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Bainville est toujours un plaisir même si nous n’avions pas eu cette
joie depuis l’enfance. Ce compagnon de route de Charles Maurras avait en
effet publié une histoire de France destinée aux plus petits (reprise
aujourd’hui par Jean Tulard).
Journaliste et historien, il est surtout connu pour avoir sévi dans le journal l’Action Française au début du vingtième siècle et pour avoir prédit la seconde guerre mondiale dans son célèbre ouvrage de 1920 Les conséquences politiques de la paix. On se souvient de sa phrase célèbre : « il s’agit d’une paix trop douce pour ce qu’elle a de dur, et trop dure pour ce qu’elle a de doux ».
Dans l’avant-propos de son Histoire de France publiée en 1924, Jacques Bainville confesse que son goût pour l’histoire est venu assez tard. Enfant, l’apprentissage des dates et des faits historiques qui s’enchaînent sans explication ne le passionnait guère. Il lui manquait un fil conducteur. C’est avec l’idée selon laquelle l’énumération de faits et de dates historiques ne présente aucun intérêt, qu’il a entrepris une synthèse de l’histoire de France d’environ six cents pages. Selon Bainville, « la tâche de l’historien consiste essentiellement à abréger. S’il n’abrégeait pas, il faudrait autant de temps pour raconter l’histoire qu’elle n’en a mis à se faire ».
Dès les premières pages, on ne peut qu’être frappé par la qualité du style de l’auteur. Il nous raconte l’histoire de France en s’attachant à analyser les faits. Concevant l’histoire comme une totalité, Jacques Bainville s’évertue à nous montrer sa continuité. Evoquant la révolution de 987, il constate : « ainsi naquit une multitude de monarchies locales fondées sur un consentement donné par la détresse. Les abus de la féodalité ne furent sentis que plus tard, quand les conditions eurent changé, quand l’ordre commença à revenir, et les abus ne s’en développèrent aussi qu’à la longue, la valeur du service ayant diminué et le prix qu’on le payait étant resté le même. C’est ce que nous voyons tous les jours pour le régime capitaliste.
Qui se souvient des premiers actionnaires qui ont risqué leur argent pour construire des chemins de fer ? A ce moment- là, ils ont été indispensables. Depuis, par voie d’héritage ou d’acquisition, leurs droits ont passé à d’autres qui ont l’air de parasites ». Il ne s’agit pas ici de retracer toute l’histoire de France à la lumière de l’œuvre de Bainville mais d’admirer son étude constante des causes et des effets. Il ne se contente pas d’évoquer des faits mais tente à chaque occasion de les remettre dans le contexte politique et économique de l’époque afin d’en examiner les conséquences futures sur le régime politique français. Ainsi, Bainville nous rappelle souvent que la France s’est construite difficilement et que les diverses guerres civiles et les intrigues de la noblesse et des ligues catholiques ou protestantes contre la royauté ont failli coûter à la France son unité. C’est à travers la question de la cohésion nationale française, que Jacques Bainville axe ses développements historiques.
Cette manière linéaire d’apprécier l’histoire peut bien sûr être critiquée car parfois elle semble artificielle. L’exemple ci-dessus le montre. Pour faire admettre son idée, Bainville compare le régime de l’Ancien Régime et celui de la démocratie libérale alors qu’ils n’ont absolument rien en commun. L’analogie entre les seigneurs féodaux et les petits actionnaires paraît un brun surfaite. Néanmoins, Jacques Bainville aime l’histoire de France et parvient à transmettre cet amour. Ses réflexions sont toujours intéressantes et souvent justes.
La lecture de ce grand historien est donc vivement conseillée à nos chers bambins. Malheureusement, il est douteux que les clercs de l’Education nationale mettent ce livre entre les mains des futurs citoyens du monde. On n’enseigne plus l’histoire de France mais l’histoire du Monde. La réforme des programmes d’histoire semble claire : François 1er, Henri IV, Louis XIV et Napoléon jetés aux toilettes pour être remplacés par la passionnante étude des empires africains du Songhaï et du Monomotapa ! La France et son histoire sont des espèces en voie de disparition. Il s’agit de préparer nos jeunes idiots utiles à l’idée d’égalité des cultures et à l’errance transnationale dans un monde globalisé. Tel Caïn, les futurs consommateurs nomades erreront sans fin à travers le monde. La perspective d’un marché global sans frontière et donc d’une gouvernance globale n’est pas loin. Autant préparer les gosses à ne pas avoir une vision trop autocentrée…
Pour ce faire, les élites trotskistes et maoïstes à la BHL, Glucksmann, Bruckner et consorts avaient déjà commencé à culpabiliser la France : « enseignons la mémoire et non l’histoire ». Mais la mémoire divise et l’histoire rassemble car la mémoire est destinée à une communauté et l’histoire à tous. Ces « grands intellectuels » ont réduit la France à un pays de collabos, de fachos, de machos, de racistes et d’antisémites. Comme il n’y a pas de dualité dans l’œuvre de Céline, il n’y pas une bonne et une mauvaise histoire. Qu’on le veuille ou non, il faut prendre l’histoire dans sa totalité.
Ajoutons à cela les lois mémorielles et continuons à pleurer ! Si certains se réjouiront de cette évolution dans un esprit d’ouverture aux autres, de nomadisme culturel, il faut tout de suite leur dire qu’ils sont les idiots utiles du capitalisme mondialisé. Car créer des abrutis déracinés et sans culture ne peut qu’être profitable à la consommation effrénée, source de l’économie actuelle. De plus, tout expert en psychologie de comptoir sait bien qu’on ne peut comprendre l’autre sans bien se connaître soi-même.
Une petite source de satisfaction tout de même : la majorité des historiens est opposée à ces programmes absurdes et à ces lois mémorielles qui permettent à des associations ne représentant personne de racketter des pauvres citoyens ou des historiens en quête de vérité. Face à cela, prendre un bain dans l’histoire de France de Bainville est bien revigorant. Bientôt la noyade dans l’histoire du Monde ? http://www.egaliteetreconciliation.fr
Journaliste et historien, il est surtout connu pour avoir sévi dans le journal l’Action Française au début du vingtième siècle et pour avoir prédit la seconde guerre mondiale dans son célèbre ouvrage de 1920 Les conséquences politiques de la paix. On se souvient de sa phrase célèbre : « il s’agit d’une paix trop douce pour ce qu’elle a de dur, et trop dure pour ce qu’elle a de doux ».
Dans l’avant-propos de son Histoire de France publiée en 1924, Jacques Bainville confesse que son goût pour l’histoire est venu assez tard. Enfant, l’apprentissage des dates et des faits historiques qui s’enchaînent sans explication ne le passionnait guère. Il lui manquait un fil conducteur. C’est avec l’idée selon laquelle l’énumération de faits et de dates historiques ne présente aucun intérêt, qu’il a entrepris une synthèse de l’histoire de France d’environ six cents pages. Selon Bainville, « la tâche de l’historien consiste essentiellement à abréger. S’il n’abrégeait pas, il faudrait autant de temps pour raconter l’histoire qu’elle n’en a mis à se faire ».
Dès les premières pages, on ne peut qu’être frappé par la qualité du style de l’auteur. Il nous raconte l’histoire de France en s’attachant à analyser les faits. Concevant l’histoire comme une totalité, Jacques Bainville s’évertue à nous montrer sa continuité. Evoquant la révolution de 987, il constate : « ainsi naquit une multitude de monarchies locales fondées sur un consentement donné par la détresse. Les abus de la féodalité ne furent sentis que plus tard, quand les conditions eurent changé, quand l’ordre commença à revenir, et les abus ne s’en développèrent aussi qu’à la longue, la valeur du service ayant diminué et le prix qu’on le payait étant resté le même. C’est ce que nous voyons tous les jours pour le régime capitaliste.
Qui se souvient des premiers actionnaires qui ont risqué leur argent pour construire des chemins de fer ? A ce moment- là, ils ont été indispensables. Depuis, par voie d’héritage ou d’acquisition, leurs droits ont passé à d’autres qui ont l’air de parasites ». Il ne s’agit pas ici de retracer toute l’histoire de France à la lumière de l’œuvre de Bainville mais d’admirer son étude constante des causes et des effets. Il ne se contente pas d’évoquer des faits mais tente à chaque occasion de les remettre dans le contexte politique et économique de l’époque afin d’en examiner les conséquences futures sur le régime politique français. Ainsi, Bainville nous rappelle souvent que la France s’est construite difficilement et que les diverses guerres civiles et les intrigues de la noblesse et des ligues catholiques ou protestantes contre la royauté ont failli coûter à la France son unité. C’est à travers la question de la cohésion nationale française, que Jacques Bainville axe ses développements historiques.
Cette manière linéaire d’apprécier l’histoire peut bien sûr être critiquée car parfois elle semble artificielle. L’exemple ci-dessus le montre. Pour faire admettre son idée, Bainville compare le régime de l’Ancien Régime et celui de la démocratie libérale alors qu’ils n’ont absolument rien en commun. L’analogie entre les seigneurs féodaux et les petits actionnaires paraît un brun surfaite. Néanmoins, Jacques Bainville aime l’histoire de France et parvient à transmettre cet amour. Ses réflexions sont toujours intéressantes et souvent justes.
La lecture de ce grand historien est donc vivement conseillée à nos chers bambins. Malheureusement, il est douteux que les clercs de l’Education nationale mettent ce livre entre les mains des futurs citoyens du monde. On n’enseigne plus l’histoire de France mais l’histoire du Monde. La réforme des programmes d’histoire semble claire : François 1er, Henri IV, Louis XIV et Napoléon jetés aux toilettes pour être remplacés par la passionnante étude des empires africains du Songhaï et du Monomotapa ! La France et son histoire sont des espèces en voie de disparition. Il s’agit de préparer nos jeunes idiots utiles à l’idée d’égalité des cultures et à l’errance transnationale dans un monde globalisé. Tel Caïn, les futurs consommateurs nomades erreront sans fin à travers le monde. La perspective d’un marché global sans frontière et donc d’une gouvernance globale n’est pas loin. Autant préparer les gosses à ne pas avoir une vision trop autocentrée…
Pour ce faire, les élites trotskistes et maoïstes à la BHL, Glucksmann, Bruckner et consorts avaient déjà commencé à culpabiliser la France : « enseignons la mémoire et non l’histoire ». Mais la mémoire divise et l’histoire rassemble car la mémoire est destinée à une communauté et l’histoire à tous. Ces « grands intellectuels » ont réduit la France à un pays de collabos, de fachos, de machos, de racistes et d’antisémites. Comme il n’y a pas de dualité dans l’œuvre de Céline, il n’y pas une bonne et une mauvaise histoire. Qu’on le veuille ou non, il faut prendre l’histoire dans sa totalité.
Ajoutons à cela les lois mémorielles et continuons à pleurer ! Si certains se réjouiront de cette évolution dans un esprit d’ouverture aux autres, de nomadisme culturel, il faut tout de suite leur dire qu’ils sont les idiots utiles du capitalisme mondialisé. Car créer des abrutis déracinés et sans culture ne peut qu’être profitable à la consommation effrénée, source de l’économie actuelle. De plus, tout expert en psychologie de comptoir sait bien qu’on ne peut comprendre l’autre sans bien se connaître soi-même.
Une petite source de satisfaction tout de même : la majorité des historiens est opposée à ces programmes absurdes et à ces lois mémorielles qui permettent à des associations ne représentant personne de racketter des pauvres citoyens ou des historiens en quête de vérité. Face à cela, prendre un bain dans l’histoire de France de Bainville est bien revigorant. Bientôt la noyade dans l’histoire du Monde ? http://www.egaliteetreconciliation.fr
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