Autorisée par lettres patentes, une banque est fondée à Paris le 2 mai 1716. Société par actions, au capital de 6 millions de livres, cette banque privée, d'escompte et d'émission, habilitée à émettre des billets au porteur, est étroitement liée au pouvoir puisque 75 % de son capital sont en billets d'Etat. Le paiement des impôts en billets de banque sera d'ailleurs autorisé le 10 avril 1717. Ces privilèges sont dus à l'appui que fournit le Régent Philippe d'Orléans au fondateur de la banque John Law.
Ce personnage est pourtant quelque peu louche. Fils d'un orfèvre installé à Edimbourg et qui a acheté à grands frais des domaines qui lui permettent de se faire appeler « baron de Lauriston », John Law, après avoir dissipé sa fortune à Londres, a nomadisé à travers toute l'Europe avant de jeter son dévolu sur Paris en 1708. Il fréquente les tripots et joue gros jeu. S'étant introduit dans l'entourage du duc d'Orléans, il capte son attention en lui proposant des solutions hardies pour remédier aux difficultés financières de l'Etat. Les dépenses de l'Etat, qui ont doublé entre 1689 et 1967, ont doublé à nouveau entre 1701 et 1714... Cet accroissement des dépenses ne peut être couvert que par un ensemble d'expédients et par le recours à l'emprunt. C'est dans cette conjoncture difficile que Law prétend apporter un remède miracle. Après un départ précipité de Paris, sur ordre du lieutenant de police qui l'accuse de malversations (« il en savait trop aux jeux qu'il avait introduits dans cette capitale »), l'aventurier y revient après la mort de Louis XIV et retrouve aussitôt l'oreille de Philippe d'Orléans, désormais Régent - et très sensible aux questions d'argent, comme devaient l'être nombre de ses descendants.
L'ascension de Law est spectaculaire. Les billets émis par sa banque, se substituent à la lettre de change traditionnelle, jusque sur la place d'Amsterdam. Le 4 décembre 1718, un édit transforme la banque privée en Banque Royale. Par ailleurs, Law a fondé en août 1717 la Compagnie du commerce d'Occident, dont sa banque a souscrit le capital. Obtenant le privilège exclusif du commerce avec la Louisiane et le Canada (pour les peaux de castor), la Compagnie reçoit ensuite le monopole du commerce avec les Indes, la Chine et l'Afrique.
L'argent des particuliers afflue rue Quincampoix, au siège de la banque Law obtient le bail des fermes et gère le remboursement de la dette publique par une émission continuelle de monnaie fiduciaire. Tout semble lui sourire. Consécration : il accède au contrôle général des Finances en janvier 1720. Les billets remboursables au porteur et à vue, obtenus contre de bons écus, représentent bientôt la somme fabuleuse de 2 696 400 000 francs. La fureur spéculative est au comble et l'on se bouscule frénétiquement rue Quincampoix.
Mais quelques grands personnages (dont le duc de Bourbon et le prince de Conti), qui ont beaucoup investi, prennent peur et se dégagent. Le château de cartes s'écroule, la panique se répand. Des milliers d'imprudents sont ruinés du jour au lendemain, certains se suicident.
Quelques malins ont fait des fortunes spectaculaires. Law, lui, s'enfuit sous un déguisement jusqu'à Bruxelles.
P. V National Hebdo du 30 avril au 6 mai 1998
Ce personnage est pourtant quelque peu louche. Fils d'un orfèvre installé à Edimbourg et qui a acheté à grands frais des domaines qui lui permettent de se faire appeler « baron de Lauriston », John Law, après avoir dissipé sa fortune à Londres, a nomadisé à travers toute l'Europe avant de jeter son dévolu sur Paris en 1708. Il fréquente les tripots et joue gros jeu. S'étant introduit dans l'entourage du duc d'Orléans, il capte son attention en lui proposant des solutions hardies pour remédier aux difficultés financières de l'Etat. Les dépenses de l'Etat, qui ont doublé entre 1689 et 1967, ont doublé à nouveau entre 1701 et 1714... Cet accroissement des dépenses ne peut être couvert que par un ensemble d'expédients et par le recours à l'emprunt. C'est dans cette conjoncture difficile que Law prétend apporter un remède miracle. Après un départ précipité de Paris, sur ordre du lieutenant de police qui l'accuse de malversations (« il en savait trop aux jeux qu'il avait introduits dans cette capitale »), l'aventurier y revient après la mort de Louis XIV et retrouve aussitôt l'oreille de Philippe d'Orléans, désormais Régent - et très sensible aux questions d'argent, comme devaient l'être nombre de ses descendants.
L'ascension de Law est spectaculaire. Les billets émis par sa banque, se substituent à la lettre de change traditionnelle, jusque sur la place d'Amsterdam. Le 4 décembre 1718, un édit transforme la banque privée en Banque Royale. Par ailleurs, Law a fondé en août 1717 la Compagnie du commerce d'Occident, dont sa banque a souscrit le capital. Obtenant le privilège exclusif du commerce avec la Louisiane et le Canada (pour les peaux de castor), la Compagnie reçoit ensuite le monopole du commerce avec les Indes, la Chine et l'Afrique.
L'argent des particuliers afflue rue Quincampoix, au siège de la banque Law obtient le bail des fermes et gère le remboursement de la dette publique par une émission continuelle de monnaie fiduciaire. Tout semble lui sourire. Consécration : il accède au contrôle général des Finances en janvier 1720. Les billets remboursables au porteur et à vue, obtenus contre de bons écus, représentent bientôt la somme fabuleuse de 2 696 400 000 francs. La fureur spéculative est au comble et l'on se bouscule frénétiquement rue Quincampoix.
Mais quelques grands personnages (dont le duc de Bourbon et le prince de Conti), qui ont beaucoup investi, prennent peur et se dégagent. Le château de cartes s'écroule, la panique se répand. Des milliers d'imprudents sont ruinés du jour au lendemain, certains se suicident.
Quelques malins ont fait des fortunes spectaculaires. Law, lui, s'enfuit sous un déguisement jusqu'à Bruxelles.
P. V National Hebdo du 30 avril au 6 mai 1998
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