L’Ethiopie s’est formée sur deux plateaux fertiles encadrés de montagnes dominant les basses terres du Kenia, du Soudan, de la Somalie et de l’Erythrée. L’altitude et les abondantes précipitations qui en résultent font que la région a toujours été favorable à la vie des hommes en société.
Très tôt, des civilisations brillantes s’y développèrent à l’abri de la citadelle naturelle constituée par les massifs montagneux. Partenaire de Rome avec Aksoum comme capitale, christianisée dès le IVe siècle, alliée de Constantinople contre les tribus d’Arabie, elles-mêmes associées aux Perses, en butte durant plus de mille ans aux attaques incessantes des musulmans, l’Ethiopie réussit, en dépit de tous les périls et de toutes les menaces, dont les invasions gallas, à sauvegarder sa personnalité religieuse, politique, linguistique et culturelle.
Sous le règne du négus Ménélik II (1865-1913), l’Ethiopie déborde de son berceau et ses armées, déferlant depuis les hautes terres, conquièrent l’Ogaden et réussissent à décourager les ambitions égyptiennes sur l’Erythrée.
L’empereur Hailé Sélassié Ier (1892-1975) est couronné en 1930. Avec lui l’Ethiopie prend la forme d’une monarchie absolue et la noblesse voit ses privilèges peu à peu réduits.
Jusque-là féodal, l’Etat revient hypercentralisé et cette politique se fait au profit de l’ethnie amhara - un quart de la population totale -, celle qui a toujours constitué le coeur de l’Empire. Les autres peuples, à savoir les Gallas, les Tigréens, les Nilotiques et les Somalis, subissent son hégémonie. Elle est effective d’un triple point de vue : politique d’abord, puisque le personnel administratif et les gradés de l’armée sont des Amhara ; religieux ensuite, puisque, à partir de 1931, le christianisme orthodoxe devient religion d’Etat, bien que les musulmans soient à l’époque un peu plus de 45 % ; linguistique enfin, car l’amharique devient langue officielle en 1955. Après une brève parenthèse de domination coloniale à la suite de la campagne italienne de 1935-1936, l’Ethiopie fut libérée par les Britanniques et les Français libres en 1941.
Peuplée d’un peu moins de 3 millions de pasteurs afars musulmans, l’Erythrée, région bordière de la mer Rouge, n’a jamais fait culturellement et politiquement partie de l’Ethiopie, à l’exception des zones du Piémont éthiopien où vivent des agriculteurs chrétiens. De 1889 à la Seconde Guerre mondiale, l’Italie coupa l’Erythrée et, quand vint le temps du partage des dépouilles coloniales italiennes, l’Empereur Hailé Sélassié en revendique certaines. En 1950, la région fut confiée à l’Ethiopie par l’ONU et, peu après, appliquant une rigoureuse politique de centralisation administrative, Addis-Abeba entreprit d’en faire une simple province de l’Empire. En 1974, après une laborieuse unification, les divers mouvements de guérilla lancèrent une offensive de grand style soutenue par les Soviétiques et par le monde arabe. En 1993, à l’issue d’une longue guerre, l’Erythrée accéda à l’indépendance. La question de l’Ogaden repose, elle aussi, sur une base ethnique. Jamais la Somalie, indépendante depuis 1960, ne voulut admettre que cette région peuplée de Somalis demeure englobée dans l’Ethiopie des conquêtes, dénoncée comme un véritable Etat colonial africain.
✍ par Bernard Lugan http://www.france-courtoise.info/
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