jeudi 21 juillet 2011

Les dossiers secrets d’Hitler réhabilitent Pie XII

Si La Repubblica relançait récemment la polémique sur Pie XII et sa prétendue attitude passive à l'égard du régime national-socialiste en ces termes : « Le pape, comme tous nos informateurs l'ont rapporté de manière unanime, a témoigné par son attitude d'une grande sympathie dans ses relations à l'égard de la population allemande. Ce qui n'implique pas le régime. […] Pie XII a aidé la Pologne envahie. […] Pacelli cachait des Juifs en fuite. […] Le Saint-Père s'attend à un changement de la situation en Allemagne, au plus tard après la mort du Fuhrer » ; de récentes consultations des archives du IIIe Reich, des services secrets russes et est-allemands attestent cette vérité, celle d'un pape résistant.
Ainsi, apprenons-nous que le pape Pie XII ne figurait pas sur la liste des amis d'Adolf Hitler et que les hautes sphères du national-socialisme le considéraient avec méfiance. Des rapports confidentiels sont envoyés aux plus hautes instances du IIIe Reich. Ce sont des lettres de généraux de la SS, des télégrammes et des dépêches émanant notamment des délégations allemandes auprès du Saint-Siège. Chiesa Viva (1) d'avril 2010 rapporte que « Erich Mielke et Markus Wolf, anciens chefs de la Stasi - les services secrets de l'ex-RDA - possédaient des documents prêts à être utilisés dans des opérations de  désinformation  contre Rome. Ces pièces restées oubliées pendant des décennies, ont été récupérées par la république fédérale. Elles prouvent que les nazis comme les communistes considéraient le Saint-Siège comme un ennemi ».
Les dossiers du IIIe Reich démontrent que les services du Vatican grouillaient d'espions en soutane. Le rapport d'un agent de Rome employé auprès des archives vaticanes mentionne que le Dr Birkner, théologien allemand, s'est révélé être l'agent de renseignement le plus fiable du Vatican. Le père Leiber, secrétaire privé de Pie XII, déclarait : « Le plus grand espoir de l'Église est que dans un futur proche le système national-socialiste sera anéanti par une guerre ». Le jeu de la diplomatie vaticane contre Hitler est subtil et redouté du IIIe Reich. C'est pourquoi Rome est contrôlée par l'Allemagne. Une lettre interceptée par le secrétaire d'État pontifical, le cardinal Luigi Maglione, révèle que Berlin se renseignait sur les activités du Vatican et que « le pape s'est fait construire un refuge antiaérien auquel il est possible d'accéder par un ascenseur ». La lecture de deux autres courriers rend encore compte de l'inquiétude du pape et de son secrétaire d'État sur la situation de la Pologne où enseignants, prêtres et hommes de lettres sont assassinés. Le Saint-Siège ne se contente pas d'aider les réfugiés étrangers ainsi que ceux restés dans leurs pays. Dans un document dactylographié du IIIe Reich, nous lisons : « Le Vatican aide financièrement les juifs qui veulent fuir à l'étranger ».
Comment a-t-on pu alors mentir sur les véritables intentions de Pie XII ? Le père Giovanni Sale, historien à la revue Civilta Cattolica, auteur de Hitler, la Santa Sede e gli ebrei (Hitler, le Saint-Siège et les Hébreux), spécialiste de la thématique sur l'Église et le national-socialisme, explique : « Dès la dernière année de la guerre, en 1945, une campagne anti-Pacelli débuta. Dans un article récent, j'ai apporté des documents et des enregistrements de Radio Moscou, ainsi que des articles de la Pravda visant à influencer l'opinion et à créer une soi-disant légende noire sur Pie XII ». Une génération entière a également été influencée par le livre The Popes Against The Jews  (Les  papes contre les Juifs) de David Kertzer, publié en 2001. Werrier Kaltefleiter, vaticaniste de la chaîne Zdfet auteur avec Hanspeter Oschwald de Spione im Vatikan (Espions au Vatican), écrivait sur le site Internet catholique allemand < www.kath.de > : « L'Église a combattu de tous ses moyens le nazisme. […] Pie XII en réalité n'était pas un ami mais un adversaire d'Hitler. […] Le pape n'a pas du tout collaboré avec les nazis, comme certains partis ont voulu le faire accroire après la guerre. Et contrairement à beaucoup d'entre eux, il était le plus grand ennemi du Fuhrer ».
Le procès en béatification de Pie XII repose sur l'étude d'archives. Celle-ci est réalisée par des partisans et des détracteurs du pape. Cependant, les dossiers semblent confirmer que Pie XII était bien un opposant du national-socialisme. En janvier 2007, l'ancien général des services secrets roumains Ion Mihai Pacepa admettait dans la revue new-yorkaise National Review avoir manipulé pendant des années et sur ordre du KGB l'image publique de Pie XII (2) Cette campagne de désinformation portant le nom de code « Position 12 » avait été approuvée par Nikita Khrouchtchev - premier secrétaire du Parti communiste soviétique après la mort de Staline - et visait à discréditer le pape en le faisant passer pour un sympathisant des nazis et un témoin silencieux de l'”Holocauste”. Selon Pacepa, cette propagande aurait atteint son paroxysme en 1963 avec la représentation théâtrale Il Vicario composée par l'auteur dramatique “allemand”  Rolf Hochmuth. En 2002, Costa Gavras en prit des éléments pour rédiger le scénario d'Amen. Les textes étaient composés à partir de documents falsifiés par les Soviétiques et procurés par des religieux roumains qui avaient accès aux archives du Vatican. Quant à Hochmuth, parlant de calomnies, il rejette toutes ces accusations faisant de lui un « faussaire mandaté ». Mais l'histoire n'a pas dit son dernier mot. Il est donc souhaitable que l'hommage rendu à la mort de Pie XII par Golda Meir, Premier ministre israélien de 1969 à 1974, soulignant que le pape « s'est élevé en faveur des victimes », résonne encore comme un appel à la vérité. Une vérité qui fut aussi celle d'Israele Zolli, Grand Rabbin de Rome. Sauvé par Pie XII, il se convertit en 1946 prenant le prénom d'Eugenio en vertu de l'admiration sans borne qu'il vouait à ce pape. Une vérité que nous n'aurons de cesse de répéter ; n'en déplaise à. M. David Kertzer et aux “historiens” de sa tribu !
L. B. RIVAROL 15 AVRIL 2011
(1)    Mensuel italien connu des milieux catholiques traditionnels pour avoir publié un dossier traduit en français en mars 2006 sous le titre Une Église luciférienne pour Padre Pio ? Dans la parution de mai 2010, l'article Benedetto XVI con insegne liturgiche massoniche Perché ? (Benoît XVI avec les insignes liturgiques maçonniques, pourquoi ?) propose une étude troublante sur la mitre que J. Ratzinger reçut lors de la messe inaugurale de son règne le 24 avril 2005 « représentant le dieu Pan, dieu du Tout, des gnostiques, devenu ensuite l'EnSof de la cabale hébraïque » (p. 13).
(2)    Le KGB avait mené maintes entreprises de désinformation. Par exemple, dans Berlin-Stasi, paru en 2009, Jean-Paul Picaper, journaliste et politologue (anticommuniste) écrit qu'« en 1959, la grande synagogue de Cologne avait été maculée de croix gammées. Le rapprochement d'Adenauer avec Israël s'en trouva compromis. Ce n 'est que quinze ans plus tard qu'on apprit par un officier des services secrets tchèques passé à l'Ouest, Ladislav Bitamn, que cette opération avait été montée de toute pièce par le KGB » (p. 14). Si l'auteur explique aussi que la CSU (Union chrétienne sociale, centre-droit) finançait la RDA (p. 226), il suppose a contrario que la Stasi (service de police politique et de renseignement de l'ex-RDA) a par ailleurs soutenu les Republikaner (parti nationaliste de Franz Schönhuber, décédé en 2005) dans le but de diviser les droites allemandes (p. 280).

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