Le réchauffement climatique est devenu la dernière menace apocalyptique à la mode, mais derrière l'alibi écologique peuvent se cacher des conceptions idéologiques discutables.
On croirait lire une prophétie de Philippulus, le faux prophète qui annonce dans Tintin et l’Étoile mystérieuse le châtiment et la fin du monde. « Le réchauffement planétaire, annoncent nos Philippulus, va donner lieu à une recrudescence d'événements météorologiques extrêmes, telles que les tempêtes et les inondations. Des Tropiques à l'Arctique, nous subissons des phénomènes météorologiques extrêmes et erratiques dont les impacts sont dévastateurs, tant pour l'environnement que pour les populations. Ces trois dernières années, ces événements climatiques ont déjà coûté la vie à 100000 personnes. Une série de rapports d'experts climatiques, mondialement reconnus, ont confirmé l'imminence de la crise médiatique. »
Les Cassandre qui ont écrit et publié ces lignes appartiennent à l'association Greenpeace. On pourrait en citer bien d'autres, sur le même thème. Le réchauffement climatique a intégré et s'inscrit dans la suite de la destruction de la couche d'ozone, dont la revue Nature annonçait en 2006 qu'elle se portait mieux, et qui a cédé la manchette de nos journaux aux gaz à effets de serre.
Faut-il prendre ces avertissements au sérieux ? Faute de débat, il est difficile d'avoir du recul. Les thèmes écologiques ont quitté les cénacles scientifiques pour être vulgarisés à l'intention du grand public, sur fond d'idéologie. Le réchauffement climatique est ainsi en passe de devenir un dogme moderne et laïc. À moins de disposer de la notoriété de Claude Allègre, les scientifiques qui ne font pas chorus ne sont pas réduits au silence, mais plus simplement ignoré. Difficile de vous faire entendre, aujourd'hui, lorsqu'on vous coupe le micro. Au lendemain de la canicule de 2003, que les fervents du réchauffement climatique mettaient au compte de l'activité humaine, un climatologue du CNRS, Marcel Leroux, affirmait au contraire avec quelques arguments à l'appui que ce phénomène ne pouvait « en aucun cas être associé à l'effet de serre ». On ne peut pas dire qu'il ait passionné les journalistes.
Faut-il en conclure que la planète va pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Certes pas, mais n'est-il pas curieux qu'au lieu de parler des atteintes innombrables et très concrètes qui sont portées à la biosphère, autrement dit à notre environnement le plus immédiat, l'accent soit systématiquement mis sur le réchauffement de la planète, que nous manquons de recul pour étudier ?
Dans un ouvrage intitulé Écologiquement incorrect et paru en 2004, le journaliste Eric Joly remarque que « les défenseurs les plus acharnés du réchauffement climatique sont très proches des alters ou des antimondialistes », comme Attac. L'argument ne suffît pas à lui seul à réfuter la thèse du réchauffement, mais éclaire les enjeux idéologiques qui se sont greffés sur ce sujet. Ceux qui dénoncent les effets de l'activité humaine, quitte parfois à réputer nuisible le genre humain lui-même - voire, sans crainte du ridicule, nos braves vaches, dont les flatulences excessives précipiteraient la fonte de la banquise - sont surtout opposés au développement.
À ceux là, le pape Benoît XVI a répondu dans sa dernière encyclique, en renvoyant dos à dos ceux qui voudraient « absolutiser idéologiquement le progrès technique ou aspirer à l'utopie d'une humanité revenue à son premier état de nature ». En écologie aussi, il faut savoir raison garder.
Jean-Pierre Nomen monde&vie 21 septembre 2009 n° 816
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire