Extrait du livre Les Vikings (L'épopée des Rois de la
Mer )
de Jean Mabire édition L'ancre de Marine
de Jean Mabire édition L'ancre de Marine
Dix ans après le massacre des païens saxons par Charlemagne, les moines subissent à Lindisfarne la fureur des
Normands.
Le sang appelle le sang.
Ils sont quatre mille cinq cents guerriers saxons vaincus, entravés comme des bêtes fauves.
Le sang appelle le sang.
Ils sont quatre mille cinq cents guerriers saxons vaincus, entravés comme des bêtes fauves.
Les soldats francs viennent de les rassembler dans l'immense clairière de
Sachsenheim. Sur toutes les lisières de la forêt ténébreuse, veillent des hommes d'armes, engoncés dans
leurs broignes de cuir aux anneaux de fer.
Des croix s'écartèlent sur les boucliers de bois clouté.
D'autres croix frissonnent sur les étendards, rouges comme le feu ou bleus comme la
nuit. Ceux
qui viennent de remporter la bataille, non loin de la bourgade de
Verden, sur les rives
de l'Aller, au sud de Brême, en pleine terre rebelle, servent le
futur empereur d'Occident – que les clercs vont appeler Charlemagne.
En cette année 782, se poursuit la guerre inexpiable des Francs et des Saxons, la lutte de la
croix du Christ contre le marteau de Thor.
Les chrétiens de Karl der Grosse ont vaincu les païens de Widukind.
Ceux qui croient en Jésus fils de Dieu tiennent à leur merci ceux qui nomment Dieu le secret
des bois.
Les Saxons vaincus n'ont qu'un choix, le baptême ou le massacre.
Sur leur nuque roide : l'eau du Ciel ou le fil de l'épée.
Autour des captifs, se préparent ceux qui vont maintenant accomplir le geste
décisif.
Les soldats et les moines s'impatientent. Depuis des semaines que dure cette campagne
épuisante dans les pays du Nord, ils attendent ce moment.
L'heure de la vérité est venue. Les soldats ricanent. Les moines
psalmodient.
Immense murmure qui couvre soudain le chant des oiseaux tournant sous les nuages sombres du
crépuscule.
De longues minutes s'écoulent. Interminables. Les Francs grondent d'impatience et de
colère.
Les Saxons les défient du regard et se taisent. Leur silence semble déjà une réponse
:
• Nous resterons fidèles à la foi de nos
pères.
Déçus, les moines se regroupent autour de leur évêque. Ils n'auront personne à baptiser aujourd'hui. Ils entonnent à pleine gorge un cantique :
Gloria in excelsis Deo
Les voix des tonsurés s'affermissent. Ils se serrent l'un contre l'autre, dans leurs longues robes de bure marron. Le prélat brandit une croix d'or qui étincelle de tout l'éclat de ses joyaux. Gloire à Dieu au plus haut des cieux !
Et in terra pax hominibus bonae voluntatis.
Paix aux hommes de bonne volonté ! Mais les païens ne sont pas de cette race qui accepte de plier le genou et de courber la tête pour recevoir l'eau divine du Seigneur devenu homme. Ils s'obstinent à adorer les dieux des sources et des arbres. Et ils saluent ce cavalier borgne qui chevauche les soirs d'orage sur un cheval à huit pattes galopant dans les nuages et les éclairs : Odin.
Déçus, les moines se regroupent autour de leur évêque. Ils n'auront personne à baptiser aujourd'hui. Ils entonnent à pleine gorge un cantique :
Gloria in excelsis Deo
Les voix des tonsurés s'affermissent. Ils se serrent l'un contre l'autre, dans leurs longues robes de bure marron. Le prélat brandit une croix d'or qui étincelle de tout l'éclat de ses joyaux. Gloire à Dieu au plus haut des cieux !
Et in terra pax hominibus bonae voluntatis.
Paix aux hommes de bonne volonté ! Mais les païens ne sont pas de cette race qui accepte de plier le genou et de courber la tête pour recevoir l'eau divine du Seigneur devenu homme. Ils s'obstinent à adorer les dieux des sources et des arbres. Et ils saluent ce cavalier borgne qui chevauche les soirs d'orage sur un cheval à huit pattes galopant dans les nuages et les éclairs : Odin.
Quatre mille cinq cents têtes de païens tranchées
net.
Les Saxons refusent la parole du Dieu unique. Alors, ils subiront la loi du roi des Francs. Les soldats s'avancent. Les moines forcent encore leur chant :
Per Christum dominum nostrum
Un geste du chef vainqueur lance les bourreaux à la besogne. Un ordre :
• Au nom du Père ...
Tranchée net, la première tête roule aux pieds de l'évêque. Cette terre de Sachsenheim ne sera pas arrosée par l'eau de la rédemption, mais par le sang du paganisme.
• Et du Fils ...
Sifflement de l'épée dans l'air devenu soudain silencieux entre deux cantiques. Dans un grand battement d'ailes les oiseaux s'abattent sur la cime des chênes.
• Et du Saint – Esprit !
Une troisième tête tombe dans l'herbe haute qui s'emperle de grosses gouttes rouges. Les Saxons regardent les trois corps étendus que n'agite plus aucun frémissement.
• Ce soir, lance un prisonnier, ils participeront au festin des guerriers dans le Valhalla du dieu Odin.
Les Saxons refusent la parole du Dieu unique. Alors, ils subiront la loi du roi des Francs. Les soldats s'avancent. Les moines forcent encore leur chant :
Per Christum dominum nostrum
Un geste du chef vainqueur lance les bourreaux à la besogne. Un ordre :
• Au nom du Père ...
Tranchée net, la première tête roule aux pieds de l'évêque. Cette terre de Sachsenheim ne sera pas arrosée par l'eau de la rédemption, mais par le sang du paganisme.
• Et du Fils ...
Sifflement de l'épée dans l'air devenu soudain silencieux entre deux cantiques. Dans un grand battement d'ailes les oiseaux s'abattent sur la cime des chênes.
• Et du Saint – Esprit !
Une troisième tête tombe dans l'herbe haute qui s'emperle de grosses gouttes rouges. Les Saxons regardent les trois corps étendus que n'agite plus aucun frémissement.
• Ce soir, lance un prisonnier, ils participeront au festin des guerriers dans le Valhalla du dieu Odin.
Le
chant des moines a repris. Comme un grondement de
tonnerre, il emplit maintenant toute la clairière. Les soldats
se mettent aussi à chanter, entrecoupant les pieux versets de terribles «
Han ! » de bûcherons chaque fois qu'une épée s'abat
sur une nuque païenne.
Gloria et honor Patri et Filio et Spiritui sancto in saecula saeculorum !
Tranchez les têtes, glaives du Christ ! Tranchez quatre mille cinq cents têtes de païens. Tranchez-les ces têtes dures qui ne veulent pas comprendre que les dieux de leurs ancêtres sont devenus maudits sur le sol où vivent leurs enfants.
Alleluia ! Alleluia ! Alleluia !
Dans la nuit, à la lueur des torches, les soldats du roi Charles vont longtemps poursuivre leur terrible besogne. Le fer a raison de ceux qui refusent la croix.
Gloria et honor Patri et Filio et Spiritui sancto in saecula saeculorum !
Tranchez les têtes, glaives du Christ ! Tranchez quatre mille cinq cents têtes de païens. Tranchez-les ces têtes dures qui ne veulent pas comprendre que les dieux de leurs ancêtres sont devenus maudits sur le sol où vivent leurs enfants.
Alleluia ! Alleluia ! Alleluia !
Dans la nuit, à la lueur des torches, les soldats du roi Charles vont longtemps poursuivre leur terrible besogne. Le fer a raison de ceux qui refusent la croix.
Bénies
soient les armes qui assurent la victoire de la vraie foi. A
l'aube, la forêt est redevenue silencieuse. Les soldats et les
moines peuvent reprendre leur marche. Verden brûle avec des flammes
immenses et de lourds panaches de fumée que chasse un vent
froid venu de la mer du Nord.
Soudain, dans le ciel, on croit entendre le galop d'un cheval.
Le chef Widukind se réfugie dans le libre pays du Nord
Vaincu par Charlemagne, Widukind réussit à s'enfuir. Il chevauche à bride abattue à travers les bois et les landes de son pays dévasté et vaincu.
Soudain, dans le ciel, on croit entendre le galop d'un cheval.
Le chef Widukind se réfugie dans le libre pays du Nord
Vaincu par Charlemagne, Widukind réussit à s'enfuir. Il chevauche à bride abattue à travers les bois et les landes de son pays dévasté et vaincu.
Il franchit l'Elbe, arrive en Nordalbingie, relance son coursier fourbu, traverse
l'Eider.
Voici enfin le chef saxon au pays du roi danois Godfred. Il
va même épouser la sœur de son hôte.
Dans le Jutland entre deux mers, les marais et les tourbières, les hêtres et les étangs défendent les approches de la presqu'île sacrée où reste inconnue la loi de Rome.
Dans le Jutland entre deux mers, les marais et les tourbières, les hêtres et les étangs défendent les approches de la presqu'île sacrée où reste inconnue la loi de Rome.
Là vivent les libres païens du Nord. A tous, Widukind va dire
et redire le sanglant baptême subi par les guerriers de son peuple :
• Tous les miens ont été exterminés jusqu'au dernier captif.
• Tous les miens ont été exterminés jusqu'au dernier captif.
Quatre mille cinq cents nobles guerriers ont péri.
Les vieillards, les femmes, les enfants, tous ceux qui ne portaient pas d'armes, ont été
déportés en terre étrangère où les attendent la misère et le mépris.
Et le chef saxon répète :
• Les Francs nomment leur crime : la foi du fer de Dieu.
Partis du Rhin vers les infinis rivages sablonneux et les sombres forêts du pays saxon, les soldats et les moines du roi Charles vont imposer leur ordre implacable.
Partis du Rhin vers les infinis rivages sablonneux et les sombres forêts du pays saxon, les soldats et les moines du roi Charles vont imposer leur ordre implacable.
Celui qui règne à Aix-la-Chapelle prétend n'être que le représentant sur cette terre du Dieu
tout-puissant et éternel qui règne dans les nuées invisibles.
C'est au nom du Christ de Jérusalem et de son vicaire de Rome qu'un terrible capitulaire
vient imposer sa loi au pays des vaincus :
« Tout Saxon non baptisé qui cherchera à se dissimuler parmi
ses compatriotes et refusera de se faire administrer le baptême sera mis à mort. »
« Quiconque refusera de respecter le saint jeûne du Carême et mangera alors de la chair sera mis à mort. »
« Quiconque livrera aux flammes le corps d'un défunt suivant le rite païen, et réduira ses os en cendres sera mis à mort. »
Et se succèdent les articles dans une interminable litanie, où reviennent sans cesse les mêmes mots : « sera mis à mort ».
Tout le pays entre la Weser et l'Elbe connaît le feu du ciel et le fer du roi. La paix de la mort règne en pays saxon.
« Quiconque refusera de respecter le saint jeûne du Carême et mangera alors de la chair sera mis à mort. »
« Quiconque livrera aux flammes le corps d'un défunt suivant le rite païen, et réduira ses os en cendres sera mis à mort. »
Et se succèdent les articles dans une interminable litanie, où reviennent sans cesse les mêmes mots : « sera mis à mort ».
Tout le pays entre la Weser et l'Elbe connaît le feu du ciel et le fer du roi. La paix de la mort règne en pays saxon.
Pour plus de deux siècles et demi la fureur des
Normands.
Chez les
païens qui ont donné asile à Widukind, le récit des massacres et des
exils frappe les imaginations populaires. De veilles haines
s'attisent comme cendres sous la brise. Au fer de Dieu doit
répondre le fer d'Odin. Un mot jaillit, s'enfle, emporte tout dans un
ouragan de feu : Vengeance !
Depuis la nuit des temps, de blonds géants aux yeux clairs, venus de cette « terre d'Hyperborée » où les Anciens plaçaient la demeure des dieux solaires, déferlent sur l'Occident conquis par les guerriers du pays de l'ambre et du bronze. Cimbres, Teutons, Vandales, Burgondes, Lombards, Angles ou Jutes, ils ont fait crouler l'empire romain et trembler le monde chrétien. Maintenant, les Vikings vont prendre la grande relève du sang. Ce sera la dernière vague du monde norois.
Depuis la nuit des temps, de blonds géants aux yeux clairs, venus de cette « terre d'Hyperborée » où les Anciens plaçaient la demeure des dieux solaires, déferlent sur l'Occident conquis par les guerriers du pays de l'ambre et du bronze. Cimbres, Teutons, Vandales, Burgondes, Lombards, Angles ou Jutes, ils ont fait crouler l'empire romain et trembler le monde chrétien. Maintenant, les Vikings vont prendre la grande relève du sang. Ce sera la dernière vague du monde norois.
La plus terrible et la plus fantastique. Pendant plus de deux siècles, les hommes du Nord,
les Northmen ou Normands, vont faire payer aux abbayes et aux cités d'Occident le crime de Charlemagne.
Terrible retour de l'Histoire. Les païens ont été vaincus dans la forêt ; c'est sur la mer
que d'autre païens vont venger leurs frères.
Les Saxons et les Frisons semblent tous soumis à un joug implacable ; mais déjà les Danois,
les Norvégiens et les Suédois forgent leurs armes pour d'autres combats.
Vague après vague, les Vikings vont s'abattre sur le monde chrétien
terrifié.
C'est un nouveau cantique que vont désormais chanter les clercs et les nonnes
A furore Normannorum
Libera nos, Domine !
Libera nos, Domine !
Mais
le ciel se tait. Pendant des années et des années, les rivages du monde
chrétien n'entendront
que le fracas des flots qui se brisent, le cri des Normands qui
se lancent, l'épée haute, dans l'écume, le choc du fer qui tranche,
égorge et achève.
Toute une jeunesse impatiente va déferler du Nord et imposer une seule loi : celle des héros
aventureux et solitaires, dont le domaine n'aura plus désormais que la seule limite de leur force.
Voici le prodigieux printemps des peuples avides d'espace et de butin.
Ceux qui partent en expéditions vikings sont les meilleurs de leur lignée, les plus braves guerriers
et les plus hardis marins.
Ils sont les fils de la tempête et du carnage.
Ils sont de la race des aigles et des loups.
Leurs raids évoquent le vol de rapaces ou la meute de carnassiers.
Soudain, le monde appartient à leur épée et jamais ce monde n'aura été si beau, sous le grand
tournant du soleil.
Les
Vikings ne représentent pas la masse de leurs peuples. En Scandinavie –
dans les
premières décennies de la grande aventure, du moins – restent
les vieillards, les femmes et les enfants, les légistes, les marchands
et les paysans.
Ceux qui partent ne sont que l'écume bouillonnante.
Ecume blanche comme neige qui va devenir rouge comme
sang.
Jean Mabire
Le génocide de Verden :
Revenons
un peu sur ce qui motiva son peu glorieux – mais étonnant – surnom de
“Tueur de Saxons” :
l’attaque et la prise d’Eresburg, furent suivies de la
destruction de l’Arbre Sacré Irminsul le jour de la grande fête de
l’équinoxe en 772 aux Externsteine.
La destruction d'Irminsul par Charlemagne
Elle
s’ensuivit, dit-on, de la conversion de la “noblesse” saxonne (choisie
parmi les plus Kollabo)
qui favorisa l’annexion de leur pays au royaume des Francs.
Mais, Widukind (Witikind ou Weking) et les paysans fidèles à leur Foi
maternelle s’y opposèrent. Une répression de la “révolte”
(la Résistance) eut lieu en 779/ 780.
782 : après l’anéantissement d’une armée franque dans le Sündtal, eut lieu à Verden dans la forêt de Teutoburg (le Bourg ou “château-fort” de la Teuta/ Tribu ou des Teutons, ce qui est la même chose) – forêt située entre Detmold et Paderborn, au peu au nord de Cologne – le “Massacre” de 4.500 de ses frères Saxons livrés par la dite “noblesse”.
782 : après l’anéantissement d’une armée franque dans le Sündtal, eut lieu à Verden dans la forêt de Teutoburg (le Bourg ou “château-fort” de la Teuta/ Tribu ou des Teutons, ce qui est la même chose) – forêt située entre Detmold et Paderborn, au peu au nord de Cologne – le “Massacre” de 4.500 de ses frères Saxons livrés par la dite “noblesse”.
Lorsque le "glorieux Saint" Charlemagne s’aperçut qu'avec les
Arabes cela ne serait pas aussi simple qu’avec les Saxons, il s'enfuit
de l'Espagne sous domination musulmane et pris le chemin
du retour. Sur ce chemin se trouvait un peuple qui n'était ni
"Infidèle" arabe, ni "païen" Saxon, mais christianissime Basque,
chrétien depuis plusieurs siècles. Cela n'empêcha pas
l'imperator christianisateur de se comporter en hôte mal élevé
et d'abandonner Roland le valeureux guerrier massacré par les Basques.
Citation des
basques :
"Un
cri ébranla les montagnes des Escaldounacs, et l'Etchéco-Jauna dit :
Qu'est-ce cela?...Qu'avaient-ils à faire en
nos montagnes, ces fils du Nord? Pourquoi sont-ils venus
troubler notre paix ?...Fuyez, fuyez ceux qui ont encore conservé des
forces et un cheval! Fuis, roi Charlemagne, avec tes plumes
noires et ton manteau vermeille. Ton neveu, ton plus brave, ton
cher Roland gît étendu là-bas. Sa bravoure ne lui a servi de rien. Et
maintenant Escaldounacs, laissons les roches, descendons
vite lançant des flèches sur les fugitifs...
.http://konigsberg.centerblog.net/1904-le-genocide-des-germains-par-le-boucher-charlemagne
1 commentaire:
merci à vous de nous informer, la chrétienté hélas, n'est pas exempte de crimes et d'abominations. Le règne du Christ est tout autre. Pauvre Charlemagne! Pauvre occident perdu dans ses armements et sa force destructrice, pauvres musulmans tout aussi dépourvus de lucidité. Le 21eme siècle sera-t-il de raison?
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