L’opération PBSUCCESS (début 1953 – fin 1954) est une
opération secrète organisée par la CIA (Central Intelligence Agency)
pour renverser le président du Guatemala Jacobo Arbenz Guzmán, démocratiquement élu.
Le gouvernement d’Arbenz projetait des nouvelles réformes que les
services de renseignement des États-Unis jugeaient de nature communiste.
La CIA et l’administration Eisenhower craignaient l’instauration d’une
tête de pont soviétique de l’ouest, dans le contexte du maccarthysme
intensément anti-communiste de l’époque.
Arbenz a été l’instigateur d’une réforme agraire menaçant notamment la multinationale américaine United Fruit Company, dont Allen Dulles
(directeur de la CIA de 1953 à 1961) était actionnaire, qui avait de
gros intérêts au Guatemala et faisait pression à des niveaux variés du
gouvernement américain pour une action contre Arbenz en réplique à son
expropriation.
Description
L’opération avait pour objectif d’armer et former une « Liberation Army » de circonstance d’environ 400 combattants, sous les commandes d’un officier de l’armée guatémaltèque exilé de l’époque, le colonel Carlos Castillo Armas. La CIA prévoyait d’engager le « mouvement révolutionnaire » conjointement avec une campagne diplomatique, économique et de propagande.
L’opération avait pour objectif d’armer et former une « Liberation Army » de circonstance d’environ 400 combattants, sous les commandes d’un officier de l’armée guatémaltèque exilé de l’époque, le colonel Carlos Castillo Armas. La CIA prévoyait d’engager le « mouvement révolutionnaire » conjointement avec une campagne diplomatique, économique et de propagande.
Le 18 juin 1954, le lieutenant-colonel Carlos Castillo Armas lance
son offensive au Guatemala à la tête de 400 rebelles, aidé par des
mercenaires entraînés au Honduras et au Nicaragua par la CIA, et « soutenus par des avions de combat américains pilotés par des Américains ».
Le plan prévoit d’attaquer des cibles près de la frontière de façon à
faire croire à une large offensive ; les rebelles sont supposés éviter
l’armée pour que celle-ci ne réplique pas ; une propagande radiophonique
s’efforce de retourner la population.
L’échec est rapide : les rebelles, lourdement équipés, mettent
plusieurs jours à atteindre leurs objectifs. Constitués de troupes
indisciplinées et de faible valeur, ils sont facilement mis en déroute
quand ils rencontrent une résistance.
Cependant le président craint que la déroute des rebelles débouche
sur une invasion directe des États-Unis et ordonne à l’armée de laisser
les rebelles avancer. La peur d’une intervention américaine conduit une
garnison à se rendre aux forces rebelles décimées. Le président décide
de démissionner le 27 juin.
Les jours suivant, plusieurs juntes se succèdent jusqu’à ce qu’Armas
prenne la tête du pays. Il se montrera gravement incompétent pour
diriger le pays. L’action américaine est vivement critiquée dans la
presse étrangère. La CIA envoie une équipe au Guatemala pour établir
l’affiliation du régime du Guatemala à l’Union soviétique. Malgré des
recherches profondes, aucun lien ne peut être établi.
Noam Chomsky commentait ainsi l’intervention américaine dans une conférence prononcée en 1985 : «
[...] nous nous sommes arrangés pour interrompre, en 1954, une
expérience démocratique. Il s’agissait pourtant d’un régime réformiste,
capitaliste et démocratique, du type new deal, que notre intervention a
permis d’éliminer, laissant à sa place un véritable enfer sur terre,
probablement le régime de la période contemporaine le plus proche de
l’Allemagne nazie. »
Dans la foulée du premier coup d’État orchestré par la CIA, l’opération PBSUCCESS a employé les méthodes de communication et de propagande d’Edward Bernays qui étaient relativement nouvelles à l’époque.
En combinant les idées de Gustave Le Bon et
Wilfred Trotter sur la psychologie des foules avec les idées sur la
psychanalyse de son oncle maternel, Sigmund Freud, Edward Bernays a été
un des premiers à vendre des méthodes pour utiliser la psychologie du
subconscient dans le but de manipuler l’opinion publique.
Pour lui, une foule ne peut pas être considérée comme pensante, seul
le Ça s’y exprime, c’est-à-dire les pulsions inconscientes. Il s’y
adresse pour vendre de l’image dans des publicités, pour le tabac par
exemple, où il utilise le symbole phallique.
À la demande de l’industrie cigarettière, qui cherchait à faire
tomber le tabou de la consommation du tabac par les femmes, il a
notamment organisé des défilés très médiatisés de « fumeuses » jeunes et
jolies qui affirmaient leur indépendance et leur modernité par l’acte
de fumer en public (“Les torches de la liberté“…).
En politique, il « vend » l’image des personnalités publiques, en
créant par exemple le petit-déjeuner du président, où celui-ci rencontre
des personnalités du show-biz. Pionnier de l’ingénierie sociale, il
considère qu’une minorité intelligente doit avoir le pouvoir «
démocratique » et que la masse populaire doit être modelée pour
l’accepter.
Il est l’une des sources des méthodes ultérieures de propagande.
Joseph Goebbels s’est fortement inspiré de ses travaux. Ses travaux sur
l’inconscient à l’usage des entreprises à travers les Public Relations
ont contribué à l’émergence du marketing moderne en inspirant fortement
les pionniers de la discipline tels que Louis Cheskin et Ernest Dichter.
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