vendredi 13 février 2015

Le darwinisme prend du plomb dans l’aile

La nouvelle est traitée avec prudence par la BBC, et on comprend vite pourquoi. Une étude génétique de grande envergure menée sur les pinsons de Darwin – les passereaux des Galapagos qui ont servi de fondement à la théorie de l’évolution du naturaliste anglais – vient de montrer que leur arbre généalogique, loin de permettre de suivre une « évolution » linéaire qui aurait permis l’apparition de nouvelles espèces, est en fait bien compliqué et même « désordonné ». En clair : les oiseaux ont certes de formes de becs très différentes dictées par leur code génétique, mais ils n’ont jamais cessé de se croiser, même d’une île à l’autre, et, pour bon nombre d’entre eux, d’être interféconds, là où on imaginait qu’ils étaient aussi différents qu’un cheval et un âne.
L’étude scientifique de leurs génomes a été menée par des chercheurs suédois et américains en confrontant les données obtenues sur 120 individus parmi 17 espèces (supposées) de pinsons de Darwin.
Différentes espèces de pinsons de Darwin… ou une espèce majeure ?
Ces petits oiseaux avaient émerveillé Charles Darwin lors de son voyage sur le Beagle : il en avait ramené un grand nombre à Londres, étonné de leurs différences de becs alors que les espèces semblaient très voisines. Il en avait tiré la théorie de la sélection naturelle, assurant que leurs différentes espèces avaient paru à la suite d’adaptations aux différentes sources de nourriture dans les îles Galapagos où, par ailleurs, ils rencontraient peu de « compétition » de la part d’autres oiseaux. Certains présentent des becs forts et obtus, permettant de d’écraser des graines et des insectes, d’autres des becs pointus. L’une des espèces étudiées présente des variations importantes en cas de sécheresse.
Le but était donc d’étudier les variations du génome des pinsons : elles se révèlent principalement, mais non uniquement liées au gène AKX1 qui présente deux variantes, l’une présente dans la forme ancestrale liée aux becs pointus, l’autre correspondant à une variation génétique propre aux pinsons des Galapagos.
Les études de Darwin contredites par la génétique
Mais si l’étude présente des côtés totalement inédits, c’est qu’elle a permis de montrer une proportion « surprenante » de circulation des gènes parmi les variantes de la famille des pinsons de Darwin : l’inter-fécondation et l’hybridation n’ont pas cessé, les variantes que l’on observe dans la forme des becs étant liées notamment à ces hybridations successives au moins dans l’une des espèces considérées. Au temps pour la « sélection naturelle »… Impossible de définir les espèces d’après l’arbre généalogique qu’on avait retenu jusqu’ici : il y a trop d’interpénétration.

Evolution ou micro-évolution ?
Et comme le note le Pr Peter Kneightley de l’université d’Edimbourg, il se pourrait bien que certaines des espèces de pinsons de Darwin que l’on jugeait distinctes ne le sont pas en réalité.
Pour le coup, c’est un vrai pavé dans la mare. Si les observations de Darwin sont contredites par la génétique, sa théorie de l’évolution en prend un coup : il aurait pris des micro-évolutions au sein de l’espèce, semblables à celles observées parmi les races de chiens, pour des évolutions d’une espèce à l’autre.

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