dimanche 8 novembre 2020

Guerre d'Espagne : les volontaires internationaux du camp nationaliste

 Derrière un titre volontairement accrocheur, Les Brigades internationales de Franco, se cache l'un des meilleurs livres d'histoire contemporaine paru cette année. Il est signé par Sylvain Roussillon, longtemps nègre d'hommes politiques de premier plan, qui se passionne pour la Guerre d'Espagne depuis une trentaine d'années. Comme le lui a écrit le biographe de Franco et spécialiste français reconnu de la période, Bartolomé Bennassar : « Votre texte est très remarquable et mérite absolument d'être publié. » C'est heureusement chose faite.

Lorsque, à l'été 1936, le général Franco décide de rétablir l'ordre menacé par les communistes sur le sol continental de l'Espagne, il va recevoir l'appui, non seulement des phalangistes de José-Antonio Primo de Rivera (alors incarcéré et qui sera rapidement fusillé) et des Requêtes carlistes, ces troupes traditionalistes bien implantées dans le Pays Basque, la Catalogne et l'Andalousie, mais aussi de nombreux volontaires étrangers. Autant les Brigades internationales venues secourir le gouvernement Républicain, à l'instar des écrivains André Malraux et George Orwell, ont fait l'objet d'un nombre incalculable de publications, autant le sujet d'étude retenu par Sylvain Roussillon était inédit en France. L’auteur est parvenu à une quasi-exhaustivité. Il a ainsi recensé 76 168 Marocains issus des zones de protectorat espagnol (souvent victimes des quolibets racistes de la presse républicaine), 75 419 Italiens (du Corpo di Truppe Volontarie), 15 197 Austro-Allemands (la fameuse Légion Condor), 5 830 ressortissants musulmans des territoires français d'Afrique du Nord, 3791 Portugais et 991 Français. Il faut y ajouter quelques centaines d'Irlandais, mais aussi des Argentins, des Russes blancs, des Juifs séphardites, des Philippins, des Britanniques… Et même un Indien, ainsi qu'un Chinois agrégé à la Légion Condor !

Concernant les Français, on trouve les 620 hommes de la bandera Jeanne d'Arc du capitaine Bonneville de Marsangy engagés au sein du Tertio (la Légion étrangère espagnole), mais aussi 300 combattants aux sein des forces carlistes (selon l'estimation de Guy Coûtant et de son Altesse royale Sixte-Henri de Bourbon-Parme) et seulement une dizaine de phalangistes. Parmi les Requêtes français, figurent deux futurs résistants royalistes de la Seconde Guerre mondiale qui se sont connus dans les rangs des camelots du roi, avant le 6 février 1934. L'un, Michel de Camaret, sera député européen du FN, tandis que son ami le général Pierre de Bénouville, terminera sa carrière politique comme député RPR de Paris.

Sylvain Roussillon évoque le premier mais pas le second, et c'est bien le seul petit reproche que l'on fera à ce livre qui parvient à éviter tout parti pris prononcé, pour s'attacher à décrire, origine par origine, la provenance et les parcours de ces hommes sans lesquels la victoire finale de Franco et du camp national en 1939 aurait été impossible.

Souhaitons qu'après la remarquable thèse d'Arnaud Imatz sur Primo de Rivera et la Phalange (publiée chez Godefroy de Bouillon), et après ce livre de Sylvain Roussillon, un historien comble le dernier grand oubli français concernant la Guerre d'Espagne. celle de l'épopée catholique et royaliste des troupes carlistes.

Sylvain Roussillon, Les Brigades internationales de Franco, 364 pages, 24 €.

Antoine Ciney monde & vie 8 septembre 2012 n°864

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