Le 5 septembre, Louis XV épouse Marie Sophie Leszczynska, princesse de Pologne.
Cette année-là, la
dixième de son règne, Louis XV, quinze ans, épousait Marie-Sophie
Leszczynska, de sept ans et demi son aînée. Le choix de la deuxième
fille de Stanislas Leszczynski, roi détrôné de Pologne, vivant
modestement dans le vieux château de Wissembourg (Alsace) grâce à des
subsides français, étonnait la cour de Versailles et même le bon peuple
de France.
En fait le jeune
Louis XV avait été fiancé en 1721 à onze ans à sa cousine germaine
Marie-Anne-Victoire d'Espagne qui avait trois ans. Celle-ci était la
fille de Philippe V (le premier Bourbon d'Espagne) et de sa seconde
épouse l'impétueuse Élisabeth Farnèse de Parme. Venue en France pour
apprendre son métier de reine, la petite infante avait conquis la cour
par son charme ingénu. Sauf, semble-t-il, son promis : lorsqu'il la
rencontrait, il partait pour la chasse tandis qu'elle lui montrait ses
poupées…
Or, la santé du jeune
roi était loin d'être florissante et beaucoup s'inquiétaient à l'idée
que ce mariage, vu l'âge de Marie-Anne-Victoire, ne pourrait pas être
célébré de sitôt, donc que la descendance n'était pas assurée avant
longtemps… Le plus inquiet était le Premier ministre et prince du sang,
le duc de Bourbon, qui redoutait de voir monter sur le trône le fils du
défunt Régent, nouveau duc d'Orléans. Le duc de Bourbon, influencé par
sa maîtresse, Mme de Prie, décida en 1725 de rompre le projet de mariage
espagnol et la petite infante, alors âgée de sept ans et regrettée de
tous, fut renvoyée à Madrid avec excuses et force cadeaux qui ne
suffirent pas à calmer la colère de Philippe V… (Marie-Anne-Victoire
devait épouser en 1729 Joseph 1er, roi du Portugal.)
Une élue inattendue
Restait à trouver une
nouvelle future reine de France… Mme de Prie s'arrogea le droit, au nom
du duc de Bourbon, de choisir en écartant toute princesse liée aux
Orléans… L'”élue” fut celle qui s'y attendait le moins : Marie
Leszczynska (qui avait naguère été pressentie pour être la seconde
épouse… du duc de Bourbon !). Cette solide Polonaise, sans royaume et
sans dot, déjà “vieille” (vingt-deux ans !) et sans grande réputation de
beauté, pouvait-elle satisfaire le séduisant garçon de quinze ans
qu'était Louis XV, porteur de la plus prestigieuse couronne d'Europe ?
Dès le 15 août, le
jeune duc d'Orléans, au nom du roi, épousa Marie par procuration dans la
cathédrale de Strasbourg. Deux jours plus tard, elle partit en cortège
en distribuant largement des aumônes sur la route, vers Moret où
l'attendait Louis XV. La rencontre eut lieu le 4 septembre : Marie,
simple et naturelle, émue et souriante, fut tout de suite fascinée par
ce jeune éphèbe, lequel, jusqu'alors un peu distant avec les femmes, se
montra aussitôt enjoué. Comme l'explique Michel Antoine dans son Louis
XV (Fayard), le jeune roi, orphelin de père à deux ans et de mère à
quatre ans, découvrait en Marie, qui elle aussi avait souffert, certes
une épouse, mais aussi un soutien maternel.
Le mariage fut
célébré le lendemain par le Grand Aumônier de France dans les plus
grands fastes à Fontainebleau, suivi d'éblouissantes festivités. Tous
les historiens disent que l'union fut consommée la nuit suivante, tant
le roi, au sortir d'une jeunesse très sage, était pressé de montrer
qu'il était un homme.
Dix enfants
Dix enfants devaient
naître dont le dauphin Louis (1729-1765, père de Louis XVI) qui allait
épouser l'infante Marie-Thérèse d'Espagne, soeur de l'ancienne fiancée
de Louis XV, tandis que sa soeur Louise-Élisabeth de France, épouserait
Don Philippe, duc de Parme, frère de la même ancienne fiancée du roi. Le
mauvais effet de la rupture de 1725 serait ainsi effacé.
On sait que Louis XV
ne fut pas un modèle de fidélité conjugale… Marie supporta son sort avec
grande dignité, élevant très chrétiennement ses enfants, - ne marquant
nulle animosité à l'égard de Mme de Pompadour, - tenant un salon
fréquenté par de grands artistes - attirant à la cour par exemple le
prodige du temps, le jeune Mozart -, gardant de bonnes relations avec
son père qu'elle chérissait et qui, ne parvenant pas à redevenir roi de
Pologne, avait reçu les duchés de Lorraine et de Bar en viager et
embellissait Nancy et Lunéville. Cette reine trop discrète mériterait
une meilleure place dans la mémoire des historiens.
De son côté Louis XV
ne cessa jamais de voir en Marie son épouse devant Dieu. Les turbulences
du coeur qui finirent par le laisser bien désenchanté, ne lui faisaient
pas oublier que, même “arrangé”, ce mariage était chose sacrée. Quand
Marie mourut le 24 juin 1768, la mort du dauphin Louis venait de les
rapprocher dans la douleur…
MICHEL FROMENTOUX L’Action Française 2000 du 2 au 15 octobre 2008
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