mercredi 14 août 2013

Le Colonel François de La Rocque : du Héros à la Victoire

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« Ils méprisaient les partis et ne voulaient plus s’en souvenir. Ils avaient fondé entre eux l’union des classes, des religions, des origines dans une volonté commune de sauver le pays ».
Service Public, 1934.
Né en 1885, le lieutenant-colonel François de La Rocque combat lors de la Première Guerre mondiale. Grièvement blessé en 1916 et rapatrié en France à cette occasion, il repart néanmoins volontairement au front dans les tranchées de la Somme où il y commande un bataillon. Par la suite démissionnaire de l’armée, il rejoint dès 1929 le Mouvement Croix-de-Feu – sorte d’amicale d’anciens décorés de la croix de guerre – dont il devient le Président en 1931, qu’il politise avec une  orientation patriotique et nationaliste. Critiquant tant « les capitalistes prolétaires » que « les rouges exportateurs de capitaux », il y développe une vision de la France se situant résolument par-delà droite et gauche. S’y joindront les Briscards, combattants non décorés, ainsi que les Volontaires Nationaux, génération plus jeune n’ayant pas fait la guerre mais profondément patriote et désireuse d’œuvrer pour le redressement de la France.
Dans un contexte de dérives au sommet de l’Etat, de crise économique et de concussion – notamment l’affaire Stavisky, La Rocque opte pour un délaissement des luttes partisanes propres aux partis politiques. Adoptant avec ses Croix-de-Feu une démarche de « non-parti », loin de l’opinion publique et de la flatterie clientéliste, des promesses démagogiques et des programmes miraculeux, il fait acte de présence quotidienne sur le terrain, dans chaque secteur constitutif de la société française, démarche pragmatique pour lui indissociable d’une compréhension efficiente des problèmes sociaux. Cohérent dans sa démarche, républicain et légaliste loyal, il refuse d’entrer de force au Palais-Bourbon lors de la manifestation du 6 février 1934 à laquelle participe notamment l’Action française.
La même année, l’association des Croix-de-Feu prenant de l’ampleur, La Rocque publie Service Public, ouvrage dans lequel il expose sa vision de la concorde nationale et où, se refusant à céder à la démagogie électoraliste qu’il dénonce, n’expose pas de programme mais jette les bases d’un plan d’action. Ce dernier comprend quelques principes : « relèvement et continuation de la France, unité politique, géographique, spirituelle, traditionnelle », s’appuyant sur ce qu’il nomme une « Mystique française », faite de volontarisme et d’abnégation, où tous les Français feraient corps en oeuvrant au bien national, le Service Public, par « une sorte de réflexe éminent venu du fond de l’âme française ». S’inscrivant en faux face à la théorie marxiste de la lutte des classes, La Rocque prône l’union de celles-ci, leur complémentarité nécessaire dans le bon fonctionnement de la France. L’exemple en est donné au sein des Croix-de-Feu, où âges, classes et sexes s’y confondent pour concourir à l’effort national.
« Rien ne passionne un cœur de Croix-de-Feu plus que le progrès social »
Précurseur sur certains sujets (droit de vote des femmes), soucieux d’adoucir le quotidien (extension des loisirs populaires), c’est toutefois dans sa volonté de transformer le monde du travail que le Colonel se distingue le plus. Partisan d’un rapprochement patronat / salariés, La Rocque dispose l’impératif de création d’une profession organisée, divisée en corporations – par régions selon les catégories de production et réunissant les travailleurs par branches. Par sa vision sociale de l’entreprise (« Les chefs sans cœur et sans générosité sont les agents de la subversion »), il reste favorable à la tradition française des syndicats, toutefois dépolitisés pour réellement servir le travailleur; professionnels et régionaux, leur base serait l’entreprise. Le salaire – avec un minimum obligatoire – serait calculé sur des indices locaux (nature des métiers, régularité du travail), et l’intéressement salarial une condition impérieuse du fonctionnement de l’entreprise, outre le droit de regard de l’ouvrier sur la gestion de celle-ci : « Il serait stupide et inhumain que le travailleur, resté fidèle à son entreprise, ne soit intéressé à sa prospérité autant qu’il est menacé de chômage par ses revers ». Toujours dans un souci de progrès social, le travailleur doit avoir des congés payés, une hygiène correcte doit lui être assurée sur son lieu de travail – à une époque encore majoritairement industrielle –, et une assurance financière mise en place pour veuve et orphelin en cas de décès du chef de famille.
Lucide sur les manœuvres patronales, il appelle à la revalorisation des métiers manuels, et constate que l’appel à la main d’œuvre étrangère, présenté comme nécessaire, fait en réalité pression sur les bas-salaires aux dépens de l’ouvrier Français. Enraciné mais universaliste, La Rocque critique les conséquences de cette immigration sur le plan économique et social pour les Français, mais aussi pour les étrangers, « déracinés sur le sol métropolitain ». Ni xénophobe ni raciste, La Rocque expose que « la qualité, la dévotion françaises seules importent, à condition qu’elles soient sincères, éprouvées, confirmées ». Seuls sont ici critiqués les afflux massifs et incontrôlés d’immigrés – en préconisant l’expulsion de ceux sans contrat de travail – et « l’excessive facilité des naturalisations sans période suffisante d’épreuve », qui fabriquerait des Français de papier et non de cœur, risquant de porter atteinte à la concorde nationale.
Après la dissolution des Croix-de-Feu par le Front Populaire en 1936, La Rocque fonde le Parti Social Français (PSF), plus grand parti de masse Français avec plus d’un million d’adhérents; mais la guerre interrompt son action politique. Prônant un loyalisme passif à Pétain par légalisme, il refuse cependant la collaboration. Fondateur du Réseau Klan, réseau de résistance intérieure spécialisé dans le renseignement, le Colonel est arrêté par la Gestapo et déporté en 1943. De retour en mai 1945, il est placé en internement administratif par le gouvernement jusqu’en décembre de la même année. Il ne pourra donc pas prendre part aux affaires politiques, ni participer à l’œuvre du CNR. Par la suite assigné à résidence, il décède le 28 avril 1946. Il est décoré à titre posthume en 1961 de la médaille des déportés et reçoit la carte de la résistance qui lui avait été refusée de son vivant.
Après avoir été pour beaucoup une incarnation de l’héroïsme, La Rocque devient celle de la victoire politique lorsqu’un général résistant, de racines maurassiennes mais de cœur Croix-de-Feu, entreprend en 1958 de copier avec réussite sa doctrine pour redresser le pays. Fait fort peu commenté, et pour cause, le Général de Gaulle a en effet mené une politique digne du PSF, sans son fondateur évidemment mais s’inspirant de lui pour la Constitution de la Vème République, allant jusqu’à appliquer en parti les préceptes du Colonel - préceptes grâce auxquels, sans doute, la France connaît pendant les « Trente Glorieuses » une prospérité remarquable, même pour l’époque, et le peuple expérimente une amélioration substantielle de son quotidien. Une évolution positive qui s’interrompt, comme par hasard, peu après l’irruption du libéralisme libertaire appelé gauchisme, en 68…
Plus qu’un héros de tous les combats et qu’un incorruptible légaliste, La Rocque transmet au travers de De Gaulle le vrai visage du nationalisme au pouvoir : l’incarnation du peuple, le souci de son bien, l’intégrité  morale – et la démocratie plébiscitaire, le Général ayant par deux fois rendu le pouvoir après s’y être engagé, les deux fois laissant la France debout. La Rocque reste ainsi aujourd’hui plus que jamais le symbole vivant de la démocratie réelle, de la démocratie directe que nous, nationalistes, défendons, face à la démocratie détournée des puissants et de la finance – une « démocratie » détournée qui concoure à l’exploitation des Français et à la destruction de notre Nation.
Enfin, d’un point de vue métapolitique, La Rocque correspond à la figure du héros européen, celui dont l’œuvre survit à la mort et qui connaît sa victoire, sa véritable vie, dans la postérité.

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