Au XIXe siècle les transitions politiques et économiques ont
entraîné une transition démographique majeure en France. Pays où tous
les peuples d’Europe ou presque, se sont arrêtés pour s’y fixer aux
temps lointains des invasions barbares, et où leurs particularismes
imprégnaient toujours les campagnes, la France au moment de la
révolution industrielle du XIXe a vu tous ses ruraux se regrouper vers
les nouveaux centres d’activités à la recherche du travail que la terre
ne leur fournissait plus.
Aussi nombreux furent-ils, ils ne le furent pas suffisamment pour
pourvoir aux besoins de l’industrie. Tous ces Bretons, Auvergnats,
Savoyards, chassés de chez eux par la misère eurent à partager leur
condition de déraciné avec d’autres déshérités venus d’horizons plus
lointains, ayant eu pour des raisons identiques à franchir une
frontière, Belges, Italiens, Allemands, Polonais, Russes, et plus tard
Juifs rescapés des pogroms.
Entre un Breton qui maîtrisait mal le français et un Italien du
Piémont fraîchement débarqué dans la capitale, la qualité de citoyen
français du premier n’en constituait pas pour autant une différence
significative aux yeux du Parisien qui les voyait arriver. Mieux encore,
le Français et l’Italien étant deux langues latines, il est possible
que la barrière de la langue ait constitué un obstacle plus difficile à
franchir pour le premier que pour le second. Quoiqu’il en fut, tous deux
se voyaient attribuer le travail ou plus exactement le salaire dont
l’ouvrier autochtone ne voulait plus se contenter.
Mais bientôt au fil des évolutions politiques de la société,
l’ouvrier français devenu citoyen acquit le droit de vote. Il put dès
lors considérer le travail comme un droit au regard de son devoir de
risquer sa vie pour la patrie. La France était devenue malthusienne
avant les autres nations européennes au moment où elle avait le plus
besoins de Français et les guerres du Premier Empire n’avaient pas
arrangé les choses. Ainsi nos compatriotes eurent parfois du mal à
accepter que le travailleur immigré avec lesquels ils se retrouvaient en
concurrence, fut dispensé des devoirs du citoyen français. Pour le
faire accepter, le pouvoir a du faire accepter à l’Immigré d’oublier
définitivement ses origines en devenant citoyen français, de plus ou
moins bon gré. Le patronat avait besoin de travailleurs, la France avait
besoin de soldats, tous ceux qui avaient élu domicile sur son sol
devaient se fondre dans la Nation quelque soit leur pays d’origine. Cet
aspect de notre législation provoque encore aujourd’hui de multiples
controverses sur le sens du mot Nation.
Le concept de Nation, ce bien commun du peuple – peuple qui
auparavant n’était que sujet du roi de France- a introduit ipso facto
celui de nationalité d’autant plus que les migrations étrangères –
essentiellement européennes à l’époque – commencèrent à se faire
importantes dès les débuts du XIXe siècle. Et cela eut pour conséquence
de poser la question de l’évolution du droit du sang (consubstantiel à
l’héritage) vers le droit du sol, et ce de façon paradoxale. Être
Français imposait aux nationaux le devoir de défendre éventuellement la
Patrie, et à minima d’être astreints aux vicissitudes du service
militaire, un handicap face aux jeunes Etrangers qui, dispensés qu’ils
en étaient, se retrouvaient favorisés dans l’attribution d’un travail
pour les plus jeunes. Ce « désavantage » pour les jeunes
Français aurait peut-être perduré si leur condition d’électeur conjuguée
aux besoins démographiques du pays ne trouvèrent dans l’instauration du
droit du sol une solution qui satisfaisait à la fois les intérêts des
salariés français et ceux de la classe dirigeante. Il fut imposé aux
étrangers comme une obligation conséquente aux avantages que leur
donnait la France, avec pour seule alternative en cas de refus que leur
retour au pays. Ces rapports entre droits et devoirs liés à la
nationalité, cet équilibre entre intérêts des salariés électeurs et
intérêts économico-politiques de la classe dirigeante, posent une
problématique toujours d’actualité même si des données d’autre nature
interfèrent actuellement.
I. Une France où circulaient tous les déracinés d’Europe
Suite à la Révolution où la suppression du droit d’aînesse entraîna
le morcellement des terres cultivables, ce phénomène s’ajoutant aux
progrès techniques dans l’agriculture au XIXe siècle, une surpopulation
des campagnes apparut et le début d’un inexorable exode rural, malgré le
reflux démographique déjà amorcé en France dès la fin du XVIIIe siècle.
Les zones montagneuses, le Massif Central et le Massif Armoricain
furent les plus touchées. Les habitants de ces zones gagnèrent les
villes à proximité ou les grandes villes plus lointaines. Quelque fois
les migrations furent saisonnières, quelques fois elles furent
définitives ou le devinrent après avoir été saisonnières un fois
définitivement abandonné le rêve de « retour un jour au pays ».
Une habitante de Lyon native de Genève en 1820 (archives municipales de Lyon, 2E 192).
La France des villes et celle des campagnes en mal de main d’oeuvre
saisonnière virent aussi arriver d’autres migrants, venus d’Allemagne
(encore en pic démographique au XIXe siècle) de la Belgique flamande
(alors très pauvre), d’Angleterre (également surpeuplée mais dont les
habitants possédaient un savoir-faire technique avancé) et le Sud vit
affluer des Italiens chassés eux aussi par la surpopulation de leur
patrie où ils ne trouvaient plus leur place. A noter que dans le nord de
la France, suite à la catastrophe minière de Courrières dans le Pas de
Calais qui fit plus de mille morts au début du XXe siècle, les
autochtones ne voulurent plus redescendre à la mine. Le patronat alla
chercher pour la première fois des travailleurs hors d’Europe, au fin
fond de la Kabylie où l’écho du drame n’était pas parvenu.
A ces immigrés économiques s’ajoutèrent des réfugiés politiques dès
le début du XIXe siècle en provenance de Pologne (alors sous le joug
russe), puis des Juifs d’Europe centrale ou de Russie fuyant les
pogroms. Pour toutes ces personnes, il fallut trouver un statut en
conformité avec cette situation jusqu’alors inédite ou du moins peu
répandue sous l’Ancien Régime sauf dans les grandes villes où des
communautés marchandes étrangères ont toujours plus ou moins existé.
II. Une législation évolutive
● L’« admission à domicile » et ses limites
Le principe de la « domiciliation » prévalait auparavant. On existait
où on avait élu domicile, car c’était là qu’on était connu. Il va de
soi qu’au XVIIIe siècle il n’y avait ni papiers d’identité, ni photos,
ni empreintes digitales… Et cela se manifestait au regard de l’aide
sociale : la Révolution instaura les bureaux de bienfaisance destinés à
porter secours aux plus démunis au niveau de la commune, le lieu naturel
de secours (remplaçant les bureaux de charité des prêtres). Chaque
commune avait ses propres règles, mais quand il y avait lieu à
restriction c’était en vertu d’une clause de « durée » de résidence. On
donnait à ceux « que l’on connaissait ». Les étrangers résidents étaient
secourus selon les mêmes règles que les personnes venues d’une autre
région. Avec l’exode rural et/ou les migrations saisonnières, un
étranger à la France n’était pas plus un étranger qu’un citoyen de la
campagne qui ne parlait que son patois local.
Ceci eut pour conséquence qu’à l’apparition des problèmes liés à la rareté du travail, la commune surchargée cherchait à renvoyer tous les « immigrés » -y compris les Français- chez eux pour y être secourus. On sait qu’en 1830, il y avait beaucoup de Creusois à Paris et du chômage. Le gouvernement avait demandé qu’on embauche en priorité des « pères de famille »et des ouvriers domiciliés dans la capitale ». Ce qui entraîna les protestations indignées d’un député de la Creuse qui cria à l’injustice de cette distinction. Il y avait environ 20 000 Creusois à Paris à cette époque.
Ceci eut pour conséquence qu’à l’apparition des problèmes liés à la rareté du travail, la commune surchargée cherchait à renvoyer tous les « immigrés » -y compris les Français- chez eux pour y être secourus. On sait qu’en 1830, il y avait beaucoup de Creusois à Paris et du chômage. Le gouvernement avait demandé qu’on embauche en priorité des « pères de famille »et des ouvriers domiciliés dans la capitale ». Ce qui entraîna les protestations indignées d’un député de la Creuse qui cria à l’injustice de cette distinction. Il y avait environ 20 000 Creusois à Paris à cette époque.
● Le Citoyen, l’Étranger et le jus sanguinis
Le concept de Nation prit vraiment corps à la Révolution, pour se
substituer au Roi. Mais des étrangers vivaient déjà en France,
essentiellement dans les villes. Parmi eux, des commerçants italiens
(nombreux à Lyon), des aristocrates, ou simplement les membres des
suites royales qui restèrent en France… Au regard des règles de l’Ancien
Régime, cela ne posait aucun problème puisque les charges s’achetaient
au roi. On trouvait des étrangers parmi les proches du pouvoir royal,
Mazarin, Necker… Sans compter les Gardes Suisses qui protégeaient la vie
du Roi et ont d’ailleurs rempli leur devoir sans faillir et parfois
jusqu’à la mort durant les troubles révolutionnaires. On l’oublie un peu
mais c’est le concept de Nation qui a entraîné le concept d’étranger au
regard du droit.
A la Révolution, les résidents devinrent des citoyens… sans forcément
être français mais cela n’avait aucune incidence sur leurs droits,
comme avant. Napoléon Ier mit le premier la question sur le tapis avec
le Code Civil. Tout enfant né en France de parents étrangers pouvait
devenir Français s’il en faisait la demande. Le Code Napoléon reposait
sur le patriarcat, on « héritait » de son père comme auparavant, on en
en héritait le titre de noblesse, la terre ou l’argent. Ce fut la
première apparition du droit du sang, le jus sanguinis. Et ce
pour une raison simple : beaucoup de prisonniers faits par la Grande
Armée restèrent en France. Napoléon souhaitait les intégrer pour en
faire des soldats. Néanmoins, rien ne leur fut imposé.
Il est à noter que le suffrage universel n’existant pas au début du
XIXe siècle, l’enjeu d’un tel « cadeau » était de faible importance. On
avait la « qualité » de français, mais pas la « citoyenneté » au sens
civique. Seuls les riches votaient, les étrangers riches devaient
demander la nationalité pour voter. Cela changea en 1848 avec
l’attribution du suffrage universel. Les ouvriers participèrent
largement au scrutin. Or les ouvriers étrangers déjà nombreux et
présents sur le territoire, avaient participé activement à la révolution
de 1848. Dans un premier temps, pour les en remercier, (28/03/1848), on
facilita leur naturalisation. Mais, suite à l’élection d’une Assemblée
conservatrice, la France rurale des Notables qui arriva au pouvoir prit
conscience que la présence étrangère pouvait avoir un impact sur la vie
politique, par le suffrage universel. Des lois s’imposèrent.
* Loi du 3 décembre 1849. Il fallait une enquête de
moralité et dix ans de résidence pour pouvoir demander à être français.
Pour la première fois il était stipulé que pour être citoyen il fallait
avoir la nationalité française. Rappelons qu’en 1848 furent ouverts des
ateliers nationaux (du travail offert par l’Etat aux chômeurs) et que
ceux-ci constituèrent un appel d’air pour les « sans travail ». Un
premier lien fut alors bien établi dans les esprits entre le suffrage
universel et la protection du travail national. Par le biais de la
citoyenneté et des droits qui en découlèrent, l’approche des droits de
l’étranger évolua. Auparavant, il était citoyen.
● Les besoins du pouvoir et le jus soli
La société était très inégalitaire et les problèmes soulevés par les
disparités de traitement entre Français et étrangers furent d’abord
considérés comme des « problèmes entre ouvriers » par l’élite. Napoléon
III était un libéral vis à vis des étrangers. A noter que lors d’une
guerre contre la Russie et durant la guerre de 1870, aucun Russe ni
Allemand vivant en France ne fut inquiété.
En 1867, il y eut assouplissement des conditions pour devenir Français. Il ne fallait plus que 3 ans de résidence au lieu de 10 pour pouvoir formuler sa demande. Sous le Second Empire, l’industrie avait d’énormes besoin de main d’oeuvre. L’immigration venait des pays voisins, surtout de la Belgique flamande où sévissait une misère endémique.
En 1867, il y eut assouplissement des conditions pour devenir Français. Il ne fallait plus que 3 ans de résidence au lieu de 10 pour pouvoir formuler sa demande. Sous le Second Empire, l’industrie avait d’énormes besoin de main d’oeuvre. L’immigration venait des pays voisins, surtout de la Belgique flamande où sévissait une misère endémique.
Tôlerie des forges d’Abainville (Meuse), François Ignace Bonhommé.
Mais les enfants d’étrangers nés en France demandaient rarement leur
naturalisation malgré le Code Napoléon. Ainsi ils échappaient à la
conscription, alors opérée par tirage au sort. Cela permettait aux
garçons très jeunes de se faire embaucher plus facilement comme
apprentis, car ils étaient « dégagés des obligations militaires ». Comme
il est aisé de aisé de le comprendre, c’était mal perçu par leurs alter
ego Français. Les protestations se firent de plus en plus vives suite à
la crise économique devant le « privilège » que constituait pour les
étrangers d’avoir un travail alors qu’ils n’avaient pas à défendre la
France. A cette époque, le principe du droit du sang fut au centre des
polémiques.
Pour revenir sur ce droit qui semblait à l’époque couler de source,
il fallut trouver un cas d’école qui, en le rendant discutable, offrait
l’astuce pour sa remise en cause (rien de changé sous le soleil…). On
invoqua l’impossibilité pour les enfants étrangers nés en France de
pouvoir concourir aux « écoles de gouvernement » (les Grandes écoles
d’alors) un cas ne concernant qu’une petite élite. Et ainsi à ce moment
là fut promulguée une nouvelle loi de première importance :
* La loi du 26 juillet 1889. Les enfants d’étrangers
devenaient Français sauf s’ils refusaient la nationalité. Ceux dont les
parents étaient nés en France étaient désormais automatiquement
français dès leur naissance. Un million de personnes sont ainsi devenues
françaises avant la Première Guerre mondiale. Le Code de la Nationalité
instaura le Jus soli. Une femme étrangère qui épousait un
Français devenait automatiquement française. A l’inverse, l’homme qui
épousait une Française pouvait demander la nationalité. Cependant, il
existait encore des restrictions : durant les dix premières années qui
suivaient l’obtention de la nationalité, l’étranger devenu français
était un « naturalisé » aux yeux de la loi.
Ceci correspondait aussi à la loi sur la conscription obligatoire de 1889. A plusieurs reprises certains députés tentèrent encore de légiférer sur les naturalisés pour leur refuser l’accès aux emplois publics.
Ceci correspondait aussi à la loi sur la conscription obligatoire de 1889. A plusieurs reprises certains députés tentèrent encore de légiférer sur les naturalisés pour leur refuser l’accès aux emplois publics.
III. L’Immigré et les Français, misères et gloires
● Une concurrence parfois mal acceptée
La presse a beaucoup mis en avant ces dernières années le massacre
d’Italiens du Piémont à Aigues-Mortes en 1893, suite à une rixe avec des
travailleurs français de la Compagnie des Salins du Midi. Malgré la
protection apportée par la Gendarmerie aux Italiens, une émeute ayant
éclatée dans la ville suite au lancement d’une rumeur à leur encontre,
ces derniers furent agressés lors de leur fuite vers la gare et on
déplora sept morts et une cinquantaine de blessés. Ce fut le plus grand
massacre d’immigrés de l’histoire contemporaine en France. Des émeutes
et des rixes eurent lieu dans le sud et l’est, les régions les plus
touchées par l’immigration mais peut-on comparer ces faits sporadiques
avec les problèmes actuels posés par l’immigration dans son ampleur ?
Vaste sujet. Il est clair que cette présence immigrée dans le passé n’a
pas toujours été acceptée sans heurts mais il ne faut cependant pas
oublier que la même méfiance se faisait sentir à l’encontre des
saisonniers français descendus de leurs montagnes pour travailler dans
les usines des vallées, faisant ainsi … pression sur les salaires. On
les qualifiait d’une façon méprisante, liée à la couleur de leur peau
privée ordinairement de soleil dans les brumes et frimas montagneux,
c’étaient … « les sales Blancs ! ». L’immigré était avant tout perçu
comme le concurrent dans la lutte pour la vie. En ce temps là du moins.
● Une instrumentalisation idéologique
Après les lois évoquées plus haut, les choses se compliquèrent pour
ceux qui ne devenaient pas français. Une loi, le 08/08/1893 obligea les
étrangers qui voulaient travailler en France à se faire enregistrer dans
leur commune et il leur devint obligatoire de porter sur eux le
document fourni. Malgré les réticences du patronat, on commença à
contingenter le nombre des ouvriers étrangers dans les entreprises
travaillant pour les marchés publics. A la fin du XIXe siècle, après la
guerre de 1870, les partisans du protectionnisme invoquèrent le risque «
d’espionnage ». A ce moment là, en 1898 les premières lois sur les
accidents du travail et les retraites créèrent des discriminations entre
ouvriers français et étrangers.
Cependant ce furent les Juifs qui se retrouvèrent en ligne de mire à
la fin du XIXe. Parce que de nombreux naturalisés après la loi de 1886,
étaient juifs et parlaient allemand. Le livre La France Juive
d’Edouard Drumont eut un succès retentissant, les risques de guerre avec
l’Allemagne devenant de plus en plus pressants, et les Juifs les plus
connus étant des banquiers avec des noms d’origine allemande (Rotschild
entre autres). Ils étaient accusés d’être responsables de la défaite de
1870 (la légende de l’espion, l’ennemi de l’intérieur), et de tous les
malheurs de la classe ouvrière. Un discours qui trouvait un certain écho
auprès de la petite bourgeoisie, petits capitalistes qui se sentaient
menacés autant par le grand capital que par le marxisme, et qui
croyaient trouver un ennemi commun contre lequel se rassembler. Malgré
tout, dans le quartier du Marais, résidait la communauté juive réfugiée
de Russie et celle-ci vivait alors très pauvrement. Cependant si ce
livre eut beaucoup d’écho, le mouvement politique lancé dans la foulée
fut un échec. Comme quoi, l’antisémitisme attribué aux Français n’est
pas tant établi que cela.
● Mais des réussites notoires
Au cours du XIXe de nombreux étrangers ont obtenu reconnaissance et
titres de gloire de la France. Garibaldi, né à Nice quand la ville
était italienne, héros dans son pays fut élu député dans quatre
départements en 1871 ( à l’époque c’était possible), Emile Zola né en
1840 d’un père ingénieur d’origine vénitienne devint l’écrivain que l’on
sait, Jacques Offenbach (né Eberst), Juif allemand né à Cologne connut
un immense succès qui vit ses œuvres musicales devenir pour le monde
entier et de son vivant le symbole même du Paris joyeux et éternel de la
Belle Epoque. Ces gens appartenaient toutefois à une certaine élite. En
fait, les réticences envers l’Etranger, l’Immigré, furent bien plus
sociales que purement xénophobes, l’Immigré français de l’intérieur du
territoire n’était pas mieux traité que son alter ego étranger quand les
problèmes surgissaient.
Il est cependant indéniable que nombre d’immigrés du XIXe, en
devenant français, non seulement se sont assimilés mais leurs enfants
ont pris l’ascenseur social avec les mêmes succès que les petits
Français, quand celui-ci était en état de marche. Il suffit de
considérer les patronymes des citoyens français actuels pour constater
la présence de nombreuses consonances étrangères (italienne, allemande,
flamande, polonaise ou russe) et ce autant dans les milieux sociaux
favorisés que les autres. Et cette origine remonte déjà à plusieurs
générations dans un certain nombre de cas. Car l’Immigré grimpe
l’échelle de la vraie réussite sociale sur plusieurs générations, de la
même façon que le Français. Du moins l’Immigré venu prendre une place
laissée vacante par le Français et à la finalité utile pour le reste de
la communauté.
* * *
De toutes ces évolutions liées au déracinement des peuples Français
et Européens qui a commencé dès la fin du XVIIIe siècle en Angleterre
avec l’industrialisation et s’est poursuivi en France pour les mêmes
raisons auxquelles vinrent s’ajouter le reflux démographique compensé
par un trop plein chez les pays voisins, ont découlé on le voit, une
évolution dans le concept de Nation. Cette évolution se fit plus au gré
des besoins de la classe dirigeante que des attentes du peuple. Avec en
prime, l’abandon du droit du sang au profit du droit su sol pour les
raisons évoqués. Le droit du sol qui devint suite à d’autres évolutions
démographiques liés aux migrations, la pierre angulaire d’une remise en
cause du concept même de Nation dans un certain nombre de discours
actuels…
Bibliographie :
BARJOT Dominique, CHALINE Jean Pierre, ENCREVÉ André, La France au XIXe siècle 1814-1914, Presses universitaires de France, Paris 2002
LEQUIN Yves, Histoire des étrangers et de l’immigration en France, Larousse, Paris, 1992.
NOIRIEL Gérard, Immigration, antisémitisme et racisme en France, (XIXème-XXème siècle), Discours publics, humiliations privées, Fayard, 2007
NOIRIEL Gérard, Population, immigration et identité nationale en France XIXe-XXe siècle, Hachette, Paris, 1992
BARJOT Dominique, CHALINE Jean Pierre, ENCREVÉ André, La France au XIXe siècle 1814-1914, Presses universitaires de France, Paris 2002
LEQUIN Yves, Histoire des étrangers et de l’immigration en France, Larousse, Paris, 1992.
NOIRIEL Gérard, Immigration, antisémitisme et racisme en France, (XIXème-XXème siècle), Discours publics, humiliations privées, Fayard, 2007
NOIRIEL Gérard, Population, immigration et identité nationale en France XIXe-XXe siècle, Hachette, Paris, 1992
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