En juillet 1806, Napoléon met un terme au Saint-Empire multi-séculaire pour créer la Confédération du Rhin avec les princes d’Allemagne de l’Ouest et du Sud. La Prusse mécontente se rapproche de la Russie et de Londres pour former la quatrième coalition (août). Elle adresse un ultimatum à la France demandant le retrait des troupes françaises stationnées à l’Est du Rhin. Reçu le 7 octobre, l’ultimatum est immédiatement rejeté par Napoléon Ier qui débute une campagne-éclair (il ne rentre que vingt jours plus tard à Berlin).
Le 8 octobre, Napoléon rassemble ses troupes (170.000 hommes) à l’Est de l’Allemagne, entre Cobourg et Baireuth (Bavière), et les répartit en trois importantes colonnes. Le 10 octobre à Saafeld survient la première bataille au cours de laquelle le maréchal Lannes met en déroute les forces du prince Louis de Prusse qui est tué au cours de l’affrontement.
Les armées prussiennes se dirigent vers le Sud-Ouest en trois colonnes : une de 44.000 hommes commandée par le prince de Hohenlohe, une autre comprenant 56.000 hommes menée par le duc de Brunswick (le vaincu de Valmy) et la dernière de 40.000 hommes aux ordres de Rüchel. A ces trois forces armées il faut rajouter une réserve de 20.000 hommes.
I. La bataille d’Iéna
Le 14 octobre, Napoléon rencontre le prince de Hohenlohe au Nord d’Iéna. De gauche à droite, les corps armés d’Augereau, la Garde, le corps de Lannes, de Ney, de Soult et la cavalerie de Murat. Au total, 40.000 hommes sont du côté français, avec 173 canons et 12.000 cavaliers. En face, Hohenlohe et Rüchler disposent de 56.000 hommes et 120 canons.
Dans la nuit du 13 au 14, Napoléon fait occuper le plateau du Landgrafenberg, au nord d’Iéna et dominant la Saale. Passés par le Nord, Davout et Barnadotte doivent s’occuper de couper la retraite de l’ennemi. Le 14 octobre, vers 10h, alors que le brouillard couvre le champ de bataille, Napoléon lance Lannes et Ney à l’assaut des lignes prussiennes. Les combats acharnés coûtent cher à l’ennemi. Vers midi, à la gauche de Lannes et Ney, Augereau lance ses troupes contre les Prussiens et les enfoncent. A la droite, au même moment, Soult lance lui aussi l’offensive.
Peu après, à l’extrême droite du champ de bataille, la cavalerie de Murat achève d’écraser les troupes de Hohenlohe qui s’enfuient en direction d’Erfurt. Rüchel, n’étant pas arrivé à temps, est contraint de suivre Hohenlohe dans la débâcle. Les Français ont perdu 5000 hommes (tués ou blessés), les Prussiens 25.000 (dont prisonniers) et leurs canons.
Le lendemain de la victoire, dans sa lettre, Napoléon écrira à Joséphine : “Mon amie, j’ai fait de belles manœuvres contre les Prussiens. J’ai remporté hier une grande victoire. Ils étaient 150,000 hommes; fait 20,000 prisonniers, pris cent pièces de canon et des drapeaux. J’étais en présence et près du roi de Prusse; j’ai manqué de prendre ainsi que la reine. Je bivouaque depuis deux jours. Je me porte à merveille.
Adieu, mon amie, porte-toi bien et aime-moi.”
II. La bataille d’Auerstedt
Napoléon avait cru affronter le gros des troupes prussiennes, ce qui n’est pas le cas. Le même jour, Davout et ses 27.000 hommes et 2000 cavaliers mettent en déroute Brunswick et ses 56.000 hommes et 12.000 cavaliers. L’empereur ignore qu’une bataille a lieu même s’il entend des coups de canon au Nord.
Les Français rencontrent les Prussiens sur le plateau de Hassenhausen. Entre 8h et 8h30, Brunswick lance des assauts furieux contre des Français inférieurs en nombre. Sur la droite, les Français résistent héroïquement à la charge des cavaliers de Blücher. Vers 9 heures, Brunswick parvient néanmoins à faire reculer les Français hors du plateau de Hassenhausen. Au même moment, le chef de l’armée prussienne reçoit un coup de fusil mortel. Davout lance alors ses troupes sur le flanc droit prussien qui sont repoussés, permettant la reprise du plateau.
Brunswick hors du combat, le roi Frédéric-Guillaume III prend la tête des troupes mais se révèle être un piètre stratège. Pendant ce temps, les Français ayant enfoncé le flanc droit entreprennent un encerclement. Alors qu’à droite, les Français retiennent les assauts prussiens, à gauche, les Français débordent l’ennemi. En difficulté, le roi de Prusse décide de battre en retraite en milieu d’après-midi. Il compte sur les renforts de Hohenlohe pour reprendre le combat, mais contrairement à ses attentes, celui-ci a été battu un peu plus tôt à Iéna.
A Auerstedt, les Français ont perdu 7000 à 8000 hommes et les Prussiens 15.000 (prisonniers inclus) et 115 canons.
II. Les conséquences
Les batailles combinées d’Iéna et d’Auerstedt permettent d’écraser l’armée prussienne. Berlin n’étant plus protégée, Napoléon entre dans la capitale du royaume de Prusse le 27 octobre. Un armistice est signé le 30 novembre mais les combats reprennent peu après : Napoléon fait tomber les dernières places fortes (Magdebourg, Erfurt, Stettin, Graudenz, Danzig) et occupe les trois quart du pays.
Napoléon poursuit ensuite vers l’Est pour tenter de soumettre un autre grand ennemi continental : la Russie. L’empereur affronte victorieusement les Russes en Prusse orientale à Eylau (7 et 8 février 1807) puis à Friedland (14 juin). Le tsar Alexandre Ier est contraint de négocier. Le traité de Tilsit (7 juillet 1807) permet à l’empereur d’imposer le blocus continental à la Russie (qui ne sera néanmoins pas respecté) et de dépecer les territoires prussiens. Le royaume de Frédéric-Guillaume III est alors réduit de moitié en superficie et perd 5 millions d’habitants.
Sources :
CHAUTARD, Sophie. Les grandes batailles de l’Histoire. Studyrama, 2005.
FACON, Patrick ; GRIMAUD, Renée ; PERNOT, François. Les plus belles victoires de Napoléon. Éditions Atlas, 2004.
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