L'abdication du tsar Nicolas II, le 2 mars 1917, a sonné le glas de la vieille et sainte Russie. Le dernier des Romanov se sentait abandonné de tous. Le soir de son abdication, il note sur son carnet : « Il n'y a que trahison, lâcheté et fourberie autour de moi ». Comment ne pas désespérer lorsqu'il voit son propre aide de camp, le baron Nolde, découdre lui-même le N brodé sur sa tunique, comme si la simple initiale du souverain déchu pouvait le compromettre aux yeux des nouveaux maîtres de l'heure, ces sociaux-démocrates qui, comme tous ceux de leur espèce, sont souvent plus bêtes que méchants... à la différence des bolcheviks qui, eux, préparent déjà leur heure alors que s'installe un gouvernement provisoire qui a tout pour rassurer les bourgeois, qu'ils soient russes ou occidentaux. L'''homme fort" de ce gouvernement, Kérenski, a tout pour plaire à la bourgeoisie puisqu'il en est lui-même la vivante illustration. Le général Wrangel est consterné : « C'est la fin, c'est l'anarchie ». Mais au sein de l'armée l'attentisme domine. Tandis qu'un jeune lieutenant russe prisonnier des Allemands confie à ses compagnons de captivité : « Le vêtement qui convient à la Russie, c'est le despotisme ». Il s'appelle Toukhatchevski. Il est le futur chef de l'armée rouge.
Le soviet de Pétrograd donne le ton du bras de fer qui s'engage entre le gouvernement provisoire et les rouges : il décrète l'installation, dans toutes les unités de l'armée, de soviets qui exerceront désormais le pouvoir, les officiers étant réduits à un rôle de figuration... lorsqu'il ne sont pas purement et simplement massacrés, souvent dans d'horribles conditions. Déboussolés, trop heureux de sauver leur peau, beaucoup d'officiers abdiquent et subissent. D'autres vont tenter de sauver ce qui peut l'être.
C'est le cas du général Kornilov. Cosaque du Turkestan, il a derrière lui une brillante carrière et, jugeant le régime tsariste vermoulu, a accueilli la révolution avec sympathie. Il a été du coup nommé gouverneur de Pétrograd par la Douma. Démissionnaire de ce poste après avoir vainement tenté de rétablir la discipline, il est nommé au commandement de la VIIIe armée, où il fait fusiller déserteurs et mutins. Attitude devenue rarissime ... En juillet 1917, il est désigné comme commandant en chef des armées russes... ou de ce qu'il en reste. Mais son attitude énergique inquiète Kérenski, qui voit en lui un rival. Il lui reproche de faire marcher sur Pétrograd, pour rétablir l'ordre, les cosaques de la Division sauvage et, le 13 août, prononce sa destitution. Arrêté, Kornilov est interné tandis qu'une épuration féroce décapite l'armée russe (dans le seul mois de septembre 1917, 40 000 officiers sont chassés de l'armée ou démissionnent). Le nouveau chef d'état-major général, Doukhonine, est si écœuré par la détérioration accélérée de la situation qu'il facilite l'évasion de Kornilov. Celle-ci est d'autant plus facile qu'il est censé être sous la surveillance de cosaques du Tek... qui lui sont en fait totalement dévoués. Evadé en compagnie de Dénikine, Kornilov rejoint la capitale du Don. Là, il lance un appel aux volontaires pour créer une armée antibolchevique. Les "gardes blancs" sont peu nombreux. Mais grâce au charisme de Kornilov, qui se présente lui-même comme le "fils d'un paysan-cosaque", ils rallient de nouveaux volontaires. Un régiment de choc est formé, qui porte comme emblème la tête de mort. Signe prémonitoire pour Kornilov, tué au combat le 1er avril 1918.
P V National Hebdo du 3 au 9 septembre 1998
Pour approfondir : Dominique Venner, Les Blancs et les Rouges, Pygmalion, 1997.
Le soviet de Pétrograd donne le ton du bras de fer qui s'engage entre le gouvernement provisoire et les rouges : il décrète l'installation, dans toutes les unités de l'armée, de soviets qui exerceront désormais le pouvoir, les officiers étant réduits à un rôle de figuration... lorsqu'il ne sont pas purement et simplement massacrés, souvent dans d'horribles conditions. Déboussolés, trop heureux de sauver leur peau, beaucoup d'officiers abdiquent et subissent. D'autres vont tenter de sauver ce qui peut l'être.
C'est le cas du général Kornilov. Cosaque du Turkestan, il a derrière lui une brillante carrière et, jugeant le régime tsariste vermoulu, a accueilli la révolution avec sympathie. Il a été du coup nommé gouverneur de Pétrograd par la Douma. Démissionnaire de ce poste après avoir vainement tenté de rétablir la discipline, il est nommé au commandement de la VIIIe armée, où il fait fusiller déserteurs et mutins. Attitude devenue rarissime ... En juillet 1917, il est désigné comme commandant en chef des armées russes... ou de ce qu'il en reste. Mais son attitude énergique inquiète Kérenski, qui voit en lui un rival. Il lui reproche de faire marcher sur Pétrograd, pour rétablir l'ordre, les cosaques de la Division sauvage et, le 13 août, prononce sa destitution. Arrêté, Kornilov est interné tandis qu'une épuration féroce décapite l'armée russe (dans le seul mois de septembre 1917, 40 000 officiers sont chassés de l'armée ou démissionnent). Le nouveau chef d'état-major général, Doukhonine, est si écœuré par la détérioration accélérée de la situation qu'il facilite l'évasion de Kornilov. Celle-ci est d'autant plus facile qu'il est censé être sous la surveillance de cosaques du Tek... qui lui sont en fait totalement dévoués. Evadé en compagnie de Dénikine, Kornilov rejoint la capitale du Don. Là, il lance un appel aux volontaires pour créer une armée antibolchevique. Les "gardes blancs" sont peu nombreux. Mais grâce au charisme de Kornilov, qui se présente lui-même comme le "fils d'un paysan-cosaque", ils rallient de nouveaux volontaires. Un régiment de choc est formé, qui porte comme emblème la tête de mort. Signe prémonitoire pour Kornilov, tué au combat le 1er avril 1918.
P V National Hebdo du 3 au 9 septembre 1998
Pour approfondir : Dominique Venner, Les Blancs et les Rouges, Pygmalion, 1997.
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