L’arme a été retrouvée par des archéologues près de la ville allemande de Nördlingen. Placée dans une tombe, elle accompagnait le repos éternel de trois individus identifiés comme un homme, une femme et un enfant. Les liens les unissant n'ont pas été encore déterminés par les scientifiques. Analysée par ces derniers, la lame fut forgée en bronze au XIVe siècle avant Jésus-Christ. Elle est décrite comme étant dans un état de conservation si excellent que « la lame brille presque encore ». Le professeur Mathias Pfeil, conservateur général et chef de l’Office bavarois des monuments historiques, déclare qu’une « découverte comme celle-ci est très rare ». La dernière découverte de ce genre fut effectuée en 2020 par un Tchèque ayant retrouvé une arme de même facture en Moravie et datant du XIIIe siècle avant Jésus-Christ.
Mais l’apparition de l’objet ne fait qu’ouvrir une nouvelle série de questions auxquelles les historiens et les savants devront répondre : pourquoi cette épée est-elle si bien conservée ? Pourquoi fut-elle placée dans cette tombe ? Quelle fut sa fonction et d’où vient-elle ?
Lors de l’âge du Bronze, les lieux de production de ces outils furent essentiellement situés au sud de l’Allemagne, en Bavière ainsi qu’au Danemark. Les motifs repérés sur cette épée correspondent, pour les scientifiques, à cette dernière localisation. Cela prouverait ainsi les nombreux échanges commerciaux effectués durant cette période à travers l’Europe et jusqu’en Mésopotamie. C’est dans cette région du monde, qui vit l’apparition des premiers royaumes et empires des Hommes, que fut découverte la fonte du cuivre vers -4000, puis sa fusion avec l’étain donnant le bronze vers -3000. Néanmoins, il fallut attendre encore un millénaire avant que ces savoirs révolutionnaires n’atteignent l’Europe vers -2000.
L’épée de Nördlingen, faite dans cet alliage, est le témoin des bouleversements que ce nouveau métal apporta aux civilisations. La lame fut identifiée par les scientifiques comme ayant bien eu un objectif guerrier. Ses bords tranchants en témoignent, et cela, malgré l'absence d’usure qu’aurait pu apporter un combat ainsi que l’attention portée par les forgerons à la beauté de l’arme. En effet, la rareté de ce nouveau métal et le long travail de métallurgie faisaient de ces objets en bronze des symboles de pouvoir et religieux voire magiques. Ces objets précieux étaient réservés aux chefs, d'où leur aspect esthétique soigné concourant à montrer leur puissance.
Le métal transforma ainsi les premières sociétés humaines et participa au développement des classes sociales, notamment guerrières. Les armes se perfectionnèrent : les dagues s’allongèrent pour devenir des épées, les boucliers et les casques apparurent afin de répondre à une seule volonté : défendre et conquérir.
Eric de Mascureau
https://www.bvoltaire.fr/decouverte-dune-epee-de-3000-ans-vestige-dune-revolution-technologique/
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