Sans repentance, ce serait une insulte à nos morts.
Sans honte, parce que l'oeuvre réalisée est une évidence.
Sans haine, car nous avons laissé là-bas plus d'amis que d'ennemis.En 2012, nous allons commémorer un certain nombre d'événements de l'année 1962, liés à la guerre d'Algérie... en laissant à d'autres le loisir de les "célébrer" : les accords d'Évian (18 mars) ; le massacre de la rue d'Isly (26 mars) ; l'indépendance de l'Algérie (4 juillet) ; les tueries d'Oran (5 juillet) ; l'exode des Pieds-Noirs (juin, juillet, août) ; le massacre des harkis (qui dura plusieurs mois)... le tout se résumant en deux mots : la forfaiture gaulliste.
Cent quinze livres
Un demi-siècle après, la guerre d'Algérie reste un sujet polémique, ravivant des souffrances et des passions qui explosent sporadiquement. Pourquoi les feux sont-ils mal éteints ? Parce que les mensonges officiels ont toujours cours : pour "l'idéologie dominante", le "bien" (la rébellion) a triomphé du "mal" (la colonisation). Le périodique Livre Hebdo a recensé cent quinze livres parus ou à paraitre entre janvier et juin 2012 sur le sujet "Algérie". Quasiment tous ne font que ressasser les poncifs (souvent de seconde main) sur le "péché colonialiste", la "sale guerre", la torture pratiquée par l'armée, le racisme des Pieds-Noirs, etc., le tout baignant dans le remords et la culpabilité censés peser sur la conscience française. Coupable de quoi ?
Le procès de la colonisation est instruit inlassablement à charge, par des idéologues hostiles par principe au fait colonial et refusant d'en reconnaître le moindre aspect positif. La philosophie des Lumières, dont se réclamaient les premiers colonisateurs, n'aurait donc abouti qu'à la "nuit coloniale" ! Refaisons le voyage au bout de cette "nuit". L'Algérie de 1830 n'était qu'une régence médiévale d'un Empire ottoman en décadence, un repaire de pirates. Ces immenses territoires étaient quasiment vides. La nation la plus dynamique a occupé la place. C'était "l'esprit du temps". Toutes les entreprises de conquête coloniale à travers les siècles ont eu pour but essentiel d'occuper le terrain, d'étendre la puissance et d'accroître les richesses du conquérant.
Sans honte, parce que l'oeuvre réalisée est une évidence.
Sans haine, car nous avons laissé là-bas plus d'amis que d'ennemis.En 2012, nous allons commémorer un certain nombre d'événements de l'année 1962, liés à la guerre d'Algérie... en laissant à d'autres le loisir de les "célébrer" : les accords d'Évian (18 mars) ; le massacre de la rue d'Isly (26 mars) ; l'indépendance de l'Algérie (4 juillet) ; les tueries d'Oran (5 juillet) ; l'exode des Pieds-Noirs (juin, juillet, août) ; le massacre des harkis (qui dura plusieurs mois)... le tout se résumant en deux mots : la forfaiture gaulliste.
Cent quinze livres
Un demi-siècle après, la guerre d'Algérie reste un sujet polémique, ravivant des souffrances et des passions qui explosent sporadiquement. Pourquoi les feux sont-ils mal éteints ? Parce que les mensonges officiels ont toujours cours : pour "l'idéologie dominante", le "bien" (la rébellion) a triomphé du "mal" (la colonisation). Le périodique Livre Hebdo a recensé cent quinze livres parus ou à paraitre entre janvier et juin 2012 sur le sujet "Algérie". Quasiment tous ne font que ressasser les poncifs (souvent de seconde main) sur le "péché colonialiste", la "sale guerre", la torture pratiquée par l'armée, le racisme des Pieds-Noirs, etc., le tout baignant dans le remords et la culpabilité censés peser sur la conscience française. Coupable de quoi ?
Le procès de la colonisation est instruit inlassablement à charge, par des idéologues hostiles par principe au fait colonial et refusant d'en reconnaître le moindre aspect positif. La philosophie des Lumières, dont se réclamaient les premiers colonisateurs, n'aurait donc abouti qu'à la "nuit coloniale" ! Refaisons le voyage au bout de cette "nuit". L'Algérie de 1830 n'était qu'une régence médiévale d'un Empire ottoman en décadence, un repaire de pirates. Ces immenses territoires étaient quasiment vides. La nation la plus dynamique a occupé la place. C'était "l'esprit du temps". Toutes les entreprises de conquête coloniale à travers les siècles ont eu pour but essentiel d'occuper le terrain, d'étendre la puissance et d'accroître les richesses du conquérant.
Accessoirement d'apporter la civilisation !
En deux mille ans d'histoire, l'Algérie fut romaine, arabe, turque ou morcelée en une poussière de tribus guerrières, mais indépendante, elle ne le fut jamais. En 1830, elle ne constituait pas un État, encore moins une nation (Ferhat Abbas disait l'avoir vainement cherchée). De larges portions de l'Algérie actuelle - la Kabylie, le M'Zab, l'Aurès et tous les massifs montagneux - n'avaient connu que le système tribal. L'énorme majorité de la population autochtone était analphabète et croupissait dans la misère et l'anarchie. La colonisation française apporta non seulement une relative prospérité mais une administration, une scolarisation, une médecine, une technique. Elle a mis un terme à la piraterie barbaresque qui captura des dizaines de milliers de chrétiens, réduits en esclavage, libérés contre rançon ou mis à mort. Faut-il s'en excuser ?
Elle a pacifié le territoire en établissant l'ordre et la sécurité. En cent trente ans, elle lui a donné les structures d'un État moderne : facultés, lycées franco-musulmans, collèges, écoles, seize grands hôpitaux, une centaine de cliniques, des dispensaires, des centres sociaux, des équipements de sport et de jeux (stades, piscines) ; 14 000 kilomètres de routes nationales et 23 000 de routes secondaires ; 4 300 kilomètres de voies ferrées ; l'exploitation des ressources minérales (fer, zinc, plomb, uranium, phosphates ...) ; 820 millions de mètres cube d'eau dans les barrages ; vingt-sept centrales hydroélectriques ; vingt-cinq centrales thermiques ; 250 000 véhicules ; vingt et un ports bien équipés ; trois aérodromes internationaux, trente commerciaux et cent cinquante locaux ; un réseau de communication téléphonique, de radio, de télévision ; un domaine immobilier considérable qui a donné aux grandes villes l'aspect de métropoles modernes et fait d'Alger la plus belle ville du bassin méditerranéen. Devons-nous en rougir ? En 1963, Nasser, reçu à Alger par Ben Bella, lui dit : « Vous avez beaucoup de chance que les Français vous aient laissé tout ça ! » La colonisation a fait passer l'agriculture du stade archaïque ancestral au stade d'une économie d'avant-garde par une réforme dont les principales mesures furent : l'aménagement foncier et le remembrement des exploitations ; la réforme du khamesat ou métayage coutumier ; la revalorisation des salaires ; la création de sociétés corporatives agricoles, de groupement mutualistes, de sociétés agricoles de prévoyance apportant une aide technique et financière aux fellahs. Il faudrait en avoir honte ?
Progrès sanitaires
C'est la colonisation qui a mis en place une législation sociale et du travail avec l'extension à l'Algérie du fonds national de solidarité, des assurances sociales et des allocations familiales. Elle est venue à bout des grandes endémies (choléra, peste, typhus, malaria, paludisme). En 1830, la plaine de la Mitidja était un marécage pestilentiel dont le général Berthezene, successeur du général Bourmont, disait qu'il serait « le tombeau de ceux qui oseraient l'exploiter ». Rachid Mimouni, écrivain et professeur à l'École supérieure de Commerce d'Alger, a pu écrire dans son livre L'Algérie sans la France (1991) : « Les colons qui débarquaient en Algérie derrière les canonnières [...] rêvaient d'une nouvelle Amérique. Sitôt installés sur les terres, ils s'acharnèrent à défricher la garrigue, assécher les marais, creuser des puits. Ils vont surtout cultiver cette vertu de l'effort fécond qui fera des plaines algériennes de superbes vergers. Après l'indépendance, une collectivisation mal conduite laissera péricliter les champs autrefois verdoyants et, au vu du désastre, les paysans ne pourront réfréner un sentiment de paradoxale nostalgie. »
Entre autres calomnies extravagantes, on entend dire que la colonisation aurait "dépeuplé" l'Algérie ! En 1848, les autochtones étaient environ 2,5 millions. En 1962, ils étaient 13 millions. Doit-on se le faire pardonner ? La guerre d'indépendance aurait tué plus d'un million d'Algériens ! Le chiffre sur lequel tous les historiens sérieux tombent d'accord est celui de 250 000 morts, incluant toutes les pertes européennes et musulmanes, civiles et militaires. Le FLN a tué dix fois plus de civils musulmans (environ 35 000) que d'Européens (environ 3 000).
La colonisation aurait étouffé la culture algérienne ! L'engagement de respecter l'art et l'artisanat, les coutumes et la religion a constitué un dogme pour tous les gouvernements qui se sont succédé. L'apport de la France ne s'est pas fait au détriment de la culture islamique et de la personnalité algérienne puisque, au contraire, les Français favorisèrent la diffusion de l'islam dans les provinces berbères, construisirent des mosquées et substituèrent la langue arabe et le droit coranique aux divers dialectes et coutumes locales, contribuant ainsi à créer une unité religieuse et linguistique que l'Algérie n'avait jamais connue auparavant.
Le français résiste
Aujourd'hui, l'Algérie est le deuxième pays francophone du monde. Le FLN a eu beau, pendant trente ans, expurger la mémoire algérienne de toute référence à l'ancien colonisateur et arabiser à toute force, le français résiste partout. Pour des millions de bilingues, la langue française est un passeport pour la modernité scientifique, technique, juridique, culturelle... Les écrivains algériens de langue française (Jean Amrouche, Mouloud Mammeri, Kateb Yacine, Rachid Mimouni, Mohamed Dib, Assia Djebar...), qui ont retourné contre la France sa propre culture et l'ont prise au piège des "droits de l'homme" et du "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes", à qui sont-ils redevables, sinon aux instituteurs de la colonisation ?
C'est la France qui a commencé de donner une conscience nationale à ce pays, à son insu pourrait- on dire, et presque à son corps défendant car, de 1910 à 1940, les Algériens, à qui on avait appris à aimer la France, ne souhaitaient rien tant que l'assimilation et l'égalité des droits avec les Européens. C'est même la France qui lui a donné son nom, Algérie, qui a contribué à faire l'unité de la nation.
Ingrate Algérie ! De toutes les colonies françaises, elle fut celle qui reçut en hommes, en moyens et en capitaux l'investissement le plus considérable. D'un strict point de vue économique et financier, l'Algérie a été pour la France une source de dépenses et non de profit ; de la colonisation, elle a tiré d'innombrables avantages, la France aucun. (Le seul domaine dans lequel la France a tiré un bénéfice de ses colonies est le domaine militaire ; sans l'armée d'Afrique, la Première et la Seconde Guerres mondiales auraient coûté beaucoup plus cher à la France.) Pour le reste, le mythe de l'Eldorado (le pays de cocagne mis au pillage, ce fameux "pillage du tiers monde") ne résiste pas aux chiffres. Deux historiens économistes, Daniel Lefeuvre dans Chère Algérie et Jacques Marseille dans Empire colonial et Capitalisme français, ont démontré que les colonies, et principalement l'Algérie, ont été un fardeau financier pour la métropole et qu'elles ont plus entravé le développement économique de la France qu'elles ne l'ont stimulé. De Gaulle le disait : « L'Algérie nous coûte - c'est le moins qu'on puisse dire - plus cher qu'elle ne nous rapporte. »
Si l'oeuvre de la colonisation (« un paradis perdu » pour Hocine Aït-Ahmed, un des "chefs historiques" de la rébellion) a été imparfaite, incomplète, c'est que la république gaulliste n'a pas voulu la poursuivre : ce que Rudyard Kipling appelait « le fardeau de l'homme blanc » était trop lourd pour elle. La France a laissé aux Algériens un pays riche et moderne. Qu'en ont-ils fait ? Depuis 1962, une gigantesque gabegie a abouti à la mise en coupe réglée du pays par les apparatchiks de la dictature militaire. Qui profite des milliards du pétrole et du gaz sahariens ? Que deviennent les aides financières de la France, des États-Unis, de la Banque mondiale et les prêts du FMI ? Ils ne servent le plus souvent qu'à cautionner des gouvernements incompétents, corrompus, impopulaires. Et la guerre civile endémique a fait plus de 200 000 morts.
On peut l'affirmer tranquillement : la seule période positive et heureuse de l'histoire de l'Algérie, c'est son passé français. Mais la dénonciation lancinante du "péché colonial" imprègne l'enseignement de l'histoire, aussi bien en Algérie qu'en France. L'Algérie instruit un procès permanent pour obtenir que la France se reconnaisse coupable de "crimes contre l'humanité", voire de "génocide", qu'elle exprime sa repentance et, bien sûr, qu'elle lui verse des indemnités faramineuses. La propagande officielle en Algérie n'incite qu'à la haine de la France : c'est tout ce que Bouteflika peut offrir à son peuple comme ciment national. En France, où "l'intelligentsia" partage le sentiment algérien d'une France "criminelle", il est désormais interdit d'évoquer un "bilan globalement positif de la colonisation".
Est-ce que l'indépendance de l'Algérie a fait le bonheur des Algériens ? C'est la seule question qui vaut d'être posée. La réponse est dans les chiffres de l'immigration massive qui déferle. La colonisation fixait et nourrissait (tant bien que mal) cette population que l'on voit aujourd'hui, masse sous-développée, islamisée et agressive, venir battre nos frontières pour trouver sa subsistance. Voilà l'oeuvre de la décolonisation. L'unique objet de notre repentance.
Norbert Multeau L’ACTION FRANÇAISE 2000 Du 15 mars au 4 avril 2012
✓ À LIRE - Pierre Goinard, Algérie, l'oeuvre française, Robert Laffont, 1984 ; Pierre Laffont, Histoire de la France en Algérie, Plon, 1980 ; Claire Janon : Ces maudits colons. La Table Ronde, 1965.
En deux mille ans d'histoire, l'Algérie fut romaine, arabe, turque ou morcelée en une poussière de tribus guerrières, mais indépendante, elle ne le fut jamais. En 1830, elle ne constituait pas un État, encore moins une nation (Ferhat Abbas disait l'avoir vainement cherchée). De larges portions de l'Algérie actuelle - la Kabylie, le M'Zab, l'Aurès et tous les massifs montagneux - n'avaient connu que le système tribal. L'énorme majorité de la population autochtone était analphabète et croupissait dans la misère et l'anarchie. La colonisation française apporta non seulement une relative prospérité mais une administration, une scolarisation, une médecine, une technique. Elle a mis un terme à la piraterie barbaresque qui captura des dizaines de milliers de chrétiens, réduits en esclavage, libérés contre rançon ou mis à mort. Faut-il s'en excuser ?
Elle a pacifié le territoire en établissant l'ordre et la sécurité. En cent trente ans, elle lui a donné les structures d'un État moderne : facultés, lycées franco-musulmans, collèges, écoles, seize grands hôpitaux, une centaine de cliniques, des dispensaires, des centres sociaux, des équipements de sport et de jeux (stades, piscines) ; 14 000 kilomètres de routes nationales et 23 000 de routes secondaires ; 4 300 kilomètres de voies ferrées ; l'exploitation des ressources minérales (fer, zinc, plomb, uranium, phosphates ...) ; 820 millions de mètres cube d'eau dans les barrages ; vingt-sept centrales hydroélectriques ; vingt-cinq centrales thermiques ; 250 000 véhicules ; vingt et un ports bien équipés ; trois aérodromes internationaux, trente commerciaux et cent cinquante locaux ; un réseau de communication téléphonique, de radio, de télévision ; un domaine immobilier considérable qui a donné aux grandes villes l'aspect de métropoles modernes et fait d'Alger la plus belle ville du bassin méditerranéen. Devons-nous en rougir ? En 1963, Nasser, reçu à Alger par Ben Bella, lui dit : « Vous avez beaucoup de chance que les Français vous aient laissé tout ça ! » La colonisation a fait passer l'agriculture du stade archaïque ancestral au stade d'une économie d'avant-garde par une réforme dont les principales mesures furent : l'aménagement foncier et le remembrement des exploitations ; la réforme du khamesat ou métayage coutumier ; la revalorisation des salaires ; la création de sociétés corporatives agricoles, de groupement mutualistes, de sociétés agricoles de prévoyance apportant une aide technique et financière aux fellahs. Il faudrait en avoir honte ?
Progrès sanitaires
C'est la colonisation qui a mis en place une législation sociale et du travail avec l'extension à l'Algérie du fonds national de solidarité, des assurances sociales et des allocations familiales. Elle est venue à bout des grandes endémies (choléra, peste, typhus, malaria, paludisme). En 1830, la plaine de la Mitidja était un marécage pestilentiel dont le général Berthezene, successeur du général Bourmont, disait qu'il serait « le tombeau de ceux qui oseraient l'exploiter ». Rachid Mimouni, écrivain et professeur à l'École supérieure de Commerce d'Alger, a pu écrire dans son livre L'Algérie sans la France (1991) : « Les colons qui débarquaient en Algérie derrière les canonnières [...] rêvaient d'une nouvelle Amérique. Sitôt installés sur les terres, ils s'acharnèrent à défricher la garrigue, assécher les marais, creuser des puits. Ils vont surtout cultiver cette vertu de l'effort fécond qui fera des plaines algériennes de superbes vergers. Après l'indépendance, une collectivisation mal conduite laissera péricliter les champs autrefois verdoyants et, au vu du désastre, les paysans ne pourront réfréner un sentiment de paradoxale nostalgie. »
Entre autres calomnies extravagantes, on entend dire que la colonisation aurait "dépeuplé" l'Algérie ! En 1848, les autochtones étaient environ 2,5 millions. En 1962, ils étaient 13 millions. Doit-on se le faire pardonner ? La guerre d'indépendance aurait tué plus d'un million d'Algériens ! Le chiffre sur lequel tous les historiens sérieux tombent d'accord est celui de 250 000 morts, incluant toutes les pertes européennes et musulmanes, civiles et militaires. Le FLN a tué dix fois plus de civils musulmans (environ 35 000) que d'Européens (environ 3 000).
La colonisation aurait étouffé la culture algérienne ! L'engagement de respecter l'art et l'artisanat, les coutumes et la religion a constitué un dogme pour tous les gouvernements qui se sont succédé. L'apport de la France ne s'est pas fait au détriment de la culture islamique et de la personnalité algérienne puisque, au contraire, les Français favorisèrent la diffusion de l'islam dans les provinces berbères, construisirent des mosquées et substituèrent la langue arabe et le droit coranique aux divers dialectes et coutumes locales, contribuant ainsi à créer une unité religieuse et linguistique que l'Algérie n'avait jamais connue auparavant.
Le français résiste
Aujourd'hui, l'Algérie est le deuxième pays francophone du monde. Le FLN a eu beau, pendant trente ans, expurger la mémoire algérienne de toute référence à l'ancien colonisateur et arabiser à toute force, le français résiste partout. Pour des millions de bilingues, la langue française est un passeport pour la modernité scientifique, technique, juridique, culturelle... Les écrivains algériens de langue française (Jean Amrouche, Mouloud Mammeri, Kateb Yacine, Rachid Mimouni, Mohamed Dib, Assia Djebar...), qui ont retourné contre la France sa propre culture et l'ont prise au piège des "droits de l'homme" et du "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes", à qui sont-ils redevables, sinon aux instituteurs de la colonisation ?
C'est la France qui a commencé de donner une conscience nationale à ce pays, à son insu pourrait- on dire, et presque à son corps défendant car, de 1910 à 1940, les Algériens, à qui on avait appris à aimer la France, ne souhaitaient rien tant que l'assimilation et l'égalité des droits avec les Européens. C'est même la France qui lui a donné son nom, Algérie, qui a contribué à faire l'unité de la nation.
Ingrate Algérie ! De toutes les colonies françaises, elle fut celle qui reçut en hommes, en moyens et en capitaux l'investissement le plus considérable. D'un strict point de vue économique et financier, l'Algérie a été pour la France une source de dépenses et non de profit ; de la colonisation, elle a tiré d'innombrables avantages, la France aucun. (Le seul domaine dans lequel la France a tiré un bénéfice de ses colonies est le domaine militaire ; sans l'armée d'Afrique, la Première et la Seconde Guerres mondiales auraient coûté beaucoup plus cher à la France.) Pour le reste, le mythe de l'Eldorado (le pays de cocagne mis au pillage, ce fameux "pillage du tiers monde") ne résiste pas aux chiffres. Deux historiens économistes, Daniel Lefeuvre dans Chère Algérie et Jacques Marseille dans Empire colonial et Capitalisme français, ont démontré que les colonies, et principalement l'Algérie, ont été un fardeau financier pour la métropole et qu'elles ont plus entravé le développement économique de la France qu'elles ne l'ont stimulé. De Gaulle le disait : « L'Algérie nous coûte - c'est le moins qu'on puisse dire - plus cher qu'elle ne nous rapporte. »
Si l'oeuvre de la colonisation (« un paradis perdu » pour Hocine Aït-Ahmed, un des "chefs historiques" de la rébellion) a été imparfaite, incomplète, c'est que la république gaulliste n'a pas voulu la poursuivre : ce que Rudyard Kipling appelait « le fardeau de l'homme blanc » était trop lourd pour elle. La France a laissé aux Algériens un pays riche et moderne. Qu'en ont-ils fait ? Depuis 1962, une gigantesque gabegie a abouti à la mise en coupe réglée du pays par les apparatchiks de la dictature militaire. Qui profite des milliards du pétrole et du gaz sahariens ? Que deviennent les aides financières de la France, des États-Unis, de la Banque mondiale et les prêts du FMI ? Ils ne servent le plus souvent qu'à cautionner des gouvernements incompétents, corrompus, impopulaires. Et la guerre civile endémique a fait plus de 200 000 morts.
On peut l'affirmer tranquillement : la seule période positive et heureuse de l'histoire de l'Algérie, c'est son passé français. Mais la dénonciation lancinante du "péché colonial" imprègne l'enseignement de l'histoire, aussi bien en Algérie qu'en France. L'Algérie instruit un procès permanent pour obtenir que la France se reconnaisse coupable de "crimes contre l'humanité", voire de "génocide", qu'elle exprime sa repentance et, bien sûr, qu'elle lui verse des indemnités faramineuses. La propagande officielle en Algérie n'incite qu'à la haine de la France : c'est tout ce que Bouteflika peut offrir à son peuple comme ciment national. En France, où "l'intelligentsia" partage le sentiment algérien d'une France "criminelle", il est désormais interdit d'évoquer un "bilan globalement positif de la colonisation".
Est-ce que l'indépendance de l'Algérie a fait le bonheur des Algériens ? C'est la seule question qui vaut d'être posée. La réponse est dans les chiffres de l'immigration massive qui déferle. La colonisation fixait et nourrissait (tant bien que mal) cette population que l'on voit aujourd'hui, masse sous-développée, islamisée et agressive, venir battre nos frontières pour trouver sa subsistance. Voilà l'oeuvre de la décolonisation. L'unique objet de notre repentance.
Norbert Multeau L’ACTION FRANÇAISE 2000 Du 15 mars au 4 avril 2012
✓ À LIRE - Pierre Goinard, Algérie, l'oeuvre française, Robert Laffont, 1984 ; Pierre Laffont, Histoire de la France en Algérie, Plon, 1980 ; Claire Janon : Ces maudits colons. La Table Ronde, 1965.
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