Antoine
Murat, avocat honoraire, a commencé à militer dans les camelots du Roi
en 1928 à peine âgé de vingt ans. Sa fidélité à l'Action française
qu'il a souvent défendue en justice ne s'est jamais démentie depuis
lors. Retiré aujourd'hui à Bordeaux il continue à s'associer à la vie du
journal et du mouvement d'A.F. À la suite d'un long entretien qu'il a
eu en janvier 2006 avec Pierre Pujo et Philippe Prévost qui lui
rendaient visite, il a souhaité rédiger ses souvenirs de l'entre-deux
guerres. Nous publions ci-dessous son texte, qui constitue un précieux
témoignage sur les haines déchaînées contre l'Action française aussitôt
après la guerre de 1914-1918.
La victoire due à l’héroïsme des combattants devait une partie de son être aux actions de Léon Daudet, de Bainville et de Maurras. C’était évident pour qui avait suivi le déroulement du conflit. Mais un grand nombre de contemporains avaient vécu - c’est naturel - au jour le jour, sans bien savoir.
Les champs de bataille avaient gardé les meilleurs. Toute la jeunesse de France, son élite, son avenir, était meurtrie ; la plupart avaient été couchés froids et sanglants sur la terre quils avaient défendue.
Les responsables du conflit, les idéologues qui s’étaient trompés, les amis de l’Allemagne, les traîtres (Almerayda), les lâches, les embusqués, la clique des Caillaux, des Malvy, Painlevé, Briand et autres politiciens, redoutaient l’avenir. Ils avaient à rendre des comptes. Normalement leur échec aurait dû être si patent que leur carrière en fût à jamais brisée.
Les poilus revenaient épuisés, fatigués, ayant souffert. Ils aspiraient au repos. À la paix. Unis comme au front : la devise était belle. Elle était vraie, dans son essence. Elle était aussi fragile, car le temps estompe, efface, et l’oubli sétend. Les deuils et la gloire composaient un climat où dominait, me semble-t-il, le désir de se reposer. Le prix des efforts soufferts était un immense besoin de se laisser aller.
Des élections étaient nécessaires. Ce fut la Chambre bleu horizon. Et Déschanel prit la succession de Poincaré (1). La camaraderie des tranchées s’atténua, et les politiciens manœuvrèrent de plus en plus librement. Les condamnations de Caillaux et de Malvy fournissent des points de repère. Le prix de la trahison nest pas élevé.
Désillusions
Fait capital : aux yeux de la plupart des Français, la République avait gagné la guerre. Le livre de Sembat avait été un cri d’alarme. En 1913 ce compagnon de Jaurès, qui fut leader de L’Humanité, avait été contraint de reconnaître la nécessité d’un roi pour mener une guerre : Faites un roi sinon faites la paix. Marcel Sembat admettait la force des arguments de Maurras. Ses 250 pages méritent dêtre relues. Elles confirment Kiel et Tanger.
L’héroïsme obtint ce qui paraissait inconcevable. L’Action française se sacrifia dans l’Union sacrée, et elle se donna tout entière. Un esprit aussi remarquable que Pierre Lasserre interpréta, faussement, le succès militaire français comme le démenti du jugement qu'il avait porté sur la totale incapacité du régime républicain à soutenir une guerre. J’ai entendu autour de moi, alors que j’étais un enfant, d'anciens combattants se dire républicains parce que la République avait battu l’Allemagne et l’Autriche, et parce qu’elle était à la tête d'un empire colonial... La suite a réduit ces illusions à néant.
La IIIe République avait affaibli l’armée (affaire Dreyfus, affaire des fiches, campagne contre la folie des armements) ; elle continua son œuvre de mort, elle sabota la victoire et elle conduisit à la catastrophe de 1940. Vingt années lui suffirent... Qui s’opposa à ce crime contre la patrie ? Peu à peu, l’Action française, qui était à la tête de la résistance, se vit mise à part.
La révolution russe avait fait s’écrouler un empire. L’esprit révolutionnaire s'incarnait, et il se propageait à travers l’Europe. Le germanisme lui apportait des éléments d’action, comme aussi les principes de 1789, l’expérience de la Terreur, celle de la Commune. L’exemple de Béla Kun était un échantillon de ces forces destructrices... Un peu partout les violences éclataient, ajoutant misères, ruines, anarchie et mort. Toutes sortes de tendances voyaient le jour : séparatisme rhénan, fascisme italien, entre autres, réagissaient pour contenir les périls.
Ce chambardement permettait à bien des politiques de masquer leurs échecs, même patents, et de se poser en hommes d’avenir. Tout était remis en question. Caillaux et Malvy pouvaient revenir, Briand, finasser.
Les politiciens de métier ne savaient pas gouverner bien ; ils savaient se faire élire. D’instinct, ils ne se sont pas trompés sur l’adversaire : l’Action française. Ils en ont éloigné les anciens combattants. Le discours de Ba.ta.clan illustre assez exactement la manœuvre. Pourquoi se séparer de la République ?
Ce ne fut pas un éloignement entre hommes qui s'estimaient, mais une rupture. La coupure allait s'aggravant. Sans cesse des accusations répétées tenaient lieu de vérités, et de nouveaux griefs servaient à rendre crédible ce qui était faux. On divisait : l'affaire de Georges Valois(2) est caractéristique. La baisse de linfluence de Maurice Barrès à la fin de sa vie devrait être examinée avec soin, car elle est le résultat d’habiles manœuvriers agissant contre un maître si longtemps respecté.
Daudet, cible rêvée
Daudet a été la cible rêvée. Il n’avait cessé dêtre au premier rang. Par son adolescence, il touchait au milieu des Hugo, Charcot et autres grands hommes de la république. Il avait rompu pour mener librement une carrière dhomme de lettres et de journaliste. Ses trouvailles de style époustouflaient. Il était l’auteur de L’Avant-guerre. Il s’était battu, à visage découvert, contre les traîtres, contre le joug allemand. Daudet enthousiasmait la jeunesse intellectuelle par la beauté, l’imprévu, la puissance et la vérité de son verbe. Mais, inévitablement, il blessait certains de ceux qu’il étrillait ; et d’autant plus qu’il avait en général raison.
La victoire due à l’héroïsme des combattants devait une partie de son être aux actions de Léon Daudet, de Bainville et de Maurras. C’était évident pour qui avait suivi le déroulement du conflit. Mais un grand nombre de contemporains avaient vécu - c’est naturel - au jour le jour, sans bien savoir.
Les champs de bataille avaient gardé les meilleurs. Toute la jeunesse de France, son élite, son avenir, était meurtrie ; la plupart avaient été couchés froids et sanglants sur la terre quils avaient défendue.
Les responsables du conflit, les idéologues qui s’étaient trompés, les amis de l’Allemagne, les traîtres (Almerayda), les lâches, les embusqués, la clique des Caillaux, des Malvy, Painlevé, Briand et autres politiciens, redoutaient l’avenir. Ils avaient à rendre des comptes. Normalement leur échec aurait dû être si patent que leur carrière en fût à jamais brisée.
Les poilus revenaient épuisés, fatigués, ayant souffert. Ils aspiraient au repos. À la paix. Unis comme au front : la devise était belle. Elle était vraie, dans son essence. Elle était aussi fragile, car le temps estompe, efface, et l’oubli sétend. Les deuils et la gloire composaient un climat où dominait, me semble-t-il, le désir de se reposer. Le prix des efforts soufferts était un immense besoin de se laisser aller.
Des élections étaient nécessaires. Ce fut la Chambre bleu horizon. Et Déschanel prit la succession de Poincaré (1). La camaraderie des tranchées s’atténua, et les politiciens manœuvrèrent de plus en plus librement. Les condamnations de Caillaux et de Malvy fournissent des points de repère. Le prix de la trahison nest pas élevé.
Désillusions
Fait capital : aux yeux de la plupart des Français, la République avait gagné la guerre. Le livre de Sembat avait été un cri d’alarme. En 1913 ce compagnon de Jaurès, qui fut leader de L’Humanité, avait été contraint de reconnaître la nécessité d’un roi pour mener une guerre : Faites un roi sinon faites la paix. Marcel Sembat admettait la force des arguments de Maurras. Ses 250 pages méritent dêtre relues. Elles confirment Kiel et Tanger.
L’héroïsme obtint ce qui paraissait inconcevable. L’Action française se sacrifia dans l’Union sacrée, et elle se donna tout entière. Un esprit aussi remarquable que Pierre Lasserre interpréta, faussement, le succès militaire français comme le démenti du jugement qu'il avait porté sur la totale incapacité du régime républicain à soutenir une guerre. J’ai entendu autour de moi, alors que j’étais un enfant, d'anciens combattants se dire républicains parce que la République avait battu l’Allemagne et l’Autriche, et parce qu’elle était à la tête d'un empire colonial... La suite a réduit ces illusions à néant.
La IIIe République avait affaibli l’armée (affaire Dreyfus, affaire des fiches, campagne contre la folie des armements) ; elle continua son œuvre de mort, elle sabota la victoire et elle conduisit à la catastrophe de 1940. Vingt années lui suffirent... Qui s’opposa à ce crime contre la patrie ? Peu à peu, l’Action française, qui était à la tête de la résistance, se vit mise à part.
La révolution russe avait fait s’écrouler un empire. L’esprit révolutionnaire s'incarnait, et il se propageait à travers l’Europe. Le germanisme lui apportait des éléments d’action, comme aussi les principes de 1789, l’expérience de la Terreur, celle de la Commune. L’exemple de Béla Kun était un échantillon de ces forces destructrices... Un peu partout les violences éclataient, ajoutant misères, ruines, anarchie et mort. Toutes sortes de tendances voyaient le jour : séparatisme rhénan, fascisme italien, entre autres, réagissaient pour contenir les périls.
Ce chambardement permettait à bien des politiques de masquer leurs échecs, même patents, et de se poser en hommes d’avenir. Tout était remis en question. Caillaux et Malvy pouvaient revenir, Briand, finasser.
Les politiciens de métier ne savaient pas gouverner bien ; ils savaient se faire élire. D’instinct, ils ne se sont pas trompés sur l’adversaire : l’Action française. Ils en ont éloigné les anciens combattants. Le discours de Ba.ta.clan illustre assez exactement la manœuvre. Pourquoi se séparer de la République ?
Ce ne fut pas un éloignement entre hommes qui s'estimaient, mais une rupture. La coupure allait s'aggravant. Sans cesse des accusations répétées tenaient lieu de vérités, et de nouveaux griefs servaient à rendre crédible ce qui était faux. On divisait : l'affaire de Georges Valois(2) est caractéristique. La baisse de linfluence de Maurice Barrès à la fin de sa vie devrait être examinée avec soin, car elle est le résultat d’habiles manœuvriers agissant contre un maître si longtemps respecté.
Daudet, cible rêvée
Daudet a été la cible rêvée. Il n’avait cessé dêtre au premier rang. Par son adolescence, il touchait au milieu des Hugo, Charcot et autres grands hommes de la république. Il avait rompu pour mener librement une carrière dhomme de lettres et de journaliste. Ses trouvailles de style époustouflaient. Il était l’auteur de L’Avant-guerre. Il s’était battu, à visage découvert, contre les traîtres, contre le joug allemand. Daudet enthousiasmait la jeunesse intellectuelle par la beauté, l’imprévu, la puissance et la vérité de son verbe. Mais, inévitablement, il blessait certains de ceux qu’il étrillait ; et d’autant plus qu’il avait en général raison.
Un
ouragan de haine se déchaîna contre lui. C’est quelque chose d’inouï,
d’incroyable. Les pires élucubrations étaient soutenues, avec
méchanceté, voire grossièreté. On prétendit qu’il était un fainéant, un
ivrogne, un goinfre, un noceur, un cerveau malade, ou, comme
l’écrivait un certain Gaucher, un obsédé sexuel...
La
presse de ces années 1920-1939 est riche de ces horreurs. Elles sont
aujourd’hui oubliées. Tant mieux. Mais elles ont fait grand mal. Il
faudrait que des historiens relisent ces articles nauséabonds. L’œuvre
et Le Canard enchaîné y ont joué un rôle particulièrement sournois. On
ne saurait résumer. Ce dont je me souviens, et dont je garde un
sentiment de souffrance, c’est que les hommes d’Action française
étaient tous des fanatiques, des violents, sectaires, sans scrupule,
capables des pires choses, des gens aux mœurs dépravées, sans foi ni
loi. J’en étais effrayé.
Philippe
Daudet est mort dans des conditions qui dénoncent un assassinat (3).
Son père a cherché la vérité. Parmi ceux qu’il accusait, le chauffeur
de taxi qui avait transporté l’enfant lui intenta un procès en
diffamation. Chose scandaleuse, Léon Daudet fut condamné à cinq ans de
prison et 1 500 francs d’amende. Les comptes rendus permettent de
revivre les audiences. Pour qu’un jury car en ce temps-là les procès
de presse étaient soumis aux assises, afin que ce soit l’opinion
publique elle-même qui se prononce condamne aussi sévèrement alors que
la bonne foi méritait l’acquittement, il fallait que l’inculpé
inspirât du mépris. L’affaire de Philippe Daudet démontre quel degré de
haine les campagnes de presse avaient atteint.
Assassinats
Ces
campagnes accompagnaient les meurtres dont étaient victimes les hommes
d’A.F. Philippe Daudet est mort le 25 novembre 1923. Quelques mois
auparavant, le 22 janvier 1923, Marius Plateau, héros et grand blessé de
la guerre, chef des camelots du Roi, avait été assassiné par Germaine
Berton. Celle-ci n’avait pu abattre Maurras le 21 janvier à la messe de
Louis XVI. Elle se rattrapa le lendemain.
En
décembre 1923, Germaine Berton fut acquittée. Je me souviens de la
réflexion que fit, devant moi, un brave homme qui était un homme brave, à
propos de l’assassinat de Plateau. Les anciens combattants auraient
manifesté leur colère si Plateau n’avait pas été d’A.F... Car l’A.F.
c’est la violence. Tant pis pour ceux qui osent se défendre ! C’est
pourtant presque toujours du même côté que sont les assaillants : la
longue série des assassinats politiques a la gauche pour auteur.
L’horrible liste est instructive.
Les
morts se succèdent. Les victimes sont de droite. Maurras la échappé
belle. À sa place, Berger (4) qui travaille à l’A.F. est abattu : son
assassin s’est trompé de cible... Il est absolument nécessaire de
publier la liste des victimes. Elles sont ignorées aujourd’hui. Or ces
années sanglantes sont une terrible leçon. Rappelons les noms qui nous
sont familiers, à nous seuls, hélas. Cest un devoir de mémoire, de
piété. Ces années sont marquées par le sang d’innocents. L’hécatombe
est lourde.
La lettre à Schrameck
Le
Cartel des gauches succède le 11 mai 1924 à la Chambre bleu horizon.
Les tueries se multiplient à Paris, en province, à Marseille... Ainsi,
le 23 avril 1925, les communistes tuaient par balle quatre membres des
Jeunesses patriotes qui sortaient d’une réunion, rue Damrémont. Il y
avait des blessés. L’un deux était mon confrère et ami Émile Meaux
(plus tard vice-président de la Légion). Le mal révolutionnaire étendait
son empire.
Le coup d’arrêt
fut donné par la lettre à Schrameck (5). La menace de Maurras porta :
le ministre de l’Intérieur eut peur ; sa responsabilité personnelle
entraînait le châtiment ; il céda.
Une
étude brève mais complète serait un enseignement incomparable. Comment
arrêter une tyrannie sanguinaire ? Comment en finir avec le terrorisme ?
Le témoignage en justice de Maritain, défendant notre maître, vaut
dêtre lu, ou relu : « Il faut que la bienfaisance de l’acte
héroïque que Maurras eut l’audace et le courage daccomplir soit
parfaitement établie. Cela s’impose. Sinon la perfidie aura grande
facilité à changer en mal ce qui fut un remède sauveur. » La lettre
à Schrameck, incomprise, fait sa partie dans le chœur qui maudit la
cruauté des gens d’A.F. Leur courage effraie les prétendus
bienpensants.
Le succès total
ainsi remporté permit, un peu plus tard, de couper court aux dangers
que faisaient courir à la paix et aux rapports franco-italiens les
partisans d’Haïlé Sélassié, qui agissaient dans l’anonymat. La
révélation de leurs noms désignait quels seraient les responsables.
[Voir l’enjeu : Mussolini, le Brenner, Dollfuss, puis...
l’Anschlluss…] Le précédent de l’affaire Schrameck était dans les
esprits (6).
La violence au service de la raison
L'occasion
s'offre de montrer avec quelle mesure se fait la politique d’Action
française. La violence au service de la raison supplée à l’absence du
droit dont souffre notre régime. Parce que la force est employée pour
éviter un mal ou arriver au bien, elle est maniée avec prudence. On la
montre pour n’avoir pas à s’en servir. Nos mains sont pures. Nos
maîtres ont rejeté des disciples qui allaient au-delà du juste. Votre
père a mis à sa place, c’est-à-dire au ban de la société, la Cagoule.
Il a trouvé le nom qui ridiculisait, et donc amoindrissait la force
mauvaise. Aux camelots, nous nous sommes séparés d’hommes qui étaient
de bonne volonté mais se conduisaient facilement en brutes. Nous qui
voulons toujours raison garder.
La
lettre était sévère. Les coups pleuvaient de partout : anarchistes,
pacifistes, germanophiles, communistes, radicaux, francs-maçons,
métèques, socialistes, démocrates-chrétiens et j’en oublie. Il y
avait aussi l’aide que leur apportaient les timorés, les tièdes, les
ambitieux qui cherchaient des places.
Sans
doute, la supériorité intellectuelle de l’A.F. s’imposait. À Paris,
le Quartier latin en était l’incontestable manifestation. Là se
préparait l’avenir, là se renouvelaient les générations. Chaque année, à
la rentrée universitaire, la salle Bullier était comble. Des maîtres,
hautement qualifiés et respectés, venaient déclarer publiquement leur
ralliement. Pour le droit, un Martin, un Ernest Perrot, un Charles
Benoist... Les revues littéraires avaient de nombreux rédacteurs amis de
l’A.F., un Thibaudet, un Jouhandeau, un Eugène Marsan, un Henri Massis
et des philosophes, et des poètes, et des religieux. Maurras avait été
un des fondateurs de la Revue universelle, à l’origine dirigée
conjointement par Bainville et Maritain. Daudet rayonnait chaque semaine
dans l’excellent Candide. Toute une jeunesse se pressait aux débuts de
Je suis partout (qui, depuis...).
Mais
l’opinion hostile ne décolérait pas. Elle possédait la puissance,
celle du pouvoir et celle de l’argent (les Lederlin, les Hennessy et
tutti quanti). La plus grande partie de la presse était ennemie de
l’A.F. En tête, L’œuvre, L’Huma, Le Populaire, Le Quotidien, et plus particulièrement pour la province, L’Ouest-Éclair de l’abbé Trochu en Bretagne, La Dépêche de Toulouse, Le Populaire du Centre, et tant dautres. Avec un style différent, il y avait Le Temps.
Les
mouvements d’opinion se fabriquent le plus souvent sans scrupule ;
tout autre est leffort de rechercher le réel, la vérité, le bien.
Accusations vaticanes
L’intelligence
applaudissait Maurras et elle admirait son œuvre. En 1923, l’Académie
française lui préféra un inconnu du monde littéraire. Daudet avait
imposé son talent d’orateur à la Chambre des députés. Il cessa dêtre
parlementaire quand se termina son mandat.
Le
contraste est net. D’un côté la raison est satisfaite par la
pertinence des démonstrations, dont la justesse est régulièrement
confirmée par les événements. De l’autre côté se dresse une opposition
farouche. C’est elle qui gagne sur le terre à terre. La force
matérielle l’emporte. 1940 approchait.
Un
véritable séisme se produisit le 25 décembre 1926. Rome condamna
l’Action française. Il faut écrire avec délicatesse des années
douloureuses. Si le travail est fait comme il doit l’être, dans la
sérénité de la vérité, ce sera particulièrement bon. La Providence a
permis que l’épreuve dont les conséquences se font encore sentir
soit surmontée. Les hommes se sont trompés. L'Église, dont ils ont
voulu se servir, s'est prononcée, puis s’est rétractée en 1939. Il
n’y a pas eu de condamnation doctrinale. Mais toute la haine a trouvé
la plus invraisemblable justification dans les accusations venant du
Vatican. Nous étions des misérables.
Et nous sommes restés fidèles à l’Église, à la France, au Roi. À nous-mêmes.
Antoine MURAT L’Action Française 2000 du 18 au 31 mai 2006
(1) Paul Deschanel élu président de la République en 1920 en remplacement de Raymond Poincaré.
(2)
Georges Valois, directeur de la Nouvelle Librairie nationale, se sépare
de l’Action française en 1925 et fonde le Faisceau.
(3) Philippe Daudet, fils de Léon Daudet et âgé de 14 ans, assassiné par les anarchistes en novembre 1923.
(4)
Ernest Berger, trésorier de la Ligue d’Action française, assassiné
dans un escalier du métro Saint-Lazare le 28 mai 1925 (cf. L’AF 2000 du
7/7/2005).
(5) Abraham
Schrameck, ministre de l’Intérieur du gouvernement du Cartel des
Gauches. Il laissait les communistes et les anarchistes attaquer
impunément les patriotes. Maurras l’ayant rendu personnellement
responsable dans une lettre fameuse, les agressions cessèrent (1925).
(6)
En 1935, Maurras menaça de faire abattre les cent quarante
parlementaires qui avaient approuvé les sanctions décidées par la
Société des nations contre l’Italie qui avait envahi l’Ethiopie. Le
vote des parlementaires risquait de jeter l’Italie dans les bras de
l’Allemagne hitlérienne, ce qui arriva.
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