A l’occasion de la Béatification de Jeanne d’Arc, de grandes fêtes populaires ayant été organisées à Orléans le 6 mai 1909, Paul Déroulède
s’y rendit à la tête d’une délégation de la Ligue des Patriotes, pour
déposer une couronne sur le monument de la bonne Lorraine. Voici le très
beau discours qu’il prononça au banquet qui suivit cette manifestation
patriotique :
Mesdames,
Messieurs,
Messieurs,
Il n’est pas de disposition d’esprit plus fâcheuse pour un auditoire
que de s’attendre à un discours tout différent de celui qui sera
prononcé ; il n’est pas non plus de déception qui puisse être plus
funeste à un orateur. Je répéterai donc bien vite et bien haut ce qu’a
si sagement écrit mon ami Marcel Habert dans le journal la Patrie.
Je ne suis venu ici ni pour faire une manifestation politique, ni pour
invectiver les ministres, les ministériels et le régime parlementaire,
que je juge pourtant fort coupables ; j’y suis venu pour saluer Jeanne
d’Arc, pour parler de Jeanne d’Arc, et pour la saluer et pour en parler
en patriote chrétien que j’ai toujours été, en républicain catholique
que je serai toujours.
Je ne voudrais pourtant pas, messieurs, que cette profession de foi —
c’est bien le mot — puisse être attribuée par vous, soit à l’émotion
que m’a mise au cœur la pieuse et magnifique cérémonie de tout à
l’heure, soit à la reconnaissance qu’a fait naître en moi le geste
inspiré par lequel Pie X a porté à ses lèvres le drapeau de la France.
Je n’ai attendu ni ce pèlerinage à Orléans, ni cet émouvant écho des
cérémonies de Saint-Pierre de Rome pour être ce que je suis et penser ce
que je pense. Je rappellerai qu’il y a vingt ans, j’ai tenu ce même
langage à la tribune de la Chambre en réponse à la proposition d’un
garde des sceaux tendant à supprimer le Dimanche comme jour férié et je
rappelle également que, pendant ma dernière campagne électorale en
Charente, j’ai aussi nettement réclamé la revision des lois
constitutionnelles que la revision des lois antireligieuses.
Vous me direz peut-être que cela ne m’a pas beaucoup réussi, j’en
demeure d’accord, mais vous m’accorderez bien à votre tour qu’à aucune
époque de ma vie publique, ce n’a été sur le succès ou sur l’insuccès de
mes idées que j’ai réglé ma conscience et mes convictions.
Ceci posé, me blâme qui voudra, sourie qui voudra, mais qui
m’écoutera n’est exposé du moins à aucune surprise et à aucun
malentendu.
Etre de cœur avec les gens n’est trop souvent qu’une formule
d’égoïsme et de paresse, il faut, dès qu’on le peut, y être de corps.
Et ce n’est pas seulement pour les amis vivants qu’il faut prendre la
peine de se déranger et de se déplacer, c’est aussi pour les amis
morts. Voilà pourquoi mes camarades parisiens et moi sommes venus
aujourd’hui à Orléans! Car n’est-ce pas, patriotes, le fait qu’elle ait
été promue par l’Église au rang de bienheureuse ne nous empêche pas de
considérer toujours la grande Jeanne d’Arc comme notre grande amie. Il y
a si longtemps que nous l’aimons d’avoir aimé la Patrie, si longtemps
que nous l’admirons d’avoir si généreusement offert sa vie pour empêcher
la mort de sa nation ; si longtemps que nous la bénissons d’avoir sauvé
la terre et la race, le sang et l’âme de la France ! chère et sainte
paysanne, ce n’est pas nous qui contesterons la vérité de ton
affirmation ! Assurément oui ! Ta mission était de Dieu, puisque aussi
bien il n’est pas dans toute notre histoire de plus divin miracle, il
n’en est pas de plus évident que ton apparition libératrice.
Certes, il y a eu avant elle, il y a eu après elle, de glorieux
hommes de guerre élevés dans le métier des armes, de vaillants hommes du
peuple enrôlés sous nos drapeaux qui ont utilement et héroïquement
servi la Patrie, mais ni avant elle, ni après elle, ni en France, ni en
Europe, ni dans l’univers entier, aucune fille des champs ne sachant «
ne A ne B » comme elle le disait naïvement elle-même, ne s’est tout à
coup métamorphosée en chef d’armée, n’est tout à coup devenue un
capitaine victorieux, n’est passée tout à coup du modeste rôle de
gardeuse de brebis, au rôle sublime de gardienne du royaume, de
conducteur de peuple, de créatrice de courages, de pasteur d’âmes !
Je sens, messieurs, à quel point est grammaticalement incorrect ce
mélange de qualificatifs féminins et masculins, mais il n’est guère
possible de parler autrement de cette héroïne qui fut un héros, de cette
jeune fille qui a été notre bon ange, de cette créature exceptionnelle
qui est un être sans pareil !
C’est qu’en effet, Jeanne d’Arc avec tout son courage et toute sa
charité, tout son enthousiasme et toute sa sagesse, toute son éloquence
et toute sa sagacité, Jeanne d’Arc est en même temps une Française et un
Français, elle est bien plus, elle est la France même !
Quelqu’un d’entre vous a-t-il jamais dénombré combien d’années ont
suffi à cette fille au grand cœur pour mettre dans notre histoire ce
rayon pur et lumineux que rien n’efface, que rien ne ternit, que rien
n’égale ; dont cinq siècles passés n’ont fait que raviver la splendeur ;
que les matérialistes se sont en vain efforcés d’éteindre et que le
jugement de l’Église a définitivement transformé hier en une auréole de
béatitude ?
Deux ans ! En vérité, oui, messieurs ! la mission de Jeanne d’Arc sur
la terre de France n’a duré que deux ans. Elle est née à la gloire
humaine le 8 mai 1429 en cette même ville d’Orléans qu’elle délivra !
Elle est entrée dans la gloire éternelle le 30 mai 1431, au milieu des
flammes du bûcher de Rouen qui fut tout ensemble sa transfiguration et
son calvaire.
Et à quel âge la glorieuse Pucelle avait-elle déjà rempli son
extraordinaire destinée ? Ce serait à ne pas le croire, si les textes
n’étaient là pour le confirmer : Jeanne d’Arc a dix-sept ans quand elle
se présente à la Cour du petit roi de Bourges, elle n’en a pas dix-neuf
quand elle comparaît devant l’odieux tribunal présidé en fait par
l’indigne évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, mais dirigé, excité,
soudoyé par le cruel Warwick, mandataire spécial du roi d’Angleterre.
Vous rendez-vous compte, messieurs, de tout ce qu’il y a d’inouï, de
prodigieux, d’incompréhensible, et par cela même d’inexplicable pour
toute science purement humaine, non pas seulement dans les hauts faits
de la guerrière improvisée ou dans la constance de l’indomptable
prisonnière, mais en particulier et précisément dans la résolution
initiale de l’humble bergère de Domrémy ?
Perdue au fond d’un obscur village du pays lorrain, isolée avec ses
troupeaux au miheu des champs et des bois, n’étant ni assez riche pour
avoir à craindre pour ses domaines, ni assez pauvre pour avoir à fuir la
misère, n’ayant aucun intérêt personnel, aucun esprit de vengeance ou
d’ambition, sans autre guide que son instinct, sans autre aide que sa
foi, la noble créature a conçu à elle seule et par elle-même ce que
devait être une nation, ce qu’était une Patrie. Elle a souffert des maux
de la France, elle a saigné de ses blessures, elle s’est désespérée de
ses défaites et de son invasion, comme d’un mal personnel, comme d’une
plaie à son propre corps, comme d’une atteinte à son propre honneur.
Car ses voix du ciel, dont je ne doute pas, ses voix ne se sont pas
adressées à une indifférente, elle ne sont pas venues réveiller un cœur
endormi ; elles ont plutôt fini par répondre aux supplications, aux
prières et aux angoisses incessantes d’une âme déchirée « par la grande
pitié qui était au royaume de France ». Tout a été dit, messieurs, et
admirablement dit depuis plusieurs années, depuis quelques semaines,
aujourd’hui même au sujet de cette Patriote, unique au monde, que le
souverain pontife vient de glorifier et dont tous les Français vraiment
Français n’ont jamais cessé et ne cesseront jamais de se glorifier
eux-mêmes. Mais de ce que l’adorable fille a reçu, de la bouche des
orateurs les plus éloquents et les plus autorisés, des éloges dignes
d’elle, il ne s’ensuit pas que je veuille et puisse refuser un verset de
plus à ses litanies, une strophe de plus à son hymne, une génuflexion
de plus à son nouvel autel.
La plus belle biographie de Jeanne d’Arc ce ne sont d’ailleurs pas
ses admirateurs qui l’ont écrite, sa plus triomphale apologie ce ne sont
pas ses défenseurs qui l’ont rédigée, c’est tout d’abord très
inconsciemment, et à coup sûr tout à fait contre son gré, le greffier du
tribunal de Rouen chargé d’enregistrer au jour le jour les
interrogatoires et les réponses de « Jehanne, dite la Pucelle,
menteresse, pernicieuse, abuseresse de peuple, devineresse et mécréante »
ainsi que la qualifiait péremptoirement l’arrêt infâme du non moins
infâme évêque Cauchon.
Son second panégyriste plus sincère, mais non pas plus convaincant
que le premier ce sera, quelques années plus tard, un autre greffier
d’un autre tribunal, le tribunal de réhabilitation celui-là, et dont le
volumineux compte-rendu abonde en témoignages contemporains sur la
pureté, sur la vertu, sur la vaillance physique et sur la valeur morale
de cette vraie madone de la Patrie.
Ces deux documents d’un intérêt poignant et passionné n’ont été
publiés pour la première fois dans leur texte intégral que vers le
milieu du siècle dernier. De là vient selon moi le long intervalle de
temps qui s’est écoulé entre la justification de 1456 et la
béatification de 1909. Je serais assez porté à croire que c’est l’étude
attentive de ces deux procès qui a inspiré au pieux et érudit évêque
Dupanloup la première idée de sa requête au Saint-Siège en faveur de la
canonisation de Jeanne d’Arc. Quant à moi, je n’ai pu consulter les
pièces authentiques sans que les larmes ne m’aient maintes fois jailli
des yeux, et j’ai puisé à leur double source l’admiration émue et
émerveillée que j’ai le désir et que je voudrais avoir le pouvoir de
faire passer de mon cœur dans vos cœurs.
Tout d’abord et pour répondre aux sceptiques qui sans autre motif que
leur scepticisme même ou que leur indulgence sur ce point émettent
volontiers des doutes sur la virginité de cette intrépide chevalière qui
passait six jours et six nuits avec son harnois de guerre sur le dos,
je leur affirme, et mon affirmation s’appuie sur des textes, que de sa
première à sa dernière parole, Jeanne d’Arc a toujours témoigné qu’elle
attachait une importance religieuse, ou si les sceptiques l’aiment
mieux, superstitieuse, à conserver sa pureté d’âme et de corps.
« Tant que je me garderai pure, disait-elle, les saintes ne
m’abandonneront pas, et si je meurs comme je suis née, elles m’ont
promis le Paradis ». Jeanne se plaisait en outre à répéter à elle-même
et aux autres, ainsi que le raconte une de ses amies de Vaucouleurs,
certaine prophétie annonçant que la France perdue par une femme serait
sauvée par une vierge des marches de Lorraine… Et puis en vérité, entre
son adoration pour Dieu et sa passion pour la France, quelle place
aurait pu trouver dans ce cœur déjà si plein une quelconque de nos
amours humaines ?
Plus naturel serait-il encore de la taxer de folie que d’impureté.
Mais Jeanne n’était pas plus folle que dissolue. Très au-dessus de
l’humanité par la sublimité de son sacrifice aussi voulu que consenti,
elle se montre logiquement et simplement humaine dans ses relations de
la vie quotidienne, charmant jusqu’à ses compagnons d’armes par sa bonne
humeur et par son bon sens. Tout en étant une créature d’extase et de
foi, elle n’en était pas moins un être de réflexion et de raisonnement.
La Providence lui a fort heureusement permis de faire cette importante
démonstration en épargnant sa vie sur les champs de bataille.
Si, en effet, la sainte héroïne y fût tombée frappée à mort, même en
un jour de victoire plus décisive que celle d’Orléans ou de Patay, son
nom se fût assurément transmis à nous d’âge en âge à côté de ceux de
Gaston de Foix et de Bayard, de Du Guesclin et du grand Ferré, ce rude
bûcheron qui taillait les Anglais à coups de hache, mais son âme, sa
grande âme, fût restée pour nous une énigme et un mystère. Il ne fallait
pas moins que cet abominable procès d’accusation en sorcellerie pour
nous révéler ce qu’elle était, ce qu’elle voulait et ce qu’elle valait.
Au cours de ces longs et douloureux débats suscités et conduits
sous-main par des capitaines anglais, furieux et honteux d’avoir été
vaincus par une enfant, c’est l’enfant qui juge les juges, c’est
l’accusée dont chaque répartie condamne les accusateurs à l’impuissance,
ou ce qui est pire, à la nécessité d’être injustes. Pas une de ses
phrases qui ne soit nette comme une claironnée ou tranchante comme un
glaive. Les enquêteurs se perdent en arguties, en sophismes, en
obscurités volontaires ou professionnelles. Chacun de leurs points
d’interrogation est un piège, chacune de leurs objections un guet-apens.
Jeanne les arrête d’un mot et les casuistes restent confondus devant
ces deux cas non prévus par eux : la simplicité et le courage.
Ecoutez-la tenir tête à la meute hurlante des interrogateurs qui la
harcèlent tous ensemble en un assaut de questions furieuses : « Mes bons
seigneurs, faites l’un après l’autre si vous voulez que j’entende ». A
un clerc retors qui essaie de la faire tomber dans le péché d’orgueil et
lui pose brusquement ce problème : « Jeanne, vous croyez-vous toujours
en état de grâce ? » — « Si j’y suis que Dieu m’y garde, si je n’y suis
pas qu’il m’y mette ».
A cet autre qui lui demande si elle n’a jamais usé de sortilèges pour
braver la mort : « Mes sortilèges étaient l’amour de la France et le
mépris du danger ». Et, comme la brute insiste et s’enquiert des moyens
qu’elle employait pour entraîner ses soldats : « Je leur disais : entrez
hardiment emmy les Anglais, et je y entrais la première. » Puis, voici
venir la série des questions captieuses : « Quand ils vous
apparaissaient, vos saints et vos saintes, étaient-ils tout nus ? — Dieu
est assez riche pour vêtir les siens ! »
Enfin, au méchant évêque de Beauvais qui lui fait un crime d’avoir
osé introduire son étendard de guerre dans la cathédrale de Reims, cette
réponse qui, pour être la plus connue, n’en est pas la moins belle : «
Il avait été à la peine, c’était raison qu’il fût à l’honneur ! » Et
elle n’a pas vingt ans ! Et elle est seule, toute seule au milieu de ce
prétoire d’assassins gagés par l’Anglais ! Et elle ne quitte l’isolement
de son banc d’accusée que pour passer à l’isolement de son cachot de
prisonnière. Là, des juges hostiles et perfides, ici des soudards
anglais grossiers et violents. Et à aucune heure, en aucun lieu,
personne qui la réconforte et qui la guide, qui la conseille et qui la
console. Voilà pourtant déjà huit mortels mois que la blessée de
Compiègne est traînée de geôle en geôle, de Noyon à Arras, d’Arras à
Dieppe, de Dieppe à la tour de Rouen. Mais ici ou là, dans sa cage de
fer ou dans sa basse fosse, rien ne brise son courage, rien ne lasse sa
volonté, rien ne modifie son attitude ni son langage.
Et vous douteriez, vous pourriez douter que la main de Dieu ne se
soit réellement étendue sur ce front d’enfant pour la préserver du
désespoir et de l’égarement, de l’abattement ou du vertige !…
Cependant, le menu peuple s’émeut au spectacle de tant d’endurance,
de tant de magnanimité et de sang-froid. Les superbes répliques de la
divine inspirée vont de bouche en bouche augmenter les sympathies ou les
respects de tout ce qui n’est pas de connivence avec les « Goddons »,
comme Jeanne les appelle. Un de ces Goddons lui-même ne peut retenir son
admiration et s’écrie bonnement en pleine audience : « Ah ! la brave
femme ! que n’est-elle Anglaise ! »
Aussi, Warwick qui veille et Cauchon qui s’impatiente, décident que
les interrogatoires se continueront désormais dans l’intérieur de la
prison. Dès lors, comme le feront au dernier jour de leur orgie les
terroristes de la Révolution, le tribunal des affidés du roi
d’Angleterre qui avait déjà refusé tout avocat à Jeanne lui refuse, par
surcroit, tout public. Désormais, elle parlera dans l’ombre, elle se
défendra à huis clos, elle luttera au miheu des ténèbres et de la
solitude de son cachot ; mais, là encore, là toujours, même en ce
lugubre encerclement d’oiseaux de proie dont Warwick continue à aiguiser
les becs et les ongles, elle ne baisse ni le ton, ni la voix, non pas
même la tête.
Un jour, le neuvième de mai 1431, l’évêque et ses assesseurs
pénètrent dans sa cellule, ils font étaler sous ses yeux tous les
appareils de la torture : chevalets, tenailles, poix bouillante. Ecoutez
! cette déclaration de la vaillante vainement menacée : « Quand vous me
feriez broyer les membres et arracher l’âme du corps, je ne vous dirais
rien autre chose que ce que je vous ai dit, et si je vous disais
quelque chose d’autre, je protesterais aussitôt après que vous me
l’auriez fait dire par force et contre mon gré ! »
Vous en faut-il plus. Patriotes ? Avez-vous besoin de me suivre
encore jusqu’au pied de son bûcher ? Avez-vous besoin d’y voir l’héroïne
monter sans faiblesse, d’y entendre la chrétienne demander et donner
pardon à tous, d’y regarder la martyre brûler et mourir en baisant la
croix, pour déclarer avec elle et comme elle en cette heure suprême que
la mission de Jeanne était bien de Dieu ?
Cette mission, messieurs, la missionnaire l’a expliquée elle-même en
maints propos et sous maintes formes ; nulle part elle ne l’a mieux
résumée qu’en son cri de guerre tant de fois répété : « Il faut bouter
l’Anglais hors de France. » Quand Jeanne parle ainsi, ce n’est pas, vous
l’entendez bien, qu’elle ait voué une haine particulière à telle ou
telle nation, mais c’est que la nation dont elle parle occupe et détient
le sol de sa Patrie, opprime et pressure son peuple, blesse et tue les
soldats de la France.
Elle en eût dit tout autant cent cinquante ans plus tard des
Espagnols maîtres de l’Artois et du Roussillon ; tout autant, trois
siècles après, des Impériaux ravageant les Flandres ; tout autant des
coalisés de 1792, des alliés de 1814, tout autant et plus encore de nos
envahisseurs de 1870 et des geôliers de notre Alsace et de notre
Lorraine.
Aussi est-ce en souvenir d’elle que je vous jetterai à tous et à
toutes ce pressant appel : Espoir quand même. Français et Françaises,
courage quand même ! En haut les cœurs et les fronts ! Laissons passer
et s’agiter au-dessous de nous les misérables querelles de partis !
Unissons-nous et fondons-nous en une irréductible phalange de
protestation nationale ! Et pensons et disons comme la Libératrice : «
Oui, tout étranger qui est l’ennemi, tout étranger qui est le
conquérant, tout étranger qui veut être le maître, il faut tout faire
pour le bouter hors de France ! »
Il est également de la fière Pucelle, ce noble devis : « Les femmes prieront, les hommes batailleront. Dieu vaincra ! »
DÉROULÈDE Paul, Qui vive ? France ! « Quand même ! ». Notes et discours, 1883-1910, Paris, Bloud et Cie, 1910, pp. 55-66.
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