Le Figaro Magazine - 07/02/2014
Comment le républicain Salan est-il devenu le chef de l'OAS ?
Le 23 mai 1962, Raoul Salan est condamné par le Haut Tribunal militaire à la détention criminelle à vie, échappant à la peine capitale que voulait pour lui le chef de l'Etat. Comment Salan, officier de conviction républicaine, général le plus décoré de France, artisan du retour de De Gaulle aux affaires le 13 mai 1958, a-t-il été conduit à participer au putsch d'Alger, en 1961, puis à devenir le chef de l'OAS ? Pierre Pellissier, ancien journaliste au Figaro et auteur de nombreux livres touchant à l'histoire militaire, expose cet itinéraire paradoxal, de la notoriété et la gloire à la clandestinité et la prison, dans une biographie fouillée, pour laquelle il a exploité les archives privées de Salan. Le nom de ce dernier est resté attaché à la fin tragique de l'Algérie française, mais Pellissier éclaire l'état d'esprit avec lequel son héros a vécu cette période par sa vie antérieure.
Aspirant à Verdun en 1918, Salan gagne ses galons, entre-deux-guerres, au Levant puis en Indochine. Il en revient avec l'image d'un spécialiste, ayant appris plusieurs langues asiatiques, et le surnom de « Mandarin ». En 1940, il est de ceux qui se battent jusqu'au bout. Officier à Vichy, en contact avec la Résistance, il est muté en Afrique du Nord. En 1944, après avoir débarqué en Provence, il commande une division de l'armée de Lattre. Retourné en Indochine dès 1945, il prend le commandement en chef en 1952. En 1956, on lui confie le haut commandement en Algérie. Officier colonial par tout son être, passionnément attaché à l'Algérie française, Salan manifeste son désaccord avec l'orientation prise par de Gaulle à partir de 1959, ce qui lui vaut d'être poussé à la retraite en 1960. Interdit de séjour en Algérie, réfugié en Espagne, il rallie le putsch des généraux et s'engage dans l'aventure désespérée de l'OAS. Grand militaire, mais faible esprit politique, il avait été, montre Pellissier, plus le jouet des événements que leur moteur. Lors de son procès, il aura néanmoins le courage d'assumer toute sa responsabilité, même si celle-ci avait été plus nominale que réelle. Gracié en 1968, il aura fait six ans de prison. Selon sa volonté, sa tombe, à Vichy, est ornée d'un casque de poilu et porte cette simple épitaphe : « Raoul Salan, 1899-1984, soldat de la Grande Guerre. »
Jean Sévillia http://www.jeansevillia.com/index.php?page=fiche_article&id=318
Salan, de Pierre Pellissier, Perrin, 600 p., 26 €.
Comment le républicain Salan est-il devenu le chef de l'OAS ?
Le 23 mai 1962, Raoul Salan est condamné par le Haut Tribunal militaire à la détention criminelle à vie, échappant à la peine capitale que voulait pour lui le chef de l'Etat. Comment Salan, officier de conviction républicaine, général le plus décoré de France, artisan du retour de De Gaulle aux affaires le 13 mai 1958, a-t-il été conduit à participer au putsch d'Alger, en 1961, puis à devenir le chef de l'OAS ? Pierre Pellissier, ancien journaliste au Figaro et auteur de nombreux livres touchant à l'histoire militaire, expose cet itinéraire paradoxal, de la notoriété et la gloire à la clandestinité et la prison, dans une biographie fouillée, pour laquelle il a exploité les archives privées de Salan. Le nom de ce dernier est resté attaché à la fin tragique de l'Algérie française, mais Pellissier éclaire l'état d'esprit avec lequel son héros a vécu cette période par sa vie antérieure.
Aspirant à Verdun en 1918, Salan gagne ses galons, entre-deux-guerres, au Levant puis en Indochine. Il en revient avec l'image d'un spécialiste, ayant appris plusieurs langues asiatiques, et le surnom de « Mandarin ». En 1940, il est de ceux qui se battent jusqu'au bout. Officier à Vichy, en contact avec la Résistance, il est muté en Afrique du Nord. En 1944, après avoir débarqué en Provence, il commande une division de l'armée de Lattre. Retourné en Indochine dès 1945, il prend le commandement en chef en 1952. En 1956, on lui confie le haut commandement en Algérie. Officier colonial par tout son être, passionnément attaché à l'Algérie française, Salan manifeste son désaccord avec l'orientation prise par de Gaulle à partir de 1959, ce qui lui vaut d'être poussé à la retraite en 1960. Interdit de séjour en Algérie, réfugié en Espagne, il rallie le putsch des généraux et s'engage dans l'aventure désespérée de l'OAS. Grand militaire, mais faible esprit politique, il avait été, montre Pellissier, plus le jouet des événements que leur moteur. Lors de son procès, il aura néanmoins le courage d'assumer toute sa responsabilité, même si celle-ci avait été plus nominale que réelle. Gracié en 1968, il aura fait six ans de prison. Selon sa volonté, sa tombe, à Vichy, est ornée d'un casque de poilu et porte cette simple épitaphe : « Raoul Salan, 1899-1984, soldat de la Grande Guerre. »
Jean Sévillia http://www.jeansevillia.com/index.php?page=fiche_article&id=318
Salan, de Pierre Pellissier, Perrin, 600 p., 26 €.
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