Le
15 juillet 1410, une coalition de Polonais et de Lituaniens écrase à
Tannenberg, en Prusse orientale, les chevaliers Teutoniques, des
moines-soldats allemands de brutale réputation.
Les Polonais désignent cette bataille mémorable sous le nom de victoire de Grunwald. Ils y voient l'origine de l'unité de la Nation polonaise...
Gustav-Adolf Kiebeler.
L'Ordre teutonique (XIIe-XVe siècles)
Cliquez pour agrandirL'Ordre teutonique a joué un rôle majeur dans l'expansion germanique à l'est de l'Europe, en terre slave, à la fin du Moyen Âge. Il est aussi à l'origine de l'Etat prussien.
Un Ordre conquérant
L'ordre Teutonique - d'un vieux mot qui signifie allemand - a été fondé par des chevaliers allemands en 1198 en Terre sainte, à Acre, sous le nom d'Ordre des chevaliers Teutoniques de l'Hôpital Sainte-Marie de Jérusalem. Ses moines-soldats sont reconnaissables à leur grand manteau blanc orné d'une croix noire.
Exclusivement
composé de chevaliers allemands désireux de se vouer à la lutte contre
les infidèles, l'ordre étend très vite des ramifications vers l'Europe
centrale encore peuplée de païens. Il fonde la ville de Kronstadt en
Transylvanie (aujourd'hui Brasov, en Roumanie).
En
1226, il est appelé à la rescousse par le duc polonais Conrad de
Mazovie, la région de Varsovie. Les terres du duc viennent d'être
envahies par un peuple encore païen des bords de la mer Baltique, les «Pruzzen» ou «Borussiens».
Frédéric II de Hohenstaufen, l'empereur qui règne alors en Allemagne,
octroie à l'ordre Teutonique tous les privilèges des princes d'Empire en
vue de l'encourager à combattre et «évangéliser» les Borussiens.
Les
moines-soldats accomplissent leur mission avec une extrême brutalité,
en exterminant plutôt qu'en convertissant les populations borussiennes
et en implantant des colons allemands qui ne tardent pas à adopter le
nom de leurs prédécesseurs. C'est ainsi que la région prend le nom de Prusse. Cette colonisation militaire participe au «Drang nach Osten».
Le «Drang nach Osten» (en français, poussée vers l'est) désigne la poussée germanique vers l'Est.
Cette colonisation agraire s'amorce au XIe siècle, à l'initiative de moines cisterciens et prémontrés issus de Bourgogne qui traversent les terres allemandes pour s'établir au-delà de l'Elbe, dans des étendues sauvages encore peuplées de Slaves plus ou moins païens.
Les défrichements des moines de Citeaux ne tardent pas à attirer des paysans allemands. Dans les années 1220 arrivent des moines-chevaliers de Terre Sainte, chevaliers Teutoniques et chevaliers Porte-Glaives, qui donnent un tour autrement plus brutal à la colonisation allemande.
La poussée germanique se heurte rapidement aux Slaves lorsque ceux-ci entrent dans la chrétienté et se dotent de structures étatiques. Le mouvement s'interrompt au début du XVe siècle avec la défaite des chevaliers Teutoniques face aux Polonais et Lituaniens.
Un demi-millénaire plus tard, à la suite de deux guerres mondiales, le mouvement s'inverse et les Slaves repoussent les Allemands à l'ouest de la ligne Oder-Neisse, du nom des deux cours d'eau qui marquent depuis 1945 la frontière entre l'Allemagne et la Pologne.
Cette colonisation agraire s'amorce au XIe siècle, à l'initiative de moines cisterciens et prémontrés issus de Bourgogne qui traversent les terres allemandes pour s'établir au-delà de l'Elbe, dans des étendues sauvages encore peuplées de Slaves plus ou moins païens.
Les défrichements des moines de Citeaux ne tardent pas à attirer des paysans allemands. Dans les années 1220 arrivent des moines-chevaliers de Terre Sainte, chevaliers Teutoniques et chevaliers Porte-Glaives, qui donnent un tour autrement plus brutal à la colonisation allemande.
La poussée germanique se heurte rapidement aux Slaves lorsque ceux-ci entrent dans la chrétienté et se dotent de structures étatiques. Le mouvement s'interrompt au début du XVe siècle avec la défaite des chevaliers Teutoniques face aux Polonais et Lituaniens.
Un demi-millénaire plus tard, à la suite de deux guerres mondiales, le mouvement s'inverse et les Slaves repoussent les Allemands à l'ouest de la ligne Oder-Neisse, du nom des deux cours d'eau qui marquent depuis 1945 la frontière entre l'Allemagne et la Pologne.
Pour
consolider leur progression, les chevaliers Teutoniques construisent de
puissantes forteresses dans les territoires nouvellement conquis, comme
Köenigsberg (aujourd'hui Kaliningrad, en Russie). Dans le même
temps, ils fusionnent avec un autre ordre allemand en guerre contre les
Baltes : les chevaliers Porte-Glaive. Les régions de Courlande et de
Livonie, à l'est de la Prusse, entrent à leur tour dans la zone
d'expansion des chevaliers Teutoniques.
Les
moines-soldats essuient toutefois un premier échec cinglant en 1242,
sur les glaces du lac Peïpous, à la limite de l'Estonie actuelle, face à
l'armée du prince russe Alexandre Nevski. Ils ne tenteront pas de pousser plus avant la colonisation allemande.
Puissance et décadence
Quand
les derniers croisés évacuent la Terre sainte en 1291, le grand maître
de l'ordre Teutonique quitte Acre, en Palestine, pour la forteresse de
Marienburg, en Prusse (aujourd'hui Malbork, en Pologne), dont il fait en1309 sa capitale.
Désormais sans attache en Palestine, l'ordre Teutonique s'affirme comme une grande puissance séculière, rivale de la Pologne catholique et de la Lituanie
païenne. Il est placé sous l'autorité du grand maître, un personnage
richissime et prestigieux, désigné à vie, avec rang de prince d'Empire.
Le
siècle suivant voit le début de son déclin, en raison tout à la fois de
la Grande Peste de 1348, qui décime les populations européennes, et de
la consolidation du royaume de Pologne, de langue slave. En Prusse même,
dans les terres administrées par l'ordre, les Allemands de la noblesse
comme de la bourgeoisie supportent mal la tutelle des chevaliers
Teutoniques et n'hésitent pas à prendre parti pour le roi de Pologne et
le grand-duc de Lituanie dans leurs querelles avec l'ordre.
Les
Lituaniens païens, sous la direction du grand-prince Gédymin,
repoussent les Russes loin vers l'Est et résistent avec succès aux
Teutoniques. Ils forment autour de leur capitale Vilnius le plus
puissant État d'Europe orientale... et le seul du continent à n'être pas
chrétien !
Tous unis contre les Teutoniques
La
situation se corse quand, en 1386, le grand-duc de Lituanie Ladislas II
Jagellon (36 ans), petit-fils de Gédymin, épouse Hedwige d'Anjou, fille
et héritière du roi de Pologne Louis 1er d'Anjou. Il se convertit au
catholicisme et devient du même coup roi de Pologne mais il doit céder à
son cousin Withold le titre de grand-duc de Lituanie.
Désireux
d'en finir avec ses voisins et ennemis, le nouveau souverain polonais
réunit sous son commandement Polonais et Lituaniens et marche sur
Marienburg. Les Chevaliers Teutoniques tentent de les contenir en se
massant derrière la rivière Drewencz. Les troupes polonaises et
lituaniennes, complétées par des contingents russes et tartares
franchissent celle-ci au lieu-dit Tannenberg (aujourd'hui Grunwald, en Pologne).
Les
effectifs sont considérables pour l'époque : plus de 20.000 hommes du
côté germanique, près de 40.000 du côté polono-lituanien.
Dès
le début de l'affrontement, les Teutoniques prennent l'initiative et
réussissent à fractionner les troupes ennemies. Mais celles-ci, fortes
de leur avantage numérique, finissent par se regrouper et encercler les
chevaliers. Le grand maître Ulrich von Jungingen meurt les armes à la
main. Dès lors, les Chevaliers Teutoniques se débandent. Leur défaite
est consommée.
Là-dessus,
les vainqueurs entreprennent le siège de Marienburg, où se sont
réfugiés quelques milliers de chevaliers rescapés de la bataille. Mais
ils échouent à prendre la forteresse et le roi de Pologne finit par
conclure l'année suivante, avec l'Ordre Teutonique, le traité de Thorn (aujourd'hui Torun,
en Pologne). Les moines-soldats conservent la Prusse orientale et leurs
deux forteresses de Marienburg et Köenigsberg. Un demi-siècle plus
tard, à nouveau vaincus par les Polonais, ils passeront sous la
suzeraineté du roi de Pologne.
Vers l'Allemagne moderne
En 1511, Albert de Brandebourg (Albrecht von Brandenburg),
de la famille des Hohenzollern, est élu grand maître de
l'ordreTeutonique. Quelques années plus tard survient le différend entre
le moine Martin Luther et la papauté. L'Allemagne est sens dessus dessous !...
Albrecht
von Brandenburg prend le parti de Luther et adhère à la Réforme
luthérienne (le protestantisme). En 1525, sur une suggestion de Luther,
il transforme l'État de Prusse administré par l'ordre Teutonique (Ordensstaat Preußen) en un duché héréditaire (Herzogtum Preußen).
Cette
première sécularisation donne des idées à de nombreux évêques, surtout
en Allemagne du nord. À l'imitation du grand maître de l'ordre
Teutonique, ils transforment leur principauté ecclésiastique (geistliche Fürstentümer) en principauté séculière et se rallient à la Réforme, ce qui leur vaut de devenir à leur tour de puissants seigneurs.
Le nouveau duché de Prusse orientale étant situé hors des limites du Saint Empire romain germanique,
Albert de Brandebourg le place sous la suzeraineté du roi de Pologne et
non de l'empereur d'Allemagne. L'un de ses lointains descendants prend
prétexte de cette particularité pour se faire désigner roi en Prusse. De ce royaume est issu l'Allemagne actuelle.
Survivance
L'ordre Teutonique a survécu à la «trahison»
du grand maître Albert. Il s'est reformé à l'intérieur de l'Empire
allemand où il possédait de nombreux biens... Ainsi à Wetzlar, où -
lisez Werther de Goethe - le père de Lotte était fonctionnaire au service de l'ordre.
En
1809, l'empereur Napoléon 1er a liquidé la branche allemande de
l'ordre. Celui-ci ne survit plus aujourd'hui qu'en Autriche... en
n'ayant conservé de son trouble passé que sa vocation caritative et
hospitalière. http://www.herodote.net
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