lundi 5 septembre 2022

De Marc Augier à Saint-Loup : Honneur et Fidélité

 

saintl10.gif

L’évolution du comportement politique qui fera du pacifiste Marc Augier un hérétique passé du côté de la bête immonde, et un paria de la société nommé Saint-Loup, révèle les traits d’un homme entier, animé d’un grand sens de l’honneur et de la fidélité. Voici un homme capable de rompre sans un regard derrière lui, avec ses vieilles amitiés trahies ; mais voilà également un soldat appartenant à une armée détruite, et qui pourtant refuse de s’avouer vaincu ; un être qui, dans la défaite, continue de porter à bout de bras les idéaux auxquels il croit.

Marc Augier est né le 19 mars 1908 à Bordeaux dans un milieu social aisé. Ce qui ne l’empêche pas, dès son plus jeune âge, de se passionner pour la nature et l’effort physique : c’est Philippe Conrad qui raconte que « Le fils Augier participe à la vendange au côté des paysans du cru » (« De Marc Augier à Saint-Loup, l'itinéraire d'un hérétique », in : Rencontres avec Saint-Loup, Les Amis de Saint-Loup, Paris, 1991).

Le sport comme mode de vie

Toute son enfance se déroule dans le port de Bordeaux, ville chargée d’histoire et d’aventures maritimes. Entré au lycée pour ses études secondaires, il en sort le plus souvent possible pour découvrir dans la nature girondine un enseignement plus riche, plus vif et plus exaltant que les mathématiques ou les sciences naturelles ! Son baccalauréat en poche en 1926, sa vie s’ouvre alors sur 2 perspectives : les études de droit et la moto.
« Tu feras du droit, mon fils ! »
« Mais je ferais surtout de la moto, mon père… »

Et le malheureux paternel doit bien admettre que le jeune homme se passionne plus pour les grosses cylindrées que pour les études… Marc Augier se lance également dans le journalisme. D’abord à La dépêche du Midi, puis à L’Illustration et à Sciences et Voyages. Après un service militaire morne et ennuyeux pour cet individualiste épris de grands espaces et de liberté, il réalise avec enthousiasme des reportages à l’étranger, dans des conditions particulièrement rudes. En 1931, au Maroc, lors d’un reportage pour L’illustration concernant la pacification du Tafilalet, « il vit sous la tente avec les légionnaires, (..) et pousse à moto à travers le Sahara occidental jusqu’à Colomb-Béchar. Au retour, il visite l’Atlas dont il sillonne les crêtes, juché sur son engin à plus de 4000 mètres d’altitude ».

Après les raids en moto, Marc Augier, fou de nature, d’aventures et de grands espaces découvre la montagne, le ski et l’alpinisme. Les plus belles pages de son œuvre s’esquissent déjà sur les grands sommets des Alpes, car au delà du sport, apparaît un mode de vie. « Au cours des migrations des peuples indo-européens vers les terres arctiques, le ski fut avant tout un instrument de voyage ». « En chaussant les skis de fond au nom d’un idéal nettement réactionnaire, j’ai cherché à laisser derrière moi, dans la neige, des traces nettes menant vers les hauts lieux où toute joie est solidement gagnée par ceux qui s’y aventurent » (Solstice en Laponie).

L’aventure “Ajiste” : illusions, désillusions…

Marc Augier rejette la sclérose et le conformisme bourgeois, mais ne partage pas les bruyantes activités et l’insolence des Camelots du Roi : la doctrine franco-centrée et germanophobe d’un Maurras lui déplaît souverainement. Dans son reportage intitulé « J’ai vu l’Allemagne » (1941) cette vision est limpide comme l’eau d’un torrent. Par ailleurs profondément pacifiste, il ne peut rejoindre la doctrine fasciste très en vogue à cette époque. M. Augier se retrouve plus naturellement dans la politique du Front Populaire. Proche de Léo Lagrange, membre du gouvernement Blum, une jolie carrière s’offrait à lui, dans les rangs de la SFIO. Les portes des loges s’ouvraient grandes, et il y a fort à parier qu’aucun courageux anonyme ne serait venu lui faire retirer son Goncourt pour La nuit commence au Cap Horn ! Avec Lagrange, c’est le début de l’aventure “ajiste”. Il dirige alors Le Cri des auberges de jeunesse. Exalté et pénétré du sens de sa mission, il n’hésite pas à prévenir une rêveuse bourgeoisie amorphe et décadente :

« Vous qui avez souri avec bienveillance au spectacle de ces jeunes cohortes s’éloignant de la ville, sac au dos, solidement chaussées, sommairement vêtues et qui donnaient (…) un visage absolument inédit aux routes françaises, pensiez-vous que ce spectacle était non pas le produit d’une fantaisie passagère, mais bel et bien un de ces faits en apparence tout à fait secondaires qui vont modifier toute une civilisation ? (…) Ce départ spontané vers les grands espaces, plaines, mers, montagnes, ce recours au moyen de transport élémentaire comme la marche à pied, cet exode de la Cité, c’est la grande réaction du XXe siècle contre les formes d’habitat et de vie perfectionnées devenues à la longue intolérables parce que privées de joie, d’émotions, de richesses naturelles. J’en puise la certitude en moi-même. (…) Il faut que ça change… Cette vie ne peut pas durer » (J'ai vu l'Allemagne)

Le rêve ajiste se terminera pourtant sur une note désenchantée, comme le montre Nouveaux Cathares pour Montségur (Avalon, 1986), où celui qui est devenu Saint-Loup règle ses comptes avec ses anciens camarades des Auberges de Jeunesse. Voyageant partout en Europe — et même en Allemagne — il noue des contacts avec les responsables des Jeunesses hitlériennes, et avec grand plaisir, découvre ce pays national socialiste, régime pour lequel il n’éprouve cependant aucune sympathie.

Une nouvelle vision de l’Allemagne

C’est lors d’un voyage à New York, pour le Congrès mondial de la jeunesse de 1938, que s’amorce la transformation politique de Marc Augier. Stupéfait par l’hostilité déclarée à l’égard de l’Allemagne et des accusations mensongères portées contre elle et ses alliés, il décide de prendre ses distances avec la SFIO. Si l’espoir d’un Goncourt s’éloigne, l’assurance d’une vie libre et détachée des contingences matérielles, des compromissions et des servitudes s’annonce à grands pas !

L’élément déclencheur pour le futur Saint-Loup reste sa rencontre avec Alphonse de Chateaubriand. L’influence de l’auteur de La gerbe des forces, modifie son point de vue sur l’Allemagne de façon radicale. Voyageant en Grèce lorsque la guerre éclate, ce pacifiste pourrait se tenir à l’écart du conflit. Il choisit pourtant de rentrer en France. Après la défaite, Marc Augier se lance dans le journalisme politique. Avec son vieux maître à penser, il crée La Gerbe, journal évidemment germanophile, national-socialiste et favorable au collaborationnisme. Il participe au Groupe Collaboration, dont il dirige la branche jeunesse : les Jeunes de l’Europe Nouvelle.

À nouveau déçu par la politique et ses intrigues, il quitte Paris pour répondre à l’appel de la montagne, et rencontre les membres des Chantiers de jeunesse, dont il s’inspirera pour Face Nord. « Une minute de paix, c’est toujours bon à prendre… » Ce répit ne pouvait cependant pas durer, et les événements ont tôt fait de tirer les hommes de leurs retraites, pour les lancer avec violence dans le chaos du conflit civilisationnel qui commence entre les 2 géants européens : en 1941, l’Allemagne attaque l’URSS. Marc Augier, en homme d’action qui se respecte, s’engage immédiatement dans la LVF. Il veut tenir sa place dans la grande geste de la chevalerie motorisée qui déferle sur l’Union Soviétique. « Le combat est là-bas… Et non pas aux terrasses des cafés parisiens ».

La croisade anti-bolchevique de la chevalerie motorisée

S’il participe à cette épopée dont il sera bientôt le chantre, ce n’est pas par amour immodéré de l’Allemagne ! Il est conscient qu’elle n’en aurait que faire et que « notre amour la choquerait comme une manifestation impudique de notre absence de patriotisme ». Il suffit de relire ses 2 « causeries » données en mai et octobre 1941 sous l’égide du groupe Collaboration. Paradoxalement, sa motivation première, reste encore et toujours la paix. La paix pour « un peuple exsangue comme le nôtre, mutilé dans sa chair en 1914, mutilé dans son équilibre racial par les apports d’étrangers ». La seconde raison de son engagement est en relation directe avec son anti-communisme devenu virulent. Comme pour une majorité de personnes à l’époque, l’heure du choix est venu entre le National-socialisme et le Communisme. Or, le culte matérialiste du marxisme ne peut séduire un homme tel que lui ; non plus que le collectivisme ou le déterminisme historique ne peuvent convaincre cet individualiste nietzschéen.

Son engagement s’explique aussi par la foi en un vrai socialisme, que seule peut encore apporter l’Allemagne : « Pendant que nous nous complaisions dans un verbalisme égalitaire, l’Allemagne prenait la route du socialisme de l’action ». Enfin, « Hitler a promis une paix révolutionnaire » pour la grande Europe socialiste dont rêve Marc Augier. « Nous devons donc être présents à cette paix, associés dans cette paix. » Et le seul moyen est bien entendu, « de participer au combat qui seul nous donnera des droits ». Dans la croisade européenne contre le bolchevisme, c’est à la chevalerie de tailler la part des futurs dirigeants de l’Europe Nouvelle. On notera que le général à titre provisoire De Gaulle, réfugié en Angleterre, est animé de la même idée, mais dans le camp opposé ! À la différence près que Marc Augier mettra sa peau au bout de ses idées, comme le dît un jour, un autre adversaire de De Gaulle…

Dans son ouvrage Les Partisans, le sergent Augier raconte en effet ses propres faits d’armes. Correspondant de guerre pour La Gerbe, il combat le bolchevisme en participant à des « commandos de chasse » contre les partisans russes. Après plusieurs opérations, c’est la blessure et le rapatriement ; pour lui, la guerre sur le front russe est terminée. Qu’à cela ne tienne, il servira autrement ! Rapidement, il prend en charge la conception du Combattant européen, organe de la LVF. Il dirige ensuite Devenir, lorsque la LVF est versée dans la SS pour devenir la Division Charlemagne.

Le crépuscule des Dieux d’Augier “der Wolff”

À nouveau, un livre sert de support à ces événements : Götterdammerung, ou rencontre avec la bête. Cet ouvrage, c’est l’Allemagne de la fin de la guerre, ses villes atrocement bombardées, les milliers de cadavres, les ruines, l’horreur des bombes au phosphore qui dévorent bâtiments comme êtres humains, transformant le tout en un horrible magma… Mais c’est surtout le parcours initiatique de Marc Augier, qui rejoint le sanctuaire de l’Ordre Noir à Hildesheim. C’est aussi le nouvel initié qui assiste au Crépuscule des Dieux, fuyant à travers l’Europe à feu et à sang, assistant à la chute de l’Italie mussolinienne, avant de rentrer clandestinement à Paris. Condamné à mort par contumace, sans d’argent, sans papiers, sans logement, et sans épouse puisqu’il a divorcé, caché par des moines rue de la Source, Marc Augier achève son roman Face Nord, et devient Saint-Loup (1). Édité chez Arthaud, il obtient une avance sur ses droits d’auteur et achète un aller simple pour Rio de Janeiro, où il trouvera refuge et protection contre la Bête Immonde.

La littérature comme nouveau champ de bataille

La guerre terminée, l’exilé finit par rentrer en France en 1950, où il recommence à écrire. Pour lui, le combat continue. Après la découverte de son identité réelle, Saint-Loup fait scandale dans les milieux mondains du parti communiste et chez les conformistes de tous bords : en 1963, sort un ouvrage intitulé Les Volontaires. Pour la première fois, un auteur raconte la geste des Waffen SS français sans y aller de son commentaire réprobateur écrit du bout d’une plume effarouchée… Le succès est immense auprès des vrais lecteurs, c’est-à-dire du public. Suivent rapidement 2 autres tomes, achevant la trilogie de cette épopée moderne : Les Hérétiques et Les Nostalgiques. Outre la valeur historique qu’offrent ces documents, ainsi que l’assurance de passer d’excellents moments en dévorant cette littérature guerrière absolument palpitante, cette trilogie se charge d’un sens politique, philosophique et peut-être même religieux !

C’est le message d’un témoin, d’un porteur de lumière qui transmet le flambeau de la fidélité aux générations nouvelles. C’est la perpétuation des idéaux politiques de cet homme à travers ses livres ; c’est aussi le souvenir d’une lutte qui doit exalter les esprits et inciter aux combats futurs, ainsi que les concevaient les Celtes lorsqu’ils racontaient les exploits de Cuchulainn à leurs enfants. Ces livres portent l’espoir d’un renouveau, d’un retour de la Lumière. Il est donc véritablement possible d’intégrer cette histoire aux légendes indo-européennes à raconter dans les temps futurs. La trilogie épique se charge alors d’un sens véritablement pédagogique, qu’on approuve ou non son contenu. L’auteur estime que rien n’est perdu, et se réfère à la théorie nietzschéenne de “la plus longue mémoire” et au “soleil invaincu” de nos ancêtres païens. Si cet attachement à l’honneur de la parole donnée et à la fidélité dans l’adversité constitue à lui seul un grand exemple, là ne réside pas le seul legs de Saint-Loup aux jeunes générations.

Le goût de la peau de l’aurochs et le retour à la vie

Un adolescent citadin ne peut que s’émerveiller, lorsque découvrant la nature, il finit par oser se mesurer à elle, et sent monter à sa bouche, puis dans toutes les fibres de son corps, le goût de la peau de l’aurochs ! La montagne délivre le plaisir absolument indescriptible de l’effort physique complet. Quelle joie devons-nous à Saint-Loup d’avoir découvert ou redécouvert quelques secrets des hautes altitudes. Quel plaisir de partir au devant des cimes, de les chevaucher en se découvrant de nouvelles peurs, de nouvelles audaces ! Cet amour de l’effort et de la nature se retrouve dans des ouvrages comme La montagne (la mer, le ciel) n’a pas vouluLes voiliers fantômes d’HitlerNouveaux Cathares pour MontségurLa peau de l’aurochs et d’autres encore, tant ces thèmes sont récurrents dans l’œuvre de cet aède nietzschéen. Dans La montagne n’a pas voulu, Saint-Loup exprime avec force et sensibilité son amour de la montagne :

« Dans le petit matin d’octobre, dansait une allégresse irrésistible. (…) La montagne s’abandonnait à tous les rêves. Elle sortait du cycle des orages et des grandes fêtes du soleil ; elle n’était pas encore entrée dans sa renaissance hivernale. Elle était accomplie et savoureuse comme une femme de trente ans. (…) Pas un être vivant sur les glaciers. J’étais seul pour cueillir le fruit d’automne. Les foules ne savent pas… Seuls peuvent se donner rendez-vous au point sublime qui précède les équinoxes ceux qui ont su s’affranchir des servitudes de la civilisation. J’avais pleine conscience de l’égoïsme monstrueux qui me poussait à prendre possession des immensités solitaires, et j’en jouissais tout en me hâtant sur la rive du glacier. L’air était âpre comme l’odeur d’un coup de fusil. La lumière tombait sur les épaules du Chardonet et de la Verte en longues chevelures blondes presque décolorées. Le dessin des arêtes sur le ciel avait des cruautés d’eau-forte… Ah, l’homme n’est qu’un tas de boue ! S’il avait une âme, il choisirait une de ces journées d’automne bouleversante pour s’en aller mourir d’amour dans la montagne, le plus haut possible ».

Dans Face Nord, le goût du dépassement de soi est totalement magnifié :

« Soudain, se produisit une chose étonnante. Guido la Meslée poussa un cri tout à fait inhumain. Il escalada le socle de neige, engagea la pioche du piolet dans la fissure, s’enleva à la force du poignet… Ses jambes battaient dans le vide. Il ne se maintenait plus que d’une main au manche de l’outil. De l’autre, il fouillait la neige, à la recherche d’une prise plus élevée. Il sentait ses forces décuplées. Une volonté supérieure commandait à ses gestes. Son âme éclatait, sous la pression d’une joie dont la tension suivait le flux et le reflux de son sang. Tantôt recueillie, pleine comme un chant d’orgue sous des voûtes, tantôt dissipatrice et furieuse, comme celle du soudard qui s’apprête à piller et à violer dans la cité conquise… Tout en multipliant les efforts pour se rétablir, Guido sentait que cette joie, découverte à l’extrême pointe du risque, ouvrait des perspectives nouvelles dans sa vie. Sans elle, il ne pouvait plus, désormais, vivre sa vie… »

Saint-Loup guide le lecteur sur le chemin de cette « grande santé qui a pour nom paganisme », comme le dit Pierre Vial, car il donne du sens à l’action physique. Au delà du goût de l’effort retrouvé, celui, délicieux et puissant de la peau de l’aurochs, il y a les retrouvailles avec les antiques racines de nos ancêtres.

Le combat pour l’Europe Blanche aux cent drapeaux

Voici d’ailleurs le domaine où Saint-Loup prend toute son importance : celui de l’identité ! Cet auteur peut aider un jeune Européen à comprendre qui il est vraiment, et surtout, qui il n’est pas ! La lecture des ouvrages du cycle des patries charnelles est édifiante pour tout européen en quête d’identité. À l’heure de la mondialisation et de la désuétude progressive de l’état-nation jacobin, il est bon de retrouver nos racines. Avec Saint-Loup, nous redécouvrons que nous sommes le peuple des bois et des forêts, le peuple des mers et de l’océan ; celui des pierres levées, des bâtisseurs de cathédrales et des découvreurs de terres. Nos ancêtres étaient des Celtes, des Germains, des Latins, des Slaves, des Scandinaves. Leurs vagues irrépressibles ont déferlé sur le monde et l’ont soumis à leur volonté prométhéenne. Jamais de musée chez eux, car leur fier regard clair et brillant était tourné vers l’avenir et l’action. Pas de folklore non plus, mais des traditions vivantes et en mouvement, car comme le dit Saint-Loup « le folklore est la honte d’une ethnie encore vivante et qui n’ose plus s’affirmer souveraine ».

À l’intérieur de ces peuples, des particularismes régionaux fondés sur l’ethnie, la langue et de solides traditions enracinées en profondeur. L’historien objectif doit bien noter que jusqu’en 1789, ces particularismes étaient préservés grâce à la monarchie, par une législation respectueuse des différences et sagement décentralisatrice. Aujourd’hui, une interprétation outrancière et tendancieuse du christianisme alliée au messianisme des Droits de l’Homme, véritable religion nouvelle, tente de détruire les derniers vestiges de l’identité.

Les patries charnelles

Contre le cosmopolitisme et le métissage généralisé, Saint-Loup propose cette forme d’ethno-différentialisme qu’est le concept de “patrie charnelle” : une communauté ethniquement homogène sur un territoire délimité par l’histoire, la langue et les coutumes. Cette notion politique permet, bien mieux que l’État-nation ou le concept universaliste de “citoyen du monde” de préserver les différences, ou pour mieux dire, les identités. La patrie charnelle est le rempart à l’impérialisme et à l’uniformisation, fille perverse du multiculturalisme ultra-libéral. Au delà de ces idéologies dépersonnalisantes, la patrie charnelle correspond à une réalité tangible, reposant sur un fondement biologique et territorial : la terre et les morts, pour reprendre Barrès. Selon Saint-Loup, seule cette base pourrait permettre de dépasser l’État-nation pour accéder au stade de l’Europe unifiée : il s’agit là de sa principale conviction, créer l’Europe des patries charnelles, l’Europe aux cent drapeaux dont parle également Yann Fouéré. Pour lui, seule une Fédération de régions peut réaliser l’Union Identitaire Européenne sans danger de perte irrémédiable d’un enracinement multiséculaire. Ce concept basé sur le fédéralisme biologique et écologique au sens véritable du terme (le refus d’une mixité contre-nature dans le monde animal, et l’existence naturelle de frontières pour chaque espèce), permet enfin d’accéder au véritable socialisme. Celui ci ne peut exister que dans une circonscription réduite à la communauté ethnique, car il se pare dans cette circonstance d’une solidarité fondée sur le réel, et non sur des abstractions : c’est le simplissime mais merveilleux truisme de Poujade : « j’aime mieux mes filles que mes cousines, mes cousines que mes voisines et mes voisines que des étrangers… »

Dépassant les idéaux universalistes, le socialisme identitaire fait appel à une volonté commune de se préserver et de se soutenir. C’est un facteur de renforcement de cette cellule de base de la future Fédération européenne. Mais par-dessus tout, sans le retour aux patries charnelles, impossible de lutter contre les assauts du métissage et du cosmopolitisme. Voici, aujourd’hui, pour les jeunes générations, le défi lancé par Saint-Loup : « La jeunesse française qui, hier, vivait dans les ténèbres, à laquelle manquait un idéal, qui avait perdu la foi dans les destinées de la patrie, sera éblouie demain par la tâche qui l’attend : refaire l’Europe ». Une seule question se pose : saurons-nous, nous mêmes et nos descendants, reconquérir le Graal, et redevenir les “hommes-dieux” des légendes celtiques et païennes ?

Serons nous capables de préserver notre identité ? Saurons-nous, par le soin rigoureux de nos unions et celles de nos descendants, méthodiquement recréer une génération “biologiquement supérieure” nous permettant enfin de retrouver l’authentique Graal selon Saint-Loup ? C’est là tout l’enjeu d’un ouvrage comme Plus de pardon pour les Bretons, où une fée vient redonner un sang neuf aux Élus. Mais face aux dangers et aux catastrophes montantes, peut-être devrons-nous plutôt nous inspirer d’ouvrages tels que La peau de l’aurochs ou La république du Mont-Blanc. Ces livres durs et héroïques montrent d’une certaine façon, la route à suivre si la situation devait empirer. Face au règne du matérialisme athée et destructeur d’identité, puis face à l’invasion du sol par des masses allogènes et au danger de métissage généralisé, les populations doivent choisir entre la collaboration entraînant la perte de leurs particularités ethniques et culturelles, ou l’abandon total de leurs biens, pour tout reconstruire dans le cadre d’une nouvelle société basée sur l’effort, le dépassement de soi, le retour à une vie naturelle et à une spiritualité païenne. Saint-Loup définit ainsi pour ce dernier clan les éléments subjectifs d’auto-identification, permettant à cette civilisation naissante de trouver une nouvelle manière et une nouvelle raison d’exister. Celle-ci diffère totalement et même s’oppose à l’ancien mode de vie. Désormais, ainsi que pourrait l’exprimer Julien Freund dans sa vision “ami / ennemi” [sic ! Il ne s'agit pas d'une conception mais d'un critère, posé par C. Schmitt, du politique], c’est “Nous” contre “Eux” !

Dans cette société ethniquement homogène et reposant sur le culte de la terre et des morts, le socialisme authentique, le « socialisme de l’action » peut enfin se développer. Voici donc réunies toutes les valeurs fondamentales permettant de répondre aux questions ontologiques posées à tous les membres d’une civilisation : d’où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous et pourquoi ? Dans cette société antimatérialiste, Saint-Loup présente des personnages débarrassés de toutes les idoles débilitantes et des servitudes matérielles, des hommes libres et attachés à leur territoire devant lesquels se profile le vrai sens de la vie : préserver et perpétuer sa lignée ; transmettre un héritage et un patrimoine ; se préparer au mieux à affronter la mort et à continuer la longue marche, les yeux tournés vers le soleil.

Résistance et Reconquête !

Aujourd’hui Saint-Loup s’est retiré au Walhalla, mais sa lumière reste invaincue. De sa personnalité et de son œuvre riches, dures et généreuses se tirent de grandes leçons et la persistance des espoirs pour l’avenir. Honneur et Fidélité, Dépassement de soi et goût de l’aventure, enracinement et identité constituent les grands enseignements de Saint-Loup. Quant aux espérances, elles résident dans la certitude d’une Histoire cyclique et de l’éternel retour de la puissance, pourvu qu’entrés dans l’hiver de leur civilisation, les Européens continuent de combattre et d’espérer, car rappelons-nous qu’« il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ». Saint-Loup nous enseigne aussi que le mythe de l’Impérialisme bienveillant de la social-démocratie rousseauiste [sic] (américaine aujourd’hui, on ne sait trop quoi demain) doit être brisé, comme n’importe quelle autre idole ; qu’ainsi que le dit Thomas Hobbes, homo homine lupus : l’homme est un loup pour l’homme ; et l’on pourra dire ou faire tout ce que l’on veut pour le nier, au delà de l’économie comme moteur de l’histoire, il y a le choc des civilisations, qui ne peuvent cohabiter pacifiquement bien longtemps… La base d’une civilisation repose sur un socle ethnique, qu’on le veuille ou non ! Saint-Loup écrivait pour la jeunesse européenne. Ses écrits peuvent bien faire s’étouffer de stupeur et de rage les sectateurs du mondialisme et du multiracialisme, outrer SOS racisme et la LICRA, peu importe ! Après tout, la jeunesse européenne, c’est nous !

Jean-Jacques Matringhem. [réf. manquante]

Notes :

1 : Ce refuge chez des moines, et ce pseudonyme chrétien, même si l'on sait pourquoi il a été choisi, peuvent laisser supposer que Marc Augier n'était pas aussi anti-chrétien que certains veulent bien le dire. On imagine sans peine le mépris qu'il devait nourrir pour les Gaillot et autres curés de gauche. Mais à voir sa respectueuse description de Monseigneur Mayol de Luppé, il peut sembler que Saint-Loup pouvait s'entendre avec des personnes cultivant ce que Drieu la Rochelle nommait « le christianisme viril du Moyen-Âge ».

http://www.archiveseroe.eu/lettres-c18386849/34

Aucun commentaire: