Que reste-t-il du marxisme après la disparition de la plupart des pays communistes. Le dernier grand pays dit communiste a accepté une économie de marché et est devenu sans doute le pays le plus capitaliste. L'effondrement du capitalisme tant annoncé par les marxistes n'est pas encore pour demain. Le sens de l'Histoire selon eux devait pourtant y aboutir. Le marxisme porte sur lui la responsabilité des anciennes dictatures communistes. Mais avant d'être la pensée officielle des régimes communistes le marxisme a avant tout été une analyse économique, historique, sociologique et politique du système capitaliste (le mode de production capitaliste MPC). Il a été pour beaucoup une pensée de combat contre le capitalisme haï. Il y a certes une part de haine dans le marxisme. Un nombre incalculable d'intellectuels a été réceptif à ce courant. « Le marxisme est l'horizon indépassable dé notre temps » (Sartre). Les brochures du parti socialiste ont utilisé pendant longtemps une vulgate marxiste ce que déplorait Raymond Aron, libéral qui avait fait profession d'anti-marxisme.
Dans toute pensée, il y a toujours une intentionnalité. Le projet marxiste a donc été d'instaurer une société sans classes où les hommes seraient égaux (même et surtout économiquement). Cette idée d'égalité n'est pas nouvelle. Est-ce une trace du christianisme pour qui les hommes sont égaux devant Dieu.
Le libéralisme dont l'idéologie est celle des droits de l'homme a décrété les hommes égaux en droit sur terre. Le communisme a voulu aller encore plus loin pour vouloir établir une société où les hommes seraient égaux sur le plan économique et où les classes n'existeraient plus (Le Grand soir).
Pour le marxisme, qu'est-ce qui fait que les hommes ne sont pas égaux. Pour cette doctrine, il y a la primauté de l'économie sur la société : l'être économique détermine l'être social. Les hommes ne sont donc pas égaux du fait de l'existence des classes, ce qui crée un rapport de domination les uns sur les autres. Il y a d'un côté les oppresseurs et de l'autre les opprimés. Pour Marx en plus de l'existence des classes il y a une lutte des classes. « L'Histoire de toute société jusqu'à nos jours est l'histoire de lutte de classes ». C'est le thème du manifeste du parti communiste. Ces classes résultent la division du travail. Le moteur de l'histoire est posé comme étant de tous temps celui de la lutte des classes, ce qui donne une interprétation de l'histoire parmi d'autres. La vision marxiste de l'histoire s'appelle le matérialisme historique. On retrouve le fameux moteur à deux temps explicatif : infrastructure, superstructure. L'infrastructure étant l'ensemble des forces de production. La superstructure est l'ensemble des institutions (administratives, juridiques, policières et militaires…) qui encadrent et renforcent l'infrastructure.
La conscience des hommes est déterminée par leur être social. La superstructure n'est que l'expression du mode de production. Au cours de l'histoire le mode de production a été esclavagiste, féodal puis capitaliste. Le marxisme a voulu établir un nouveau mode de production socialiste où la propriété privée des moyens de production n'existerait plus. Il faut reconnaître même si cela a été un crève-cœur pour les communistes que ce système n'était guère efficace comparé au système capitaliste.
Marx jeune, était un hégélien de gauche et il a repris la dialectique hégélienne pour décrire l'histoire et ses antagonismes sociaux qui la font avancer. L'idée de classe sociale n'était pas nouvelle et existait déjà chez les classiques anglais (Smith, Ricardo, Mill…). Les deux principales sources d'inspiration de Marx sont sur le plan philosophique Hegel et sa dialectique plus généralement la philosophie allemande et sur le plan économique les classiques anglais ce qui a fait dire a l'économiste américain Samuelson que Marx était un ricardien attardé.
Pour dénoncer l'exploitation de l'homme par l'homme il faut définir ce qu'est la valeur d'un bien. Marx reprend la définition des classiques anglais. La valeur d'un bien est le travail, le temps de travail socialement nécessaire. Le travail se mesure en temps. Toute la difficulté que n'a pas résolu Marx fut le passage de la valeur au prix puisque l'on constate des prix et non des temps de travail. Seules les marchandises reproductibles ont une valeur. Marx fait la distinction entre valeur d'usage et valeur d'échange. La valeur d'usage revient a son utilité. La valeur d'échange est la proportion dans laquelle s'échangent des valeurs d'usage. Cette proportion est celle du temps de travail socialement nécessaire.
Une marchandise aura donc comme valeur :
C + V+PL
C : Temps de travail mort (machines, matières premières…)
V : Temps de travail vivant
PL : Plus-Value
Le capitaliste s'approprie la plus-value, concept clef du marxisme. Il y a donc une aliénation économique du travailleur en plus de l'aliénation sociale du fait de travailler pour un autre avec travail en général non choisi.
Dans le marxisme il y a donc exploitation de l'homme par l'homme.
Le taux de profit est P= PL / C+V P = PL : C+V
Le salaire se définit comme l'expression monétaire de la valeur de la force de travail. La force de travail contient un élément social et historique donc le salaire aussi.
La plus-value est la différence entre la valeur créée par cette force de travail et ce qu'a coûté cette dernière.
Pour Marx le capitalisme est rarement à l'équilibre. Il génère des crises. Le marxisme sur ce point rejoint la pensée keynésienne et le rejet de la loi Say « l'offre crée sa propre demande, la monnaie n'est plus qu'un voile ».
Pour les néo-classique (ou libéraux) il ne peut y avoir de crises. Dans la pensée économique, il y a donc trois grands courants : la pensée libérale, la pensée keynésienne et le marxisme. Une des idées les plus controversées du marxisme est la baisse tendancielle du taux de profit.
Taux de profit PL : C+V = PL/V : C/V+1
PLV = Taux d'exploitation, le rapport C/V est la composition organique du capital. Or la tendance à accumuler fait augmenter C/V et donc baisser le taux de profit. On notera au passage l'utilisation rudimentaire des mathématiques dans DAS KAPITAL. Il y a bien sur plusieurs façons d'empêcher la baisse du taux de profit, entre les délocalisations.
En conclusion, nous n'avons pas voulu résumer en quelques lignes la théorie marxiste absolument immense avec en plus les commentateurs et les prolongements. Il faut lui reconnaître une certaine cohérence. Elle a été un outil intellectuel de combat contre le capitalisme d'ailleurs beaucoup plus solide que ne le préconisait cette théorie. À de nombreuses reprises on a annoncé l'effondrement du capitalisme qui a montré une prodigieuse faculté d'adaptation. Sans prétendre être un discours de vérité économique le marxisme propose une vision globale de l'économie de la société et de l'Histoire.
PATRICE GROS-SUAUDEAU
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