dimanche 16 décembre 2012

16 janvier 27 avant JC Auguste fondateur de l'Empire romain

Le 16 janvier de l'an 27 avant JC, le Sénat romain décerne à Octave le surnom d'Augustus (Auguste) habituellement réservé aux divinités.
Auguste, statue en bronze (musée national d'Athènes) Ce titre honorifique désigne celui qui agit sous de bons auspices. Il récompense le petit-neveu et fils adoptif de Jules César pour avoir restauré les formes de la République sénatoriale et pacifié le pays en mettant fin aux guerres civiles qui l'ensanglantaient depuis un siècle.
Trois jours auparavant, Octave avait habilement démissionné de toutes ses fonctions et le Sénat, désemparé, l'avait supplié de revenir !
Né 36 ans plus tôt, Octave (qui a pris le nom d'Octavien après son adoption par César) possède désormais un pouvoir quasiment absolu grâce au cumul à vie des plus hautes fonctions de la République.
De la République au principat
Avec l'arrivée au pouvoir d'Octave, la République romaine va se transformer en quelques années en principat (avec un homme tout-puissant à sa tête) sans que ses structures traditionnelles aient été en apparence modifiées ! Cette transformation progressive de Rome en un «empire» qui ne dit pas son nom suscite des regrets y compris chez les proches d'Octave, comme Agrippa, le héros de la bataille d'Actium.
De son père adoptif, Octave a hérité les noms de César et Imperator.
Le titre d'Imperator désignait d'ordinaire un général investi de l'imperium. L'imperium était un pouvoir à caractère militaire mais aussi juridique et sacré conféré par le Sénat à un général avant de partir en campagne. Il lui était retiré à son retour à Rome, dans les limites du pomoerium, l'enceinte sacrée délimitée selon la légende par la charrue de Romulus. César puis Octave et leurs successeurs ont obtenu du Sénat le droit de porter le titre d'Imperator à vie (nous en avons tiré le mot empereur).
Depuis la mort de son rival Antoine, qui marque la fin du deuxième triumvirat, le nouvel homme fort de Rome se voit réattribuer tous les ans le titre de consul (qu'il partage à chaque fois avec un quelconque notable).
À partir de l'an 28 avant JC, Octave est officiellement considéré comme Princeps senatus ou premier sénateur (d'où nous avons tiré le mot prince).
L'année suivante, Octave devenu Auguste impose une réorganisation des provinces. Au Sénat, les provinces les plus anciennes, pacifiques et désarmées, avec un proconsul à leur tête ; à lui, les provinces les plus récentes, avec la force armée qu'elles nécessitent et un légat à leur tête.
L'imperium proconsulaire lui donne autorité sur les trois provinces de Gaule, d'Espagne et de Syrie ainsi que sur leurs armées, éliminant pour longtemps le risque qu'un général ne se pose en rival. Il sera quelques années plus tard élargi à tout l'empire, y compris à la ville de Rome !
En 23 avant JC, à la suite d'une grave maladie, Auguste se fait attribuer la puissance tribunicienne à vie. Elle lui garantit l'inviolabilité et lui donne le droit de proposer des lois au Sénat et d'opposer son veto à celles qui lui déplaisent, la censure l'autorisant à dresser les listes de sénateurs, de chevaliers et de citoyens.
À la mort de Lépide, en 13 avant JC, Auguste est élu grand Pontife et devient à ce titre le chef de la religion. On l'honore sur les autels.
Le nouvel homme fort de Rome n'est bientôt plus désigné que sous l'appellation Imperator Cesar Augustus.
Il professionnalise l'armée avec des volontaires engagés pour vingt ans qui reçoivent en fin de carrière un lopin de terre et un pécule. Se targuant d'avoir restauré la paix, il peut fermer pour un temps le temple de Janus, consacré à la guerre et à la paix.
Auguste lance seulement quelques guerres pour consolider les frontières. Entre les Alpes et le Danube, ses gendres Drusus et Tibère conquièrent la Rhétie, le Norique et la Pannonie. Il soumet en personne les peuples des Alpes occidentales, ce qui lui vaut un trophée à sa gloire à La Turbie, en un lieu magnifique qui domine la côte méditerranéenne et l'actuelle cité de Monaco. Il fait éduquer à ses frais, à Rome même, les enfants des rois vaincus afin de les rallier à sa politique.
Sa principale déconvenue vient de l'échec de la tentative de conquête de la Germanie entre Rhin et Danube. Tibère et Germanicus, neveu de l'empereur, occupent ces régions mais un chef chérusque, Arminius (Hermann), piège et massacre trois légions en l'an 9 de notre ère dans la forêt de Teutoburg.
L'empire romain à son apogée
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L'empire romain à son apogée (cartographie AFDEC) Cette carte montre l'empire romain dans sa plus grande extension (fin du Ier siècle après JC). Au centre de cet immense empire était la mer Méditerranée, que les Romains appelaient avec orgueil et non sans justesse Mare Nostrum (Notre mer). Cet empire est aujourd'hui éclaté en États rivaux que divisent la langue, la politique, la religion, la société et l'économie.
Le principat d'Auguste voit l'épanouissement de la culture latine avec les artistes Virgile, Horace, Properce... L'un des proches d'Auguste reçoit ceux-ci dans sa villa de Tibur et les invite à chanter les louanges du prince. Son nom, Mécène, est devenu un nom commun pour désigner les protecteurs des artistes !
Mécène, administrateur remarquable, fait partie avec Agrippa du premier cercle des amis d'Auguste, le Conseil du prince. Il unifie le cadastre, impose le droit romain jusqu'aux extrémités de l'empire et stimule les activités économiques.
Et l'on ne saurait oublier que c'est au temps de l'empereur César Auguste que naît à Bethléem, un petit village au sud de Jérusalem, un enfant du nom de Jésus.
Succession impossible
Auguste, heureux dans presque toutes ses entreprises, a cependant échoué à assurer la transmission héréditaire du pouvoir en dépit d'une réputation méritée d'homme à femmes et d'une union de 52 ans avec Livie. Faute de fils pour lui succéder, il demande à son ami et complice Agrippa d'épouser sa fille Julie, née d'un premier mariage avec Scriponia. Mais son gendre et ses deux fils vont mourir avant lui.
Auguste s'éteint à 77 ans, le 19 août de l'an 14 après JC. Il reçoit aussitôt les honneurs de l'apothéose, c'est-à-dire qu'il est mis au rang des divinités. C'est en définitive son beau-fils Tibère, né d'un premier mariage de Livie avec un officier romain, qui va hériter à 56 ans de l'oeuvre immense de César et d'Auguste !
Jean-François Zilberman. http://www.herodote.net

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