“Du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent“, aurait dit Napoléon à ses troupes. En fait, il s’agit au moins de 45 siècles, mais l’esprit y est. Ce que le Petit Caporal ne savait pas, c’est que durant toutes ces années, les pyramides en question ont été témoin d’un changement climatique qui a transformé la vallée du Nil, et vu l’extinction de nombreuses espèces, comme vient de le confirmer une étude publiée dans le journal Proceedings of the National Academy of Sciences (PLOS). Dans l’Égypte des pharaons, il y avait des lions, des gazelles, des girafes, et même des éléphants. L’équipe menée par Justin Yeakel (Université de Californie / Santa Fe Institute) a réexaminé en détails la liste de ces grands mammifères qui ont vécu dans la vallée du Nil durant les 6000 dernières années, liste basée sur les descriptions d’animaux sur les monuments et documents de l’Égypte ancienne.
Sur 37 espèces qui prospéraient avant même l’avènement du premier pharaon, il n’en reste plus que huit aujourd’hui.
Les chercheurs ont utilisé une liste compilée par le zoologiste Dale Osborne, qui à base de données archéologiques et paléontologiques ainsi que des archives historiques a réalisé une base de données des espèces et de leur évolution (ou disparition) au fil du temps.
Un “travail incroyable” qui a permis à Justin Yeakel et son équipe d’utiliser “des techniques de modélisation écologiques pour examiner les ramifications de ces changements“. L’analyse de ces données montre que l’extinction des espèces, probablement due à un climat de plus en plus sec et à la croissance de la population humaine, a rendu l’écosystème progressivement moins stable.
Un “travail incroyable” qui a permis à Justin Yeakel et son équipe d’utiliser “des techniques de modélisation écologiques pour examiner les ramifications de ces changements“. L’analyse de ces données montre que l’extinction des espèces, probablement due à un climat de plus en plus sec et à la croissance de la population humaine, a rendu l’écosystème progressivement moins stable.
“Ce qui était jadis une communauté de mammifères riche et diverse est très différente à présent“, explique Justin Yeakel. “Au fur et à mesure que le nombre d’espèces a décliné, l’un des premiers éléments a été la perte de redondance écologique du système. Il y avait plusieurs espèces de gazelles et d’autres petits herbivores, qui sont importants parce que de très nombreux prédateurs différents s’en nourrissent. Lorsqu’il y a moins de ces herbivores, la perte de l’une de ces espèces a un plus grand effet sur la stabilité du système, et peut amener des extinctions supplémentaires“.
Climat aride, chute des empires et lutte pour l’espace cultivable
Les chercheurs ont identifié 5 épisodes principaux durant les 6000 dernières années, durant lesquels des changements dramatiques se sont produits, trois d’entre eux coïncidant avec des changements environnementaux extrêmes, durant lesquels le climat est devenu plus aride. Ces périodes d’assèchement coïncident également avec des bouleversements dans les sociétés humaines, comme l’effondrement de l’Ancien Empire, il y a 4000 ans, ou la chute du Nouvel Empire, il y a 3000 ans.
S’ils ne peuvent exactement démêler les causes possibles de ces changements écologiques, ils ont identifié des moteurs potentiels. Il y a eu trois grandes vagues d’aridification, alors que l’Égypte allait d’un climat plus humide à un climat plus sec, à commencer par la fin d’une période humide pour l’Afrique, voici 5500 ans, lorsque les moussons se sont déplacées vers le sud.
En même temps, les densités de populations humaines augmentaient, l’agriculture s’emparait de terres jadis occupées par des herbivores, et la compétition pour l’espace le long de la vallée du Nil aurait eu un large impact sur les populations animales. précisent-ils.
Le plus récent changement pour les mammifères de la région se serait produit il y a cent ans. L’analyse des réseaux entre proies et prédateurs montre que les extinctions d’espèces dans les 150 dernières années a eu un impact disproportionné sur la stabilité de l’écosystème.
Pour l’équipe de Justin Yeakel, ces résultats ont des implications sur la compréhension des écosystèmes modernes. “Ce peut être juste un exemple d’une tendance plus large“, explique Yeakel.
“Nous voyons aujourd’hui beaucoup d’écosystèmes dans lesquels le changement d’une espèce provoque un grand changement sur la manière dont l’écosystème fonctionne, et cela peut être un phénomène moderne. On n’a pas tendance à penser à comment le système était voici 10000 ans, quand il y avait une plus grande redondance“. Il espère cependant que cela aidera à prévoir les changements futurs…
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