Promue
par Antoine Parmentier, la pomme de terre est découverte par Louis XVI
le 24 août 1785. Mais elle était connue depuis plus de deux cents ans
par les précurseurs du Vivarais.
Cette année-là, la onzième son règne, Louis XVI, trente et un ans, soutenait l’oeuvre de promotion de la pomme de terre entreprise par le pharmacien agronome Antoine Parmentier (1737-1813). Il faut en finir avec l’idée répandue dans les manuels que ledit Parmentier, grand humaniste et philanthrope, aurait « inventé » ce tubercule comestible, de la famille des solanacées. Depuis plus de deux cents ans, les gens du pays de Vivarais donnaient à ce féculent le nom de patate ou de truffole et l’utilisaient couramment non seulement pour la nourriture des bestiaux, mais pour le plaisir des paysans et des artisans, et même des seigneurs, qui en appréciaient le goût et les vertus nutritives.
Des Andes au Vivarais…
En fait, la pomme de terre remontait aux temps du néolithique et poussait déjà chez les Incas de la Cordillère des Andes, notamment au Pérou. La découverte de l’Amérique par Christophe Colomb la révéla aux Européens, notamment aux Espagnols qui la présentèrent à leur famille royale.
En 1540, un moine franciscain de Tolède, Pierre Sornas, natif de Saint-Alban d’Ay, en Vivarais, se retirant au pays de ses origines pour finir ses jours, sema la « truffole » pour la première fois dans le royaume de France, comme il apparaît dans les papiers de la puissante maison des comtes de Tournon étudiés plus tard par le marquis de Satillieu (1752-1814), député aux états généraux de 1789, puis premier président du conseil général de l’Ardèche.
Très vite la culture de ce tubercule insolite se répandit dans la région d’Annonay, au nord du Vivarais, puis gagna le Dauphiné, le Forez, le Velay, une partie de l’Auvergne… En l’an 1600, le célèbre ami d’Henri IV, l’agronome vivarois Olivier de Serres, écrivait : « c’est arbuste dict cartoufle porte fruict de mesme nom, semblable à truffes, et par d’aucuns ainsi appelle » (Théâtre d’agriculture et mesnage des champs). Les « livres de raison » des anciens habitants d’Annonay (Annonéens) vantaient aussi cette culture au XVIe siècle. Quatre siècles après, le département de l’Ardèche régale toujours ses visiteurs de ses criques et de ses bombines…
Toutefois ce légume s’épanouissant sous terre fut longtemps boudé (on le suspectait d’être toxique, d’appauvrir le sol, voire de transmettre la lèpre ou même d’être satanique…). Mais, fin XVIIe siècle et début XVIIIe, les disettes causées par les guerres et les intempéries devenaient de plus en plus dramatiques. C’est alors que le Picard Parmentier, engagé à vingt ans dans la guerre de Sept ans comme pharmacien, tomba aux mains des Prussiens qui le nourrirent de grosses bouillies de pommes de terre (ils disaient de cartoufles). À son retour en France, il obtint le titre d’apothicaire à l’Hôtel des Invalides (1766) où il entreprit des recherches sur la composition chimique de ce tubercule.
L’Académie de Besançon ouvrit alors un concours sur les végétaux de remplacement dans l’alimentation des hommes… Parmentier concourut, proposant la généralisation de la pomme de terre, et fut le lauréat du concours, alors que le parlement interdisait toujours cette culture. Il continua quand même ses recherches et affina sa propagande ! Pour gagner la partie il lui fallait mettre le roi de son côté. On sait combien Louis XVI aimait s’ouvrir aux nouveautés scientifiques. Il offrit au savant un terrain pour ses plantations près des Invalides, qui fut hélas occasion de conflit avec les religieuses, ses voisines. Mais Parmentier tint bon, invitant à sa table des savants comme Lavoisier, ou Benjamin Flanklin quand celui-ci vint chercher l’aide française aux Insurgents américains. Le roi lui ayant offert un terrain de deux hectares aux Sablons près de Neuilly, Parmentier eut l’idée géniale de faire garder ce terrain le jour seulement, pour persuader les Parisiens que ce qui poussait là était de valeur exceptionnelle. La nuit venue, les gardes partis, tout un chacun venait se servir… Bel exemple de publicité !
… et à la table du roi
En 1785, suite à une bonne récolte, la société d’Agriculture accorda au savant trente-sept arpents dans la plaine de Grenelle. Le temps était alors venu de se rendre à Versailles. Parmentier y vint le 24 août 1785, apportant un bouquet de fleurs de pomme de terre… Louis XVI mit une des fleurs à sa boutonnière, en offrit une autre à Marie-Antoinette qu’elle planta dans sa perruque, et toute la Cour en fit autant…. « La France vous remerciera un jour d’avoir inventé le pain des pauvres », lui dit le roi, avant de prendre lui-même l’habitude de servir des plats de pomme de terre à sa table puis d’autoriser en juin 1787 le classement de ce tubercule dans les plantes utiles du jardin d’essai de Rambouillet. La pomme de terre fut ainsi progressivement acceptée et savourée dans tout le pays, surtout après la Révolution.
Une fois de plus Louis XVI avait su aller délicatement, sans les bousculer, au-devant des besoins et des goûts des Français.
Michel Fromentoux L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 17 au 30 juin 2010
Cette année-là, la onzième son règne, Louis XVI, trente et un ans, soutenait l’oeuvre de promotion de la pomme de terre entreprise par le pharmacien agronome Antoine Parmentier (1737-1813). Il faut en finir avec l’idée répandue dans les manuels que ledit Parmentier, grand humaniste et philanthrope, aurait « inventé » ce tubercule comestible, de la famille des solanacées. Depuis plus de deux cents ans, les gens du pays de Vivarais donnaient à ce féculent le nom de patate ou de truffole et l’utilisaient couramment non seulement pour la nourriture des bestiaux, mais pour le plaisir des paysans et des artisans, et même des seigneurs, qui en appréciaient le goût et les vertus nutritives.
Des Andes au Vivarais…
En fait, la pomme de terre remontait aux temps du néolithique et poussait déjà chez les Incas de la Cordillère des Andes, notamment au Pérou. La découverte de l’Amérique par Christophe Colomb la révéla aux Européens, notamment aux Espagnols qui la présentèrent à leur famille royale.
En 1540, un moine franciscain de Tolède, Pierre Sornas, natif de Saint-Alban d’Ay, en Vivarais, se retirant au pays de ses origines pour finir ses jours, sema la « truffole » pour la première fois dans le royaume de France, comme il apparaît dans les papiers de la puissante maison des comtes de Tournon étudiés plus tard par le marquis de Satillieu (1752-1814), député aux états généraux de 1789, puis premier président du conseil général de l’Ardèche.
Très vite la culture de ce tubercule insolite se répandit dans la région d’Annonay, au nord du Vivarais, puis gagna le Dauphiné, le Forez, le Velay, une partie de l’Auvergne… En l’an 1600, le célèbre ami d’Henri IV, l’agronome vivarois Olivier de Serres, écrivait : « c’est arbuste dict cartoufle porte fruict de mesme nom, semblable à truffes, et par d’aucuns ainsi appelle » (Théâtre d’agriculture et mesnage des champs). Les « livres de raison » des anciens habitants d’Annonay (Annonéens) vantaient aussi cette culture au XVIe siècle. Quatre siècles après, le département de l’Ardèche régale toujours ses visiteurs de ses criques et de ses bombines…
Toutefois ce légume s’épanouissant sous terre fut longtemps boudé (on le suspectait d’être toxique, d’appauvrir le sol, voire de transmettre la lèpre ou même d’être satanique…). Mais, fin XVIIe siècle et début XVIIIe, les disettes causées par les guerres et les intempéries devenaient de plus en plus dramatiques. C’est alors que le Picard Parmentier, engagé à vingt ans dans la guerre de Sept ans comme pharmacien, tomba aux mains des Prussiens qui le nourrirent de grosses bouillies de pommes de terre (ils disaient de cartoufles). À son retour en France, il obtint le titre d’apothicaire à l’Hôtel des Invalides (1766) où il entreprit des recherches sur la composition chimique de ce tubercule.
L’Académie de Besançon ouvrit alors un concours sur les végétaux de remplacement dans l’alimentation des hommes… Parmentier concourut, proposant la généralisation de la pomme de terre, et fut le lauréat du concours, alors que le parlement interdisait toujours cette culture. Il continua quand même ses recherches et affina sa propagande ! Pour gagner la partie il lui fallait mettre le roi de son côté. On sait combien Louis XVI aimait s’ouvrir aux nouveautés scientifiques. Il offrit au savant un terrain pour ses plantations près des Invalides, qui fut hélas occasion de conflit avec les religieuses, ses voisines. Mais Parmentier tint bon, invitant à sa table des savants comme Lavoisier, ou Benjamin Flanklin quand celui-ci vint chercher l’aide française aux Insurgents américains. Le roi lui ayant offert un terrain de deux hectares aux Sablons près de Neuilly, Parmentier eut l’idée géniale de faire garder ce terrain le jour seulement, pour persuader les Parisiens que ce qui poussait là était de valeur exceptionnelle. La nuit venue, les gardes partis, tout un chacun venait se servir… Bel exemple de publicité !
… et à la table du roi
En 1785, suite à une bonne récolte, la société d’Agriculture accorda au savant trente-sept arpents dans la plaine de Grenelle. Le temps était alors venu de se rendre à Versailles. Parmentier y vint le 24 août 1785, apportant un bouquet de fleurs de pomme de terre… Louis XVI mit une des fleurs à sa boutonnière, en offrit une autre à Marie-Antoinette qu’elle planta dans sa perruque, et toute la Cour en fit autant…. « La France vous remerciera un jour d’avoir inventé le pain des pauvres », lui dit le roi, avant de prendre lui-même l’habitude de servir des plats de pomme de terre à sa table puis d’autoriser en juin 1787 le classement de ce tubercule dans les plantes utiles du jardin d’essai de Rambouillet. La pomme de terre fut ainsi progressivement acceptée et savourée dans tout le pays, surtout après la Révolution.
Une fois de plus Louis XVI avait su aller délicatement, sans les bousculer, au-devant des besoins et des goûts des Français.
Michel Fromentoux L’ACTION FRANÇAISE 2000 du 17 au 30 juin 2010
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire