Une même éthique européenne unit feu Dominique Venner et Jean de Brem (1935-1963). Ce journaliste, ancien lieutenant parachutiste au 2e
REP, rejoint l'OAS-Métro dès sa création. Mais déjà il ne voit d'issue
que dans l'union étroite des nations européennes. Proche, par les
convictions et la spiritualité de Jean Bastien-Thiry, Jean de Brem tombe
37 jours après l'exécution de son ami.
Le Testament d’un Européen
[« L'ouvrage,
mi-historique, mi-politique, que j'ai voulu rédiger, incite les
Européens à revenir au civisme occidental, dénonce le danger
russo-asiatique et exalte le passé énergique de l'Europe maîtresse du
monde ». Tome 1. L'épopée européenne par u soldat de l'Europe. Tome 2.
De la Renaissance aus révolutions qui secouèrent le monde de 1780 à 1945]
Quelle
merveilleuse idée que celle qu’a eue Philippe Randa de rééditer en un
volume cet unique ouvrage de Jean de Brem, paru en 2 volumes aux
Éditions de la Table Ronde en 1964, un an après le décès, à l’âge de 27
ans de ce brillantissime auteur ! Ce Testament résume notre Histoire depuis l’Antiquité jusqu’au milieu de XXe
siècle ! Tous nos jeunes devraient l’avoir dans leur bibliothèque, le
lire, et le relire, disons chaque lustre de leur vie. Écrit dans un
français digne du Testament politique de Richelieu, facile à lire, Le testament d’un Européen est l’histoire de nos racines, de toutes nos racines !
La
première partie traite de la fabuleuse Antiquité et du merveilleux Moyen
Âge « immense fardeau pour nos contemporains dérisoires ». Il faut, en
effet, se plonger dans le passé pour comprendre le présent. Il faut voir
agir le Bas-Empire et Byzance pour savoir comment meurent les
civilisations. Mais
Jean de Brem reste, malgré tout, optimiste. « Il faut connaître les
campagnes de Léonidas, Scipion, Charles Martel, Maurice de Saxe et Jean
Sobieski pour savoir comment on les sauve. Il faut revivre les exploits
d’Alexandre, de César, de Charlemagne, de Fernand Cortez et de Bonaparte
pour savoir comment on les édifie par l’épée.
Chers,
très chers jeunes gens, laissez Jean de Brem vous plonger dans ce
passé, dans notre passé, et vous faire voir, bien mieux que le film Troie (Troy,
USA 2004) où le rôle du grand Achille est interprété par le petit Brad
Pitt et où le principal héros de la guerre de Troie (1), Ulysse, n’apparaît
même pas à l’écran ! Dans cette première partie de son Testament, Jean
de Brem vous fait vivre la naissance de l’esprit, en Crète, en
Grèce, à Troie ; fait défiler pour vous le panorama de l’âge d’or, vous
fera accompagner Alexandre le Grand, notre premier Empereur, jusqu’aux frontière
du monde. L’âme existe, elle survivra dans Rome (2). Le dernier siècle
avant Jésus-Christ est riche en héros : Caïus Marius, Sylla, Spartacus,
Pompée, Cicéron, Jules César. En une trentaine de pages, Jean de Brem
résume ce que Colleen McCullough mettra quelque quatre mille pages à
nous conter. « Pendant quatre cents ans Rome sera le Monde. Puis
l’Orient vivra mille ans de plus et l’Occident à peine quatre-vingt-un
». Jean de Brem vous parle de Constantinople, devenue Byzance mieux en
15 pages que Charles Diehl (3) en 150 pages !
Je
pensais que Jacques Heers était le seul grand spécialiste du Moyen Âge ;
je ne connaissais pas Jean de Brem. Il évoque cette période, le
millénaire chrétien, que je considère comme la plus riche de notre
histoire d’une façon parfaite ! Il faut le lire pour comprendre
l’extraordinaire essor de l’Europe mystique. Jean de Brem n’a décidément
pas son pareil pour nous faire revivre le bouleversement géopolitique,
de Novgorod à Santa Fé, le bouleversement intellectuel, de Dante à
Gutenberg, le bouleversement économique, de la Hanse à l’Adriatique.
Puis
vint la Renaissance, le temps des capitaines. Renaissance
intellectuelle, économique, politique. Puis l’Europe des cousins et la
rivalité franco-anglaise. Puis le grand séisme avec ses quatre
révolutions : celles de Washington, de Mirabeau, de Bolivar et de
Lénine.
J’aime
la façon dont Jean de Brem termine ce Testament d’un Européen qui ne
compte pas moins de 640 pages : « Le moment nous paraît d’autant plus
propice à une première entente de tous les hommes blancs (comprenant, si
possible, les Russes), que le plus « blanc » de ses chefs spirituels
-le Souverain Pontife- propose aux Églises chrétiennes le rapprochement
que l’on sait. Dieu nous accorde cette grâce ! ».
► Ivan de Duve, Le Libre Journal de la France courtoise n° 409 (2 juin 2007).
◘ Notes :
• 1 : Lire de Colleen McCullough : Le Cheval de Troie, Livre de Poche.
• 2 : Lire de Colleen McCullough : Les Maîtres de Rome. Belfond & L’Archipel.
• 3 : Charles Diehl : Histoire de l’Empire byzantin Éditions du Trident.
• 2 : Lire de Colleen McCullough : Les Maîtres de Rome. Belfond & L’Archipel.
• 3 : Charles Diehl : Histoire de l’Empire byzantin Éditions du Trident.
«
Je sens peser sur mes épaules misérables le poids démesuré du plus
glorieux des héritages. À moi, qui ne suis rien et qui n’apporte rien,
la civilisation fait un cadeau gigantesque : le patrimoine de l’Europe.
Il est fait de trésors et de souvenirs. Chacun de nous, je crois, à
Londres et à Vienne, à Berlin et à Madrid, à Athènes et à Varsovie, à
Rome et à Paris, à Sofia et à Belgrade, doit ressentir le même drame. Chacun de nous est le dernier des Européens.
Je suis le prince débile issu d’une lignée de colosses et qui va
peut-être clore une race. Je mourrai sans postérité, stérilisé par
l’atome ou égorgé par un fanatique. Et mes frères auront le même sort.
Des géants nous précèdent, des héros et des savants, des explorateurs de
la terre et des explorateurs de l’âme, des César et des Antoine, des
monarques et des capitaines, des silhouettes sévères en robe de bure, de
belles courtisanes ou des brutes implacables. Tout un cortège de
grandes figures, resplendissantes de splendeur et de puissance, se
déroule à nos yeux, immense fardeau pour nos contemporains dérisoires.
Voici que s’amassent à l’Orient les nuages sinistres de la ruée païenne
et barbare. Je vais mourir. Je meurs. Et la race Europe avec moi. Avec
nous. Je ne laisserai rien. Depuis cinquante ans j’ai dispersé
l’héritage. Et laissé le royaume du ciel en friche. Je n’aurais pas
d’héritiers dans ce monde hostile et chaotique. Je ne puis laisser qu’un
message : l’histoire, la très belle histoire d’une civilisation
mortelle, qui se croyait invincible. Une civilisation pour laquelle des
milliards d’hommes ont lutté et vaincu pendant trente siècles. Personne
ne sera là pour me lire. Qu’importe. Voici comme un dernier cri de rage
et d’amertume : le Testament d'un Européen. »
► Avant-propos de Jean de Brem dans Le testament d’un Européen., 1964.
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