mercredi 5 décembre 2012

Friedrich Nietzsche

Nietzsche est né dans une famille de pasteurs, le 15 octobre 1844. Il fut prénommé Friedrich Wilhelm (Frédéric Guillaume) en hommage au roi de Prusse dont c'était l'anniversaire. Son père avait été précepteur dans la famille royale. L'enfant se fit remarquer par ses dons et fut envoyé au célèbre collège de Pforta, où avaient étudié des célébrités des lettres allemandes, tels les frères Schlegel, Novalis et Fichte. Il y poursuivit de brillantes études. Il abandonnera rapidement des études de théologie pour se consacrer à la philologie. Il va découvrir la philosophie de Schopenhauer, qui sera pendant des années son maître à penser. Nommé professeur à l'Université de Bâle, sa carrière universitaire connaît un départ fulgurant. En 1868, Nietzsche fait la connaissance de Richard Wagner et s'enthousiasme pour son œuvre. Il écrit son premier livre important, « La naissance de la Tragédie », publié en 1872, qui sera considéré comme un commentaire de l'œuvre de Wagner. Quelques années plus tard, il se brouillera avec Richard Wagner. Une étrange jeune fille, Lou von Salomé, apparaît dans sa vie. Elle lui est présentée par son ami Paul Rée. Il en tombe amoureux, mais ce sentiment n'est pas partagé. Celle-ci développe des idées pour le moins bizarres. Elle propose aux deux amis de partir à Paris et de vivre une sorte de « ménage à trois », avec des relations purement platoniques, dans un cénacle philosophique qui aiderait à la création des œuvres de chacun. La sœur et la mère de Nietzsche n'apprécièrent que modérément la perspective d'une telle fantaisie. Le sang de sa mère, qui était fille, sœur et veuve de pasteur ne fit qu'un tour. Elle déclara à son fils qu'il allait déshonorer la mémoire de son père, discréditer la famille, etc. D'où une brouille familiale qui dura quelques années... La pensée de Nietzsche se précise en 1883 avec la parution de Zarathoustra. Il publiera ensuite Par-delà le bien et le mal, Le Gai savoir et La Généalogie de la morale. Puis, en 1888 paraissent L'Antéchrist, Ecce Homo. Le drame final se produira le 4 janvier 1889, à Turin. Nietzsche aperçoit un cocher qui maltraite un cheval. Il intervient, s'approche de l'animal pour l'embrasser. Il s'effondre, et ne retrouvera jamais la raison. Il avait, dans les derniers jours de 1888, écrit des lettres bizarres à ses amis, qu'il signait "Dionysos" ou « le crucifié ». Il mourut le 25 août 1900, des suites d'une pneumonie. Certains pensent que la paralysie générale qui atteint Nietzsche était d'origine syphilitique, d'autres évoquent la thèse de l'intoxication due à la consommation de certaines drogues. Mais Nietzsche avait depuis longtemps supprimé toute consommation d'alcool, de café, et il ne fumait pas. Les causes de cet effondrement final restent donc mystérieuses. Mais évoquons les idées développées par Nietzsche. Il n'a jamais eu la prétention de se poser en penseur politique, même si son œuvre a fait l'objet de récupérations politiques. Mais il est généralement considéré comme un précurseur de la révolution conservatrice. Pierre Drieu La Rochelle affirmait qu'il s'était intéressé à Nietzsche parce qu'il était à sa connaissance le seul philosophe clair. On pourrait formuler la même remarque au sujet de Cioran. Nietzsche est, sans conteste, un des meilleurs prosateurs de la langue allemande. Sa pensée a souvent évolué, mais il reste des constantes : l'une des clefs permettant de comprendre sa pensée est son attitude anti-intellectualiste. Il fait partie de ces philosophes qui voient une opposition entre l'intelligence et la vie. Nietzsche est persuadé que la culture européenne traverse une phase de décadence irrémédiable, dont la démocratie est la manifestation. L'abandon des valeurs aristocratiques a pour conséquence un nihilisme croissant. Les Grecs voyaient la vie totalement différemment. La vie est tragique, mais substituer des fables à la réalité ne mène à rien. Le rationalisme, introduit par Socrate, puis le christianisme ont hâté une fâcheuse évolution. Pour imposer leurs valeurs, les faibles vont donner mauvaise conscience à ceux qui adhèrent aux valeurs aristocratiques. Tout idéal est une idole. C'est en faisant appel à de fausses idoles qu'« on a dépouillé la réalité de sa valeur, de son sens et de sa véracité, en forgeant un monde idéal à coup de mensonges ». La sœur de Nietzsche, Elisabeth, devint, sous le troisième Reich, une « mère de la patrie ». Hitler l'aimait beaucoup. Ses obsèques furent une apothéose. Les SS, les SA, les Jeunesses Hitlériennes firent une haie d'honneur. Mussolini, qui était aussi son ami, avait lu toute l'œuvre de Nietzsche et pensait que le fascisme était l'expression de sa philosophie...
R.S. Rivarol 30 novembre 2012

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