Lorsque
Napoléon III est arrivé au pouvoir, il a fait interdire l’agrégation
d’histoire et celle de la philosophie. Il a eu tort : pour la
philosophie, il suffit de mettre BHL ; pour l’histoire, il suffit de
répéter les manuels. Mais voyons plus avant.
On
s’émerveille de l’entrée en guerre des alliés au secours de la Pologne
en 1939, même si la Pologne ne respectait pas les droits de ses
minorités, et même si les Alliés n’ont rien fait concrètement pour la
sauver du Blitzkrieg. Mais on ne s’émerveille pas d’un détail : pourquoi n’a-t-on pas aussi déclaré la guerre à l’URSS ?
L’URSS,
qui vient d’exterminer par la faim cinq millions d’Ukrainiens et de
purger une nouvelle fois ses élites, entre en guerre aux côtés de
Hitler, ravage et pille, prive tout un peuple de ses libertés, extermine
les élites, pardon, commet quelques actes contre culture… Mais
Roosevelt et Churchill ainsi que leur larbin français -- se gardent bien
d’intervenir, attendant la raclée du printemps : l’oncle Joe a droit à
tout ce qu’il veut ! Il sera même juge et partie civile à Nuremberg !
Comme d’habitude les droits de l’homme sont à géométrie variable.
Concernant le génocide arménien commis comme on sait par nos alliés
Turcs que l’Amérique voulait il y a peu dans l’Europe, nos députés
devraient savoir qu’il a été dénoncé à la fin de la première guerre
mondiale par l’ambassadeur Scheubner-Richter de l’Empire allemand. Il
est donc nul et non avenu, le génocide des Arméniens, puisqu’il est
dénoncé par qui il ne faut pas…
Ce
n’est pas tout : car Staline attaque aussi la Finlande et il conquiert
sans coup férir les malheureuses républiques baltes qui sont aussitôt
soumises à la cure du paradis socialiste. Les élites sont massacrées
comme en Pologne, les prisonniers de guerre aussi, et dans la grande
indifférence anglo-saxonne qui reconnaît même au maître du Kremlin son
droit à libérer les peuples. D’après l’historien et géographe Sellier(1),
le protectorat du libérateur des peuples se solde par 52 000 exécutions
de l’été de 1940 au printemps de 1941, auxquels on peut ajouter le
double de victimes pour la période 1945-1953 ; en Lettonie, la
comptabilité donne 36 500 morts pour la première période et 135 000 pour
la seconde ; en Lituanie, les chiffres sont respectivement de 46 000 et
325 000. Si l’on additionne les deux phases de ce génocide d’ennemis de
classe et d’opposants politiques, l’on arrive au total effarant de
0,7 million de victimes pour trois petits pays qui, au début de 1940,
n’étaient peuplés que de 5,5 à 6 millions d’habitants.
Quand on aime le socialisme antifasciste on ne compte pas ! Et, je le répète, les anglo-saxons qui préparent une « mise à feu et à sang de l’Europe occupée »
(dixit Churchill) ont laissé faire, comme d’ailleurs ils ont laissé
faire la shoah, sans doute pour élargir notre conception occidentale des
droits de l’homme.
Je
ne rappelle pas ces faits pour le plaisir : il me semble que le
nihilisme et la folie actuelle, liés à l’adoration de la monnaie inique
et à la construction destructrice de la tyrannie européenne, et qui vont
nous précipiter dans une misère noire, ont leurs antécédents. Avant on
nous voulait morts. Cette fois on nous voudra pauvres, en attendant
mieux.
L’irresponsable
Roosevelt a voulu la destruction de l’Europe continentale et coloniale
en tirant parti de sa croisade antinazie dont seulement 2.5 % des
Américains voulaient au printemps 1941 ; sa croisade antinazie était
aussi liée à une volonté de liquider la concurrence planétaire du
commerce allemand (le clearing convenait à tout le monde en Amérique du Sud) et de rattraper par l’économie de guerre la gestion catastrophique du New Deal.
Il me semble intéressant de rappeler que si Roosevelt et Morgenthau
voulaient démembrer et prolétariser l’Allemagne (braquant cette nation
dès 1943 dans la radicalisation de sa résistance et dans l’extermination
des faibles qu’elle avait sous la main), ils voulaient en faire de même
avec… la France. En 43, le bon Roosevelt montre au ministre des
affaires étrangères britannique son projet de démembrement de la
France : l’imaginatif hyper-président prévoit de créer une « grande Wallonie »,
regroupant le sud de la Belgique, le Luxembourg, le nord de la France
et l’Alsace-Lorraine… C’est dans les mémoires d’Anthony Eden(2) !
Mieux
encore : à Washington, Laurel et Churchill décident de rompre avec
De Gaulle ! Ce dernier est sauvé par Jean Moulin et le cabinet de guerre
britannique. La stupidité des deux idiots utiles de Yalta est
phénoménale, et leur décision eût changé le cours de l’histoire ; car la
France se serait retrouvée communiste au lendemain de la guerre (elle
l’a été, je sais, mais pas à ce point…). On murmure en haut lieu (Eden,
toujours) « Le renvoi de De Gaulle provoquerait probablement une
réaction désastreuse sur tout le mouvement de résistance… et un
retournement favorable à la Russie serait inévitable ».
Je
me demande si cela aurait été un mal : après tout l’alliance avec les
Russes, comme disait Kerillis avant guerre, nous a toujours été
profitable ! Quant à l’occident, il n’a cessé de montrer depuis la
Révolution des Droits de l’Homme qu’il n’a qu’une seule constance : la
volonté suicidaire. L’Europe des fous de Bruxelles et l’Obamaland nous
le confirment.
par Nicolas Bonnal http://www.france-courtoise.info
(1) A. et J. Sellier : « Atlas des peuples d’Europe centrale« , La Découverte, 1991.
(2) A. Eden (Lord Avon) : « The Reckoning« , 2 vol. Cassell, Londres, 1965.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire