jeudi 5 juin 2008

Boudarel n'était pas seul

De Paris, le PC luttait contre l'armée française en Indochine

• Le cas du triste sire Boudarel a légitimement défrayé la chronique. Mais il semble que l'arbre Boudarel ait caché à beaucoup la forêt de la trahison communiste lors de la guerre d'Indochine. Il n'y avait pas que ceux qui se trouvaient carrément dans les rangs des tueurs de leurs compatriotes, tel l'intellectuel dévoyé Boudarel. En plein Paris, rue Saint-Georges, fonctionnait, sous l'appellation de « section coloniale », puis de « section de politique extérieure » du PC, toute une organisation dont la seule raison d'être visait à « travailler à la défaite de l'armée française partout où elle se bat », selon les propres termes du dirigeant communiste Jacques Duclos, en 1952.

La tâche principale de cette section consista à saboter le ravitaillement du Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient, à communiquer aux communistes vietnamiens les plans de bataille de nos troupes, à démoraliser les familles des militaires partis là-bas, à dresser l'opinion contre eux. Tous les membres de Ia « section coloniale » s'occupèrent activement de ces « tâches ». Ceux qui étaient « spécialistes » de l'Afrique du Nord entreprenaient par exemple de recenser les militaires originaires du Maghreb combattant en Indochine. Lorsque l'un de ces combattants tombait par malheur aux mains du Vietminh (les communistes du Vietnam), le Parti communiste « français », dûment informé, se chargeait de mener une enquête sur la famille, afin de transmettre aux geôliers d'Ho-Chi-Minh des éléments permettant de faire pression sur lui, pour l'amener si possible à trahir.

Les soldats issus de métropole ne se trouvaient pas à l'abri de telles pratiques, menées souvent de façon très insidieuses. Les Boudarel de Paris procédaient en usant de toutes les ressources de la guerre psychologique. Parmi les responsables de cette sale besogne, se distingua un apparatchik du nom de Léopold Figuères. En 1950, année terrible pour nos combattants au Tonkin, il était âgé de 32 ans et détenait aussi des fonctions importantes dans le secteur « jeunesse » du PC. Rédacteur en chef de l'organe des Jeunesses communistes de l'époque (qu'on appelait alors l'UJRF : Union de la Jeunesse républicaine de France), L'Avant-Garde, ce membre suppléant du comité central du parti déployait un zèle extrême.

En juin et juillet 1950, « Léo » Figuères partit pour les zones dominées par les bandes armées communistes, à un moment où celles-ci lançaient des offensives meurtrières contre nos unités. Il fut reçu avec un grand tam-tam médiatique du camp international marxiste par le chef rebelle Ho-Chi-Minh en personne, salua comme des frères les soldats vietminh et se rendit en grande pompe chez les « commandos internationaux ». Il s'agissait des traîtres à la Boudarel. « Léo » se garda bien, toutefois, de visiter les prisonniers et otages français aux mains de ses amis.

Peu de temps après, madame Vidal, mère d'un otage français du Vietminh, demeurant dans le Var, à Brue, recevait un double courrier stupéfiant, sur papier à en-tête de L'Avant-Garde :

« Paris, le 7 août 1950
Chère Madame,
J'ai le plaisir de vous adresser ci-joint une lettre qui m'a été confiée, lors de mon séjour au Vietnam libre, par les services vietnamiens s'occupant des prisonniers et des internés français.
Je suis persuadé que cette lettre vous rassurera sur le sort d'un être cher.
Je puis ajouter que les autorités démocratiques du Vietnam libre font tout pour rendre la vie supportable aux captifs.
J'exprime, en terminant, le souhait que les efforts des familles et ceux des organisations qui se sont toujours dressées contre la guerre insensée faite en Indochine aboutissent à faire revenir dans leurs foyers tous les prisonniers et internés français.
Veuillez agréer l'assurance de mes sentiments très dévoués.
Le directeur de L'Avant-Garde, Léon Figuères »

Le petit télégraphiste de l'ennemi ne se doutait pas alors qu'il allait, deux ans plus tard, recevoir une réponse à sa misérable manœuvre. Le fils de madame Vidal, Pierre Vidal, enfin arraché aux griffes vietminh, découvrit alors ce texte parmi les papiers de sa mère. Il manifesta publiquement son indignation, notamment dans le journal La République du Var, et dans Combattants d'Indochine. Il décrivit, au passage, ses terribles conditions de vie en tant que prisonnier du Vietminh (ce que « Léo » appelait « rendre la vie supportable »). Il était réduit à manger de l'herbe, et il dut aussi subir le supplice de la cage à buffle.

Le directeur de l'Avant-Garde est aujourd'hui maire communiste de Malakoff, dans les Hauts-de-Seine, et jouit de toute la considération des autorités préfectorales et ministérielles.

René-Louis DUVAL


L'élève D'Ho-Chi-Minh

• Pourquoi Léopold Figuères, dit « Léo », fut-il envoyé par le PC en Indochine, rencontrer les chefs d'une rébellion antifrançaise, au moment précis d'une terrible offensive communiste contre nos troupes ? L'explication tient au fait que le camarade Léo était particulièrement sûr. C'était un « internationaliste » de choc, formé à l'Ecole léniniste de Moscou, en 1936-1937. Une condition nécessaire, mais remplie par bien d'autres que lui, dans le PC de 1950. Certes. Avec, cependant, un petit détail, du genre décisif : à Moscou, le jeune Léo (il avait alors 18 ans) bénéficiait des cours d'un professeur barbichu, très intéressé par les Français : Ho-Chi-Minh.

RG amnésiques

Pas la peine de chercher la trace des exploits indochinois de « Léo » Figuères dans sa fiche des Renseignements généraux.

Dès 1962, comme en témoigne le document reproduit, les RG avaient soigneusement expurgé toute trace du scabreux périple du dirigeant communiste au Vietnam. A noter au passage le piège grossier tendu à l'utilisateur naïf du document policier. Contrairement à ce qui est mentionné sur la fiche, Figuères ne figurait pas au Comité central du PC entre 1936 et 1940. Il était bien trop jeune pour cela. Il siégeait à la direction de la JC (CC, de la JC), ce qui n'est pas du tout le même niveau de responsabilité. Cette « nuance » permettait au PC de savoir instantanément qui utilisait les documents de police, car la quasi-totalité de ceux concernant ses dirigeants comportaient de telles « erreurs ». (Le Crapouillot n° 108 a publié sur les rapports PC/RG une étude à laquelle nous renvoyons les lecteurs désireux d'en savoir plus).

R. L. D. National Hebdo du 30 juillet au 5 août 1992

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