Datée de 1946, l’édition originale des souvenirs d’André François-Poncet, ambassadeur de France à Berlin de 1931 à 1938, se trouve sans difficulté chez les bouquinistes. Son papier de mauvaise qualité, aujourd’hui jauni, typique des livres imprimés après-guerre, tout comme l’absence de notes, risquent toutefois de décourager le lecteur. Pour qui s’intéresse à cette période, il s’agit pourtant d’un document capital. C’est pourquoi il faut féliciter les éditions Perrin d’avoir réédité ce classique de la littérature diplomatique, avec une préface et un appareil critique confiés à Jean-Paul Bled, spécialiste incontesté de l’histoire allemande et austro-hongroise.
André François-Poncet, successivement professeur agrégé d’allemand, journaliste, chef des services de renseignement économique en Allemagne au temps de l’occupation de la Ruhr par les troupes françaises et belges, député de centre-droit et sous-secrétaire d’Etat à l’Economie, est un ambassadeur atypique lorsqu’il est nommé à Berlin, en 1931, parce qu’il n’est pas issu du Quai d’Orsay. C’est en raison de sa connaissance de l’Allemagne et de ses compétences en économie qu’on lui attribue ce poste hautement stratégique, le gouvernement français suivant avec attention la situation de la république de Weimar. Le diplomate va avoir en réalité à en dresser l’acte de décès. Après l’accession de Hitler au pouvoir, il observe les règlements de comptes de la Nuit des longs couteaux, la mainmise du parti hitlérien sur la société allemande, le réarmement du Reich, ses avancées sur la scène européenne, jusqu’aux crises de 1938 – Anschluss, crise des Sudètes et conférence de Munich -, prélude à la guerre. Fin 1938, François-Poncet est nommé à Rome, où il tentera en vain, jusqu’en 1940, d’éloigner Mussolini du Führer. Les souvenirs de son ambassade à Berlin seront rédigés après 1945, sans recours à ses papiers, brûlés avec une partie des archives du Quai avant l’entrée des Allemands dans Paris. Ils valent surtout par les portraits des dirigeants allemands que l’auteur a rencontrés, à commencer par Hitler, par l’analyse lucide de l’idéologie nazie, et par l’évocation de l’enchaînement d’aveuglements et de lâchetés qui ont amené la catastrophe.
André François-Poncet, successivement professeur agrégé d’allemand, journaliste, chef des services de renseignement économique en Allemagne au temps de l’occupation de la Ruhr par les troupes françaises et belges, député de centre-droit et sous-secrétaire d’Etat à l’Economie, est un ambassadeur atypique lorsqu’il est nommé à Berlin, en 1931, parce qu’il n’est pas issu du Quai d’Orsay. C’est en raison de sa connaissance de l’Allemagne et de ses compétences en économie qu’on lui attribue ce poste hautement stratégique, le gouvernement français suivant avec attention la situation de la république de Weimar. Le diplomate va avoir en réalité à en dresser l’acte de décès. Après l’accession de Hitler au pouvoir, il observe les règlements de comptes de la Nuit des longs couteaux, la mainmise du parti hitlérien sur la société allemande, le réarmement du Reich, ses avancées sur la scène européenne, jusqu’aux crises de 1938 – Anschluss, crise des Sudètes et conférence de Munich -, prélude à la guerre. Fin 1938, François-Poncet est nommé à Rome, où il tentera en vain, jusqu’en 1940, d’éloigner Mussolini du Führer. Les souvenirs de son ambassade à Berlin seront rédigés après 1945, sans recours à ses papiers, brûlés avec une partie des archives du Quai avant l’entrée des Allemands dans Paris. Ils valent surtout par les portraits des dirigeants allemands que l’auteur a rencontrés, à commencer par Hitler, par l’analyse lucide de l’idéologie nazie, et par l’évocation de l’enchaînement d’aveuglements et de lâchetés qui ont amené la catastrophe.
Jean Sévillia
Souvenirs d’une ambassade à Berlin, 1931-1938, d’André François-Poncet, Perrin, 510 p., 24 €.
Sources : Le Figaro Magazine (Edition du vendredi 11 mars 2016)
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