vendredi 2 mars 2012

Staline, les Alliés et le martyre de l’Europe



Lorsque Napoléon III est arrivé au pouvoir, il a fait interdire l’agrégation d’histoire et celle de la philosophie. Il a eu tort : pour la philosophie, il suffit de mettre BHL ; pour l’histoire, il suffit de répéter les manuels. Mais voyons plus avant.
On s’émerveille de l’entrée en guerre des alliés au secours de la Pologne en 1939, même si la Pologne ne respectait pas les droits de ses minorités, et même si les Alliés n’ont rien fait concrètement pour la sauver du Blitzkrieg. Mais on ne s’émerveille pas d’un détail : pourquoi n’a-t-on pas aussi déclaré la guerre à l’URSS ?
L’URSS, qui vient d’exterminer par la faim cinq millions d’Ukrainiens et de purger une nouvelle fois ses élites, entre en guerre aux côtés de Hitler, ravage et pille, prive tout un peuple de ses libertés, extermine les élites, pardon, commet quelques actes contre culture… Mais Roosevelt et Churchill ainsi que leur larbin français -- se gardent bien d’intervenir, attendant la raclée du printemps : l’oncle Joe a droit à tout ce qu’il veut ! Il sera même juge et partie civile à Nuremberg ! Comme d’habitude les droits de l’homme sont à géométrie variable. Concernant le génocide arménien commis comme on sait par nos alliés Turcs que l’Amérique voulait il y a peu dans l’Europe, nos députés devraient savoir qu’il a été dénoncé à la fin de la première guerre mondiale par l’ambassadeur Scheubner-Richter de l’Empire allemand. Il est donc nul et non avenu, le génocide des Arméniens, puisqu’il est dénoncé par qui il ne faut pas…
Ce n’est pas tout : car Staline attaque aussi la Finlande et il conquiert sans coup férir les malheureuses républiques baltes qui sont aussitôt soumises à la cure du paradis socialiste. Les élites sont massacrées comme en Pologne, les prisonniers de guerre aussi, et dans la grande indifférence anglo-saxonne qui reconnaît même au maître du Kremlin son droit à libérer les peuples. D’après l’historien et géographe Sellier(1), le protectorat du libérateur des peuples se solde par 52 000 exécutions de l’été de 1940 au printemps de 1941, auxquels on peut ajouter le double de victimes pour la période 1945-1953 ; en Lettonie, la comptabilité donne 36 500 morts pour la première période et 135 000 pour la seconde ; en Lituanie, les chiffres sont respectivement de 46 000 et 325 000. Si l’on additionne les deux phases de ce génocide d’ennemis de classe et d’opposants politiques, l’on arrive au total effarant de 0,7 million de victimes pour trois petits pays qui, au début de 1940, n’étaient peuplés que de 5,5 à 6 millions d’habitants.
Quand on aime le socialisme antifasciste on ne compte pas ! Et, je le répète, les anglo-saxons qui préparent une « mise à feu et à sang de l’Europe occupée » (dixit Churchill) ont laissé faire, comme d’ailleurs ils ont laissé faire la shoah, sans doute pour élargir notre conception occidentale des droits de l’homme.
Je ne rappelle pas ces faits pour le plaisir : il me semble que le nihilisme et la folie actuelle, liés à l’adoration de la monnaie inique et à la construction destructrice de la tyrannie européenne, et qui vont nous précipiter dans une misère noire, ont leurs antécédents. Avant on nous voulait morts. Cette fois on nous voudra pauvres, en attendant mieux.
L’irresponsable Roosevelt a voulu la destruction de l’Europe continentale et coloniale en tirant parti de sa croisade antinazie dont seulement 2.5 % des Américains voulaient au printemps 1941 ; sa croisade antinazie était aussi liée à une volonté de liquider la concurrence planétaire du commerce allemand (le clearing convenait à tout le monde en Amérique du Sud) et de rattraper par l’économie de guerre la gestion catastrophique du New Deal. Il me semble intéressant de rappeler que si Roosevelt et Morgenthau voulaient démembrer et prolétariser l’Allemagne (braquant cette nation dès 1943 dans la radicalisation de sa résistance et dans l’extermination des faibles qu’elle avait sous la main), ils voulaient en faire de même avec… la France. En 43, le bon Roosevelt montre au ministre des affaires étrangères britannique son projet de démembrement de la France : l’imaginatif hyper-président prévoit de créer une « grande Wallonie », regroupant le sud de la Belgique, le Luxembourg, le nord de la France et l’Alsace-Lorraine… C’est dans les mémoires d’Anthony Eden(2) !
Mieux encore : à Washington, Laurel et Churchill décident de rompre avec De Gaulle ! Ce dernier est sauvé par Jean Moulin et le cabinet de guerre britannique. La stupidité des deux idiots utiles de Yalta est phénoménale, et leur décision eût changé le cours de l’histoire ; car la France se serait retrouvée communiste au lendemain de la guerre (elle l’a été, je sais, mais pas à ce point…). On murmure en haut lieu (Eden, toujours) « Le renvoi de De Gaulle provoquerait probablement une réaction désastreuse sur tout le mouvement de résistance… et un retournement favorable à la Russie serait inévitable ».
Je me demande si cela aurait été un mal : après tout l’alliance avec les Russes, comme disait Kerillis avant guerre, nous a toujours été profitable ! Quant à l’occident, il n’a cessé de montrer depuis la Révolution des Droits de l’Homme qu’il n’a qu’une seule constance : la volonté suicidaire. L’Europe des fous de Bruxelles et l’Obamaland nous le confirment.
par Nicolas Bonnal  http://www.france-courtoise.info
(1) A. et J. Sellier : « Atlas des peuples d’Europe centrale« , La Découverte, 1991.
(2) A. Eden (Lord Avon) : « The Reckoning« , 2 vol. Cassell, Londres, 1965.

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