vendredi 4 décembre 2009

29 février 888 Eudes, premier roi français

Le 29 février 888, Eudes, comte de Paris, est élu roi par ses pairs, les Grands de Francie occidentale. Le même jour, il est sacré à Compiègne par l'archevêque de Sens, Gautier.
Cette élection doit beaucoup à l'incapacité des rois carolingiens à faire face aux attaques normandes. Elle porte un coup sévère à l'empire fondé par Charlemagne de part et d'autre du Rhin et prépare l'avènement d'une dynastie proprement «française».
L'autorité du nouveau souverain s'étend sur les territoires occupés par les Francs et situés à l'Ouest de la Meuse, soit à peu près le nord de l'actuelle France. Notons toutefois qu'elle reste purement nominale... André Larané.
L'empire carolingien après Charlemagne
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Cette carte montre l'empire carolingien à la mort de Charlemagne et les grands ensembles territoriaux qui vont naître de son partage entre les trois petits-fils du grand empereur : France, Allemagne,...
Trouble-fête vikings
Peu après la mort du grand Charlemagne, des bandes de Normands ou Vikings commencent à remonter les fleuves en quête de butin et d'esclaves. Certains, sous la conduite d'un certain Ragnar, atteignent Paris en 845. Charles le Chauve, petit-fils de l'empereur et roi de Francie occidentale (la France actuelle), achète leur départ pour 7.000 livres d'argent... Il va de soi que cette attitude multiplie les convoitises.
De 852 à 862, les Normands assaillent les vallées fluviales de la Seine à la Loire. Charles le Chauve tente de leur barrer la route en construisant des ponts fortifiés sur la Seine et la Marne. Mais, en 866, les mêmes s'associent aux Bretons pour attaquer Le Mans. En guise de riposte, le roi carolingien invite les cités à relever leurs remparts en ruines depuis plusieurs siècles et tente une nouvelle fois d'acheter le départ des intrus.
Après la mort de Charles le Chauve, en 877, lui succèdent très brièvement son fils Louis II le Bègue puis son petit-fils Louis III (qui réussit le 3 août 881 à infliger une sévère défaite aux Normands à Saucourt-en-Vimeu, près de la Somme), enfin le frère cadet du précédent, Carloman. Après quoi, la Francie occidentale est réunie à la Francie orientale (l'Allemagne actuelle) par un arrière-petit-fils de Charlemagne, Charles le Gros.
Sous son règne, Paris, une nouvelle fois attaquée par les Normands, est défendue avec brio par l'évêque Josselin et le comte de Paris, Eudes. Ce dernier est le fils d'un soldat de fortune, Robert le Fort, qui s'est lui-même illustré dans la lutte contre les envahisseurs, sur la Loire. Ses descendants seront longtemps qualifiés de Robertiens en son honneur (avant que cette appellation ne soit supplantée par celle de Capétiens).
En dépit des efforts d'Eudes et des autres barons du royaume, Charles le Gros choisit de traiter avec les Normands. Il leur rachète Paris pour 700 livres et leur permet qui plus est de piller la Bourgogne ! Indignés par la couardise du roi, les principaux seigneurs allemands de Souabe et de Franconie le déposent au profit d'un cousin, le margrave Arnoul de Carinthie, en novembre 887, à la Diète de Tibur. En Francie occidentale (la France actuelle), les Grands sont sur le point de le déposer à leur tour quand il meurt opportunément le 13 janvier 888.
Eudes contre Charles
Qu'à cela ne tienne. Les barons d'Occident, comme leurs homologues d'outre-Rhin l'année précédente, se refusent à porter sur le trône l'héritier carolingien en titre, le fils posthume de Louis le Bègue, un enfant de 8 ans, Charles ! Ils lui préfèrent l'un des leurs, Eudes, comte de Paris.
Dès son sacre, le roi Eudes reprend la lutte contre les Normands et vainc ceux-ci à Montfaucon, en Argonne, le 24 juin 888. Mais les Normands reviennent en force et Eudes se résout à faire comme ses prédécesseurs, autrement dit à acheter leur départ !
Comme un malheur ne vient jamais seul, Eudes doit combattre aussi le jeune Charles qui revendique sa place au soleil. En 893, il profite d'une expédition d'Eudes en Aquitaine pour se faire couronner par l'archevêque Foulques à Saint-Rémi de Reims. Après plusieurs années de guerres, Eudes et son rival concluent un arrangement.
Le carolingien Charles III le Simple, ainsi surnommé en raison de son honnêteté, qualité alors aussi rare qu'aujourd'hui, obtient un trône avec une autorité limitée au territoire situé entre la Seine et la Meuse. Mais à la mort d'Eudes, le 1er janvier 898, il réunifie la Francie occidentale, de l'Atlantique au Rhin tout en coopérant, contraint et forcé, avec le puissant comte de Paris, Robert, qui n'est autre que le frère de l'ancien roi, Eudes.
Charles III le Simple et Robert négocient en 911 le traité de Saint-Clair-sur-Epte par lequel les Normands de Rollon acquièrent le droit de s'établir aux bouches de la Seine (la future Normandie). La collaboration entre le Carolingien et le Robertien ne dure pas...
Suite à un soulèvement des barons, Charles est renversé et, le 29 juin 922, le deuxième fils de Robert le Fort est sacré roi de Francie occidentale à Reims par l'archevêque de Sens, Gautier, selon un rituel inauguré par Pépin le Bref... Mais Robert 1er ne va régner qu'un an. Il est tué le 15 juin 923 à Soissons dans une bataille contre Charles le Simple. Celui-ci n'en est pas moins vaincu grâce à la hardiesse du fils de Robert, le futur Hugues le Grand. Attiré dans un traquenard par le comte Herbert de Vermandois, Charles meurt en prison à Péronne le 7 octobre 929.
Hugues, prudent autant que Grand
Instruit par l'expérience, Hugues, fils de Robert, refuse prudemment la couronne. Il fait élire Raoul de Bourgogne, le mari de sa soeur Emma, puis à nouveau un Carolingien, Louis IV d'Outremer, fils de Charles le Simple, élevé par sa mère en Angleterre, d'où son surnom. Louis IV, sacré roi en 936, à 15 ans, concède à son protecteur le titre pompeux de duc des Francs (Francorum dux) et lui rétrocède ses possessions de Francie occidentale, ne conservant que les territoires entre Rhin et Meuse.
Mais les deux hommes ne tardent pas à se combattre. Hugues, surpris par l'énergie de Louis, n'hésite pas à rendre hommage au roi de Germanie Otton 1er. Il laisse tomber le roi Louis IV aux mains des Normands et ne consent à le délivrer qu'après s'être fait livrer la ville de Laon, dernière possession carolingienne en Francie occidentale. Les Hongrois profitent de cette lutte stérile pour ravager la Champagne et la Bourgogne.
Louis IV meurt prématurément d'une chute de cheval le 10 octobre 954, à 33 ans. Son fils Lothaire (13 ans) est sacré à Saint-Rémi de Reims par l'archevêque Artaud le 12 novembre 954. Comme son père et Raoul de Bourgogne, il doit son trône à Hugues.
Le comte de Paris est à cause de cela justement surnommé le «faiseur de rois» ou Hugues le Grand. On l'appelle aussi Le Blanc (à cause de son teint pâle) ou l'Abbé à cause des nombreuses abbayes dont il est l'abbé laïque.
Hugues le Grand meurt deux ans après, le 17 juin 956. Mais sa diplomatie prudente et déterminée aura préparé l'accession au trône de son propre fils. Celui-ci sera élu roi, le 1er juillet 987, sous le nom de Hugues 1er, dit Capet.
La couronne restera sans interruption dans la famille jusqu'au renversement de Louis XVI, le 10 août 1792 (aux Capétiens directs succèderont les branches cadettes des Valois, des Bourbons et des Orléans).
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