mardi 29 juin 2010

La trahison des clercs ou l’Europe trahie par ses « élites ».

L’Europe entière connaît un profond malaise bien antérieur à l’actuelle crise économique largement lié à la présence de minorités de plus en plus présentes et bien déterminées à s’affirmer par tous moyens au sein des populations d’origine. Ce problème dépasse largement celui de la présence africaine en Europe, même s’il en constitue un des aspects les plus visibles.
Il porte sur le désarroi d’une soi-disant élite intellectuelle européenne, bureaucrates, essayistes, journalistes, enseignants, hommes politiques et philosophes de tout poil qui projettent sur l’Europe toute entière leur désarroi et leur vide intérieur. C’est bien cette « élite » qui doute d’elle-même, de son identité, de son histoire, et, en fin de compte, de son propre destin qui a construit le naufrage européen des trente dernières années.
Ce désarroi se focalise aujourd’hui sur le phénomène le plus visible qui est celui de l’immigration, et notamment en provenance d’Afrique noire, qui n’en est pourtant, à tout prendre, que le prolégomène (1).
Car l’Europe, repue et rassasiée d’une longue croissance quasi ininterrompue, sûre d’elle-même, de sa sécurité interne et externe, s’était voulue pendant plus de trente ans ouverte à tous les courants du monde et dispensatrice d’un message généreux à l’usage de l’humanité toute entière .
Elle s’était voulue accueillante sur son sol à à tous, sans distinction de race, de religion, de coutumes ou de mœurs, convaincue qu’elle était de son invulnérabilité culturelle et de sa capacité à absorber sans heurts ni frictions ces populations hétérogènes venues des coins les plus reculés de la planète. Au demeurant, le Nouveau Monde n’était-il pas là pour faire la leçon à l’Ancien et lui donner le secret magique d’une intégration réussie et porteuse de puissance et de prospérité ?
Allant plus loin sur le chemin du renoncement, l’Europe avait prétendu forger une nouvelle identité sur les décombres des sociétés et des nations qui la composent.
Elle a été victime d’une prodigieuse naïveté sciemment entretenu par ses élites ignares et amplifiée par des médias complaisants sur les bienfaits supposés d’une immigration de masse destinée à combler le déficit des naissances, payer les retraites et sauver la croissance , tout en réalisant une coexistence heureuse entre autochtones et allochtones (2).
Le réveil sera cruel. Car l’Europe se réveille de ce long sommeil onirique profondément menacée de l’intérieur et sans doute bientôt de l’extérieur. Tant il est vrai « qu’aucune civilisation n’est détruite du dehors sans s’être tout d’abord ruinée elle-même, aucun empire n’est conquis de l’extérieur, qu’il ne se soit préalablement suicidé… Une société, une civilisation ne se détruisent de leurs propres mains que lorsque elles sont cessé de comprendre leurs raisons d’être » (3).
La trahison des clercs et l’idéologie dominante.
Comment l’Europe en est-elle arrivée là ? Gramci a ouvert le chemin en montrant comment une idéologie dominante peut littéralement transformer une société de l’intérieur. Il faut retracer les courants complexes qui ont formé l’idéologique dominante des trente dernière années en Europe avant d’explorer les mécanismes de propagation de cette idéologie dans l’ensemble de la population
Schématiquement, il serait possible d’en identifier trois principaux : la haine de soi ou le rejet de son identité propre ; la conviction dans le caractère universel des valeurs de l’occident ; et, ce qui en constitue le fer de lance, la religion des droits de l’homme, l’arme incapacitante par excellence, qui permet de pénétrer par effraction dans tous les systèmes de défense érigés par la société pour sa survie. Ces courants s’entremêlent en se renforçant mutuellement la haine de soi nourrissant et justifiant l’universalisme.
La haine de soi . Elle est magnifiquement illustrée par un texte de Jacques Attali publié dans Le Monde en date du 7 mars 1997 sous le titre de Géopolitique de l’immigration. Le jeune Conseiller d’Etat (4) ose écrire sans rougir que « La France, en raison de ses choix géopolitiques antérieurs est une nation musulmane » (5). Et voilà le représentant d’une des institutions les plus vénérable de l’Administration d’Etat, le Conseil d’Etat, qui raye d’un trait de plume 2000 ans d’histoire de la France et de christianisme.
Il est vrai que ce chemin lui avait été déjà tracé par rien moins que Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, qui déclarait tout de go en 2005 « il ne serait pas anormal qu’un étranger puisse voter » (6) reprenant sans vergogne une des 110 propositions de François Mitterrand énoncées en 1981 (7). Ce clin d’œil à la gauche n’avait évidemment pour objet que d’inaugurer, déjà, une politique d’ouverture à la gauche visant à démanteler le PS (8). Mais c’était néanmoins fermer bien imprudemment les yeux sur le poids des mots en ignorant que le vote accordé aux étrangers revient ni plus ni moins qu’à détruire un peu plus la notion de citoyenneté déjà bien écornée, et d’appartenance à la nation par des liens autres que ceux de la sécurité sociale ou du code de la route.
D’où l’affirmation tant de fois répétée par d’autres depuis que l’Europe est par destination musulmane et le refus opposé par l’ancien président Jacques Chirac à reconnaître dans le projet de Constitution européenne les racines chrétiennes de l’Europe.
Mais c’est curieusement dans les pays scandinaves que la haine de soi a atteint des sommets Elle reposait sur une vision grandiose fondée sur un superbe dédain pour les notions de culture, de religion et d’histoire propre à une nation. L’idée d’assimiler l’étranger venu d’ailleurs paraissait même insupportable. Car une telle entreprise aurait été porteuse de « racisme ». N’impliquait-elle pas subrepticement, horreur, la notion d’une supériorité culturelle de la population d’accueil sur celle de l’étranger? L’on retrouve ici un des effets collatéraux d’un complexe de culpabilité collective lié au souvenir de l’idéologie nazie abhorrée.
L’universalisme L’autre versant de la haine de soi repose sur la conviction bien ancrée de l’universalisme des valeurs élaborées au cours des siècles en occident, démocratie, égalité, liberté, tolérance à autrui et à ses opinions. Elle a longtemps fleuri aux Pays-Bas. Selon ce nouvel évangile que Rousseau n’aurait pas récusé, les valeurs de l’occident étaient par définition universelles et donc communes à toute l’humanité. Il suffisait, en conséquence, d’avoir recours à des recettes éprouvées, l’éducation, la libéralisation des institutions sociales et politiques la démocratie et le respect des droits de l’homme pour que tout un peuple, comme en Irak pour la démocratie, ou les populations musulmanes immigrées aux Pays-Bas pour la tolérance, pouvaient enfin accéder à leur tour à la vérité révélée. L’unité de l’humanité autour de ce fond commun culturel n’était plus qu’une question de temps.
En réalité, cette idéologie angélique a longtemps oscillé sans vraiment choisir entre deux modèles également inaccessibles : soit l’idéal d’une assimilation susceptible de faire dans l’instant de tout immigré venu du fin fond du Congo une fille ou un fils de la République selon l’expression favorite de Jacques Chirac ; soit la constitution d’une société multiculturelle formée d’individus égaux entre eux comme aux Pays-Bas. Les deux modèles ont l’un et l’autre piteusement échoué.
Car cette vision onirique de la nature de l’humanité ferme complaisamment les yeux sur l’infinie complexité de la nature humaine et notamment le fait que l’homme est plus souvent guidé par la passion que par la raison (9).
Il a donc fallu déchanter. L’irruption répétée de la violence au quotidien a contraint une fraction de l’élite européenne à s’éveiller lentement, péniblement, douloureusement à la réalité. Le retour au bon sens a été puissamment aidé par le déchainement de violence et de haine constaté non seulement aux Etats-Unis avec les attentats du 11 septembre 2001 mais aussi ceux de Madrid du 11 mars 2004 enfin ceux de Londres du 7 juillet 2005 sans compter, en France, les émeutes de novembre 2005. Décidément non, l’immigration de masse n’était pas toujours une bénédiction tombée du ciel.
La doctrine des droits de l’homme. Mais l’idéologie dominante a la peau dure et la religion des droits de l’homme refuse encore de céder le terrain malgré les coups répétés portés à sa crédibilité par l’actualité au quotidien.
Cela s’explique. Tout d’abord, les droits de l’homme s’incrustent astucieusement dans un des principes les plus profondément ancrés dans la conscience de l’humanité, le sens de la justice. Depuis les temps les plus reculés l’homme réclame justice avant toute chose. Par ailleurs, toujours avec beaucoup d’opportunité, cette revendication fondamentale, quelle que soit les abus qui en ont été fait au fil du temps, a été innoculée dans le droit international. Ce qui lui confère de ce fait une sorte d’impunité juridique coulée dans le bronze car protégée par d’innombrables conventions, traités, protocoles tous plus contraignants et catégoriques les uns que les autres.
Désormais le recours aux droits de l’homme permet tout, justifie tout, explique tout. Quel qu’en soit le domaine d’application, notamment en matière d’immigration. Certaines institutions internationales s’en sont même fait une spécialité comme le Conseil de l’Europe ou l’Office international des Migrations dont c’est devenu le fond de commerce principal.
Le principe de base qui régit la démarche de ces institutions est d’une simplicité biblique. A quelque variante près, tout homme quel qu’il soit et quels que soient ses motifs, a le droit de s’installer partout sur la planète dans le pays qui lui convient, et cela sans tenir le moindre compte des frontières, du droit local ou de la politique du pays choisi ou des préoccupations des populations d’accueil concernées. La doctrine des droits de l’homme est commodément là pour fournir une justification juridique bien rodée à un état de fait. A partir de cela, tout devient possible, immigration, légale ou clandestine, droit d’asile, regroupement familial, lutte contre la pauvreté, ou simple convenance personnelle, innombrables sont les motifs qui peuvent justifier l’installation d’une personne, d’une famille ou d’un groupe dans le territoire du pays de son choix.
Omniprésente et omnipotente cette doctrine des droits de l’homme a fleuri en Europe pendant une trentaine d’années, en fait jusqu’en 2005 /2006, pour justifier des flux migratoires toujours plus importants. Il a fallu la vague d’attentats de cette période, et aujourd’hui la crise économique pour observer un reflux, relatif, de l’idéologie des droits de l’homme.
Les viviers de la doctrine : les institutions nationales ou internationales
Les institutions nationales ou internationales ont joué et jouent encore un rôle important dans l’élaboration et la propagation de la doctrine dominante. Battue en brèche sur le terrain et contestée dans les enceintes nationales fâcheusement exposées aux aléas des opinions publiques, cette doctrine trouve un refuge dans ces milieux protégés. Il y aurait une étude sociologique intéressante à mener sur ces milieux clos, confortables et irresponsables, fermés au fracas et aux désordres de la rue, où s’élaborent dans la tranquillité des belles consciences de nobles et généreux principes à usage d’autrui
Au niveau international, c’est évidemment l’ONU peuplée de fonctionnaires généreux et menant une existence confortable car dotés de salaires opulents non soumis à l’impôt, circonstance fortuite qui favorise évidemment la générosité intellectuelle. Mais c’est à Genève à l’Office international des migrations que l’on trouvera un des plus beaux fleurons de cette bonne conscience bureaucratique pétrie d’irresponsabilité quiète. Cette organisation toujours ardente à défendre par voie de presse ou de colloques toujours plus d’immigration légale ou non, toujours plus de meilleures conditions d’accueil pour les immigrés déjà installés est au premier rang du lobby immigrationniste. Jacqueline Wecker, sociologue avertie bien entendu, conseiller auprès de cette estimable institution, ne voulait-elle pas étendre le bénéfice du regroupement familial au delà de la famille biologique à la famille élargie, amis, connaissances, voisins etc. En effet, un village africain ne constitue-t-il pas une grande famille ?
Le Conseil de l’Europe n’est nullement en reste dans ce grand concert humanitaire. Refuge recherché d’hommes et de femmes politiques recalés de la vie politique, il est un des réceptacles privilégiés où mûrit la pensée unique loin des tristes réalités de l’actualité.
Cette institution se veut l’autorité européenne en chargée du respect des droits de l’homme. La recommandation 1449 édictée en l’an 2000 stipule expressément que l’immigration est un des droits fondamentaux de l’homme. En conséquence, elle récuse le droit d’un pays de refuser l’entrée sur son territoire d’immigrés clandestins et réclame l’accroissement des flux migratoires autorisés. Elle s’autorise à ce titre une ingérence constante dans les affaires intérieures des pays européens comme par exemple à l’encontre de l’Italie qui prétendait en juin 2008 prendre des dispositions pour mieux connaître les déplacements des Roms. En mai 2009, les Commissaire aux droits de l’homme Thomas Hammasberg critique vertement l’initiative de l’Italie refoulant vers la Libye 500 émigrés clandestins venus de la mer (10). Et le droit d’asile, s’étrangle d’indignation M. Hammasberg qui n’est évidemment pas chargé de les accueillir, les loger, les nourrir les subventionner etc. etc.
Au niveau national, le paysage n’est pas triste non plus. Rappelons simplement le célèbre arrêt Montcho du Conseil d’Etat en date du 11 juillet 1980 étendant sans vergogne le bénéfice du regroupement familial aux familles polygames au motif que cette situation, - la polygamie -, ne constituait nullement un trouble à l’ordre public. Il a fallu les lois Pasqua de 1993 pour mettre un terme à cette aberration juridique commise par la plus haute instance administrative de la France
Mais le cas du Conseil d’Etat mérite qu’on s’y arrête. Créé en 1799, il est la plus haute instance juridique et administrative de notre pays. C’est, aux côtés du Conseil constitutionnel, le juge des lois. Il recrute dans la fine pointe de la « botte » du concours de sortie de l’Ecole nationale d’Administration, donc parmi les esprits les plus fins, les plus aiguisés les plus subtils d’une de nos meilleures écoles, les meilleurs d’entre les meilleurs. Et voilà que dans la tiédeur d’une après-midi d’été, cette noble institution foule allégrement aux pieds, comme en s’amusant, un des principes les mieux établis du droit de la famille. Il participe ainsi tristement au dérèglement des consciences et à la corruption des valeurs fondamentales de la société (11).
Le Conseil constitutionnel, de création plus récente, fait également preuve d’excellentes dispositions dans ce domaine. Depuis qu’il est arrogé le droit de juger pratiquement toutes les lois de la République grâce au droit de saisine élargi et à la doctrine Badinter, le Conseil constitutionnel n’a cessé de censurer toutes les dispositions visant à maintenir l’ordre public et à endiguer les flux migratoires. Ainsi, entre 1977 et 1993, sur treize décisions concernant l’immigration, les fraudes au mariage ou au droit d’asile, pas moins de 8 ont été jugées contraire à la Constitution et 5 acceptées du bout de lèvres, c'est-à-dire assorties de réserves qui aboutissent à les vider de leur contenu de façon à les rendre inopérantes.
Cela a été notamment le cas récemment pour ce qui concerne le rejet des tests ADN en matière de regroupement familial visant à limiter les nombreuses fraudes constatées en ce domaine qui faisaient de ce droit une des filières les plus fructueuses pour l’immigration illégale. La proposition13 présentée par le député Thierry Mariani concernant la loi du 23 octobre 2007 a été jugée non conforme à la Constitution et donc rejetée.
Last but not least, la Commission de Bruxelles, l’institution la plus malthusienne de la planète, pourtant riche en espèces de ce genre. L’Europe de Bruxelles célèbre l’homosexualité, ignore la famille et encourage l’immigration de masse. Le Commissaire Franco Frattini, chargé de la Justice et des Affaires intérieures rappelle que l’économie européenne comptera bientôt un déficit de 20 millions de la population active et de réclamer à cor et à cris « des flux migratoires plus soutenus » (12). Pas question bien évidemment d’évoquer une solution d’évidence : relancer une politique familiale européenne susceptible de favoriser la natalité.
Cela ne devrait pas surprendre. Relisons les traités fondateurs de l’Europe, le traité de Maastricht ou d’Amsterdam. On y trouvera rien sur la démographie, rien sur l’enfant, rien sur la famille. Mais ces textes se préoccuperont abondamment de l’égalité des sexes, du droit d’asile, de l’immigration, de la sécurité sociale des migrants et même, au passage, du bien-être des animaux. On ne peut songer à tout. Et les rédacteurs de ces textes prétendent ingénument s’intéresser au développement durable, devenu à la mode, sans s’interroger au préalable sur la relève des générations.
Les relais de la doctrine dominante
Ces mécanismes sont bien connus , au moins en France, qui a toujours été en tête du peloton européen dans ce domaine. Ce travail de fond a d’ailleurs porté à la longue ses fruits comme en témoigne les statistiques concernant sur les statistiques ethniques.
A tout seigneur, tout honneur, il faut décerner le prix d’excellence à l’INSEE qui n’a cessé depuis 30 ans d’abreuver la presse et les médias et l’opinion de statistiques byzantines, entendons par là rigoureusement inaccessibles au grand public, quand elles n’étaient pas tronquées, mutilées ou carrément mensongères. Son frère jumeau est l’INED qui sous la férule de François Héran est devenu, d’un centre de recherches démographiques respecté dans le monde entier qu’il était du temps d’ Alfred Sauvy, une officine de propagande pitoyable au service du lobby de l’immigration.
Mais il y a bien d’autres canaux multiples et hautement vascularisés de la diffusion de cette idéologie mortifère qui a régné sur la France depuis 30 ans : partis de gauche, le PS au premier rang, mais ardemment secondé par le PC ou ce qu’il en reste ; syndicats ,qu’elle qu’en soit la couleur, toujours prêts à prendre le parti des immigrés au mépris des intérêts des travailleurs qu’ils ont la prétention de défendre ; associations de gauche , Ligue des droits de l’homme, Licra, SOS racisme toujours prompts à se porter au secours des « sans papiers » évidemment persécutés sans raison; « intellectuels » de gauche virulents à la plume abondante et facile, Hervé Le Bras, François Heran (encore), Patrick Weill, Régis Debray à l’occasion, assurés qu’ils sont d’avoir toujours une tribune ouverte dans la presse de gauche (comme les artistes de Proust avaient en permanence leurs couverts mis chez Madame Verdurin) ; belles consciences du 16° comme les « bobos » du 7° disposés à s’enflammer pour toute cause noble pourvu qu’elle soit dépourvue de tout danger ; personnalités et artistes du monde du spectacle voulant à tout prix et à tout propos se hisser sur les barricades pour s’y faire photographier et exhiber leurs bons sentiments aux yeux du public ; et bien sûr, les grands médias, radios et télévision, dont les journalistes interprètent le monde au travers de lunettes spécialement taillées sur mesure, à gauche naturellement.
Une mention spéciale doit être réservée à la presse française dont le rôle dans l’anéantissement de la pensée libre grâce à l’omerta, l’arme du silence, empruntée , et à juste titre, à la maffia sicilienne mérite d’être salué.
Citons au premier rang de la presse de gauche camouflée, Le Monde, le grand quotidien du soir dégénéré tombé du haut du piédestal où l’avait juché son fondateur Beuve Méry. Ce journal n’ a-t- il pas mis 25 ans pour découvrir un soir de novembre 2005 que les « Jeunes » tant célébrés n’étaient pas tous des petits saints ?
Mais le crime ne paie plus. Ainsi La Croix tombe en quenouille entre les mains de Bruno Frappat qui avait voulu en faire l’organe des chrétiens de gauche bien pensants, au grand dam de son compte d’exploitation ; Libération, recapitalisé et sauvé in extremis du naufrage par Edouard de Rotschild promu sauveteur de la presse de gauche ; cependant que Claude Perdriel, le père fondateur du Nouvel Observateur, voit avec inquiétude ses recettes d’abonnement fondre comme neige au soleil. Le Gotha de la gauche caviar parisienne serait-il enfin rattrapé par la réalité ?
Les temps ont changé.
Ce que des années de publications, de discours et de colloques n’avaient pas réussi à faire, des attentats féroces et stupides comme l’assassinat de Pym Fortuyn en 2002 puis de Théo van Gogh en 2004 aux Pays-Bas l’ ont obtenu en un clin d’œil (13). L’Europe si sûre d’elle-même se découvre frileuse. Les « bobos » ne tiennent plus le haut du pavé et leurs bobards se vendent mal.
Le « retour de bâton » a été sévère en France avec les deux lois du 26 juillet 2006 puis celle du 23 octobre 2007 voulues par Nicolas Sarkozy. Mais on retrouve les mêmes tendances aux Pays-Bas (où les ressortissants étrangers sont fichés), au Danemark, en Angleterre et en Italie. Les immigrés ne sont plus les bienvenus et l’intégration à marche forcée des immigrés déjà installés se met en route. L’Europe se ferme à l’immigration et envisage des règles communes .
Le message a été bien reçu par les communautés immigrées qui ont mis un bémol à leurs démonstrations et à leurs revendications. Pas un attentat n’est venu troubler l’ordre public depuis 2006. Mais une hirondelle ne fait pas le printemps. Le temps de la contrition n’est pas encore venu même si le Handelsblat hollandais reconnait piteusement : « nous prétendons inculquer notre identité propre à nos immigrés mais nous ne sommes même pas sûrs d’en avoir conservé une ». Bel aveu.
Et cela d’autant plus qu’un sondage de 2008 publié par l’International Herald Tribune fait état d’une hostilité forte et croissante envers les musulmans dans les pays européens ce qui présage assez mal d’un avenir commun. Le chemin risque d’être long.
Yves-Marie Laulan, Président de l’Institut de géopolitique des populations 25/06/2009Correspondance Polémi 30/06/2009 via http://fn49.unblog.fr
Notes :
(1) Pour la France seule, Guy Desplanques de l’INSEE note en 2006 une « poussée migratoire importante des dix dernières années » avec une augmentation ( officielle) de 45 % en 5 ans (sans compter les clandestins)
(2) Expression qui nous vient des Pays-Bas.
(3) René Grousset dans Bilan de l’histoire .
(4) Né à Alger en 1943
(5) On aurait aimé au passage que ce précoce et brillant géopoliticien veille bien préciser les choix géopolitiques antérieurs qui justifient une immigration de masse provenant entre autres de Turquie, du Zaïre ou de Chine.
(6) Le Monde du 25 octobre2005
(7) Avant de prendre son neveu au gouvernent Fillon III en juin 2009
(8) L’excuse toujours invoquée pour justifier cette invraisemblable proposition était qu’il ne s’agissait que des élections municipales, oubliant commodément que les maires sont aussi les grands électeurs du Sénat, ce qui n’a rien de local.
(9) Il est au passage divertissant de retrouver ici dans ce messianisme naïf les accents des missionnaires chrétiens allant naguère évangéliser les populations « sauvages » des continents encore plongés dans l’obscurité du paganisme en Afrique ou en Asie
(10) L’Italie en 2008 a vu débarque sur ses rivages 36 900 immigrés clandestins soit 75 % de plus qu’en 2007.
(11) On ne peut s’empêcher de penser ici au Sénat de la Rome du 3° siècle dont la corruption entraîné irrémédiablement la ruine de l’Empire romain
(12) Obligeamment chiffrée à 159 millions de personnes par l’ONU en janvier 2000
(13) L’assassin de van Gogh, Muhammad Bouyeri , fils d’un immigré marocain, avait ingénument tenu des propos particulièrement révoltants : « ce meurtre est justifié car la loi islamique m’oblige à couper la tête à quiconque insulte Allah ou son prophète »(sic) l’assassin de van Gogh. Pour faire bonne mesure, il déclare à la mère effondrée de van Gogh : « je n’éprouve aucune compassion pour vous car vous êtes une infidèle ». Voilà qui a dû la réconforter grandement.

« Aristote au mont Saint-Michel : Les racines grecques de l'Europe chrétienne » de Sylvain Gouguenheim

L’ouvrage de Sylvain Gouguenheim, divisé en cinq chapitres, aborde dans l’introduction la question de la situation respective de l’Orient et de l’Occident. Il fait le point sur la survivance de la Grèce dans le vaste empire romain, devenu chrétien byzantin, où les Chrétiens s’étaient divisés en plusieurs Eglises, Nestoriens en Perse de langue syriaque, Jacobites en Syrie de langue syriaque, Melkites en Egypte et Syrie de langue grecque, Coptes en Egypte de langue issue de l’ancien parler pharaonique. Quant au monde oriental, l’hellénisme prit sa source dans l’Antiquité tardive, les auteurs néoplatoniciens plutôt que par la redécouverte du classicisme athénien. Ensuite sont passées en revue les deux opinions courantes, admises de nos jours bien que contradictoires :

  • 1° procédant d’une confusion entre les notions d’« arabe » et de « musulman », la dette grecque de l’Europe envers le monde arabo-musulman aurait repris le savoir grec et, le transmettant à l’Occident, aurait provoqué le réveil culturel de l’Europe ;
  • 2° procédant toujours de la même confusion, les Musulmans de l’époque abbasside (l’«Islam des lumières »), dans leur fébrilité pour la recherche, auraient découvert l’ensemble de la pensée grecque qu’ils auraient traduite en arabe, avant de la transmettre à l’Europe par le truchement de l’Espagne par eux occupée puis libérée. Parallèlement, la Chrétienté médiévale serait demeurée en retard, plongée dans un âge d’obscurantisme.

Byzance, réservoir du savoir grec

Or Byzance, la grande oubliée des historiens de l’héritage européen, fut le réservoir du savoir grec, qu’elle diffusa dans toutes ses possessions italiennes comme à Rome où la connaissance de la langue grecque n’avait jamais disparu.
Dans un premier chapitre, l’auteur étudie la permanence de la culture grecque, relayée à ses débuts par le Christianisme d’expression grecque (Evangiles et premiers textes). En outre, dès le Ve siècle, Byzance connut une grande vague de traductions du grec en syriaque, opérées par les Chrétiens orientaux, faisant coexister la foi au Christ et la paideia antique, véhiculée ensuite par des auteurs tels que Martianus Capella et Macrobe, comme l’a fort bien démontré A. Vernet, par les traductions et commentaires de Platon, composés par Calcidius (cosmologie) dès les années 400, et d’Aristote, composés par Boèce (logique et musique). La pensée grecque est aussi présente chez les Pères, chez les prélats d’Italie du sud, grands intellectuels, importée aussi par les Grecs syriaques chassés d’Orient par l’iconoclasme byzantin et par la conquête arabe, pour ne parler que des manuscrits apportés d’Orient en Sicile (Strabon, Don Cassius…), comme le démontrent les travaux de J. Irigoin : autant de régions de peuplement et de culture grecque, noyaux de diffusion à travers toute l’Europe.
• La conquête musulmane de la Sicile (827) porta un coup dur à ce mouvement : monastères et bibliothèques incendiés ou détruits, habitants déportés en esclavage, dont les rescapés vont en Campanie ou dans le Latium pour y fonder des abbayes (Grotta Ferrata). Les reconquêtes byzantines puis normandes restaureront la tradition hellénique.
• A Rome, qui avait connu une forte immigration de Grecs et de Levantins fuyant les persécutions perses et arabes, tous les papes, entre 685 et 752, seront grecs ou syriaques, et fonderont des monastères grecs. Pendant des siècles des artistes byzantins (fondeurs de bronze, mosaïstes) viennent en Italie, appelés par de grands prélats, pour orner cathédrales et abbatiales. En Germanie, la cour de l’empereur Otton II, époux de Théophano, ouvre une période de renaissance de la langue et de la culture grecques. Puis son fils Otton III attirera beaucoup de Grecs venus d’Italie du sud, qui occuperont des sièges importants dans l’Empire et l’Eglise (dont l’un des plus célèbres est Rathier de Vérone), y apportant souvent des textes de mathématique et d’astronomie : parmi eux Siméon l’Achéen, militaire byzantin, qui combattit aux côtés de Guillaume le Libérateur à La Garde-Freinet, libérant ainsi définitivement la Provence de l’invasion musulmane. Les élites du Maghreb, juifs et chrétiens, s’enfuient et se réfugient en Espagne.
• En France , les contacts entre Francs et Byzantins s’intensifient avec Pépin le Bref. Les Carolingiens reçoivent des manuscrits d’Aristote et de Denys l’Aréopagite. Leur entourage compte nombre d’hellénistes. Charlemagne lui-même comprenait le grec. Sous Louis le Pieux deux ambassades byzantines (824 et 827) apportent le corpus du Pseudo-Denys, que traduisit l’abbé de Saint-Denis, Hilduin, même si cette traduction passe pour avoir été fort médiocre ; traduction que l’empereur Charles le Chauve devra charger le savant helléniste Jean Scot Erigène, auteur lui-même de poèmes en grec, de réélaborer

Les centres de diffusion de la culture grecque en Europe

L’exposé sur les centres de diffusion de la culture grecque en Europe dans les siècles postérieurs est trop long et répétitif : les princes normands de Sicile encouragèrent le monachisme grec, et l’on pourrait ajouter que leur chancellerie expédiait leurs actes en quatre langues, grec, latin, arabe, normand. A Rome, le haut clergé parle grec. Le Latran, riche d’une immense bibliothèque, diffuse partout des œuvres grecques. Anastase le bibliothécaire, helléniste réputé, fut ambassadeur à Byzance. De Rome, la langue et la culture grecques se diffusèrent dans les pays anglo-saxons : Bède le Vénérable (+ 735) lisait le grec ; Aldhelm de Canterbury (+709), d’une très haute culture classique, enseigna la langue grecque à saint Boniface. Quant à l’Irlande, grand foyer d’hellénisme, outre Jean Scot, ses savants diffusèrent leur savoir dans toute l’Europe du nord, jusqu’à Milan. Pour l’Espagne, la Catalogne surtout offre des textes d’Aristote et des néoplatoniciens, dans les manuscrits desquels on peut remarquer des alphabets et des essais de plume en grec : ajoutons que le même phénomème s’observe aussi dans nombre de manuscrits conservés en France.

L’auteur accorde un grand chapitre à la médecine, domaine dans lequel le rôle joué par les savants musulmans a été particulièrement exalté. Raymond Le Coz, dans son ouvrage Les chrétiens dans la médecine arabe (Paris, L’Harmattan, 2006) a fait justice de cette opinion. Il souligne lui aussi le rôle primordial des chrétiens du Proche-Orient : Nestoriens, Jacobites, Melkites, Coptes, qui traduisirent les textes grecs bien avant l’arrivée de l’Islam. R. Le Coz insiste sur l’héritage byzantin qui imposa les ouvrages de Galien, la place éminente de l’Ecole d’Alexandrie dont l’une des plus grandes figures est Oribase, auteur d’une encyclopédie en soixante-dix livres, rapportant en outre de nombreux textes de ses prédécesseurs. Cette école, brillant encore avec Ammonius (VI° s.) puis Jean Philipon, fut remplacée au VIIIe siècle par celle de Bagdad où Nestoriens et Jacobites transmettront, par leurs traductions en langue arabe, aux musulmans leurs connaissance du savoir grec. Les Nestoriens seront d’ailleurs les médecins des califes de Bagdad et donneront naissance à la figure du « philosophe médecin, souvent astronome, astrologue ou alchimiste, si caractéristique de tout le moyen-âge, arabe et occidental ». Chez les Latins, dès le VIe siècle et grâce à Cassiodore, on connait les travaux de Soranos, médecin grec d’Ephèse (II° s.), Hippocrate, Galien, Dioscoride et Oribase. Puis ces textes circulent dans les abbayes d’Italie du nord et du sud, où la pratique du grec ne cessa jamais : Salerne, le Mont-Cassin, de si brillante réputation que de hauts personnages du nord de l’Europe viennent s’y faire soigner, avec les œuvres de Garipontus et Petrocellus. Quant au célèbre Constantin l’Africain (+1087), sa biographie nous informe qu’il apprit la médecine à Kairouan ou au Caire : on ne peut donc savoir quelles ont été ses sources, bien que, selon Pierre Diacre, il aurait été aussi formé aux disciplines grecques d’Ethiopie : il traduisait directement du grec ou de l’arabe en latin.

Le XIIe siècle, renouveau des études à partir de sources antiques

S’attardant sur la Renaissance carolingienne, l’Académie du Palais de Charlemagne, sur Richer de Reims qui aurait enseigné la médecine grecque, Gouguenheim, suivant un plan chronologique un peu confus, dresse un tableau de la Renaissance du XII° siècle, où le renouveau des études puise à la source de la culture antique : traductions d’œuvres scientifiques d’optique, de mécanique dans toute l’Europe, impulsées par l’Ordre de Cluny et son abbé Pierre le Vénérable. Mais pour tous ces savants, peut-on affirmer qu’ils ont tous travaillé sur des traductions directes et que leurs connaissances sont en totalité indépendantes des travaux arabo-musulmans ?
La circulation directe des textes de Byzance en Italie, vers la France et l’Empire mériterait, pour ces époques, d’être mieux connue, mieux étudiée. Quoiqu’il en soit, grâce à la réforme grégorienne, au renouveau du droit, de la philosophie politique, de la pratique rénovée de la dialectique, partout en Europe et en toutes matières, on constate un regain de l’influence et de l’imitation de l’Antique, la pratique et la découverte de textes grecs et latins. L’abbé Suger de Saint-Denis ne faisait-il pas l’admiration de ses moines grecs parcequ’il récitait de mémoire plus de trente vers d’Horace ? On découvre le livre II de la Logique d’Aristote, l’harmonie du monde de Platon à travers l’étude de la nature (Guillaume de Conches, Hugues de Saint-Victor), des œuvres de Cicéron. La mythologie païenne sert de support à la méthode allégorique d’exégèse de l’Ecriture. L’activité de traduction s’intensifie à Tolède, Palerme, Rome, Pise, Venise, en Rhénanie, à Reims, Cluny, au Bec-Hellouin, au Mont-Saint-Michel. Les Antiques sont les géants de Bernard de Chartres. Tous ces faits sont bien connus et ils témoignent d’une ouverture extraordinaire au savoir antique grec et latin, mais ils ne constituent pas une preuve exclusive d’un transfert directe de cette culture d’orient en occident.
Dans un deuxième chapitre, l’auteur revient, de façon quelque peu redondante, sur la diffusion du savoir grec par Byzance et la chrétienté d’orient, du VIe au XIIe siècle, rappelant les voies et les hommes qui ont permis la continuité avec le monde occidental depuis l’époque classite que. Le chapitre III est la justification du titre de l’ouvrage : l’Europe a recherché elle-même, et non reçu passivement l’héritage antique, grâce aux moines de ses grandes abbayes qui en firent des traductions directes. L’auteur donne une place centrale à l’abbaye du Mont-Saint-Michel où Jacques de Venise, arrivé au début du XIIe siècle, traduisit du grec en latin de nombreux textes d’Aristote, bien avant les traductions faites à Tolède à partir de textes en arabe. Une antériorité sur laquelle on aurait aimé que l’auteur insistât davantage. Le séjour de Jacques de Venise au Mont-Saint-Michel est contesté par certains historiens. Robert de Torigny, abbé en 1154, témoignera seulement de lui comme traducteur et commentateur vers 1125, mais la présence de ses traductions dans des manuscrits de la bibliothèque d’Avranches n’est sans doute pas due au hasard. La question, au reste, est de peu d’importance : son œuvre demeure et fut largement diffusée, à Chartres, Paris, en Angleterre, à Bologne et à Rome. Jean de Salisbury, dans le Metalogicon, utilise pour la première fois tous les écrits de l’Organon, peut-être dans la traduction de Jean de Venise.

Arabité et islamisme

Le chapitre IV est consacré à la nature de la réception des textes grecs par les arabes musulmans. L’opinion commune leur attribue une appropriation totale du savoir grec. Or l’auteur met de nouveau en garde, comme le fait R. Le Coz pour la médecine, contre la confusion entre arabité et islamisme. Le « monde musulman », alors dominant, comportait beaucoup de savants chrétiens, juifs, sabéens, parmi lesquels nombreux étaient des Arabes, arabisés, Persans convertis. Or auparavant les Arabes furent mis en contact dès l’époque ummayyade avec le monde grec et lui furent hostiles. Une grande partie de l’élite byzantine prit la fuite. S’il n’est pas démontré que le calife Umar II a lui-même ordonné l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie, du moins est-ce bien lui qui mit un terme à l’enseignement des sciences dans cette ville, « décision tout à fait conforme à ce que l’on connait du personnage » (R. Le Coz). La destruction de centres de culture aussi célèbres que le Mont Athos, Vatopédi, les raids incessants lancés par les califes en Sicile, au Mont-Cassin, à Rome et jusqu’au nord de la Gaule, aux VIII et IXe siècles, suffisent, dit l’auteur, à « démontrer le peu de goût des peuples musulmans pour la civilisation greco-latine ». Quant à la tradition de la « Maison de Sagesse », qui aurait regroupé des savants de toutes confessions et toutes disciplines, elle repose sur un texte beaucoup plus tardif rapportant la vision d’Aristote qu’aurait eue en songe le calife Al-Mamun, dont la bibliothèque ne fut ouverte, selon le témoignage d’un Musulman, qu’aux spécialistes du coran et de l’astronomie. L’auteur insiste sur les difficultés d’une traduction du grec en arabe : pour la langue, la pensée, dont les musulmans font passer les mots au filtre du coran, le raisonnement, au service exclusif de la foi. Quant à la médecine, R. Le Coz a démontré (dans Les médecins nestoriens. Les maîtres des Arabes, Paris, L’Harmattan, 2003) que l’Islam n’a rien apporté. En philosophie, la logique aristotélicienne, passée au tamis du néoplatonisme, ne fut appliquée, par le mouvement de la Falsafa, que pour une exégèse rationnelle du Coran.

Averroès, islamiste pur et dur

Le parti le plus orthodoxe de l’Islam prit, à partir du IXe siècle, un aspect guerrier, contre la Trinité des chrétiens et le Dieu vengeur des Juifs. Son meilleur représentant est Averroès, médecin et juriste, qui prêcha à Cordoue le djihad contre les chrétiens : pour lui, l’étude de la Falsafa doit obéir aux principes de la chari’a (loi religieuse). De plus, la philosophie doit être interdite aux hommes du commun. Averroès, élitiste, ne fut ni athée ni tolérant. Pour ce qui est de la science politique, jamais l’Islam n’eut recours au système juridique greco-romain. La « Politique » d’Aristote ne fut jamais traduite en arabe : elle leur fut totalement étrangère. L’Islam n’a retenu des Grecs que ce qui leur était utile et ne contrevenait aux lois du Coran : sciences naturelles et médecine, tandis que la théologie chrétienne fut peu à peu pénétrée par la philosophie qui l’amena à évoluer.

Deux civilisations, deux cultures

Au dernier chapitre, l’auteur soulève la question de l’ouverture de l’Islam aux autres civilisations. Sauf quelques rares exceptions, ce ne fut, pendant tout le moyen-âge, qu’un long face à face de deux mondes radicalement différents, le plus souvent opposés. Comme nous le rappelle R. Le Coz, les Arabes conquérants ont toujours dédaigné apprendre la langue des pays conquis, puisque leur propre langue était celle de Dieu lui-même, celle de la Révélation. Evoquant la scission en Méditerranée, opérée par l’Islam, entre l’Occident et Byzance, et l’orientation consécutive de l’Europe vers le nord, l’auteur aurait pu invoquer aussi l’origine ethnique des Francs, qui marqua fortement les changements culturels. Pour une étude comparative dans le domaine de la transmission de l’une et l’autre culture, il est évident que l’Islam n’est pas un espace défini, que ces peuples auraient occupé pour s’y fondre, mais une culture fondamentalement religieuse, constituée par conquêtes successives, dans laquelle la politique et le droit (fiqh) dépendent strictement de la religion. En outre, les longs siècles de conflits violents étaient peu compatibles avec des échanges scientifiques. Il est tout aussi indéniable que le Christianisme est né et plonge ses racines dans un univers grec. L’usage de la liturgie grecque à Saint-Jean du Latran comme dans les grandes abbayes de Germanie et de France, de toute antiquité et pas seulement à partir du XIIe siècle, en est une preuve irréfutable. Deux civilisations fondées sur des religions contradictoires à vocation universelle ne pouvaient s’interpénétrer, à moins que l’une s’impose à l’autre, comme ce fut le cas pour l’Egypte et le Maghreb. C’est pourquoi, conclue l’auteur, une culture, stricto sensu, peut à la rigueur se transmettre, non une civilisation.

En conclusion

Sylvain Gougenheim rappelle que la quasi-totalité du savoir grec avait été traduite tout d’abord en syriaque, puis du syriaque en arabe par les Chrétiens orientaux, ce que confirme R. Le Coz dans le domaine médical : « comment les Arabes ont-ils pu connaître et assimiler cette science qui leur était étrangère…il a fallu des intermédiaires pour traduire les textes de l’Antiquité et initier les nouveaux venus à des techniques dont ils ignoraient tout. Les intermédiaires nécessaires ont été les chrétiens, héritiers de Byzance, qui vivaient dans le monde soumis à l’Islam et qui avaient été arabisés ». Quant aux occidentaux, outre leur propre tradition de savoir grec, ils bénéficièrent aussi de l’apport de ces chrétiens grecs et syriaques chassés d’orient, de l’Ecole d’Alexandrie, comme le confirment les études de J. Irigoin. Toutes ces données, solidement étayées, autorisent l’auteur à inscrire les racines culturelles de l’Europe dans le savoir grec, le droit romain et la Bible.

L’annexe 1, qui fait, semble-t-il, couler beaucoup d’encre, est consacré au livre de l’orientaliste Sigrid Hunke, « Le Soleil d’Allah », polémique s’il en est, qui occupe, comme celui de M. Detienne, peu de place dans le débat dans la mesure où cet écrit, faisant écho à une idéologie aujourd’hui en vogue, n’est mû que par des arguments passionnels, voire racistes : il est donc sans intérêt.

L’héritage grec a été transmis à l’Europe par voie directe

L’ouvrage de Sylvain Gouguenheim, comme son titre l’indique, s’attache à démontrer que l’héritage grec a été transmis à l’Europe par voie directe, indépendante de la filière arabo-musulmane, tout en reconnaissant à la science musulmane la place qui lui est historiquement et chronologiquement due. Le livre est, avouons-le redondant, prolixe, parfois touffu. Partant de l’opinion commune, la démonstration se perd dans des excursus et des retours en arrière trop longs, des synthèses aussitôt reprises dans le détail, dans lesquels le lecteur a parfois du mal à retrouver le fil conducteur. L’auteur a voulu, de toute évidence, étant donnée la sensibilité du sujet, apporter le maximum de preuves à des faits qui, pour la plupart, sont irréfutables. L’ouvrage présente, il est vrai, un foisonnement cotoyant parfois la confusion. Certaines argumentations en revanche auraient mérité un plus grand développement, par exemple sur la science biblique, les Pères grecs et latins, l’Ecole d’Alexandrie. Cette étude a donc suscité de violentes polémiques, largement relayées par l’historien philosophe allemand Kurt Flasch, signataire d’une pétition la condamnant, mais reconnaissant aussitôt que « depuis 1950 la recherche a établi de façon irréfutable la continuité des traditions platonicienne et aristotélicienne. Augustin était un fin connaisseur du néoplatonisme qu’il ne distinguait pas du platonisme. Donc, le socle grec de la culture européenne et occidentale est incontestable ». Alors, où est le problème, et pourquoi cette polémique ? Elle repose, nous l’avons dit, sur plusieurs malentendus : la confusion entre « arabe » et « musulman », la notion de « racines », qui renvoie essentiellement aux hautes époques, l’absence de distinction nette entre la connaissance d’Aristote et celle de l’ensemble du savoir grec. Les musulmans abbassides promurent en leur temps et à leur tour la tradition grecque dans certaines disciplines, essentiellement scientifiques. Nulle part l’auteur ne nie que l’Islam ait conservé et fait progresser ces disciplines, cependant toujours passées au filtre du Coran, dont l’Occident a ensuite bénéficié. Cet ouvrage est un travail de grande synthèse, on ne peut lui demander d’être, dans tous les domaines, à la fine pointe de la bibliographie, laquelle est d’ailleurs sélective. Il présente, quant à la forme, quelques irrespects concernant les règles éditoriales, fautes vénielles dont nul ne peut prétendre être exempt. Quant au fond, les preuves apportées sont nécessaires et suffisantes. Celle que l’on pourrait y ajouter est fournie par la longue fréquentation des manuscrits médiévaux, et mieux encore, le fichier du contenu des bibliothèques médiévales d’occident, élaboré par A. Vernet tout au long de sa carrière et aujourd’hui déposé à l’Institut de Recherche et d’Histoire des textes : on peut y constater qu’en effet la culture européenne ne doit pas grand’chose à l’Islam.

Il faut reconnaître à Sylvain Gouguenheim le mérite d’être allé à contre-courant de la position officielle contemporaine, d’avoir fourni aux chercheurs un gros dossier qui décape les idées reçues : une étude vaste, précise et argumentée, qui fait preuve en outre d’un remarquable courage.

Françoise Houël Gasparri
Chartiste, médieviste
Auteur de nombreux ouvrages, dont notamment :
Crimes et Chatiments en Provence au temps du Roi René , Procédure criminelle au XVe siècle, Paris, éditions Le Léopard d’or, 1989 ; Un crime en Provence au XVe siècle, Paris, Albin Michel, 1991

Correspondance Polémia – 28/06/2010

Les intertitres sont de la rédaction.

Voir : « Le retour à l’identité »

Sylvain Gouguenheim, Aristote au Mont-Saint-Michel. Les racines grecques de l’Europe chrétienne. Paris, Le Seuil (l’Univers historique), 2008, 285 pages.

dimanche 27 juin 2010

De Gaulle : mythe et Imposture

« À l’occasion de votre élection à la présidence de la République algérienne, je vous adresse mes félicitations. Cette indépendance algérienne, nous l’avons voulue et aidée » (Message de Charles de Gaulle à Ben Bella, le 4 septembre 1963)
« Lorsque la pierre tombale de l’Algerie Française aura été scellée par la volonté acharnée d’un homme épaulé par la lâcheté de tout un peuple, je n’abandonnerai jamais l’idée de pouvoir débarrasser mon pays du personnage qui a corrompu l’âme de la France » (Colonel Antoine Argoud)
Ces mots du brillant officier que fut le Colonel Argoud ne cessent, depuis des années, de résonner à ma mémoire et je console mon amertume en me disant que s’il existe vraiment une justice, de Gaulle devrait aujourd’hui s’y trouver. En effet, mon éducation chrétienne m’incite à penser que toute œuvre humaine passe en revue devant Dieu pour être classée comme acte de fidélité ou comme acte d’infidélité. En face de chaque nom, dans les registres du ciel, sont couchés avec une redoutable exactitude toute action mauvaise, tout despotisme, toute trahison, tout parjure et la loi de Dieu sera sans appel pour ceux qui auront contrevenu à ses commandements. Par conséquent, si le paradis est accordée à De Gaulle, alors il n’y a plus de raison de craindre la Justice Divine… tout le monde y aura accès… et cela ne se peut !
Quand l’Histoire et la postérité jugeront Charles de Gaulle, elle dira : « Il a demandé son succès à l’astuce et au mensonge ; il l’a déshonoré par ces milliers de morts qui ont cru à ses paroles. Et ses crimes d’avoir appelé les Musulmans à servir la France pour ensuite les abandonner au massacre, d’avoir trompé ses soldats, d’avoir abusé de cette candeur sublime sans laquelle il n’y a pas de héros, d’avoir privé du rayonnement de leur Patrie plus d’un million d’êtres après les avoir livrés à la hache des bourreaux, d’avoir couvert les enlèvements et laissé mourir dans d’indescriptibles souffrances des milliers d’êtres humains innocents… sont inexpiables ». C’est cela que l’Histoire ne lui pardonnera pas ! C’est d’avoir souillé d’astuce et de cruauté la grande œuvre d’unité que des générations précédentes avaient entreprise ; d’avoir taché indélébilement l’histoire de la France.
Pour la majorité de la presse française et pour le peuple français par trop naïf et crédule, de Gaulle, cet instrument de braderie qui jamais durant la guerre d’Algérie ne fit preuve d’amour, de générosité et de dignité humaine, fut un objet d’admiration et d’enthousiasme. « Il était grand ! » Et voilà, ici, cette notion de grandeur qui sauve tout : « De Gaulle, ce grand homme ! »… Grand par la taille, oui, quand au reste !…
Sous le vocable de grandeur on exclut tout d’un coup le critère du bien et du mal. Pour celui qui est grand il n’est pas de mal. Il n’est aucune horreur qui puisse être imputée à crime à celui qui est grand ! Ce qui est « grand » est bien ; ce qui n’est pas « grand » est mal. Et pourtant, parmi sa génération de soldats, il y eut de grands hommes, de vrais, ceux-là : Leclerc, Juin, De Lattre de Tassigny… mais lui, de Gaulle, était d’une autre race, brutal, cynique, ambitieux, assoiffé d’honneurs, hautain, méprisant, discourtois, cassant, sans rien d’aimable dans l’insolence… craint de ses propres ministres. C’est Alain Peyrefitte qui aura le courage d’en parler dans ses mémoires et rapportera ces mots méprisants qu’il eut à l’égard des harkis lors du Conseil des Ministres du 4 mai 1962 : « Les harkis, ce magma dont il faut se débarrasser sans attendre ! » Que de cynisme de la part d’un Chef d’Etat ! Et quand ce même Peyrefitte, pris de remords à la vue du désastre humain que représentait l’exode des Français d’Algérie exposera au « général Président », le 22 Octobre 1962, « le spectacle de ces rapatriés hagards, de ces enfants dont les yeux reflètent encore l’épouvante des violences auxquelles ils ont assisté, de ces vieilles personnes qui ont perdu leurs repères, de ces harkis agglomérés sous des tentes, qui restent hébétés… », De Gaulle répondra sèchement avec ce cynisme qu’on lui connaissait : « N’essayez pas de m’apitoyer ! »… On était bien loin du « C’est beau, c’est grand, c’est généreux la France ! »…
Cependant, ce qui est incompréhensible, c’est que tout le monde connaissait le personnage ; tout le monde savait cela, oui, mais voilà : « Il était grand ! »… C’était suffisant.
Pour bon nombre de journalistes et d’historiens, être grand c’est le propre de ces êtres d’exception qu’ils appellent des héros. Et de Gaulle se retranchant derrière l’Histoire, en abandonnant à leur perte non seulement ses anciens compagnons d’armes, ses soldats qu’il avait entraînés dans « son » aventure (que l’on se souvienne de Mai 1958 !) mais encore, plus d’un million de Français à qui il devait tout et autant de fidèles Musulmans engagés politiquement et militairement parlant… sentait « que c’était grand » et son âme était en paix. Et il ne vient à l’idée de personne que reconnaître pour grand ce qui échappe à la mesure du bien et du mal, c’est seulement reconnaître son propre néant et son incommensurable petitesse. Du sublime au ridicule, il n’y a qu’un pas. Aux yeux du monde, de Gaulle l’a franchi…
Quelle responsabilité pour celui qui se déclarait le « sauveur de la France », pour celui qui avait « ramené la liberté », celui qui invoquait la grandeur morale, nationale et intellectuelle ! Rarement autant d’indifférence, d’immoralité politique et de vilenie furent mises au service d’une politique que l’on voulait faire passer pour pragmatique et généreuse.
Dans son livre « Les damnés de la terre », Alexis Arette (qui tenait l’information de Georges Bidault, l’ancien Président du Conseil National de la Résistance sous l’occupation allemande), rapporte l’anecdote suivante :
« Lors de la conférence de Casablanca qui se tint du 14 au 24 janvier 1943 afin de préparer la stratégie des alliés après la guerre à l’égard de l’Europe, Churchill parvint à réunir non sans mal Giraud et De Gaulle en face de Roosevelt. Giraud était indispensable dans l’élaboration de cette stratégie. Général de grande valeur, à la tête de l’armée d’Afrique, il ne devait aucune de ses étoiles aux « arrangements politiques du temps » et jouissait d’un grand prestige aux yeux des Américains depuis son évasion, l’opération Torch et la prise d’Alger. Ces derniers le considérant, sans la moindre équivoque, comme le chef militaire de la France combattante envisageaient très sérieusement une coopération unifiée où tout naturellement sur le plan strictement militaire de Gaulle était placé hiérarchiquement sous ses ordres… ce que le n’appréciait guère. Les deux hommes se détestaient… Tout les opposait : le sens du devoir, la fidélité à la parole et à l’Etat, la valeur militaire, etc… Mais les Américains comprenant que le ralliement de l’Afrique dans sa globalité était nécessaire et que dans ce contexte Giraud qui restait loyal à Pétain – mais qu’ils considéraient comme infiniment plus fiable et d’une envergure supérieure à De Gaulle –était absolument incontournable. Churchill allait donc œuvrer pour mettre les deux hommes en face de Roosevelt et obtenir la fameuse poignée de main de circonstance dont la photo fera le tour du monde… Cependant Roosevelt, toujours frileux pour entrer en guerre en Europe, posa clairement la question aux deux officiers Français : « Les Etats Unis seraient susceptibles de débarquer en France à la condition que la France accepte d’ouvrir son empire au commerce américain et prenne l’engagement de décoloniser dans les trente ans » « général micro »
Giraud eut un haut de cœur et claqua la porte… De gaulle resta. On connaît la suite… »
Peu de choses ont été dites officiellement sur le marchandage de cette entrevue et le refus de Giraud d’accepter les conditions honteuses du démantèlement de l’Empire Colonial Français, conditions auxquelles De gaulle souscrit sans le moindre scrupule…
Je me suis souvent demandé quel aurait été le sort de l’Algérie s’il n’y avait pas eu de Gaulle. L’Histoire aurait, assurément, été écrite différemment. A l’ordinaire, l’Histoire n’est qu’une résultante d’infiniment petites forces où chaque individu n’a que la part d’une composante élémentaire. Mais à certaines heures naissent des hommes qui résument en eux une force capable d’intégrer, d’orienter toutes les autres forces élémentaires de la nation. Ceux-là changent vraiment le destin des peuples et du monde. Ou plutôt ces hommes sont le destin… et de Gaulle en fait partie. Ainsi, concernant la guerre d’Algérie, l’Histoire, sous de Gaulle, nous a démontré qu’elle n’était jamais qu’un rocher imaginaire de gloire et de boue entraîné par des torrents de sang vers des absences de rivages… Et cette Histoire là, comme le sable, a bu les rêves et le sang de milliers d’hommes sans en être fécondée.
José Castano
e-mail : joseph.castano0508@orange.fr
http://www.nationspresse.info

2 preuves de l’existence d’une civilisation il y a 40.000 ans

Cette vidéo est un court extrait de l'excellent documentaire « Les extraterrestres », réalisé d'après le best-seller d'Erich von Daeniken, et édité par betafilm dans la collection « Sur les traces de l'étrange ».



http://www.blueman.name

Reconquista

Encore et toujours la longue durée historique mais à propos de la Reconquista, cette fois-ci. Il existe, en effet, deux manières d’aborder le sujet. L’une est uniquement ibérique et l’autre envisage l’opposition islam-chrétienté dans son ensemble et considère qu’il y eut deux Reconquista.
La première, hispano-lusitanienne, s’acheva en 1492 avec la reconquête de Grenade ; l’autre, balkanique, fut stoppée par la maçonnerie et l’Angleterre à la fin du XIXe siècle.
Quand, en 711, profitant des querelles dynastiques opposant les fils du roi Wisigoth d’Espagne, Tarik et ses Berbères riffains, récemment islamisés, franchissent le détroit qui, depuis, porte son nom, débute alors la première attaque frontale islamique contre l’Europe. Au même moment, à l’est, l’Empire byzantin doit faire face à une menace identique devant laquelle il recule avant de se ressaisir, fermement soutenu par les Arméniens chrétiens.
Durant plusieurs siècles, l’Empire va réussir à maintenir sa présence en Asie mineure où il ne cédera véritablement que face aux Turcs à partir de la terrible défaite de Mantzikiert en 1071. Or, au moment où les Byzantins s’effondrent, l’Aragon, la Castille et le Portugal ont largement entamé leur reconquête.
Mouvement de recul d’un coté et contre-offensive de l’autre. Le phénomène ne peut évidemment être compris que s’il est étudié dans son ensemble. Or, dans nos esprits occidentaux, la rupture de 1054 avec Constantinople a fait sortir la chrétienté orientale de notre univers. Désormais, pour certains catholiques, la guerre entre l’islam et l’orthodoxie, entre les Turcs, les Grecs et les Russes sera un événement périphérique. Certains y verront même un châtiment céleste pour ceux qui ont choisi de se séparer de Rome.
C’est dans une indifférence teintée de pitié que l’Occident apprit la chute de Constantinople en 1453. Rares furent les souverains ou les princes qui y virent une catastrophe majeure pour la chrétienté dans son ensemble. Le prince Henry le Navigateur, l’initiateur de l’épopée ultra-marine portugaise, fut un de ceux-là et il consacra les dernières années de sa vie (il mourut en 1460) à tenter de créer le souffle qui permettrait de lancer une croisade à la reconquête de la ville. Cette idée disparut avec lui ; pour au moins quatre siècles, les Balkans allaient alors subir le joug turc.
L’Europe fut même gravement menacée, puisque Budapest fut en partie occupée et que la marée ottomane ne fut contenue que sous les murs de Vienne. Ce n’est qu’au XVIIe siècle que la reconquête chrétienne commença véritablement dans les Balkans. Elle ne fut effective qu’au XIXe siècle. Mais, à cette époque, elle eut à lutter contre les Turcs, certes, mais également contre toute la politique britannique de soutien à la Turquie.
Londres, ne voulant à aucun prix d’un affaiblissement turc qui aurait pu ouvrir à la marine russe en mer Noire la route de la Méditerranée, fit tout son possible pour interdire aux chrétiens de reprendre le contrôle de la rive européenne du Bosphore. C’est pour cela, et uniquement pour cela, qu’il existe encore une présence d’occupation turque en Europe, et que Constantinople est une ville turque. Paradoxalement, cette politique britannique impériale et maçonnique fut soutenue par une partie de la droite catholique la plus ultramontaine, celle qui n’avait pas oublié la séparation de 1054.
Louis Veuillot incarna parfaitement cette idée, lui qui écrivait, dans le contexte des guerres balkaniques : « Ah ! Pour le coup, comme catholiques, nous ne craignons pas de dire, ni de répéter hautement : plutôt cent fois le Turc ou le Tartare, que le Grec ou le Russe ».
Ce disant, Louis Veuillot appliquait avec discipline la politique vaticane de l’époque, si bien définie par Thouvenel le 18 septembre 1853 : « A Rome, on est plutôt pour les musulmans que pour les schismatiques. L’établissement d’un pouvoir chrétien à Constantinople est une menace pour le Saint-Siège ». La bosniaquomanie et le philotchétchénisme reposent donc sur des constantes bien ancrées sur une certaine tradition politico-religieuse. Elles l’expliquent.
par Bernard Lugan
http://www.france-courtoise.info

La Révolution : le mythe fondateur de la France

En cette période de vacances, où l’activité politique est plutôt ralentie, et où l’actualité parle en boucle de la grippe A et de l’accident cardiaque de Sarkozy, il nous a semblé intéressant de faire une petite incursion du côté de l’Histoire. Cette science permet en effet de comprendre le fonctionnement du monde contemporain et, en nous immergeant dans le passé, de mieux connaître nos racines.

Il nous restait le plus difficile : trouver au travers de plusieurs siècles d’Histoire de notre pays et de notre civilisation, le thème qui allait susciter l’intérêt du vacancier.

Parce que nous sommes un mouvement politique, et que nous souhaitons rétablir certaines vérités, le thème de la Révolution Française semblait tout indiqué.

Pensez donc ! Le mythe par excellence de l’Histoire de France, la matrice de tous les mouvements révolutionnaires à travers la planète depuis deux siècles et, ce que l’on dit moins, le modèle de tous les totalitarismes. Un tel sujet, qui a bouleversé l’Histoire de France et de l’Europe toute entière ne peut que fasciner les lecteurs avides de vérité historique. Reconnaissons en effet que dans ce domaine, comme dans tant d’autres, la propagande est à l’œuvre. Bien sûr, prendre la défense de Robespierre de nos jours semble un peu passé : la tragédie qui a frappé la Famille de France émeut nos concitoyens et, la mort de Louis XVI ne serait probablement plus votée aujourd’hui. Reste que le souvenir des Grands Ancêtres est partout présent, qu’il imprègne nos vies, nos références, et qu’en interrogeant le bon Bitru, vous vous apercevez vite qu’il déplore les excès commis par la Révolution, mais que ces excès étaient inévitables et que « sans Elle nous serions encore au Moyen-Âge », peuple de serfs sans droit et aux mains d’une caste arrogante et imbue d’elle-même (cette image ne vous évoque-t-elle pas notre Sarkozysme plus que la noblesse d’Ancien Régime ?).

La Révolution est donc l’alpha et l’oméga de l’Histoire de France, car comme chacun le sait la France est née en 1789, où comme le rappelait Jack Lang lors des cérémonies du bicentenaire « un peuple est sorti des ténèbres pour entrer dans la lumière. ». Nous acceptons d’autant mieux ce dogme qu’il nous est ressassé depuis les classes du Primaire jusqu’à l’Université. La Révolution est bien la page la plus glorieuse de l’Histoire de France. En doutez -vous que vous êtes pris pour un fou, si vous êtes un Français ordinaire, ou pour un dangereux réactionnaire crypto-fasciste si vous êtes un historien (voir à ce sujet le sort réservé à Reynald Seycher). Pourtant, si l’on se penche un peu sur cette « glorieuse période », il y aurait de quoi frémir, jugez plutôt.

L’instauration d’un régime terroriste :

« La Révolution est un bloc » disait Clémenceau, assertion battue en brèche par la plupart des historiens, pourtant l’ancien Président du Conseil avait raison sur un point, la Révolution est dès l’origine une entreprise terroriste. Pour simplifier, 1793 et la Terreur sont en germe dès 1789.

Politiquement, la Révolution est en effet un vaste mouvement d’élimination des mouvements modérés par les extrémistes, jusqu’à aboutir à la dictature Robespierriste. Ce mouvement s’appuie sur une minorité agissante, composée des déclassés de toutes sortes, qui constitue le bras armé de la Révolution.

En effet, l’un des mensonges principaux sur cette période est de faire croire que le peuple de France s’est soulevé en masse contre son souverain et contre l’autorité légitime. Pierre Gaxotte, lauréat de l’Agrégation d’Histoire en 1920 et auteur d’un livre bombe La Révolution Française, paru en 1928 estime qu’il n’y avait pas plus de 30 000 révolutionnaires dans toute la France, dont 10 000 à Paris. Ces chiffres sont repris par toute l’historiographie sur le sujet, notamment par François Furet et Mona Ozouf dans leur Dictionnaire Critique de la Révolution, paru en 1988. Nous sommes donc en présence d’une minorité extrêmement politisée et recourant à la terreur pour faire avancer ses idées. Ainsi en est-il le 14 juillet 1789, quand une foule surexcitée et avinée prend d’assaut la Bastille et massacre son gouverneur et une dizaine de ses officiers. Et que dire des autres journées révolutionnaires ? Octobre 1789 la populace parisienne, menée par les mêmes, ramène le Roi et la Famille Royale à Paris, la tête de quelques gardes plantées sur leur baïonnette, trophées de leur sauvagerie. Le 10 août 1792, qui n’est rien d’autre qu’un coup d’Etat mené par la minorité républicaine contre la Monarchie Constitutionnelle légalement établie, et scellé du sang des 900 Suisses et de centaines de domestiques des Tuileries.

Dès le départ, le processus révolutionnaire, élimine ceux qui entravent sa marche.

Les premières victimes sont les tenants de la Monarchie Absolue, contraints à l’exil dès l’été 1789, puis les Monarchiens, monarchistes réformistes remplacés par les Constitutionnels. Ceux-ci sont éliminés à leur tour par les Girondins, qui le sont eux-mêmes par les Montagnards qui finiront par se guillotiner entre eux. Cette épuration progressive se fait toujours au bénéfice de la fraction la plus violente, elle est soutenue par sa « main d’œuvre » ceux que l’on appelle le peuple des Sans Culottes.

Contrairement à ce que tente de faire croire l’Histoire officielle, qui présente 1793 et la Terreur comme une déviance de 1789, il y a au contraire une grande continuité. Nous pouvons cependant noter que si les événements ont parfois échappé à leurs auteurs, demeure une volonté commune de « faire table rase du passé. »

Cette formule éclaire tout ce qui nous sépare de la Révolution Anglaise, qui se veut un changement dans la continuité, et qui, sauf l’expérience de Cromwell, a maintenu la tradition monarchique. La volonté de détruire complètement l’ordre ancien est la caractéristique de la Révolution Française d’où son acharnement à vouloir éradiquer le Christianisme de notre pays. Cette volonté de créer un monde nouveau, cette sorte de mythe prométhéen, est directement le produit de l’idéologie des Lumières qui souhaite s’affranchir de toutes les traditions. Nous retrouvons ce trait essentiel dans tous les régimes totalitaires, cherchant à créer un homme nouveau, preuve s’il en est que la Révolution est la mère des totalitarismes comme le rappelait Alexandre Soldjenytsine lors de son discours aux Herbiers en 1993 pour commémorer le bicentenaire du martyr Vendéen. Il est d’ailleurs frappant de constater la grande proximité qui existe entre Révolution Française et Russe et l’admiration que Lénine et ses acolytes vouaient aux révolutionnaires Français.

Un régime guerrier et impérialiste :

La Révolution est assurément une période guerrière. Il est de bon ton de critiquer les guerres menées par nos Rois en oubliant que la Révolution a déclaré la guerre à l’Europe entière, et que le programme d’action des révolutionnaires était ouvertement belliciste. Quoi de plus naturel puisque la Révolution devait s’exporter aux quatre coins de l’Europe et qu’elle devait libérer les peuples asservis, qui n’avaient d’ailleurs pas conscience de l’être ? La France révolutionnaire a déclaré une guerre qui allait durer 23 ans, du 20 avril 1792 à la chute de Napoléon en juin 1815. Cette guerre perpétuelle est une guerre d’agression, destinée à « détruire les races de rois » et à « éliminer les tyrans ». Pour cela, la France déclare la guerre à la Prusse et à L’Empire en 1792, puis en assassinant légalement Louis XVI, elle « jette une tête de roi à la face de l’Europe » comme le dit Saint-Just. Le 21 janvier 1793 est vu par tous les souverains d’Europe comme une déclaration de guerre. Tous entrent alors en guerre contre la France, de la Grande Bretagne à la Russie et de la Suède au Portugal ; l’Europe fait corps contre la France. Cette guerre,qui se poursuit sous le régime Napoléonien, bouleverse les équilibres nés des Traités de Westphalie de 1648. Elle inaugure la guerre idéologique, et surtout elle donne naissance à une idée dévoyée de la patrie (voir sur le sujet l’ouvrage de Jean de Viguerie, Les Deux Patries). La France, qui jusque là était considérée comme le phare de la civilisation européenne, devient le pays dont il faut se méfier, le peuple fauteur de guerres, le peuple qui cherche à annexer ses voisins. Cette vision dégradée de la France est encore accentuée par les crimes sans nom commis durant la période révolutionnaire, et qui pendant longtemps, vont associer le nom de Français à celui de barbares.

Un régime de Terreur instaurant le crime de masse :

La grande spécificité de la Révolution est d’avoir légitimé le crime de masse pour asseoir son pouvoir.

Concernant le bilan de la Révolution Française, l’ouvrage de René Sédillot, Le Bilan de la Révolution Française, paru en 1988 est indispensable car il aborde le bilan sous tous ses aspects : humain, politique, religieux, économique, artistique. Cette tentative a été reprise et actualisée l’an dernier par la parution de l’ouvrage collectif, Le Livre Noir de la Révolution Française.

Si l’on se penche sur le bilan de cette décennie glorieuse, 1789-1799, on en ressort effrayé. Dans tous les domaines la France a régressé. Elle qui était la première Nation européenne se retrouve largement distancée par le Royaume-Uni. Un retard très important a été pris dans tous les domaines, de l’économie, des sciences « la République n’a pas besoin de savants », du commerce…, qui vont handicaper la France au moment de l’essor de la Révolution Industrielle. A cela il faut ajouter la destruction du patrimoine National, plus du tiers des œuvres d’art ont été détruites, des milliers d’autres vendues. La France, modèle de civilisation, de raffinement et d’art de vivre est morte en 1789. Désormais nous sommes un peuple de barbares et d’assassins aux yeux de nos voisins. Des milliers de châteaux, d’églises, de monastères et d’abbayes ont été pillés ou vandalisés, comme l’abbaye royale de Saint Denis, nécropole des Rois de France, pillée, vandalisée et profanée.

De tous les bilans, le bilan humain demeure le plus parlant.

On peut estimer que la Révolution a causé la mort de 700 000 Français, auxquels s’ajoute les 400 000 morts liés aux guerres entreprises entre 1792 et 1799. 1 100 000 personnes sont mortes en dix ans, presque autant que le cataclysme de la Grande Guerre et son 1.4 millions de morts, mais avec des moyens techniques infiniment moins meurtriers. En proportion, le bilan est plus lourd qu’en 14/18 car il porte sur une France de 28 millions d’habitants et non pas de 40 millions comme en 1914.

Ce bilan sinistre comprend 40 000 personnes guillotinées, les milliers de personnes mitraillées au canon à Lyon, fusillées à Marseille ou Toulon, les 5 000 noyés de Nantes les milliers d’autres noyés à Ancenis ou Angers, les 1 400 massacrés des Massacres de Septembre qui périrent dans des conditions effroyables.

La Révolution est aussi, bien que le régime s’obstine à le nier depuis 200 ans, responsable du premier génocide, celui des peuples de l’Ouest, Vendéens, Poitevins, Mainiaux et Bretons, soulevés pour défendre leurs traditions et leur religion et exterminés sans merci. Un article entier serait nécessaire pour traiter cet épisode, rappelons seulement que les Guerres de Vendée et de la Chouannerie ont entraîné la mort de 500 000 personnes dont 350 000 civils. Que des ordres de destruction systématique de la région ont été donnés par la Convention (lire sur le sujet l’ouvrage de Reynald Seycher, Le Génocide Franco-Français- La Vendée Vengée).

Cette industrialisation de la mort, sa planification, qui rappelle les régimes totalitaires, a été mise en place par toute une série de lois liberticides : Loi du Maximum, Loi des Suspects, Loi sur les prêtres réfractaires ou les personnes émigrées.

Ces quelques lignes suffisent pour prouver que le régime dans lequel nous vivons est assis sur un amas de cadavres et sur la ruine de la civilisation Française. La Révolution, présentée comme le phare du progrès du genre humain a commencé par bafouer tous les principes qu’elle prétendait défendre.

Nous n’avons rien de commun avec cette France là, qui n’est d’ailleurs pas la France réelle, et nous devons sans cesse répéter la vérité sur cette sombre période pour que les mensonges tombent, car « la Vérité nous rendra libre »

http://semperfidelis.over-blog.fr