L’évocation d’Auschwitz est omniprésente
: dans les programmes de l’Education nationale comme dans les séries
télévisées et les films de fiction. Mais l’hypermnésie de certains
événements peut conduire à la négation du souvenir des autres. Or le
souvenir français, tel qu’il a été charnellement vécu par les familles
françaises, se trouve plus souvent sur les champs de bataille que dans
les camps de concentration. A Verdun ou à Saumur plutôt qu’à Auschwitz.
Explications.
Le ministre de l’Education nationale a
choisi symboliquement le jour de la rentrée scolaire, le 1er septembre
2011, pour recevoir Richard Prasquier, président du Conseil
représentatif des institutions juives de France (CRIF), et le cinéaste
Claude Lanzmann, auteur du film Shoah. Luc Chatel leur a redit
solennellement l’importance primordiale qu’il accordait à l’enseignement
de la « Shoah », une importance telle qu’elle justifie d’ailleurs
l’existence d’un site officiel dédié sur le portail de l’Education
nationale.
La persécution dont les juifs ont été
victimes durant la seconde guerre mondiale est naturellement un élément
central de la mémoire juive. Et les souffrances des juifs français sont
bien évidemment un élément important de la mémoire française. Nul ne
peut oublier le souvenir de nos 25.000 compatriotes juifs français (et
des 50.000 juifs étrangers présents en France) déportés dans les camps
de concentration dont bien peu eurent, comme Simone Veil, la chance de
revenir en France.
Hypermnésie de certaines souffrances, amnésie des autres
Mais ces souffrances-là ne doivent pas
conduire à nier ou à minimiser les autres drames français. Or,
l’hypermnésie de la souffrance des uns conduit souvent à l’amnésie de la
souffrance des autres. A-t-on le droit d’oublier (chiffres donnés par
Jacques Dupâquier dans Histoire de la population française) :
- - les 123.000 militaires tués en 1939/1940 ; dans la bataille de France, en ce printemps 1940, c’est 3.000 hommes qui sont tombés chaque jour, le plus souvent en combattant, à l’instar des Cadets de Saumur ; - les 45.000 prisonniers de guerre qui ne revinrent jamais ;
- - les 20.000 tués des FFI et des FFL ;
- - les 27.000 résistants morts en déportation ;
- - les 43.000 morts de l’armée de la Libération ;
- - les 40.000 requis morts en Allemagne ;
- - les 125.000 victimes des bombardements aériens (pas toujours justifiés militairement) et terrestres.
Oublier ces victimes, ce n’est pas
seulement un déni de compassion, c’est les tuer une deuxième fois ;
c’est aussi trahir la vérité historique.
Ce qui compte dans la mémoire d’un peuple c’est ce que ses ancêtres ont charnellement vécu
Et pourtant ces victimes furent honorées
dans l’immédiat après–guerre : par les timbres-postes, les noms de rue,
les livres, les films, les disques, et ce jusqu’au début des années
1970, avant de disparaître dans l’obligation de repentance et l’oubli
officiel. Pourtant ces victimes-là sont encore très présentes dans la
mémoire française : parce que, les événements qui ont provoqué leur
mort, ceux qui ont survécu les ont aussi connus et pas seulement au…
cinéma. Or ce qui se transmet dans la mémoire des familles et des
lignées, c’est ce que les ancêtres ont vécu. La patrie, c’est la terre
des pères.
Français de souche ? Avoir son patronyme inscrit sur un monument aux morts
C’est pourquoi dans chaque famille
française la mémoire de 1914 est si vive. Chaque famille conserve le
souvenir des 1.400.000 morts de la Grande Ordalie : 1.000 morts par jour
pendant quatre longues années. Et les Français vivants ont tous un
père, un grand-père, un arrière-grand-père ou un trisaïeul qui a
combattu à Verdun. Dans cette guerre civile européenne, c’est le sang
gaulois qui a coulé. La présence dans nos villes et nos villages des
monuments aux morts est infiniment poignante.
Réfléchissons un instant à ce qu’est un
Français de souche : un Français de souche, c’est un Français dont le
patronyme est inscrit sur l’un de nos monuments aux morts.
Un Français de souche, c’est un Français
qui a dans ses archives familiales les lettres ou les carnets d’un
ancêtre qui raconte avec des mots simples le quotidien de la Grande
Guerre. Alors qu’approche le centenaire du 2 août 1914, ces écrits
simples, précis et sans emphase, trouvent le chemin de l’édition :
pieuses autoéditions familiales ou publication chez de grands éditeurs
comme le carnet de route du sous-lieutenant Porchon (*). N’oublions pas
non plus le succès du Monument, livre de Claude Duneton, qui
raconte la vie des hommes dont les noms sont inscrits sur le monument
aux morts d’un village du Limousin. Comme le dit un lecteur sur le site
d’Amazon : « Vous ne traverserez plus jamais un petit village de France
sans chercher des yeux son monument aux morts et avoir une pensée émue
pour ces hommes dont le nom est gravé. Quels auraient été leurs destins
et celui de leurs villages sans cette guerre ? Un livre à lire et à
faire lire pour ne pas oublier. »
Reprendre le fil du temps dans la fidélité à la longue mémoire
Le siècle de 1914 s’achève : après avoir
vu disparaître le fascisme, le national-socialisme, le communisme,
c’est le libre-échangisme mondialiste qui s’effondre sous nos yeux. Le
centenaire de 1914 approche, et il sera, n’en doutons pas, profondément
commémoré. Pour la France et l’Europe le moment est venu de reprendre le
fil du temps et de la tradition. Un fil du temps interrompu il y a un
siècle. Un fil du temps à reprendre dans la fidélité à la longue
mémoire.
Jean-Yves Le Gallou http://archives.polemia.com/article.php?id=4292
7/11/2011
7/11/2011
(*) La
précision de ces textes est admirable. J’ai eu la surprise de lire la
narration des mêmes événements – attaques et contre-attaques aux Eparges
en janvier/février 1915 – dans trois textes différents :
- Carnet de route du sous-lieutenant Porchon, saint-cyrien, chef de section, tué au combat, commandant la section voisine de celle du sous-lieutenant Genevoix ;
- Ceux de 14, admirable somme de Maurice Genevoix, blessé au combat ;
- Mémoires d’Auguste Finet, mon grand-père, simple soldat, sorti de l’école à onze ans et écrivant bien le français, blessé au combat.
Ce sont les mêmes faits qui sont précisément décrits, presque avec les mêmes mots. A cet égard la belle reconstruction littéraire de Maurice Genevoix est d’une fidélité parfaite aux événements.
- Carnet de route du sous-lieutenant Porchon, saint-cyrien, chef de section, tué au combat, commandant la section voisine de celle du sous-lieutenant Genevoix ;
- Ceux de 14, admirable somme de Maurice Genevoix, blessé au combat ;
- Mémoires d’Auguste Finet, mon grand-père, simple soldat, sorti de l’école à onze ans et écrivant bien le français, blessé au combat.
Ce sont les mêmes faits qui sont précisément décrits, presque avec les mêmes mots. A cet égard la belle reconstruction littéraire de Maurice Genevoix est d’une fidélité parfaite aux événements.
Voir aussi :
Austerlitz : de la repentance à l'autoflagellation
Mémoire de la « Shoah », mémoire française et politique d'immigration
Contre l'historiquement correct
Entretien avec Dominique Venner, « Le Choc de l'Histoire. Religion, mémoire,identité » Propos recueillis par Laure d'Estrée
« Le Siècle de 1914 / Utopies, guerres et révolutions en Europe au XXe siècle » par Dominique Venner
Mémoire de la « Shoah », mémoire française et politique d'immigration
Contre l'historiquement correct
Entretien avec Dominique Venner, « Le Choc de l'Histoire. Religion, mémoire,identité » Propos recueillis par Laure d'Estrée
« Le Siècle de 1914 / Utopies, guerres et révolutions en Europe au XXe siècle » par Dominique Venner
1 commentaire:
Essayez ce site:litteratureaudio,de nombreux textes audio telechargeable ,j'y ai decouvert dans la rubrique correspondances de guerre,Louis Pergaud(dont je connaissais un livre sans savoir qu'il en est l'auteur..)
Pergaud raconte dans ses lettres ses premiers jours de guerre,il ecrit a sa femme et des amis,bouleversant,et d'autres emotions,plus agréables, dans ses precieuses lettres.
Pergaud est disparu...tout prés d'ici,Verdun.
Dominique.
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