A la fin du Moyen Age, la réputation militaire des Suisses n'est plus à faire. Dès la victoire fondatrice de Morgarten (1315), remportée par les rudes montagnards des cantons d'Uri, Schwyz et Untervalden sur les chevaliers du duc Léopold d'Autriche, il est clair qu'est née une force militaire avec laquelle il va falloir compter. En 1386, trois mille chevaliers lorrains en font à leur tour la cuisante expérience à la bataille de Sempach. La Ligue helvétique, organisée en confédération, dispose d'une infanterie redoutable : porteurs de piques de 6 mètres, fixées en terre obliquement et bloquées avec le pied ; les Suisses forment des hérissons sur lesquels viennent s'enferrer les charges de cavalerie. Organisation méthodique : les piquiers sont groupés en forts carrés d'un millier d'hommes, les batailles, constituées selon la parenté et la commune ; chaque bataille est commandée par un hauptmann ("capitaine") ; l'unité de base, d'une centaine de combattants, est commandée par un venner ("enseigne"). « Solides comme des tours et pourtant capables de manœuvrer » (B. Chevalier), les bataillons suisses battent le duc de Bourgogne Charles le Téméraire à Grandson et à Morat.
En France, Louis XI a pu apprécier ces Suisses qu'il a combattus et qui sont ensuite devenus ses alliés. C'est pourquoi il engage à son service, en 1481, des hallebardiers qui vont constituer la compagnie des Cent-Suisses de la garde du roi. Il charge par ailleurs Guillaume de Diesbach d'organiser son infanterie, au moment où naît, après les premières initiatives de Charles VII, la première armée royale permanente.
Au sein de la Maison du roi, largement développée au XVIIe siècle par Louis XIV, les Cent-Suisses appartiennent à la « Garde du dedans » affectée au service intérieur des résidences royales. La « Garde du dehors », elle, est chargée, comme son nom l'indique, de la protection extérieure des bâtiments. Outre des unités de cavalerie, on y trouve deux régiments d'infanterie, dont l'un est constitué de gardes suisses. Créés par Charles IX en 1573, les gardes suisses ont été organisés en régiment par Louis XIII en 1616. Ils portent l'uniforme rouge rehaussé de bleu et reçoivent une solde double. Soldats aguerris et fiers de leurs traditions, les gardes suisses vont avoir avec la Révolution l'occasion de prouver ce que représentent pour, eux les mots honneur et fidélité.
A l'été de 1792, le climat est très lourd à Paris. Le 29 juillet, lors d'une séance tendue au club des Jacobins, Robespierre a réclamé la suspension du roi, nécessaire préalable de l'élection d'une Convention nationale. Le duc de Brunswick, chef des armées autrichienne et prussienne coalisées contre la France, fait ce qu'il ne fallait pas faire, en menaçant dans un manifeste les Parisiens de destruction totale « s'il est fait le moindre outrage à leurs Majestés, le roi, la reine et la famille royale ». Le 9 août au soir l'émeute gronde dans Paris. Les sections révolutionnaires cernent les Tuileries. Réveillé,le roi ne sait pas encourager ses défenseurs par des mots et une attitude appropriés à la gravité du moment. Il se laisse convaincre par Roederer, procureur-syndic de Paris, d'aller se réfugier avec sa famille au Manège, où siège l'Assemblée.
Au matin, les Tuileries sont investies et les Suisses tirent. Le roi se laisse convaincre par les députés de leur envoyer l'ordre écrit de cesser le feu et de regagner leurs casernes. « Ils obéirent, écrit Jean Tulard, mais comme ils opéraient leur mouvement, ils furent cernés et massacrés dans des conditions ignobles par les émeutiers. Un déferlement de violence secoua la foule des envahisseurs, une fois le danger passé : gentilshommes comme Clermont-Tonnerre ou d'Hallouville, journalistes à l'exemple de Suleau, ou simples domestiques connurent un sort funeste. Il y aurait eu 800 morts. La Terreur était lancée. »
P.V National Hebdo du 6 au 12 août 1998
En France, Louis XI a pu apprécier ces Suisses qu'il a combattus et qui sont ensuite devenus ses alliés. C'est pourquoi il engage à son service, en 1481, des hallebardiers qui vont constituer la compagnie des Cent-Suisses de la garde du roi. Il charge par ailleurs Guillaume de Diesbach d'organiser son infanterie, au moment où naît, après les premières initiatives de Charles VII, la première armée royale permanente.
Au sein de la Maison du roi, largement développée au XVIIe siècle par Louis XIV, les Cent-Suisses appartiennent à la « Garde du dedans » affectée au service intérieur des résidences royales. La « Garde du dehors », elle, est chargée, comme son nom l'indique, de la protection extérieure des bâtiments. Outre des unités de cavalerie, on y trouve deux régiments d'infanterie, dont l'un est constitué de gardes suisses. Créés par Charles IX en 1573, les gardes suisses ont été organisés en régiment par Louis XIII en 1616. Ils portent l'uniforme rouge rehaussé de bleu et reçoivent une solde double. Soldats aguerris et fiers de leurs traditions, les gardes suisses vont avoir avec la Révolution l'occasion de prouver ce que représentent pour, eux les mots honneur et fidélité.
A l'été de 1792, le climat est très lourd à Paris. Le 29 juillet, lors d'une séance tendue au club des Jacobins, Robespierre a réclamé la suspension du roi, nécessaire préalable de l'élection d'une Convention nationale. Le duc de Brunswick, chef des armées autrichienne et prussienne coalisées contre la France, fait ce qu'il ne fallait pas faire, en menaçant dans un manifeste les Parisiens de destruction totale « s'il est fait le moindre outrage à leurs Majestés, le roi, la reine et la famille royale ». Le 9 août au soir l'émeute gronde dans Paris. Les sections révolutionnaires cernent les Tuileries. Réveillé,le roi ne sait pas encourager ses défenseurs par des mots et une attitude appropriés à la gravité du moment. Il se laisse convaincre par Roederer, procureur-syndic de Paris, d'aller se réfugier avec sa famille au Manège, où siège l'Assemblée.
Au matin, les Tuileries sont investies et les Suisses tirent. Le roi se laisse convaincre par les députés de leur envoyer l'ordre écrit de cesser le feu et de regagner leurs casernes. « Ils obéirent, écrit Jean Tulard, mais comme ils opéraient leur mouvement, ils furent cernés et massacrés dans des conditions ignobles par les émeutiers. Un déferlement de violence secoua la foule des envahisseurs, une fois le danger passé : gentilshommes comme Clermont-Tonnerre ou d'Hallouville, journalistes à l'exemple de Suleau, ou simples domestiques connurent un sort funeste. Il y aurait eu 800 morts. La Terreur était lancée. »
P.V National Hebdo du 6 au 12 août 1998
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