La fin lamentable de l'expédition de Suez du fait des menaces soviéto-américaines n'est pas une catastrophe. Certes, il eût mieux valu ... ne pas y aller que de se ridiculiser, mais (dixit M. Guy Mollet) « Nasser, c'était Hitler! » donc il fallait l'abattre.
Mais pourquoi avoir attendu si longtemps ? Ne pouvait-on agir autrement ?
Dès le 1er novembre 1954, la France sait pourtant à quoi s'en tenir. C'est à la radio du Caire, chose peu connue, qu'est lue la proclamation d'indépendance de l'Algérie en synchronisation avec les tueries déclenchées le même jour en Algérie et dont les premiers morts seront un couple d'instituteurs et un musulman fidèle qui s'interposa entre eux et les assassins. C'est au Caire aussi que se rendra Ferhat Abbas par la suite. La capitale égyptienne est la plaque tournante de la propagande antifrançaise, et c'est là que l'on tourne des films montrant une prétendue « réalité algérienne ». Une caricature insane qui présente des colons à cheval, casque colonial sur la tête, cravache à la main, bastonnant des Algériens en guenilles attelés à des charrues, pendant que des « femmes françaises », portant ombrelles, applaudissent et rient à gorge déployée ... Voilà le genre d'actualités que les techniciens soviétiques, spécialistes de la manipulation des masses, font « fabriquer » aux propagandistes arabes, c'est déjà la méthode des enfants de Goebbels et du KGB.
Ces « actualités » projetées dans tout le Proche-Orient soulèvent bien entendu, l'indignation des foules illettrées et misérables. De son côté, Nasser, soutenant la cause algérienne, dont il se prétend l'avocat, prend déjà une figure de leader derrière lequel s'alignent tous les gouvernements de la Ligue arabe née, elle aussi au Caire, en mars 1945.
En France, le 12 novembre 1954, le président du Conseil, Pierre Mendès France, déclare devant l'Assemblée nationale: « L'Algérie est française.» Il n'y a donc pas de sécession concevable. Son ministre de l'Intérieur dans une envolée patriotique s'écrie : « L'Algérie c'est la France, trois mots définissent ma politique : volonté, fermeté, présence ! » Ce ministre c'est M. Mitterrand!
Déjà aussi en Algérie les syndicalistes américains « rôdent »
C'est juste l'année de l'insurrection qu'ils essaient de prendre en main les syndicats algériens. Drôles de syndicalistes d'ailleurs qui, certainement par philanthropie, se trouvent toujours depuis 1945 aux côtés des grandes sociétés pétrolières américaines, dans les conseils d'administration desquelles sont bien placés d'importants hommes politiques, donnés eux comme « amis de la France », mais qui, de la Syrie au Liban hier, à l'Algérie aujourd'hui sont totalement hostiles à la France et à sa présence au Proche-Orient puis en Afrique du Nord.
CIA et FLN
N'oublions pas qu'avec les Anglais ils ont joué, après la guerre, Bourguiba contre nous, alors que ce dernier avait été un agent zélé de l'Italie fasciste et de l'Allemagne nazie.
A cette époque les liens entre les pouvoirs de Londres et de Washington, les services secrets dits « alliés » et les milieux d'affaires ne sont même plus à démontrer.
Forts de la caution antifrançaise de Roosevelt, lui aussi « grand ami de la France », les services américains ont souvent laissé faire des choses pas très belles par des « militaires » de haut rang représentant en fait les puissances financières d'outre-Atlantique.
Ce fut le cas en Indochine avec Ho Chi Minh, ce fut le cas dans tous les pays d'Afrique du Nord.
Roosevelt en personne rencontra d'ailleurs dans ce sens le sultan du Maroc Mohammed V en 1943 et Ferhat Abbas en 1945. Murphy, son représentant personnel pour l'Afrique du Nord, sera en contact avec tous les milieux antifrançais.
Il est prouvé aujourd'hui que la CIA a fourni de très importantes sommes au FLN naissant.
Il n'y a pas lieu de s'étonner mais il y a lieu de ne pas se cacher, que, pour des raisons idéologiques autant que mercantiles, les Américains ont œuvré avec constance contre la présence française en Asie et en Afrique.
Il faut bien dire aussi que ces manœuvres ont été grandement facilitées par l'occupation de l'Afrique du Nord à partir de novembre 1942, par les armées américaines.
Dès leur débarquement, les services américains s'empressèrent de poser des problèmes aux autorités françaises et de bloquer des rouages de notre administration qui fut ainsi elle-même mise en tutelle. On peut imaginer quelles conclusions allaient rapidement en tirer les indigènes. Notre prestige ne pouvait qu'en être légitimement anéanti.
Sans doute que pour les Etats-Unis les hommes du FLN ne pouvaient être que de braves gens puisque durant les deux premières années de « guerre », de fin 1954 à 1956, ils n'avaient jamais assassiné que 4 500 musulmans algériens soupçonnés de sympathie pour la France, et en avaient fait disparaître sans aucun jugement près de 3000 ...
Il n'y a pas qu'eux d'ailleurs, à cette époque, qui les trouvent fréquentables ... puisque M. Pineau rencontre Nasser - à qui sûrement il n'a rien à reprocher - et lui demande d'organiser une réunion avec le FLN. Chose, bien sûr, que les « frères » refusent. Ne viennent-ils pas de recevoir la visite de hauts fonctionnaires soviétiques qui leur assurent l'appui total de Moscou ?
Les Soviétiques déjà rient en sourdine. N'ont-ils pas fait faire un nouveau demi-tour à 1800 aux hommes du PCF ? Ceux-ci en 1945, membres du gouvernement ont condamné le soulèvement de Sétif, oeuvre de « provocateurs hitlériens », et M. Tillon, ministre communiste de l'Air fera donner l'aviation contre les villages d'où semble être partie l'émeute.
Pas tout à fait sur le même diapason, chose assez rare, Benoît Frachon, dirigeant de la CGT, déclare à la même époque: « La CGT aidera les populations nord-africaines à conquérir leur indépendance totale. »
Méthodes terroristes
Lorsque l'on peut juger d'une époque avec du recul et savoir donc, pour l'avoir vécue, en avoir été un témoin actif, ce que furent les événements dramatiques des années suivantes, il faut bien relire à deux fois les déclarations de certains hommes politiques « de gauche » ou « gaullistes » pour en croire ses yeux.
« Qu'on n'attende de nous aucun ménagement à l'égard de la sédition, aucun compromis avec elle. Les départements d'Algérie font partie de la République. Ils sont français depuis longtemps. Entre la population algérienne et la métropole, il n'est pas de sécession concevable. Jamais la France, jamais aucun parlement, jamais aucun gouvernement ne cédera sur ce principe fondamental. »
Déjà pourtant les hommes du FLN emploient les méthodes de terrorisme lénino-marxiste.
La population musulmane dans son ensemble demande à la France des aménagements à son statut, mais ne veut ni la guerre, ni la séparation. Alors il faut creuser le fossé entre les communautés et c'est le chef rebelle du Nord Constantinois Zighout Youssef commandant un embryon de bande (qui deviendra la willaya n° 2) qui se charge de cette « mission ». Le 20 août 1955 dans la région de Philippeville des petites agglomérations où les deux communautés vivent en paix sont attaquées : Collo, El Milia, Didjelli, Guelha, El Halia, Ain Abid. Les Européens sont massacrés. Dans leur grande majorité ce sont des gens modestes, des travailleurs. Partout des scènes horribles, hommes, femmes, enfants sont tués à coups de pelle, de pioche, de scie. Les femmes, les gamines sont violées. La désolation et le carnage s'abattent sur la petite cité minière d'El Halia qui deviendra un symbole pour les Européens et les musulmans fidèles, eux aussi tués par centaines. Avec les troupes qui arrivent se trouve un capitaine, ancien résistant; devant le spectacle il déclare : « Les boches étaient des salauds, mais même à Oradour, où le sommet de l'horreur semblait atteint, ils n'ont pas été jusque-là! » Des bébés ont en effet été cloués sur une porte avec des pioches à travers leur pauvre petit corps.
Toute cette horreur n'a qu'un but, attirer la répression ... elle vient ! Elle ne pouvait pas ne pas venir !
A cette époque, les communistes français n'étant plus dans le gouvernement, il n'est possible de tirer sur les rebelles ... qu'en cas de légitime défense, ou alors attendre l'arrivée des gendarmes ... ou tout officier de police judiciaire ...
C'est ce genre d'absurdités qui déclenche les représailles des rescapés civils et de leurs parents ou amis venus de villages voisins. La répression est sévère : plus de 1 500 exécutions. C'est ce que voulait les maîtres à penser de la rébellion ... Ils ont gagné la première manche!
Roger Holeindre National Hebdo du 13 au 19 janvier 2000
Mais pourquoi avoir attendu si longtemps ? Ne pouvait-on agir autrement ?
Dès le 1er novembre 1954, la France sait pourtant à quoi s'en tenir. C'est à la radio du Caire, chose peu connue, qu'est lue la proclamation d'indépendance de l'Algérie en synchronisation avec les tueries déclenchées le même jour en Algérie et dont les premiers morts seront un couple d'instituteurs et un musulman fidèle qui s'interposa entre eux et les assassins. C'est au Caire aussi que se rendra Ferhat Abbas par la suite. La capitale égyptienne est la plaque tournante de la propagande antifrançaise, et c'est là que l'on tourne des films montrant une prétendue « réalité algérienne ». Une caricature insane qui présente des colons à cheval, casque colonial sur la tête, cravache à la main, bastonnant des Algériens en guenilles attelés à des charrues, pendant que des « femmes françaises », portant ombrelles, applaudissent et rient à gorge déployée ... Voilà le genre d'actualités que les techniciens soviétiques, spécialistes de la manipulation des masses, font « fabriquer » aux propagandistes arabes, c'est déjà la méthode des enfants de Goebbels et du KGB.
Ces « actualités » projetées dans tout le Proche-Orient soulèvent bien entendu, l'indignation des foules illettrées et misérables. De son côté, Nasser, soutenant la cause algérienne, dont il se prétend l'avocat, prend déjà une figure de leader derrière lequel s'alignent tous les gouvernements de la Ligue arabe née, elle aussi au Caire, en mars 1945.
En France, le 12 novembre 1954, le président du Conseil, Pierre Mendès France, déclare devant l'Assemblée nationale: « L'Algérie est française.» Il n'y a donc pas de sécession concevable. Son ministre de l'Intérieur dans une envolée patriotique s'écrie : « L'Algérie c'est la France, trois mots définissent ma politique : volonté, fermeté, présence ! » Ce ministre c'est M. Mitterrand!
Déjà aussi en Algérie les syndicalistes américains « rôdent »
C'est juste l'année de l'insurrection qu'ils essaient de prendre en main les syndicats algériens. Drôles de syndicalistes d'ailleurs qui, certainement par philanthropie, se trouvent toujours depuis 1945 aux côtés des grandes sociétés pétrolières américaines, dans les conseils d'administration desquelles sont bien placés d'importants hommes politiques, donnés eux comme « amis de la France », mais qui, de la Syrie au Liban hier, à l'Algérie aujourd'hui sont totalement hostiles à la France et à sa présence au Proche-Orient puis en Afrique du Nord.
CIA et FLN
N'oublions pas qu'avec les Anglais ils ont joué, après la guerre, Bourguiba contre nous, alors que ce dernier avait été un agent zélé de l'Italie fasciste et de l'Allemagne nazie.
A cette époque les liens entre les pouvoirs de Londres et de Washington, les services secrets dits « alliés » et les milieux d'affaires ne sont même plus à démontrer.
Forts de la caution antifrançaise de Roosevelt, lui aussi « grand ami de la France », les services américains ont souvent laissé faire des choses pas très belles par des « militaires » de haut rang représentant en fait les puissances financières d'outre-Atlantique.
Ce fut le cas en Indochine avec Ho Chi Minh, ce fut le cas dans tous les pays d'Afrique du Nord.
Roosevelt en personne rencontra d'ailleurs dans ce sens le sultan du Maroc Mohammed V en 1943 et Ferhat Abbas en 1945. Murphy, son représentant personnel pour l'Afrique du Nord, sera en contact avec tous les milieux antifrançais.
Il est prouvé aujourd'hui que la CIA a fourni de très importantes sommes au FLN naissant.
Il n'y a pas lieu de s'étonner mais il y a lieu de ne pas se cacher, que, pour des raisons idéologiques autant que mercantiles, les Américains ont œuvré avec constance contre la présence française en Asie et en Afrique.
Il faut bien dire aussi que ces manœuvres ont été grandement facilitées par l'occupation de l'Afrique du Nord à partir de novembre 1942, par les armées américaines.
Dès leur débarquement, les services américains s'empressèrent de poser des problèmes aux autorités françaises et de bloquer des rouages de notre administration qui fut ainsi elle-même mise en tutelle. On peut imaginer quelles conclusions allaient rapidement en tirer les indigènes. Notre prestige ne pouvait qu'en être légitimement anéanti.
Sans doute que pour les Etats-Unis les hommes du FLN ne pouvaient être que de braves gens puisque durant les deux premières années de « guerre », de fin 1954 à 1956, ils n'avaient jamais assassiné que 4 500 musulmans algériens soupçonnés de sympathie pour la France, et en avaient fait disparaître sans aucun jugement près de 3000 ...
Il n'y a pas qu'eux d'ailleurs, à cette époque, qui les trouvent fréquentables ... puisque M. Pineau rencontre Nasser - à qui sûrement il n'a rien à reprocher - et lui demande d'organiser une réunion avec le FLN. Chose, bien sûr, que les « frères » refusent. Ne viennent-ils pas de recevoir la visite de hauts fonctionnaires soviétiques qui leur assurent l'appui total de Moscou ?
Les Soviétiques déjà rient en sourdine. N'ont-ils pas fait faire un nouveau demi-tour à 1800 aux hommes du PCF ? Ceux-ci en 1945, membres du gouvernement ont condamné le soulèvement de Sétif, oeuvre de « provocateurs hitlériens », et M. Tillon, ministre communiste de l'Air fera donner l'aviation contre les villages d'où semble être partie l'émeute.
Pas tout à fait sur le même diapason, chose assez rare, Benoît Frachon, dirigeant de la CGT, déclare à la même époque: « La CGT aidera les populations nord-africaines à conquérir leur indépendance totale. »
Méthodes terroristes
Lorsque l'on peut juger d'une époque avec du recul et savoir donc, pour l'avoir vécue, en avoir été un témoin actif, ce que furent les événements dramatiques des années suivantes, il faut bien relire à deux fois les déclarations de certains hommes politiques « de gauche » ou « gaullistes » pour en croire ses yeux.
« Qu'on n'attende de nous aucun ménagement à l'égard de la sédition, aucun compromis avec elle. Les départements d'Algérie font partie de la République. Ils sont français depuis longtemps. Entre la population algérienne et la métropole, il n'est pas de sécession concevable. Jamais la France, jamais aucun parlement, jamais aucun gouvernement ne cédera sur ce principe fondamental. »
Déjà pourtant les hommes du FLN emploient les méthodes de terrorisme lénino-marxiste.
La population musulmane dans son ensemble demande à la France des aménagements à son statut, mais ne veut ni la guerre, ni la séparation. Alors il faut creuser le fossé entre les communautés et c'est le chef rebelle du Nord Constantinois Zighout Youssef commandant un embryon de bande (qui deviendra la willaya n° 2) qui se charge de cette « mission ». Le 20 août 1955 dans la région de Philippeville des petites agglomérations où les deux communautés vivent en paix sont attaquées : Collo, El Milia, Didjelli, Guelha, El Halia, Ain Abid. Les Européens sont massacrés. Dans leur grande majorité ce sont des gens modestes, des travailleurs. Partout des scènes horribles, hommes, femmes, enfants sont tués à coups de pelle, de pioche, de scie. Les femmes, les gamines sont violées. La désolation et le carnage s'abattent sur la petite cité minière d'El Halia qui deviendra un symbole pour les Européens et les musulmans fidèles, eux aussi tués par centaines. Avec les troupes qui arrivent se trouve un capitaine, ancien résistant; devant le spectacle il déclare : « Les boches étaient des salauds, mais même à Oradour, où le sommet de l'horreur semblait atteint, ils n'ont pas été jusque-là! » Des bébés ont en effet été cloués sur une porte avec des pioches à travers leur pauvre petit corps.
Toute cette horreur n'a qu'un but, attirer la répression ... elle vient ! Elle ne pouvait pas ne pas venir !
A cette époque, les communistes français n'étant plus dans le gouvernement, il n'est possible de tirer sur les rebelles ... qu'en cas de légitime défense, ou alors attendre l'arrivée des gendarmes ... ou tout officier de police judiciaire ...
C'est ce genre d'absurdités qui déclenche les représailles des rescapés civils et de leurs parents ou amis venus de villages voisins. La répression est sévère : plus de 1 500 exécutions. C'est ce que voulait les maîtres à penser de la rébellion ... Ils ont gagné la première manche!
Roger Holeindre National Hebdo du 13 au 19 janvier 2000
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