Dans les salles de rédaction de l'Humanité la nouvelle explose comme une bombe : l'Allemagne et l'Union soviétique viennent de conclure un accord commercial.
Aucun doute possible : C'est une dépêche de l'agence Tass (agence de presse officielle de l'U.R.S.S.), datée du 20 août 1939, qui l'annonce.
Le lendemain nouvelle alerte. La Pravda (Organe du Comité central du parti communiste d'U.R.S.S.) annonce que cet accord peut-être un pas sérieux dans l'amélioration... des relations non seulement économiques mais aussi politiques entre l'U.R.S.S et l'Allemagne.
Un nouveau flash : Ribbentrop, ministre des affaires étrangères du Reich, a pris l'avion pour Moscou. Il va signer un pacte de non-agression avec l'U.R.S.S.
« Ce pacte, prédit Jean Renaud, qui a toujours eu son franc parler, c'est la guerre !
Maurice Thorez réagit avec une molle conviction :
« Non, ce n'est pas la guerre... Non, je ne peux rien expliquer... Le coup est rude certes. »
Il refuse d'aller demander des éclaircissements à l'ambassade.
« Ce serait considéré par l'internationale comme une trahison envers la Russie
Le lendemain nouvelle alerte. La Pravda (Organe du Comité central du parti communiste d'U.R.S.S.) annonce que cet accord peut-être un pas sérieux dans l'amélioration... des relations non seulement économiques mais aussi politiques entre l'U.R.S.S et l'Allemagne.
Un nouveau flash : Ribbentrop, ministre des affaires étrangères du Reich, a pris l'avion pour Moscou. Il va signer un pacte de non-agression avec l'U.R.S.S.
« Ce pacte, prédit Jean Renaud, qui a toujours eu son franc parler, c'est la guerre !
Maurice Thorez réagit avec une molle conviction :
« Non, ce n'est pas la guerre... Non, je ne peux rien expliquer... Le coup est rude certes. »
Il refuse d'aller demander des éclaircissements à l'ambassade.
« Ce serait considéré par l'internationale comme une trahison envers la Russie
- oui, à Moscou, on croirait que je veux trahir. »
(Rivarol, 6 juin 1965)
Le lendemain, deux députés de la Dordogne, Sausst et Loubradou, qui ont réclamé la démarche démissionnent. Les ruptures commencent. Le parti va connaître sa plus grande crise.
Les principaux organes du parti tentent de justifier le pacte calamiteux en assurant qu'il fera reculer Hitler, reculer la guerre, qu'il faut le compléter en signant, vite, avec Moscou un pacte d'assistance mutuelle. Et les communistes se disent près à voter les crédits militaires et en cas de conflit, à accomplir leur devoir de soldats, et à participer sans restriction à l'effort de défense nationale ce qui équivaut à une déclaration de guerre à l'Allemagne leurs députés contribueront à faire échouer la tentative de Gaston Bergery, qui aurait voulu prendre la parole pour un ultime effort en faveur d'une solution pacifique.
Dans cette première phase, les communistes sont résolument défensistes (c'est à dire partisans de la défense nationale).
Ils continueraient certainement à défendre publiquement cette position au moins quelques temps, si le gouvernement, éperonné par une opinion publique que révolte le revirement de Staline, ne décidait, à la hâte, de leur coupé la parole.
Dans l'après-midi du 25 août, la police fait irruption à l'imprimerie de l'Humanité et saisit les plombs. Le quotidien communiste ne reparaîtra plus, légalement, avant la Libération.
Dans les jours qui suivent, Ce Soir, La Vie Ouvrière, Regards cessent de paraître. Le 30 août, le procureur de la République ouvre une information contre le parti.
Il faut cependant attendre le 26 septembre pour que celui-ci soit dissous.
S'affirmant solidaire de l'U.R.S.S, il a suscité contre lui la colère de la population, aggravée par l'entrée en guerre de l'Allemagne contre la Pologne. Mais du moins, l'U.R.S.S, reste encore à l'écart du conflit.
Le 17 septembre le voile se déchire, alors que l'armée polonaise est en train de s'effondrer, les troupes soviétiques, à leur tour, envahissent la Pologne, annexent des territoires à l'Est et au Sud-Est de ce pays.
Et Molotov, par télégramme félicite Hitler pour ses brillants succès.
C'en est trop le conseil des ministres dissout « de plein droit, le parti communiste, toutes associations, toutes organisations et tous mouvements de fait qui s'y rattachent et tous ceux qui, affiliés ou non à ce parti, se conforment, dans l'exercice de leurs activités, à des mots d'ordre relevant de la III internationale. »
La signature du pacte, l'occupation brutale de la Pologne provoquent à l'intérieur du parti la crise la plus grave que celui-ci aie connue, depuis la rupture avec Doriot.
Un tiers environ des parlementaires communistes (21 députés et 1 sénateur) rompent avec le parti, d'autres responsables démissionnent.
En quelques semaines, le parti subit une chute vertigineuse de popularité. Un froid polaire s'abat sur les militants qui restent fidèles.
Les malheurs du PCF ne s'arrêtent pas là. Isolé en France, il est sévèrement jugé à Moscou. Staline et les dirigeants de l'internationale exigent de sa direction un revirement immédiat.
« Pour nous _écrit Cachin_ nous entendons juger dans le seul intérêt de la France elle-même... Nous, communistes français, nous sommes attachés à notre pays par des liens solides... Nous ne recevons nos mots d'ordre que du peuple français. »
(Cité par Léon Blum dans son éditorial du Populaire, le 20 septembre.)
Marty, lui, dans une lettre ouverte à Léon Blum, écrite à Moscou et introduite de Belgique en France sous une fausse couverture portant le titre Pour la Victoire, tient un tout autre langage :
« L'actuelle guerre européenne, affirme-t-il, est une guerre provoquée par deux groupes impérialistes dont chacun veut dépouiller l'autre, par conséquent, les ouvriers, les paysans, les peuples, n'ont rien à voir dans cette affaire... Cette guerre, monsieur Blum, les ouvriers et les paysans français n'en veulent pas. Vous et les vôtres, socialistes d'union sacrée, vous avez été à la tête de la lutte contre le parti communiste français, la seule force opposée à cette guerre, c'est pour cela que vous avez exigé sa dissolution, croyant ainsi que la bourgeoisie aurait les mains libres pour mener cette guerre impérialiste, cette guerre injuste. »
Les députés communistes français ont voté les crédits militaires. La lettre de Cachin se réfère aux intérêts français. La lettre de Marty, en définissant le conflit comme l'affrontement de deux impérialismes, balaie ces conceptions opportunistes. Elle exprime la ligne de Moscou, qui doit devenir celle du parti: guerre à la guerre. Le retournement est évident et brutal.
Il est imposé par l'Internationale communiste qui en France est représentée par le camarade Clément.
Désormais, il n'est plus question d'agression. Hitlérisme est rayé du vocabulaire. La pousuite de la guerre, après l'occupation de la Pologne, devient une prolongation typiquement impérialiste. On ne va pas tarder à affirmer que la responsabilité principale appartient aux impérialistes français et britanniques qui oppriment les peuples coloniaux placés sous leur joug.
Molotov le dit clairement:
« l'Allemagne se trouve dans la situation d'un état qui aspire à voir la cessation rapide de la guerre...Tandis que l'Angleterre et la France qui, hier encore, s'affirmaient contre l'agression, sont pour la continuation de la guerre contre la conclusion de la paix; »
(Discours du 31 octobre1939 reproduit dans Les Cahiers du Bolchévisme de janvier 1940.)
Si le parti dans ses cadres les plus hauts, est encore assommé par le pacte et par l'agression contre la Pologne, il est cependant invité à passer à une offensive violemment anti-belliciste.
Abandonnant les positions patriotiques_ qui ne datent guère que de 1936_il va revenir à la ligne du défaitisme révolutionnaire préconisée par Lénine pendant la guerre 14-18.
Cette nouvelle orientation du combat doit se traduire, non seulement par les multiples expressions de l'Agit-Prop, mais par des actes concrets contre l'effort de guerre .
Un des premiers et des plus importants de ces actes, c'est la désertion de Maurice Thorez.
Les communistes savent de longue date que, pour gripper la machine militaire, il faut s'infiltrer dans ses centres nerveux pour entre autre collecter des renseignements, faciliter des affectations à telle ou telle unité, faire procéder à des démobilisations pour des affectations spéciales.....
Des actes de sabotages ont lieu dans les entreprises travaillant pour la défense nationale:
Ainsi sont sabotés,
des chars
des avions
des fusées d'obus
balles anti-char
sabotages dans des poudreries,
bris de machines outils
pièces défectueuses en quantité considérables.
L'Agit-Prop a toutes fois exercé plus de ravages. Elle a bénéficié d'un grand luxe de moyens, elle a pris des formes multiples, touché des milieux divers.
L'immobilité des armées, le désoeuvrement des hommes, le relâchement de la discipline, l'incertitude du gouvernement et des états-majors sur les buts à atteindre, sensible dans tout le pays, donnèrent sans conteste de l'aliment aux entreprises très élaborées de la propagande communiste.
Celle-ci procède au pourrissement des volontés.
Après l'armistice:
Dans Paris, c'est la débacle, tout le monde fuit, des femmes communistes essaient de faire déserte des soldats en retraite; Les appels à la lutte que lance le parti communiste en ce mois de juin 1940 sont des provocations à la crosse en l'air.
aussitôt après l'armistice, fin juin ou début juillet, est diffusée une instruction réservée aux cadres du parti, qui constitue une première analyse de la situation au lendemain de la défaite. Ce document comporte ce bref passage:
« En France, nous devons déplorer des fautes politiques. La radio soviétique_le Komintern_ avait donner aux militants parisiens le mot d'ordre suivant: Ne pas quitter Paris, quoi qu'il arrive (souligné dans le texte).
« L'Humanité devait paraître, légalement, aussitôt l'entrée des troupes allemandes, qui se seraient trouvées devant le fait accompli. La copie était prête, mais le personnel faisait défaut. »
(Rossi, Physiologie du Parti communiste français, pp395-402)
Quelqu'un, en tout cas, est à son poste et ne perd pas son temps, c'est Maurice Tréand qui veut faire reparaître, légalement, l'Humanité .
Tréand qui revient du Nord, sait qu'en Belgique occupée l'organe du PC belge a reparu.
Sortis de la clandestinité, certains communistes occupent ouvertement des fonctions dans des municipalités ou des institutions.
Après avoir obtenu l'approbation de l'ambassade soviétique à Paris, Maurice Tréand charge Denise Ginollin de demander à la section de la presse de la kommandatur, 12 boulevard de la Madeleine_ le lieutenant Weber donne son accord_ le 30 tout échoue à cause de la police française.
Dans cette période qui précède ou qui suit l'armistice, ce sont les communistes qui font les avances.
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