Du
31 mai au 3 juin 2012 s’est tenue à l’hôtel Westfields Marriott de
Chantilly (Virginie, Etats-Unis), à une quarantaine de kilomètres de la
Maison Blanche et à mi-chemin entre le Dulles International Airport et
le siège central de la CIA à Langley, la Conférence annuelle « de
Bilderberg ». C’est sous la nouvelle présidence du Français Henri de
Castries (Président du Directoire du groupe AXA) et avec la discrétion
qui caractérise son organisation et la tenue de ses débats que cette
rencontre a réuni cette année encore un peu plus de 145 participants
parmi lesquelles MM Josef Ackermann (Chairman de la Deutsche Bank AG),
Kenneth Clarke (Membre du Parlement Britannique et Ministre de la
Justice), Peter D. Sutherland (Chairman de la banque Goldman Sachs
International) ou encore M Henry A. Kissinger, participant de longue
date de ces rencontres. A l’occasion de cette soixantième Conférence et
pour mieux cerner la nature et les objectifs de celle-ci, remontons le
temps jusqu’en mai 1954, moment où eut lieu la première Conférence dite
« de Bilderberg ».
JOSEF RETINGER, ARCHITECTE DU « GROUPE DE BILDERBERG »
Intéressons
nous tout d’abord à la personnalité de celui que tous, conformément au
mots de C. D. Jackson (Général Américain, expert de la Guerre
Psychologique ayant servi au Strategic Services durant la Seconde Guerre
Mondiale puis devenu Assistant Spécial du Président
Eisenhower), considéraient comme « une sorte d’éminence grise de
l'Europe » et qui, par son action de père fondateur et de Secrétaire du
groupe « de Bilderberg », réussit dans l’après-guerre à fédérer autour
de l’idée d’une unification européenne dans le cadre du Traité de
l’Alliance Atlantique des personnalités parmi les plus influentes de son
temps, tant européennes qu’américaines.
Né
le 17 avril 1888 à Cracovie, dans la Pologne autrichienne, Josef
Hieronimus Retinger part en 1906 faire ses études à Paris où,
fréquentant de nombreux salons et cafés littéraires français, il fera la
rencontre d’André Gide, de Giraudoux, de François Mauriac, de Maurice
Ravel , ou encore du Marquis Boni de Castellane.
Dès
1917, Josef Retinger s'intéresse activement à la question européenne,
nourrissant ses réflexions des théories des fédéralistes britanniques,
propagateurs et ardents défenseurs notamment de l’idée d’un gouvernement
mondial. Patriote dans l’âme, Retinger s'attachera également à
promouvoir, dans une optique fédéraliste, les intérêts de son pays
natal, la Pologne, celui-ci étant alors pris en étau entre la Russie et
l'Allemagne.
Vers
la fin de la Première Guerre Mondiale, ses machinations pour une
Pologne libre ayant toutefois fini de le rendre indésirable aux yeux de
tous, sa tête sera rapidement mise à prix par les Puissances Centrales
et les Alliés lui interdiront l’accès à leur sol. Exilé aux Etats-Unis,
il sera jeté pour un temps en prison.
Revenu
de ces aventures, Retinger sera durant la Seconde Guerre Mondiale
étroitement associé avec le Chef du Gouvernement Polonais en exil, le
Général Wladyslaw E. Sikorski et sera notamment l’inspirateur, en 1943,
du Comité Interallié des Ministres des Affaires Etrangères à Londres.
A
la fin du terrible conflit mondial, peu avant qu’il ne fonde avec son
ami M Paul Van Zeeland (Homme d’Etat et ex-Premier Ministre Belge) la
Ligue Européenne de Coopération Economique et ne devienne, suite au
Congrès de La Haye qu’il co-organisa, Secrétaire du Mouvement Européen
et du Comité International de Coordination des Mouvements pour l'Unité
Européenne, Josef Retinger tint un discours au Royal Institute of
International Affairs le 7 mai 1946 à Londres qui restera dans les
annales pour avoir été, dans l’après-guerre, l'un des tous premiers
appels en faveur de l'unification politique du Vieux Continent.
- Le 9 décembre 1948, une délégation du Mouvement Européen se rend au quai d’Orsay, à Paris, pour remettre au comité d’étude pour l’Union Européenne créée par les cinq Etats signataires du Traité de Bruxelles un projet d’Assemblée européenne
- Le
9 décembre 1948, une délégation du Mouvement Européen se rend au Quai
d'Orsay, à Paris, pour remettre au comité d'étude pour l'Union
européenne créé par les cinq États signataires du Traité de Bruxelles un
projet d'Assemblée européenne. De g. à dr. : Francis Leenhardt (ancien
résistant et Député Français), Étienne de la Vallée Poussin (Sénateur
Belge et membre de l’Assemblée Consultative du Conseil de l’Europe),
Duncan Sandys (gendre de Sir Winston Churchill, Député Britannique puis
Ministre d’Etat) , Robert Bichet (Parlementaire Français, Président du
Conseil Supérieur du Pétrole et Vice-Président de l’Assemblée
Parlementaire du Conseil de l’Europe), Joseph Retinger, Raoul Dautry
(Ministre d’Etat Français et Administrateur Général du Comissariat à
l’Energie Atomique) et Henri Brugmans (Président Exécutif de l'Union
Européenne des Fédéralistes).
LA METHODE RETINGER
Durant
la première partie de l’année 1952, Josef Retinger consulta un certain
nombre de ses amis, parmi lesquels MM Paul van Zeeland et Paul Rykens (à
l’époque Président du groupe Unilever), et réussit grâce à ces nombreux
contacts liés durant la Seconde Guerre Mondiale à réunir un groupe de
personnes, parmi les hommes les plus influents dans leurs domaines
respectifs et à les amener à prendre un intérêt actif dans ses projets.
La
principale difficulté de cette tâche était, selon Retinger, de trouver
les personnes les plus appropriées pour jouer un rôle de premier plan.
En
mai, le Dr Paul Rykens introduisit Retinger auprès du Prince Bernhard
des Pays-Bas. Au cours de leur premier entretien, celui-ci se montra à
la fois sympathique et intrigué à l’égard du projet. Josef Retinger
pensa au rôle que pourrait jouer le Prince, qu’il avait rencontré
brièvement durant la guerre et au Congrès de la Haye en 1948. Celui-ci,
fervent défenseur de la cause de l’unité européenne, s’intéressait à la
politique et accepta de se joindre à MM van Zeeland et Rykens.
Le
groupe s’élargi rapidement et fut rapidement rejoint par M Alcide de
Gasperi (Président du Conseil et fondateur du parti Democrazia
Cristiana) et l'Ambassadeur Pietro Quaroni pour l'Italie, M Hugh
Gaitskell (à l’époque leader du Labour Party) et Sir Colin Gubbins
(ex-Chef du Special Operations Executive) pour la Grande-Bretagne, MM
Antoine Pinay (Président du Conseil) et Guy Mollet (ex-Ministre d’Etat,
devenu chef de fil de l’opposition) pour la France, M Max Brauer (Maire
de Hambourg) et le Dr Rudolf Mueller (avocat d’affaires et ancien
président de la German Economic Administration de la zone anglaise pour
l'Allemagne), MM Panagiotis Pipinelis (Représentant Permanent pour la
Grèce auprès de l’OTAN) et M Ole Bjorn Kraft (Ministre des Affaires
Etrangères) pour le Danemark.
Une
première réunion fut ainsi organisée à Paris le 25 Septembre 1952 et
les participants y convînrent de l’urgence d’agir afin d’améliorer les
relations entre alliés européens et américains.
Des
années plus tard, l'ambassadeur Quaroni, décrira ainsi cette réunion :
« Je me souviens de la première réunion à laquelle j'ai été invité. Nous
avons été pressés autour d'une très grande table dans une petite pièce.
Nous nous sommes accordés sur le principe, mais ne savions pas comment
exécuter, organiser les choses, comment trouver les moyens. Rien n'était
clair. Des suggestions jaillirent de la bouche de Retinger comme des
rafales de mitrailleuses. Elles n'étaient pas toutes excellentes, il est
vrai, mais quand l’une d’elles était réfutée, il en tirait dix de plus
de sa manche. Il était probablement le seul parmi nous qui ait jamais
vraiment étudié la question des deux côtés de l'Atlantique et qui avait
des idées précises sur le sujet ».
Après
la réussite de cette première réunion, le « groupe » se consacrera
durant l’année 1953 à l’établissement de nouveaux contacts ainsi qu’à
des consultations, ponctuées d’une série d’autres réunions ainsi que
deux visites aux Etats-Unis où, en raison de l’agenda politique (les
élections présidentielles s’étant déroulées le 4 novembre 1952), et
selon Retinger, « les choses avaient été un peu plus lentes à
démarrer ». Un groupe américain fut alors créé et, rapidement, se réunit
sous la présidence M John Coleman (Président de la Société Burroughs),
assisté par M Joseph Johnson (Directeur de la Fondation Carnegie).
LE GROUPE SE MET AU TRAVAIL
Ainsi
constitué, le groupe réuni autour de Josef Retinger se mit rapidement
au travail et dès la fin du mois de janvier 1954, celui-ci s’attela, sur
base des notes de MM Gaitskell, Rykens, van Zeeland, du Dr Mueller et
de l’Ambassadeur Quaroni, à la rédaction d’un premier rapport relatif
aux relations entre l’Europe et les Etats-Unis d’Amérique.
Les
7 et 8 février, le « groupe » se réunit de nouveau à Paris, au 12bis
Rue Christophe Colomb (8ème arr.), dans l’appartement de M. Kajetan
Morawski (ami de Retinger et militant pro-européen, surnommé « Le
légendaire ambassadeur de la Pologne libre », il fut l’un des partisans
« d’une Europe cuisinée à la française »).
La
réunion commença le dimanche 7 février à 16h30, les participants
travaillèrent jusqu’à l’heure du dîner et reprirent leurs travaux le
lendemain dès 9h30 jusqu’au soir, ne s’arrêtant à peine que pour prendre
un déjeuner à la fourchette offert par leur hôte.
Le
25 février, une réunion du groupe adopta à l’unanimité la version
finale du rapport dont, comme il avait été convenu et afin d’éliminer
d’avance toute zone de friction côté européen, la note contenant
certaines critiques émises par les Américains ne serait transmise qu’à
ces derniers.
L’ARAIGNEE TISSE SA TOILE
Durant
les mois de mars, avril et jusqu’à la première conférence qui se
tiendra fin mai, Josef Retinger va multiplier les contacts et les
échanges avec les différents membres du groupe afin de s’assurer du bon
déroulement du recrutement des personnalités à inviter lors de celle-ci.
Début
mars il rencontre M Harold Macmillan (Ministre d’Etat Britannique dans
les cabinets Eden et Churchill) avant d’aller à Paris s’entretenir avec
MM Antoine Pinay et Guy Mollet.
Le
28 mars il arrive à Bruxelles pour assister à la réunion du Bureau
Exécutif du Mouvement Européen où il s’entretiendra notamment avec M
Paul-Henri Spaak (ancien Ministre d’Etat Belge, Président du Mouvement
Européen et premier Président de l’Assemblée Générale de l’O.N.U.) et
Sir Winston Churchill.
Le
13 avril, S.A.R. le Prince Bernhard des Pays-Bas lui rend visite à
Londres afin de lui assurer que « tout est bien en mains pour la
conférence Europe-Amérique. »
Début
mai, les cartons d’invitations, à en-tête du Palais de Soestdijk et
signés de la main du Prince, sont imprimés et envoyés personnellement à
la septantaine d’invités qui participeront à cette première conférence.
Le
Prince et Retinger se reverront le 15 mai afin de parler des derniers
arrangements à prendre avant que celui-ci ne se rende le lendemain à
Bruxelles dans l’intention d’en référer à Paul van Zeeland, à qui il
écrira pas moins d’une dizaine de lettres durant cette période.
SHOW MUST GO ON…
Cette
première conférence se tint donc à l’Hôtel Bilderberg d’Oosterbeek,
près d'Arnhem, dans les hautes terres boisées de l'Est des Pays-Bas, les
29, 30 et 31 mai 1954.
Elle
réunit un groupe d'hommes d'Etat éminents, de financiers, d’industriels
et d’intellectuels des principales nations d'Europe et des Etats-Unis
d’Amérique pour la conférence internationalle la plus inhabituelle
jamais tenue jusque-là.
Le
samedi 29 mai à 10 heures, S.A.R. le Prince Bernhard des Pays-Bas
ouvrit cette première journée de rencontre en remerciant tous les
participants d’avoir bien voulu répondre à son invitation ainsi que de
leur présence à cette conférence qui devrait « permettre un libre
échange de vues sur le développement des relations entre les Etats-Unis
d’Amérique et leurs alliés de l’Europe Occidentale. »
Dans son discours inaugural, le Prince enjoignit ceux-ci à garder à l’esprit les points suivants :
· « Etant donné que les pays libres de l’Europe, les Etats-Unis et le Canada doivent agir comme une unité, ils devront s’efforcer de penser de même » (nous soulignons) ;
· « Il s’agit d’un processus à long terme.
Mais entretemps, nous devons nous efforcer d’éliminer les frictions et
les malentendus qui existent dans le monde occidental » (nous
soulignons) ;
· « Les
peuples de l’Occident doivent devenir plus conscients de leur
responsabilités à l’égard du monde entier et (…) nous devons apporter au
monde la preuve que notre réponse aux problèmes mondiaux est la
bonne. Nous devons offrir au monde une conception de la coopération
internationale, de la civilisation et du mode de vie qui permette à tous
de trouver une place, y compris ceux qui sont nos adversaires
aujourd’hui ».
Après
de vifs applaudissements, le Prince laissa la parole aux rapporteurs du
groupe afin que ceux-ci exposent aux participants le contenu des
premiers rapports qui servirent de base de travail pour la conférence.
- Vue aérienne de l’Hôtel Bilderberg à Oosterbeek
Très
vite après, les premiers échanges de vues s’organisèrent. Parmi les
interventions marquantes, nous noterons celle de M Gardner Cowles
(patron de presse Américain) qui, partant du « fait que, selon lui, les
Etats-Unis pour la première fois de leur histoire ne se sentent plus en
sécurité » face au « danger réel, important et immédiat pour la civilisation mondiale »
(nous soulignons) que représente l’Union Soviétique, il est d’avis que
« l’Otan constitue la meilleure protection possible pour l’Europe
Occidentale », position sur laquelle il sera rejoint par M Gaitskell.
Certains
européens se montrent quant à eux plus nuancés sur ce point, tel M
Giovanni F. Malagodi (Député Italien et Directeur de Banca Commerciale
Italiana) qui, déplorant « que l’Article 2 du Traité Atlantique, relatif
à l’évolution de cette alliance vers une communauté atlantique ait été
négligé », ira jusqu’à se plaindre « qu’il n’est pas si facile de jouer
le rôle de partenaire secondaire dans l’alliance occidentale ». Ce
dernier fit enfin remarquer « qu’on a trop souvent tendance à parler de
« leur » plan (« le plan des Américains », ndA) ou de « leurs »
idées au lieu de « notre » plan, « nos » idées, concluant, que les
grands ne devraient pas vouloir dominer les petits mais que tout devrait
être réglé d’un commun accord ».
On
peut ici constater une des oppositions fondamentales entre les
Etats-Unis et certains de leurs alliés européens sur la question du
rapport de force au sein de l’Alliance atlantique, opposition que
l’activité du « groupe » doit tenter d’aplanir par son action afin que
tous puissent « agir comme une unité » et s’efforcent « de penser de
même. »
Après un déjeuner, les échanges de vues se poursuivirent toute l’après-midi.
Parmi
ces interventions, celle du Dr H. M. Hirschfeld (Economiste
Hollandais), membre du « noyau dur » du « groupe », illustre bien l’état
d’esprit « interdisciplinaire » qui règne durant les débats de cette
assemblée, tout en dégageant la ligne idéologique derrière laquelle les
participants sont attendus à se ranger.
Ainsi,
il dit : « Il existe deux systèmes au sein du monde libre, celui de la
« libre entreprise » (le système libéral/capitaliste, ndA) et celui de
la « sécurité sociale » (le système de l’état-providence/socialiste,
ndA). Entre eux, il nous appartient de trouver un juste milieu (la
« troisième voie », ndA). » Le Dr Hirschfeld poursuivra son allocution,
déclarant avoir « été frappé du fait que jusqu’à maintenant dans la
discussion sur la défense contre le communisme on n’ait pas porté
attention au rôle joué sur ce point par la religion et les divers
communautés confessionnelles car il s’agit là, pour Hirschfeld, d’un des
points les plus importants » qu’il regrette d’avoir vu omis jusqu’ici.
Durant
ces trois jours, on verra ainsi les interventions se succéder et le
discours des membres du « noyau dur » et des quelques intervenants qui y
réagissent glisser allégrement du point de vue militaire à celui de
l’économie, de la politique ou bien encore du spirituel, dans un esprit
de totale communion contre « l’ennemi Soviétique ». Dans ces Mémoires
(rédigées par son secrétaire personnel, M John Pomian), Retinger
racontera d’ailleurs qu’ « après trois jours à vivre ensemble dans ce
lieu isolé, que les participants n’ont quitté qu’une seule fois, lorsque
le Prince Bernhard les a invités à un cocktail au Palais Royal tout
proche, un lien encore flou mais déjà discernable avait était créé. Une
nouvelle entité était née. »
- Photo prise durant la première Conférence « de Bilderberg »
L’EFFET BILDERBERG
Quiconque
a déjà assisté à ce « genre » de session sait qu’un panel limité de
rapporteurs peut à lui seul diriger et orienter comme bon lui semble les
débats d’une « telle » assemblée.
C’est
grâce à son côté à la fois « formellement informel » et
« informellement formel » (les participants agissant ici à titre privé
mais avec la qualité d’expert que leur confère leur fonction) que les
Conférences « de Bilderberg » réussirent à fédérer autour de leurs idées
tant d’hommes influents de cette époque jusqu’à aujourd’hui.
C’est
grâce à cette ambiance si particulière où se mêle solennité et
convivialité que les membres du « groupe » réussirent depuis 1954 à
amener chaque participant à s’ouvrir à la confidence de tous mais
également à se montrer réceptif et à recevoir la parole qui lui était
délivrée.
Grâce
à l’autorité qui émane de ses rapporteurs ainsi que de son nom, le
« groupe de Bilderberg » a su influencer depuis près de soixante ans et
dans une majeure partie les intérêts politiques, économiques, sociaux et
culturels des peuples d’Europe et d’Amérique.
A
ce propos et afin de mieux pénétrer l’esprit et les buts de cette
réunion, relisons ensemble ce qu’écrivait Josef Retinger dans une note
circulaire aux membres du « groupe » (le « noyau dur ») datée du 5 mai
1954 :
« Il
convient de rappeler que la Conférence ne visera pas à élaborer des
solutions à chacun des problèmes que doit affronter l’alliance
occidentale. (…) Mais la Conférence étudiera les répercussions de ces
problèmes sur l’opinion publique et les voies par lesquelles celle-ci peut-être influencée favorablement (nous soulignons).
« Les
gouvernements démocratiques peuvent diriger l’opinion de leur pays,
mais ils doivent également suivre ses orientations, et c’est pourquoi
nous croyons qu’à l’heure actuelle, alors que les gouvernements
occidentaux développent tous leurs efforts pour maintenir leur unité, la
tâche qui revient en propre aux individus est d’agir
sur l’opinion publique de leur propre pays afin de la conduire d’aussi
près que possible à la rencontre de celle des autres pays de l’alliance
occidentale (nous soulignons). »
EPILOGUE
Depuis
1954, les conférences annuelles « de Bilderberg » ont réunis des
centaines de participants issus du monde politique, de la finance, de
l’industrie ou encore de la presse.
Grâce
à un agenda parfaitement choisi, des rapports minutieusement rédigés
afin d’orienter le plus efficacement le panel de participants
sélectionnés pour leur influence et leurs « sympathies
transatlantiques », et surtout grâce à la renommée de son organisation,
le « groupe de Bilderberg » a réussi à guider et à influencer de manière
déterminante l’opinion publique et les principaux dirigeants politiques
et économiques du « monde occidental » en vue de la construction d’un
bloc économique et politique européen dans le cadre d’une
interdépendance économique (Plan Marshall) et militaire (OTAN) avec les
Etats-Unis.
A
travers les origines du « groupe », c’est toute l’ingérence de ces
quelques hommes dans les grands évènements de la seconde moitié du XXème
siècle et jusqu’à aujourd’hui qui apparaît au grand jour, comme semble
nous l’indiquer les grands thèmes inscrits à l’agenda de ces conférences
ainsi que les personnalités qui s’y retrouvent pour, chaque année, y
communier durant trois jours…
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