Le souvenir m'est resté du titre d'un brûlot, remontant à 1959 : "de
Hanoï à Leipzig un milliard d'esclaves". Ceci décrivait alors, le
lecteur l'a compris, la situation des pays occupés par l'armée rouge en
1945, puis par les armées de Mao Tsé-toung en 1949 et celles du Vietminh
en 1954, aux applaudissements hélas de notre si chère intellocratie
parisienne.
Cette situation-là s'est largement améliorée depuis. On doit s'en
féliciter, ou plutôt on doit prendre conscience de ce que nous devons
aux gens qui ont combattu et largement vaincu le communisme. On devrait
d'ailleurs cesser de ramener à la "chute du mur", ce que l'on doit à
Lech Walesa, au pape Jean-Paul II et à Ronald Reagan. On ne saurait non
plus considérer comme anecdotique à cet égard que Barack Husseïn Obama
ait pris la décision de supprimer l'ambassade américaine au Vatican,
créée en 1984 sous la présidence Reagan.
Or l'une des découvertes qu'ont pu faire les lecteurs de "l'Archipel
du Goulag" d'Alexandre Soljenitsyne, ou des bouleversants "Récits de la
Kolyma" de Varlam Chalamov (1)⇓
c'est précisément l'horrible condition résultant de l'univers
concentrationnaire mis en place par Lénine et dont très longtemps les
belles et grandes consciences de notre Hexagone ont tout simplement, et
pendant si longtemps, nié l'existence.
Si on la compare à la "case de l'Oncle Tom" on découvre que le
XXe siècle avait, en matière de servitude, réalisé de considérables
"progrès", grâce à la mainmise de l'État sur la vie des individus.
Aujourd'hui, au XXIe siècle les défenseurs de la liberté doivent se
préparer à combattre de nouvelles formes de contrainte, d'oppression, et
même à de nouvelles inventions dans le registre du totalitarisme.
Jules Monnerot l'avait remarqué dans la première partie de sa
"Sociologie du communisme" : l'entreprise de Lénine était structurée
comme l'avait été au VIIIe siècle la vague déferlante des successeurs de
Mahomet. (2)⇓
La tentative en cours d'une renaissance politique de ce qui devrait
n'être considéré que comme une religion aboutit notamment à la
revendication du Califat mondial, c'est-à-dire à un pouvoir politique
absolu.
Ce que nous appelons, dès lors, "l'islamisme" donne dans ce contexte
naissance à divers monstres. Dès 1986, nous avons connus à Paris les
attentats aveugles, sanglants, contre Tati puis ceux de Khalid Kelkal en
liaison avec le GIA algérien. Avec le World Trade center à New York en
2001, Madrid en 2004, Londres en 2005 cette forme extrême caractérise un
véritable "islamo-terrorisme".
Mais, au-delà de ces manifestations insupportables, on gagnerait sans
doute à s'interroger sur le mépris élémentaires des droits humains
qu'elles supposent.
Tels que nous les pensons désormais en occident, les admirateurs, ou
plus exactement les obligés du Qatar devraient en prendre conscience et
reconnaître l'incompatibilité des pratiques de l'émirat avec les valeurs
de l'occident.
Dans un article consacré aux "esclaves du football" Laurent Glauzy
décrit ainsi la situation abominable des malheureux mercenaires du sport
spectacle. Il évoque notamment le sort de Zahir Bellounis ressortissant
Français, attiré par un contrat mirifique, aujourd'hui retenu contre
son gré, privé de rémunération. Confronté à ce pauvre concitoyen ruiné
M. Hollande lui aurait conseillé de "rester fort. (3)⇓
Hélas la situation va bien au-delà des cas de ces sportifs trompés
par ce miroir aux alouettes. On doit mesurer que dans cette principauté
cohabitent 300 000 sujets de l'émir, plus ou moins bénéficiaires de la
rente du pétrole, en face de 1 700 000 immigrés, privés de droits, qui
travaillent à leur service.
Or,le Qatar prévoit d’investir dans la coupe du monde quelque
200 milliards de dollars. Les travaux sont effectués dans des conditions
abominables. En quelques mois on compte soixante-dix ouvriers népalais
morts d’épuisement.
On se rapproche encore plus des conditions de l'esclavage dans
l'affaire à peine croyable des trois femmes séquestrées durant trente
ans par un couple, près de Londres. Les suspects, un couple
d'ex-militants maoïstes avaient manifestement recrutés ces malheureuses
dans le contexte de leur secte révolutionnaire, celui d'un squat
communiste, le Mao Tse-toung Memorial Centre dans le quartier de
Brixton. (4)⇓
Mais au fait qui donc organise le transfert de ces victimes ?
L'arrestation en Italie d'un chef de bande somalien jette un jour que
les lecteurs de "Coke en Stock" connaissent bien.
Le nommé Elmi Mouhamud Muhidin, 24 ans, dirigeait en effet un réseau
spécialisé dans un commerce bien particulier. Sous ses ordres : une
cinquantaine d'hommes, Somaliens et Soudanais. Arrêté en Italie, il est
poursuivi pour viol et séquestration. Sa bande avait enlevé 130
érythréens candidats au paradis européen. Le groupe marchait dans le
Sahara entre le Soudan et la Libye. Dans ce pays ils se sont retrouvés
entassés dans une pièce pendant deux semaines. Ils y ont été torturés,
la plante des pieds frappée au marteau. Ils ont également été soumis à
des décharges électriques. Les 20 femmes du groupe ont été violées à
plusieurs reprises et offertes "comme une tasse de thé" à des
"visiteurs". Ces malheureux ont ensuite été forcés de payer une
véritable rançon : plus de 3 000 dollars par personne pour être
transportés à Tripoli, où ils ont été remis à d'autres trafiquants qui
géraient un camp de 600 personnes etc. (5)⇓
Tout cela ressemble de plus en plus à la condition des esclaves
d'autrefois. Mais pourquoi diantre les ligues de vertu ne
protestent-elles pas ?
Pourquoi les belles âmes, de Harlem Désir à Taubira, n'en font-elles pas des rassemblements à la Mutualité ?
Apostilles
- cf. "Récits de la Kolyma". ⇑
- cf. "L'islam du XXe siècle". ⇑
- cf. sur le site Contre Info .⇑
- cf. Le Monde.fr avec AFP | 25.11.2013 à 18h15 .⇑
- cf. sur le site de L'Expansion .⇑
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