit de Nantes…Le souvenir des officiers catholiques crucifiés, tripes à l’air, hantait les irlandais…Le code pénal en Irlande était le code du sang, oublié de nos philosophes anglophiles !!!
N’oublions pas que seul un roi de France pouvait s’offrir le luxe d’avoir à la tête de ses armées un Maréchal protestant. Ou se trouve alors la tolérance ?
Cette bataille comme celle victorieuse plus tard de Lawfeld enseignèrent à l’Europe ce qu’était un prince chrétien dans la charité. On est loin ici des guerres Libérales sans pitié qui viendront comme aux Amériques.
Le matin de la bataille, à 4 h le roi est le premier debout. Il fait réveiller le Maréchal de Saxe et va se positionner à 5h avec son fils près du pont de Calonne à Notre Dame des Bois.
Déjà en première ligne, les Gardes Françaises, dont le colonel de Gramont vient de mourir, plient sous la pression des Anglo-hollandais. Le Roi assiste attristé au déshonneur du régiment parisien sous l’œil de son fils. Craignant qu’il ne soit touché, le Maréchal de Saxe demande au roi de repasser l’Escaut. Louis XV refuse, il restera malgré les obus qui tombent autour de lui, alors que les Suisses tiennent bon. Jamais ils ne reculent malgré 30 officiers et 500 soldats affreusement mutilés au sol. Parmi les morts, un jeune cadet dont le père de Courten prit le jabot déchiqueté en disant : « C’était à mon fils, ce sera désormais la cravate du drapeau !»
Toujours sous un feu apocalyptique, les Suisses s’accoudent à une redoute qu’ils tiendront durant 6 heures…4 officiers sur 7 tombent pendant qu’un petit tambour, les deux jambes broyées par un boulet, continu de battre la charge…
Un flottement dans le commandement Français fait craindre le pire, le Maréchal de Saxe, atteint de la Goutte , demeurait introuvable alors que les 14000 Habits rouges avançaient imperturbablement. Une nouvelle demandait d’abandonner Anthouin…
L’heure des décisions qui change l’histoire était arrivée. Louis XV prend la situation en main.
Les officiers d’Etat Major qui habituellement restent en retrait, foncent l’épée à la main, sus à l’ennemi, véritable folie face aux Anglais de Cumberland et les Hollandais de Waldeck. Louis XV fait positionner les 4 derniers canons face aux anglais, écoutons le Dauphin : « le roi ne put jamais faire revenir au combat les fuyards…Pendant cette retraite qui lui perçait le cœur, son visage ne changea pas et il donna ses ordres avec tranquillité » Louis XV consulta, sans protocole Richelieu et Biron, l’épée dégainée et dont 4 chevaux venaient d’être  tués sous lui. Le Roi donna l’ordre à Montesson de faire charger sa Maison et on passa à 14h d’une attitude défensive à l’offensive. A ce moment la colonne anglaise s’arrête, pendant que dans une furie extraordinaire les uniformes chamarrés de la Maison du Roi chargent sabres en avant…La masse anglaise recule pendant que les tambours du Roi commencent à battre la charge définitive du reste de la Gendarmerie Ecossaise , Anglos-catholique et des Chevaux-Légers.et tout ce monde sabre les Habits rouges. Le Roi retint le Dauphin bouillant d’aller en découdre. Il est 18 heures et soudain monte une clameur en Gaëlique des rangs Français. Ce sont les Irlandais qui craignent de ne pas avoir leur « part d’Anglais »..Ils veulent se venger des humiliations, des crimes sauvages des godons à Limerick…
Quand certains philosophes comme Montesquieu admiraient le Libéralisme Anglais sans voir la misère ouvrière terrible et les sanglantes répressions. Aux cris de « Souvenez vous de Limerick » (Cuimhnigi ar Luimneach agus ar feall na) les irlandais se ruent sur les anglais à l’arme blanche. Les « Fanfans la Tulipe  » sont stupéfaits devant les visages terrorisés des britanniques.
En 1907, l’Irlande fera ériger une immense croix pour commémorer ce 11 mai 1745, la vengeance Irlandaise face à la félonie anglaise du Traité de Limerick…Le Parlement britannique avait avalisé les horribles boucheries de femmes et d’enfants des soudards de Guillaume III.
De Saxe réapparut pour laisser les restes de l’armée Anglo-hollandaise se retirer tranquillement…
Les soldats Français jettent leurs tricornes en l’air en lançant le cri de ralliement : « Vive le Roi », pendant que le Roi se tourne vers son fils et lui dit : « Voyez ce qu’il en coûte à un bon cœur de remporter des victoires. Le sang de nos ennemis est toujours le sang des hommes, la vraie gloire est de l’épargner » .Il ordonna alors de soigner tous les blessés du champ de bataille en y adjoignant son propre médecin : La Peyronnerie.  « Qu’ils soient Anglais, Hessois, Hanovriens, Hollandais, Français, tous doivent être soignés avec la même sollicitude. » Aucun « despote éclairé » d’Europe ni Parlement libéral ne résonnait en européen comme Louis XV, roi très chrétien, devant ce champ de bataille. Ces paroles frappèrent l’opinion internationale et l’on vit le roi se déplacer dans les rangs, avec un sang froid surprenant, encourager les hommes et les visiter. On ouvrit les hôpitaux de Douai, Valenciennes, Lille et Cambrai…On fit le siège de Tournai et la ville se rendit le 20 juin. Louis XV d’après une relation imprimée à Amsterdam, prit les femmes et les enfants sous sa protection et les mis en sureté à Oudenarde…Cet acte grandissait le Roi aux yeux de l’Europe à l’image du souvenir de St Louis. Quand il entra dans Paris en évitant les fastes voulus par les parlementaires faisant payer les factures au peuple…Ces hypocrisies bourgeoises le dérangeait car les Corps de métier étaient encore endettés…Il pénétra sobrement en carrosse accueilli par le peuple de Paris et entra dans Notre Dame pour remercier Dieu de la victoire. Un « Te Deum » retentit sous les drapeaux aux couleurs multiples pris à l’ennemi. Nous ne pouvons décrire ici la liesse populaire qui l’accueilli à la sortie de la messe avec les Dames des Halles, car aucun écrit ne peut représenter l’atmosphère et la joie populaire ressenti des humbles avec leur Roi. Comme disait Marcel Jullian : « Peuple et Roi sont de droit divin »
« Ou est Fanchon ? Ou est Grégoire ? 
 Ma voix se casse en les nommant ;
  Notre jeunesse est de l’histoire :
 On ne remonte pas le temps…
Aujourd’hui, je quête la trace.     

 De ce qui fut verte saison.
Clairs jeunes gens de notre race

Gardez les lys et nos chansons »    
Michel Saint Junien
Le jour où l’humanisme d’un Roi fut plus grand que les théories libérales fumeuses du monde qui allait naître…A Metz, son peuple l’avait sacré Roi « Bien-aimé », À Fontenoy, c’est l’Europe qui reconnut en lui, son humanisme chrétien…
« La vie n’est pas si longue qu’on ait le temps d’user tellement de copains. Si j’avais le souffle j’écrirais le roman d’un groupe de douze hommes qui se seraient déjà bien connus à Malplaquet par exemple, une de ces belles défaites qui, entre fantassins de voltige, vous enfonce royalement dans le cœur le sentiment de fraternité, après quoi, ayant celé leur fortune à Denain au cours d’une solennelle biture aux frais de Villars, nous les retrouverions toujours unis, avec quelques traverses, bien sûr, dans les épreuves de la paix aux environs de la rue Quincampoix ou du cimetière Saint-Médard pour les retrouver à Fontenoy, toujours copains comme cul et chemise et se dissipant un peu plus tard dans une affaire de faux saulniers avant de remettre ça pour la guerre de sept ans, revenir avec quelques jambes de bois pour monter une vague affaire de montgolfière à tempérament, s’en tirer de justesse pour rempiler sous Montcalm et bourrer le calumet sous la tente des Hurons, etc., les morts ne seraient pas remplacés et le dernier de mes douze casserait sa pipe tout de suite après le onzième, seul, au coin d’un bois, dans son lit ou aux galères, c’est à étudier, mais on verrait bien qu’il meurt pour la seule raison qu’il serait seul. »
Bande à Part », Les COPAINS de Jacques Perret)
« Voyez ; je suis vieille, mais je suis belle ; mes enfants pieux ont brodé sur ma robe des tours, des clochers, des pignons dentelés et des beffrois…Ils passent, mais je reste, je suis leur mémoire…Regardez cette fontaine, cet hôpital, ce marché que les pères ont légués à leurs fils. Travaillez pour vos enfants comme vos aïeux ont travaillé pour vous. Chacune de mes pierres vous apporte un bienfait et vous enseigne un devoir… »
Anatole France

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