dimanche 15 juillet 2012

15 juillet 1410 Les Teutoniques défaits à Tannenberg

Le 15 juillet 1410, une coalition de Polonais et de Lituaniens écrase à Tannenberg, en Prusse orientale, les chevaliers Teutoniques, des moines-soldats allemands de brutale réputation.
Les Polonais désignent cette bataille mémorable sous le nom de victoire de Grunwald. Ils y voient l'origine de l'unité de la Nation polonaise...
Gustav-Adolf Kiebeler.
L'Ordre teutonique (XIIe-XVe siècles)
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L'Ordre teutonique, XIIIe-XVe siècles (droits réservés : Alain Houot) L'Ordre teutonique a joué un rôle majeur dans l'expansion germanique à l'est de l'Europe, en terre slave, à la fin du Moyen Âge. Il est aussi à l'origine de l'Etat prussien.
Un Ordre conquérant
L'ordre Teutonique - d'un vieux mot qui signifie allemand - a été fondé par des chevaliers allemands en 1198 en Terre sainte, à Acre, sous le nom d'Ordre des chevaliers Teutoniques de l'Hôpital Sainte-Marie de Jérusalem. Ses moines-soldats sont reconnaissables à leur grand manteau blanc orné d'une croix noire.
Exclusivement composé de chevaliers allemands désireux de se vouer à la lutte contre les infidèles, l'ordre étend très vite des ramifications vers l'Europe centrale encore peuplée de païens. Il fonde la ville de Kronstadt en Transylvanie (aujourd'hui Brasov, en Roumanie).
En 1226, il est appelé à la rescousse par le duc polonais Conrad de Mazovie, la région de Varsovie. Les terres du duc viennent d'être envahies par un peuple encore païen des bords de la mer Baltique, les «Pruzzen» ou «Borussiens». Frédéric II de Hohenstaufen, l'empereur qui règne alors en Allemagne, octroie à l'ordre Teutonique tous les privilèges des princes d'Empire en vue de l'encourager à combattre et «évangéliser» les Borussiens.
Les moines-soldats accomplissent leur mission avec une extrême brutalité, en exterminant plutôt qu'en convertissant les populations borussiennes et en implantant des colons allemands qui ne tardent pas à adopter le nom de leurs prédécesseurs. C'est ainsi que la région prend le nom de Prusse. Cette colonisation militaire participe au «Drang nach Osten».
Le Drang nach Osten
Le «Drang nach Osten» (en français, poussée vers l'est) désigne la poussée germanique vers l'Est.
Cette colonisation agraire s'amorce au XIe siècle, à l'initiative de moines cisterciens et prémontrés issus de Bourgogne qui traversent les terres allemandes pour s'établir au-delà de l'Elbe, dans des étendues sauvages encore peuplées de Slaves plus ou moins païens.
Les défrichements des moines de Citeaux ne tardent pas à attirer des paysans allemands. Dans les années 1220 arrivent des moines-chevaliers de Terre Sainte, chevaliers Teutoniques et chevaliers Porte-Glaives, qui donnent un tour autrement plus brutal à la colonisation allemande.
La poussée germanique se heurte rapidement aux Slaves lorsque ceux-ci entrent dans la chrétienté et se dotent de structures étatiques. Le mouvement s'interrompt au début du XVe siècle avec la défaite des chevaliers Teutoniques face aux Polonais et Lituaniens.
Un demi-millénaire plus tard, à la suite de deux guerres mondiales, le mouvement s'inverse et les Slaves repoussent les Allemands à l'ouest de la ligne Oder-Neisse, du nom des deux cours d'eau qui marquent depuis 1945 la frontière entre l'Allemagne et la Pologne.
Pour consolider leur progression, les chevaliers Teutoniques construisent de puissantes forteresses dans les territoires nouvellement conquis, comme Köenigsberg (aujourd'hui Kaliningrad, en Russie). Dans le même temps, ils fusionnent avec un autre ordre allemand en guerre contre les Baltes : les chevaliers Porte-Glaive. Les régions de Courlande et de Livonie, à l'est de la Prusse, entrent à leur tour dans la zone d'expansion des chevaliers Teutoniques.
Les moines-soldats essuient toutefois un premier échec cinglant en 1242, sur les glaces du lac Peïpous, à la limite de l'Estonie actuelle, face à l'armée du prince russe Alexandre Nevski. Ils ne tenteront pas de pousser plus avant la colonisation allemande.
Puissance et décadence
Quand les derniers croisés évacuent la Terre sainte en 1291, le grand maître de l'ordre Teutonique quitte Acre, en Palestine, pour la forteresse de Marienburg, en Prusse (aujourd'hui Malbork, en Pologne), dont il fait en1309 sa capitale.
Désormais sans attache en Palestine, l'ordre Teutonique s'affirme comme une grande puissance séculière, rivale de la Pologne catholique et de la Lituanie païenne. Il est placé sous l'autorité du grand maître, un personnage richissime et prestigieux, désigné à vie, avec rang de prince d'Empire.
Le siècle suivant voit le début de son déclin, en raison tout à la fois de la Grande Peste de 1348, qui décime les populations européennes, et de la consolidation du royaume de Pologne, de langue slave. En Prusse même, dans les terres administrées par l'ordre, les Allemands de la noblesse comme de la bourgeoisie supportent mal la tutelle des chevaliers Teutoniques et n'hésitent pas à prendre parti pour le roi de Pologne et le grand-duc de Lituanie dans leurs querelles avec l'ordre.
Les Lituaniens païens, sous la direction du grand-prince Gédymin, repoussent les Russes loin vers l'Est et résistent avec succès aux Teutoniques. Ils forment autour de leur capitale Vilnius le plus puissant État d'Europe orientale... et le seul du continent à n'être pas chrétien !
Tous unis contre les Teutoniques
La situation se corse quand, en 1386, le grand-duc de Lituanie Ladislas II Jagellon (36 ans), petit-fils de Gédymin, épouse Hedwige d'Anjou, fille et héritière du roi de Pologne Louis 1er d'Anjou. Il se convertit au catholicisme et devient du même coup roi de Pologne mais il doit céder à son cousin Withold le titre de grand-duc de Lituanie.
Désireux d'en finir avec ses voisins et ennemis, le nouveau souverain polonais réunit sous son commandement Polonais et Lituaniens et marche sur Marienburg. Les Chevaliers Teutoniques tentent de les contenir en se massant derrière la rivière Drewencz. Les troupes polonaises et lituaniennes, complétées par des contingents russes et tartares franchissent celle-ci au lieu-dit Tannenberg (aujourd'hui Grunwald, en Pologne).
Les effectifs sont considérables pour l'époque : plus de 20.000 hommes du côté germanique, près de 40.000 du côté polono-lituanien.
Dès le début de l'affrontement, les Teutoniques prennent l'initiative et réussissent à fractionner les troupes ennemies. Mais celles-ci, fortes de leur avantage numérique, finissent par se regrouper et encercler les chevaliers. Le grand maître Ulrich von Jungingen meurt les armes à la main. Dès lors, les Chevaliers Teutoniques se débandent. Leur défaite est consommée.
Là-dessus, les vainqueurs entreprennent le siège de Marienburg, où se sont réfugiés quelques milliers de chevaliers rescapés de la bataille. Mais ils échouent à prendre la forteresse et le roi de Pologne finit par conclure l'année suivante, avec l'Ordre Teutonique, le traité de Thorn (aujourd'hui Torun, en Pologne). Les moines-soldats conservent la Prusse orientale et leurs deux forteresses de Marienburg et Köenigsberg. Un demi-siècle plus tard, à nouveau vaincus par les Polonais, ils passeront sous la suzeraineté du roi de Pologne.
Vers l'Allemagne moderne
En 1511, Albert de Brandebourg (Albrecht von Brandenburg), de la famille des Hohenzollern, est élu grand maître de l'ordreTeutonique. Quelques années plus tard survient le différend entre le moine Martin Luther et la papauté. L'Allemagne est sens dessus dessous !...
Albrecht von Brandenburg prend le parti de Luther et adhère à la Réforme luthérienne (le protestantisme). En 1525, sur une suggestion de Luther, il transforme l'État de Prusse administré par l'ordre Teutonique (Ordensstaat Preußen) en un duché héréditaire (Herzogtum Preußen).
Cette première sécularisation donne des idées à de nombreux évêques, surtout en Allemagne du nord. À l'imitation du grand maître de l'ordre Teutonique, ils transforment leur principauté ecclésiastique (geistliche Fürstentümer) en principauté séculière et se rallient à la Réforme, ce qui leur vaut de devenir à leur tour de puissants seigneurs.
Le nouveau duché de Prusse orientale étant situé hors des limites du Saint Empire romain germanique, Albert de Brandebourg le place sous la suzeraineté du roi de Pologne et non de l'empereur d'Allemagne. L'un de ses lointains descendants prend prétexte de cette particularité pour se faire désigner roi en Prusse. De ce royaume est issu l'Allemagne actuelle.
Survivance
L'ordre Teutonique a survécu à la «trahison» du grand maître Albert. Il s'est reformé à l'intérieur de l'Empire allemand où il possédait de nombreux biens... Ainsi à Wetzlar, où - lisez Werther de Goethe - le père de Lotte était fonctionnaire au service de l'ordre.
En 1809, l'empereur Napoléon 1er a liquidé la branche allemande de l'ordre. Celui-ci ne survit plus aujourd'hui qu'en Autriche... en n'ayant conservé de son trouble passé que sa vocation caritative et hospitalière.  
http://www.herodote.net

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