"Un
des signes de ralliement des chrétiens est le signe de la croix. C'est
même le lieu et le moment de la victoire de la vie sur la mort,
paradoxalement. Pour tous les chrétiens de la planète terre, en
attendant les martiens et autres extra terrestres, cela n'a pas toujours
le même sens. Pour quelqu'un que je fréquente depuis plusieurs
dizaines d'années, moi par exemple, petit bourgeois occidental
normalement endormi, le signe de la croix est une activité assez banale
que je pratique à l’église ou lorsque je récite des prières. Il n'en
est pas ainsi pour les Coptes ou les Coréens du Nord, voire les Chinois
ou encore les Vietnamiens. Pour ces gens là le signe de la Croix
est le signe de la victoire spirituelle certes mais surtout de mort
sociale ou de mort tout court. Non sans souffrance diverses et variées.
Prenons la cas des Coptes. Le nom a un
sens, déjà, il signifie «égyptien». D'une certaine manière ils peuvent
prétendre être les seuls Egyptiens puisqu’ils sont les véritables
héritiers des peuples de l’Égypte ancienne et reconnus comme tels. Pour
éviter un mot interdit, on utilisera le mot d’ethnie. Ou, pour reprendre
un terme utilisé en France, les «Égyptiens de souche» ceux qui étaient
là avant l’envahisseur et colonisateur arabe. De même qu’Israël est
revenu à son légitime propriétaire, on pourrait rendre l’Égypte aux
Coptes.
Au XXeme siècle, les Coptes et les
musulmans ont eu l'occasion de s'unir ensemble contre l'occupant
britannique. Il y eut un grand moment de combat de la nation égyptienne
sous la bannière du parti Wafd. Dina el-Khawaga intellectuelle musulmane
laïque soutint en 1993 à Sc-Po Paris une thèse sur «Le Renouveau
copte.1919-1942» dans lequel elle écrit :« Les dirigeants coptes
défendent alors avant tout la nation au lieu de représenter les soucis
et aspirations de l'ensemble des coptes». C'est aussi l'époque ou
Hassan al-Bana crée le mouvement politico religieux des Frères musulmans
qui milite en faveur de la charia. Le Coran est leur constitution, et
leur mission «d'éduquer le monde selon les principes de l'islam».
Le Frère musulman promet en outre de combattre pour accomplir cette
mission tant qu'il vivra et de sacrifier pour cela tout ce qu'il
possède». Il y a une dimension secte que l'on retrouve dans la
Franc-Maçonnerie mais aussi et surtout le fanatisme musulman. Selon Al
Bana «l'islam est à la fois l'injonction et l’exécution, tout comme
il est la législation et l'enseignement la loi et le tribunal, pas l'un
sans l'autre». Bref, comme l'indique frère Tariq l'islam est un «englobant». La difficulté c'est que les Coptes ne veulent pas être englobés.
Un moment de répit fut le régime du
colonel Nasser qui interdit les frères musulmans et créa avec la Syrie
la RAU (République Arabe Unie) entre 1958 et 1961. Il manifesta aussi
beaucoup de respect pour le pape orthodoxe Cyrille V. Mais son
successeur Anouar el Sadate se crut assez fort pour manipuler les frères
afin de contrer les nasséristes et les marxistes. On connaît le
résultat : ils l’assassinèrent. La vérité est que l’Égypte vit sous
subvention US: 1,7 milliards et 415 millions pour l’aide civile, 1,3 Mds
pour l'aide militaire et 1,8 millions pour la formation militaire. Sans
oublier le G8 qui a promit 40 Mds de dollars pour aider la Tunisie et
l’Égypte en 2011. Un des très rares revenus de l’Égypte est le tourisme,
activité abhorrée de Frères, tout naturellement. Torpiller une des très
rares ressources de l’Égypte, qui peut, en outre, ouvrir sa population
au monde extérieur et faire découvrir les bienfaits de l'islam au
monde entier et en temps réel, n’est pas du goût des Frères. Pour eux
l'«Islam est la solution». L'énorme avantage de leur aventure
du pouvoir politique, qui semble prendre fin en ce moment même, est bien
de démontrer, a contrario, que l'islam est non pas la solution, mais
bien plutôt, comme partout ailleurs, le problème.
La constitution de 1971 en son article 2
institue l'islam comme religion officielle de l'état et mentionne la
charia comme «une source» de la législation. En 1981, Sadate fit
corriger le texte en la déclarant «source principale». On n'arrête pas
le progrès.
Il y a aussi dans ce livre tout un chapitre sur les exemples de violence subies par les chrétiens. Un grand classique est l'assassinat à la sortie de la messe.
Ou encore plus fort, pendant l'office. Un peu comme les FEM HAINE en
plus violent naturellement. Avec à la clef le déni : soit l'impétrant
est considéré comme malade mental, soit on nie le fait religieux en
parlant de délinquant. L'assassin de la messe de Noël de Nag Hammadi fut
condamné à mort parce que dans la fusillade il avait tué le policier
musulman chargé de protéger l'église copte. C'est dire clairement que la
vie d'un coopte ne vaut rien. Généralement au moment des funérailles des victimes, les chrétiens sont caillassés bastonnés voire couverts d’excréments.
Ailleurs, ce sont des moines qui sont
kidnappés entravés, et sommés de cracher sur la croix et de réciter la
chahada. Et cela dure depuis toujours, mais surtout depuis les années
70.
En février 2007 «le mufti de la
confrérie des Frères musulmans le cheikh Al-Khatib publia une fatwa
interdisant la construction d'églises en Égypte et recommandant la
destruction de celles qui existaient».
Un chapitre important de ce livre
concerne les propositions de changement. Car les Coptes aiment l’Égypte
et se posent en force de proposition pour tenter de sortir ce pays de la
mouise dans lequel l'Islam tente de l’embourber. A commencer par la
faiblesse des revenus par rapport au coût de la vie, la difficulté
d'accéder aux soins et à l'éducation, la mise en place d'une vraie
justice, l'ouverture d'un vrai débat sur le sectarisme, la
reconnaissance des droits fondamentaux et singulièrement la liberté
religieuse, ce qui passe par une reforme de l'art 2 de la Constitution,
une analyse saine des rapports entre religions et de l'histoire de la
région en général. Depuis 2006, la moitié des chrétiens d'Irak a du fuir
leur pays livré à la guerre fratricide que sunnites et chiites se sont
promis. Un dialogue religieux semble très nécessaire. Mais «laïcité» est
un mot proscrit en islam car il est compris comme athéisme.
Parfois, il se trouve cependant un
musulman qui peut prononcer des paroles censées comme ce Libanais
musulman Muhammad al-Sammak qui intervint à Rome en octobre 2010 lors
du Synode: «je ne peux pas vivre mon arabité sans le chrétien arabe
du Moyen orient. L'émigration du chrétien est un appauvrissent de
l’identité arabe de sa culture et de son authenticité».
Parmi les solutions proposées par les Coptes pour l’Égypte, il y a ce principe du fondateur du parti Wafd : «La religion est à Dieu et la patrie à tous».
Le jésuite égyptien Henry Boulad propose
quant à lui un dialogue «islamo-musulman entre modéré et radicaux»; il
observe également que «l'islam est en pleine interrogation; le signe
d'un doute fondamental qui n'arrive pas à composer avec la modernité»,
comprise dans le sens d'une mentalité.
L'engagement politique publique des Coptes est un fait nouveau (comme celui des catholiques en France).
La question qui se pose est celle de l'identité de l’Égypte. Va-t-elle
redevenir ce très vieux pays d’où est sorti un certain Moise, et
quelques mathématiciens célèbres qui ont formatés les Grecs nos maîtres
en philosophie et en démocratie, ou bien va t elle rester l'un de ces
innombrables pays arabo-musulmans à la dérive. Avec, comme toujours, la
même intoxication à l'islam, opium le plus dur pour les peuples et voie
la plus sure de la servitude."
Le Salon Beige
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