Comparable à la pierre de Fál, à la lance de Lug ou à l'épée de Nuada, avec lesquelles il forme groupe, ce chaudron (vieil-irlandais coire) fabuleux, que l'on a parfois rapproché du maillet (olla) du Gaulois Sucellos, possédait la propriété magique de pouvoir rassasier tous ceux qui se présentaient à lui. Assurant inépuisablement la satiété et la béatitude des convives de l'Autre Monde, il jouait aussi le rôle d'une réserve de vie cosmique. Rares sont cependant les études qui lui ont été consacrées. Valéry Raydon a cherché à combler cette lacune en s'appuyant sur la méthode structurale et comparative dumézilienne. Restituant la place du chaudron à l'intérieur du système religieux des Celtes irlandais, il montre son lien avec une conception archaïque de la souveraineté relevant de l'idéologie trifonctionnelle des Indo-Européens, puis le rapproche d'une institution majeure de l'Irlande du haut Moyen Âge, celle du « chaudron de répartition » propre à l'aristocratie gaélique. Son enquête permet de lever le mystère sur deux aspects énigmatiques : son rapport aux maelstroms marins et l'origine de son pouvoir génésique. « Le chaudron du Dagda était tout à la fois un chaudron de souveraineté, un chaudron d'abondance, un chaudron de répartition et un chaudron de vérité », écrit l'auteur.
Peut-être aurait-il fallu évoquer aussi le mythe du Graal.
Valéry Raydon, Le chaudron du Dagda, Terre de Promesse/Le Cénacle de France, 173p., 20€
A. B. éléments N°161 juillet-août 2016
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