On
nous parle de Napoléon mais avons-nous perdu tant que cela la mémoire
pour oublier les grandes victoires de nos rois et ce grand roi à cheval
que fit Louis XV nommé « Le Bien-aimé ».Parlons du soleil de Fontenoy,
de l’humilité et la grandeur d’âme du prince vainqueur, laissant
attribuer le mérite de la réussite au Maréchal de Saxe, alors qu’il
avait lui-même dirigé la stratégie victorieuse…Napoléon, qui méprisait
les Bourbons ne s’y trompa pas quand il écrivait : « Il faut
reconnaître à chacun, ce qui lui est dû. La victoire de Fontenoy est
dire à Louis XV qui est resté sur le champ de bataille. S’il eut
repassé l’Escaut, comme le Maréchal de Saxe le voulait, la bataille
était perdue. Les boulets arrivaient jusqu’au pont de Calonne…Si le Roi
est resté, il en a tout le mérite. On ne comprend pas trop bien les
dispositions du Maréchal de Saxe.».
Louis XV disait : « Ne
disons point que nous voulons la paix mais désirons là comme le plus
grand bien pourvu qu’elle puisse durer longtemps. Attendons ce qu’on
nous dira. Ne négocions rien sur cela présentement avec nos Alliés. Si
l’on nous prise aujourd’hui, c’est que l’on nous craint. Ne faisons mine
que de vouloir faire la plus vigoureuse guerre. Il n’y a jamais que
cela qui puisse amener la paix que je désire autant et plus que tout
autre. ». Bien-aimé du peuple comme Voltaire vieillissant
le considérera toujours…Quel génie diplomatique et encore quand il dit
à son ministre de la guerre en 1745 : « Vous n’entendez rien à la
guerre. Un défensive est ruineuse parce que l’on mange son propre pays,
tandis que par l’offensive, on mange le pays ennemi. Aujourd’hui nous
ne pouvons attaquer la Reine de Hongrie que par les Pays-Bas. Cela
effrayera les puissances maritimes.»
La couronne
d’Angleterre était aux mains de la Maison Allemande du Hanovre qui
payait en Livre Sterling une coalition formée de contingents européens.
Benoit XIV, le Pape décida d’accorder à la France un Jubilé en
récompense de l’estime qu’accordait le peuple Français à son Roi dans
l’Europe des Lumières.
Le départ pour les
Flandres vint le 6 mai. A son habitude, Louis XV ne veut pas de faste
ni d’émotion dans les départs. Il est accompagné de son fils, le
Dauphin, âgé de 16 ans afin de lui montrer les horreurs de la guerre…Il
fait simple pour éviter les dépenses inutiles. Il n’y aura pas
d’escorte flamboyante, ni police sur le chemin. Couché la veille, on le
trouve en prière à 3 heure du matin, écoutons Luynes : « La Reine a attendu le Dauphin. Lorsqu’il est passé pour aller chez le Roi…Elle l’a embrassé vingt fois, fondant en larmes…».
Il est 7h15 le Roi et le Dauphin partent et quatre aurores plus tard
ils entendent les tambours de « La Maison du Roi » saluer ce qui va
être le soleil de Fontenoy…
Louis XV alors que
son fils n’a accepté que le grade d’officier subalterne, s’adressa aux
officiers pour leur dire qu’en cette occasion ce serait la première
fois depuis St Louis qu’un Roi de France vaincrait les Anglais et aussi
la première fois depuis Jean le Bon à Poitiers qu’un roi aurait son
fils à ses côtés…
L’armée Française était composée de la « Brigade Irlandaise »
dont les familles étaient persécutées par les Anglais. Traitement bien
plus atroce que nos protestants depuis l’Edit de Nantes…Le souvenir
des officiers catholiques crucifiés, tripes à l’air, hantait les
irlandais…Le code pénal en Irlande était le code du sang, oublié de nos
philosophes anglophiles !!!
N’oublions pas que
seul un roi de France pouvait s’offrir le luxe d’avoir à la tête de ses
armées un Maréchal protestant. Ou se trouve alors la tolérance ?
Cette bataille comme
celle victorieuse plus tard de Lawfeld enseignèrent à l’Europe ce
qu’était un prince chrétien dans la charité. On est loin ici des guerres
Libérales sans pitié qui viendront comme aux Amériques.
Le matin de la
bataille, à 4 h le roi est le premier debout. Il fait réveiller le
Maréchal de Saxe et va se positionner à 5h avec son fils près du pont
de Calonne à Notre Dame des Bois.
Déjà en première
ligne, les Gardes Françaises, dont le colonel de Gramont vient de
mourir, plient sous la pression des Anglo-hollandais. Le Roi assiste
attristé au déshonneur du régiment parisien sous l’œil de son fils.
Craignant qu’il ne soit touché, le Maréchal de Saxe demande au roi de
repasser l’Escaut. Louis XV refuse, il restera malgré les obus qui
tombent autour de lui, alors que les Suisses tiennent bon. Jamais ils ne
reculent malgré 30 officiers et 500 soldats affreusement mutilés au
sol. Parmi les morts, un jeune cadet dont le père de Courten prit le
jabot déchiqueté en disant : « C’était à mon fils, ce sera désormais la cravate du drapeau !»
Toujours sous un feu
apocalyptique, les Suisses s’accoudent à une redoute qu’ils tiendront
durant 6 heures…4 officiers sur 7 tombent pendant qu’un petit tambour,
les deux jambes broyées par un boulet, continu de battre la charge…
Un flottement dans le
commandement Français fait craindre le pire, le Maréchal de Saxe,
atteint de la Goutte , demeurait introuvable alors que les 14000 Habits
rouges avançaient imperturbablement. Une nouvelle demandait
d’abandonner Anthouin…
L’heure des décisions qui change l’histoire était arrivée. Louis XV prend la situation en main.
Les officiers d’Etat
Major qui habituellement restent en retrait, foncent l’épée à la main,
sus à l’ennemi, véritable folie face aux Anglais de Cumberland et les
Hollandais de Waldeck. Louis XV fait positionner les 4 derniers canons
face aux anglais, écoutons le Dauphin : « le roi ne put jamais faire
revenir au combat les fuyards…Pendant cette retraite qui lui perçait
le cœur, son visage ne changea pas et il donna ses ordres avec
tranquillité » Louis XV consulta, sans protocole Richelieu et
Biron, l’épée dégainée et dont 4 chevaux venaient d’être tués sous
lui. Le Roi donna l’ordre à Montesson de faire charger sa Maison et on
passa à 14h d’une attitude défensive à l’offensive. A ce moment la
colonne anglaise s’arrête, pendant que dans une furie extraordinaire
les uniformes chamarrés de la Maison du Roi chargent sabres en avant…La
masse anglaise recule pendant que les tambours du Roi commencent à
battre la charge définitive du reste de la Gendarmerie Ecossaise ,
Anglos-catholique et des Chevaux-Légers.et tout ce monde sabre les
Habits rouges. Le Roi retint le Dauphin bouillant d’aller en découdre.
Il est 18 heures et soudain monte une clameur en Gaëlique des rangs
Français. Ce sont les Irlandais qui craignent de ne pas avoir leur «
part d’Anglais »..Ils veulent se venger des humiliations, des crimes
sauvages des godons à Limerick…
Quand certains
philosophes comme Montesquieu admiraient le Libéralisme Anglais sans
voir la misère ouvrière terrible et les sanglantes répressions. Aux
cris de « Souvenez vous de Limerick »
(Cuimhnigi ar Luimneach agus ar feall na) les irlandais se ruent sur
les anglais à l’arme blanche. Les « Fanfans la Tulipe » sont stupéfaits
devant les visages terrorisés des britanniques.
En 1907, l’Irlande
fera ériger une immense croix pour commémorer ce 11 mai 1745, la
vengeance Irlandaise face à la félonie anglaise du Traité de
Limerick…Le Parlement britannique avait avalisé les horribles boucheries
de femmes et d’enfants des soudards de Guillaume III.
De Saxe réapparut pour laisser les restes de l’armée Anglo-hollandaise se retirer tranquillement…
Les soldats Français jettent leurs tricornes en l’air en lançant le cri de ralliement : « Vive le Roi », pendant que le Roi se tourne vers son fils et lui dit : «
Voyez ce qu’il en coûte à un bon cœur de remporter des victoires. Le
sang de nos ennemis est toujours le sang des hommes, la vraie gloire est
de l’épargner » .Il ordonna alors de soigner tous les blessés du champ de bataille en y adjoignant son propre médecin : La Peyronnerie. « Qu’ils soient Anglais, Hessois, Hanovriens, Hollandais, Français, tous doivent être soignés avec la même sollicitude. » Aucun
« despote éclairé » d’Europe ni Parlement libéral ne résonnait en
européen comme Louis XV, roi très chrétien, devant ce champ de bataille.
Ces paroles frappèrent l’opinion internationale et l’on vit le roi se
déplacer dans les rangs, avec un sang froid surprenant, encourager les
hommes et les visiter. On ouvrit les hôpitaux de Douai, Valenciennes,
Lille et Cambrai…On fit le siège de Tournai et la ville se rendit le 20
juin. Louis XV d’après une relation imprimée à Amsterdam, prit les
femmes et les enfants sous sa protection et les mis en sureté à
Oudenarde…Cet acte grandissait le Roi aux yeux de l’Europe à l’image du
souvenir de St Louis. Quand il entra dans Paris en évitant les fastes
voulus par les parlementaires faisant payer les factures au peuple…Ces
hypocrisies bourgeoises le dérangeait car les Corps de métier étaient
encore endettés…Il pénétra sobrement en carrosse accueilli par le peuple
de Paris et entra dans Notre Dame pour remercier Dieu de la victoire.
Un « Te Deum » retentit sous les drapeaux aux couleurs
multiples pris à l’ennemi. Nous ne pouvons décrire ici la liesse
populaire qui l’accueilli à la sortie de la messe avec les Dames des
Halles, car aucun écrit ne peut représenter l’atmosphère et la joie
populaire ressenti des humbles avec leur Roi. Comme disait Marcel
Jullian : « Peuple et Roi sont de droit divin »…
« Ou est Fanchon ? Ou est Grégoire ?
Ma voix se casse en les nommant ;
Notre jeunesse est de l’histoire :
On ne remonte pas le temps…
Aujourd’hui, je quête la trace.
De ce qui fut verte saison.
Clairs jeunes gens de notre race
Gardez les lys et nos chansons »
Ma voix se casse en les nommant ;
Notre jeunesse est de l’histoire :
On ne remonte pas le temps…
Aujourd’hui, je quête la trace.
De ce qui fut verte saison.
Clairs jeunes gens de notre race
Gardez les lys et nos chansons »
Michel Saint Junien
Le jour où
l’humanisme d’un Roi fut plus grand que les théories libérales fumeuses
du monde qui allait naître…A Metz, son peuple l’avait sacré Roi «
Bien-aimé », À Fontenoy, c’est l’Europe qui reconnut en lui, son
humanisme chrétien…
« La vie n’est
pas si longue qu’on ait le temps d’user tellement de copains. Si
j’avais le souffle j’écrirais le roman d’un groupe de douze hommes qui
se seraient déjà bien connus à Malplaquet par exemple, une de ces
belles défaites qui, entre fantassins de voltige, vous enfonce
royalement dans le cœur le sentiment de fraternité, après quoi, ayant
celé leur fortune à Denain au cours d’une solennelle biture aux frais de
Villars, nous les retrouverions toujours unis, avec quelques
traverses, bien sûr, dans les épreuves de la paix aux environs de la
rue Quincampoix ou du cimetière Saint-Médard pour les retrouver à
Fontenoy, toujours copains comme cul et chemise et se dissipant un peu
plus tard dans une affaire de faux saulniers avant de remettre ça pour
la guerre de sept ans, revenir avec quelques jambes de bois pour monter
une vague affaire de montgolfière à tempérament, s’en tirer de
justesse pour rempiler sous Montcalm et bourrer le calumet sous la
tente des Hurons, etc., les morts ne seraient pas remplacés et le
dernier de mes douze casserait sa pipe tout de suite après le onzième,
seul, au coin d’un bois, dans son lit ou aux galères, c’est à étudier,
mais on verrait bien qu’il meurt pour la seule raison qu’il serait
seul. »
(« Bande à Part », Les COPAINS de Jacques Perret)
« Voyez ; je suis
vieille, mais je suis belle ; mes enfants pieux ont brodé sur ma robe
des tours, des clochers, des pignons dentelés et des beffrois…Ils
passent, mais je reste, je suis leur mémoire…Regardez cette fontaine,
cet hôpital, ce marché que les pères ont légués à leurs fils.
Travaillez pour vos enfants comme vos aïeux ont travaillé pour vous.
Chacune de mes pierres vous apporte un bienfait et vous enseigne un
devoir… »
Anatole France
F. Winkler http://www.actionroyaliste.com/
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