Henri
III est assassiné le 1er aout 1589, victime du fanatisme de quelques
ligueurs catholiques. On lui reproche sa complaisance à l'égard du chef
du parti protestant, Henri de Bourbon Navarre… En le reconnaissant comme
seul successeur légitime, le Roi ouvre la voie à la fin des guerres de
religion.
Cette année-là, la
quinzième de son règne, Henri III, trente-huit ans, se trouvait à Blois
dans la douloureuse situation d'avoir à reconquérir Paris où le parti
catholique, la “Sainte Ligue”, entretenait un climat de haine
implacable.
Un royaume en péril
Depuis déjà longtemps
les intérêts partisans, l'exaltation fanatique, les rancoeurs
personnelles, occultaient chez beaucoup la vraie défense de la religion
dans ces guerres, dites “de religion”, qui transformaient la France en
terrain de lutte entre les Anglais soutenant les protestants et les
Espagnols soutenant les catholiques. Le risque d'une partition de la
France était réel. À tout le moins la dynastie capétienne était-elle
menacée et, avec elle, la pérennité du royaume de France. Des huguenots
(ce n'est pas étonnant), mais même des ligueurs, se référaient
ouvertement à des idéologies de république et de souveraineté populaire.
Henri III, maintenant l'idée de l'État et de l'unité nationale,
s'attirait les foudres des deux partis.
Nous avons aperçu
Henri lors du “tour de France” de la famille royale organisé en
1564-1565 par sa mère Catherine de Médicis. Alexandre-Édouard avait
alors treize ans ; il était aux côtés de son frère aîné le roi Charles
IX, de son petit frère Hercule, de sa petite soeur Marguerite, et de son
jeune cousin Henri de Bourbon roi de Navarre, onze ans. Au cours du
voyage, pensant saluer le roi d'Espagne à la frontière pyrénéenne,
Catherine avait fait rebaptiser ses enfants de prénoms plus catholiques :
Alexandre-Édouard était devenu Henri, duc d'Orléans, et Hercule
François, duc d'Alençon. En 1573, Henri était élu roi de Pologne, mais
six mois plus tard la mort de Charles IX (30 mai 1574) le rappelait à
Paris pour y régner sous le nom d'Henri III.
Règne périlleux, où
seule la volonté de maintenir coûte que coûte le principe héréditaire de
la monarchie pouvait guider Henri. Dès son avènement, le rapport des
forces l'avait contraint à négocier avec les huguenots. Exploitant
l'inquiétude des catholiques, le parti des Guise créait la Ligue pour
déclarer la guerre à la monarchie. Ainsi, des années durant, le roi
avait dû louvoyer. La mort en 1584 de son frère François rendait le chef
du parti protestant, Henri de Bourbon Navarre, héritier de la couronne
de France par ordre de primogéniture. Deux lois fondamentales de la
monarchie capétienne, l'hérédité et la catholicité, entraient en
conflit. Situation inextricable à vue humaine, mais Henri III, soutenant
les droits de son cousin (devenu son beau-frère en épousant
Marguerite), savait qu'il lui fallait amener celui-ci à se convertir au
catholicisme pour pouvoir régner sur la France. Le parti des
“politiques” comprenait cette attitude et Henri de Navarre lui-même,
dans ses batailles, respectait ceux qui, des deux partis, seraient un
jour ses sujets, mais les ligueurs fanatisés par les Guise accusaient
Henri III de trahison et des vices les plus invraisemblables.
Jacques Clément
Ce roi pieux n'avait
que le tort de rechercher l'élégance, d'aimer les fêtes fastueuses et de
ne pas avoir eu d'enfant de son mariage avec Louise de
Lorraine-Vaudémont, alors qu'il aimait la compagnie des femmes et aussi
celle des jeunes hommes d'armes. D'où des tas d'insinuations sans
preuves… La violence des insultes avait redoublé après la victoire
d'Henri de Navarre à Coutras le 20 octobre 1587. Paris s'était retrouvé
en état d'insurrection ; le chef de la Ligue, Henri de Guise, se posait
en vrai maître de la France, prêt à donner la couronne à un fantoche (le
cardinal de Bourbon, un oncle catholique d'Henri de Navarre). En
attendant, il tenait à sa merci Henri III parti se réfugier à Chartres
avant d'être ignominieusement malmené à Blois par les États généraux. Le
roi, dès lors convaincu que pour sauver la monarchie et la transmission
légitime de la couronne, il n'avait plus d'autre moyen que d'en finir
avec les Guise, se résolut, non sans quelque déchirement de conscience, à
faire assassiner Henri de Guise à Blois le 23 décembre 1588.
Vers la paix
Les deux rois Henri
pouvaient dès lors unir leurs forces pour reprendre Paris, mais la Ligue
n'en restait pas moins fanatisée et rancunière : le 1er août de cette
année 1589, à Saint-Cloud, le moine Jacques Clément muni d'une fausse
lettre pour Henri III, transperça celui-ci à coups de couteau. Le roi
eut juste le temps, avant d'expirer, de confirmer Henri de Bourbon
Navarre comme son unique successeur et de prédire que le nouveau roi se
convertirait au catholicisme.
Jacques Clément fut écartelé puis brûlé, tandis que le peuple, dans une belle complainte bien connue, pleurait « d'avoir perdu noble Henri de Valois ».
Le dernier des Valois
ne s'était pas sacrifié en vain car il ouvrait la route au Bourbon
devenu Henri IV, bientôt catholique et restaurateur de la paix civile,
préparant ainsi, par le retour à l'ordre politique, l'épanouissement au
siècle suivant du catholicisme en même temps que du grand classicisme.
MICHEL FROMENTOUX L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 19 mars au 1er avril 2009
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