Une résistance s'amorce contre les programmes d'histoire de l’Éducation nationale qui enseignent l'histoire du Mali au XIII, siècle, mais font l'impasse sur saint Louis !
« Quand Nicolas Sarkozy parle d'Histoire... » Tel était le titre de la deuxième de couverture du quotidien Le Figaro du 18 septembre dernier. Le journaliste Charles Jaigu y relatait le déjeuner entre neuf historiens et le chef de l'Etat. L’objectif, plus ou moins affiché, est d'« activer des relais d'influence médiatiques » et de « modifier le regard que le Paris intello » et « cultivé » porte sur Nicolas Sarkozy à douze mois de la présidentielle.
Au cours de cette rencontre, le spécialiste de l'Empire, Emmanuel de Waresquiel, l'interrogea sur les programmes qui s'attaquent à la mémoire et à l'identité de la France en réduisant leur contenu. Le président de la République renvoya l'historien « aux commissions qui font les programmes » et, bottant en touche, demanda aux historiens de prendre leur responsabilité en s'emparant du sujet, car « c'est l'affaire d'historiens professionnels. » Et Charles Jaigu d'expliquer que Nicolas Sarkozy souhaita par cette réponse abandonner l'image de l'hyper président qui gère et s'occupe de tout, jusqu'aux pages des livres scolaires…
En soi, Nicolas Sarkozy n'a pas tout à fait tort, dans la mesure où la responsabilité en incombe d'abord au ministère de l'Education nationale. En décembre 2009, nos confrères de Valeurs actuelles se posaient à la une la question suivante : « Qui veut la peau de l'Histoire ? » Récemment, c'était au tour du Figaro magazine de constater, toujours à la une : « C'est l'Histoire de France qu'on assassine. »
À une époque où les repères et les références se perdent dans le grand magma informe du relativisme, deux ouvrages souhaitent redonner à notre histoire toute sa place. Sous le titre provocateur d'Altermanuel d'histoire de France, Dimitri Casali décrit ce que nos enfants n'apprennent plus au collège dans les classes de sixième et de cinquième. Il y dénonce tous les manques des programmes : le passage de l'Empire romain à Charlemagne qui fait l'impasse sur six siècles (sic !) et notamment sur le règne de Clovis mais aussi la disparition pure et simple de Hugues Capet, de saint Louis, de Louis XI ou de François Ier !
L'histoire, meilleure réponse au mythe
À l'heure où l'école marxiste a depuis longtemps déposé les armes, l'Education nationale nage à contre-courant en dévalorisant la chronologie et les grands personnages politiques, au profit d'une vision thématique des choses. L'élève étudie ainsi la vie et l'œuvre d'un artiste de la Renaissance, ou bien l'émergence d'un pouvoir absolu à travers deux figures royales au choix. Les rois deviennent des options à étudier… Les autorités ont aussi introduit la notion de monde lointain : nos chères petites tête blondes vont pouvoir découvrir, entre autres, la Chine des Hans (IIe et Ier siècle avant J-C) ou l'empire du Mali aux XIIIe et XIVe siècle !
Que les choses soient claires : dans son livre, Dimitri Casali se défend de vouloir revenir à une étude hagiographique ou patriotique de l'histoire de France. « Il faut, dit-il, présenter aux élèves la complexité de ces hommes [Clovis, François Ier ou Napoléon Ier], inscrits dans leur époque, sans anachronisme, ni tabou, ni mythologie, et à la lumière des dernières recherches historiques. C'est justement l'étude de leur vie, de leurs actions, de leurs œuvres, de leurs façons de concevoir le monde qui les débarrassera des clichés, des stéréotypes et des images d’Épinal. L'Histoire est toujours la meilleure réponse au mythe. Ces personnages ont aussi une valeur pédagogique car ils permettent d'humaniser une Histoire souvent désincarnée, et sont susceptibles de susciter chez les enfants une véritable émotion, assez proche de celle ressentie lors d'un spectacle. »
Ce dessein scolaire est parfaitement rempli par le Manuel d'Histoire de France destiné au cour moyen, édité par l'œuvre scolaire de Saint-Nicolas, elle-même liée à l'association Renaissance catholique. Introduit par l'historien Jacques Heers, dirigé par l'agrégée d'histoire Anne de Mézeray, ce livre indispensable couvre la période des origines à nos jours sur un fond chronologique. Chaque chapitre y est richement illustré (cartes et photos) et possède un résumé de cours, ainsi que les principales dates à retenir. Que les directeurs d’école qui, bientôt, prépareront la rentrée 2012, s'empressent de se le procurer
Dimitri Casali, L'altermanuel d'histoire de France : Ce que nos enfants n'apprennent plus au collège, Perrin, 23 €.
Anne de Mézeray, Manuel d'Histoire de France, Cour moyen, Œuvre scolaire Saint-Nicolas, 328 pages, 24 €.
Christophe Mahieu monde & vie 8 octobre 2011 n°849
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